«  Ben si je fais tout ça c'est qu'en fait... »

La voix d'Antoine fut coupé. Leila regarda son téléphone, elle avait encore du réseau. Le problème devait venir de son ami exilé à Dunkerque. Il risquait de mal finir s'il comptait vraiment venir dans le sud. L'idée était affreusement stupide et Antoine était affreusement têtu. Qu'est-ce qu'il avait voulu dire ? Pourquoi cette phrase était-elle restée en suspend ?

Le téléphone sonna à nouveau. Elle décrocha sans se poser la question de savoir qui était au bout du fil.

« Allô, Antoine ?

-Non c'est pas Antoine. C'est Sonia. »

C'était la petite sœur de Leila. Elle étudiait à la faculté de droit à Montpellier. Alors que Leila était fine et sportive, sa sœur était plutôt ronde et pas très porté sur le sport. Leila ne lui connaissait pas de petit ami officiel. Certes Sonia parlait souvent d'un certain Hugues ou Hugo, mais il semblait qu'elle n'ait jamais fait grand-chose avec lui.

« Je suis à la Faculté de Droit, dit Sonia.

-Pourquoi t'es sortie ? T'as pas vu les informations ?

-Non j'avais cours ce matin à 8 heures en plus. À cette heure-là il n'y avait pas grand monde dans les rues et rien ne pouvait m'indiquer ce qui allait me produire. On s'est enfermé dans un amphithéâtre de la fac.

-OK tu vas bien ? Y'a pas de soucis particulier ?

-Non pas de soucis pour le moment, mais on ne va pas y rester éternellement, on n'a rien à manger. Et toi ? T'avait fait le pont ?

-Oui, je suis chez moi, je ne pense pas bouger de là pour le moment. J'ai pas envie de prendre de risques inutiles. Je vais attendre que les choses se tassent. »

Leila ne pensait pas du tout que les choses pourraient se tasser prochainement. L'humanité avait subie un très grave coup depuis le commencement de l'infection. Il faudrait certainement des années pour reconstruire et retrouver un semblant de confiance.

« Bon y'a Hugo qui vient d'arriver, il est à la porte de l'amphithéâtre, je t'embrasse à toute. Pas de bêtise.

-Je te retourne l'avertissement, ne fait rien de stupide sœurette. »

Leila raccrocha. Elle se leva pour voir le déroulement des événements par sa fenêtre du 4e étage. Une alarme de voiture sonnait depuis une dizaine de minutes. Cette foutue voiture attirait tout un tas d'infecté. Ils devaient être une centaine à traîner en contrebas sur le parking de la résidence. En arrière plan, la ville se consumait par petit foyer. La fumée montait haut dans le ciel.

Antoine ne vient pas ici...