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5

Ne pas paniquer. La pire des solutions était de sortir dans la rue et de regarder son immeuble s'embraser. Certes, il ne pouvait pas se bercer d'illusion et rester dans son appartement. D'ici quelques minutes, la chaleur risquait de devenir insoutenable et la fumée aurait tôt fait de le tuer. Appeler les pompiers risquait de ne pas être une bonne solution. Les soldats du feu avait dû être les premiers exposés au virus, il se pouvait parfaitement qu'il n'en restait plus beaucoup à ce moment-là

« Qu'est-ce que tu vas faire, Antoine ? Faut que tu sortes de ta résidence au plus vite !

-Oui, je sais ! Ne t'en fais pas je ne compte pas rôtir ici. J'ai d'autres projets.

-C'est quoi ton plan ?

-Je me casse de Dunkerque. Si je dois mourir, je préfère que ce soit au soleil. Je vais dans le sud. Je viens à Montpellier ! »

Antoine n'avait pas réfléchi une seule seconde à la décision qu'il venait de prendre. Il agissait sous le coup d'une impulsion beaucoup plus forte que lui. Il n'y avait plus de logique, de précaution à prendre, il lui fallait simplement agir sans se préoccuper des conséquences. Les avertissements et les tentatives de raisonnement de Leila n'avait aucun pouvoir sur lui.

« Leila, j'arrive. Ne bouge pas de chez toi sauf en cas de force majeure.

-C'est de la folie pure, ne fait pas ça ! Tu vas te faire tuer.

-Je n'ai pas le choix. Je ne peux pas mourir ici.

-Quelle est l'importance du lieu où tu meurs ?

-J'y vais à bientôt j'espère. »

Antoine ferma l'écran de l'ordinateur. Il fonça dans sa chambre, enfila un pantalon et une chemise. Il mit quelques affaires de rechange dans son sac à dos. Il alla dans la cuisine. Il mit une bouteille d'eau dans son sac et quelques pommes. Il devrait se trouver à manger durant le voyage. Il revint dans le salon. L'air devenait de plus en plus chaud et il lui semblait que de la fumé s'infiltrait petit à petit. Il prit le katana et les clefs de sa 207. Il laissa sur place sa lance de fortune.

Dans sa penderie, il prit sa veste la plus chaude et une écharpe, il mit ses chaussures le plus rapidement possible. Il avait un sentiment d'urgence très fort. Il n'arrivait pas à définir d'où lui venait cette étrange impression.

Il ouvrit la porte de chez lui et s'élança dans les parties communes de l'immeuble. Au bout de trois pas l'appartement de son voisin du bas explosa. Le sol de son propre appartement s'affaissa dans une pluie de poussière et de béton.

Antoine jeta un coup d'œil derrière lui, le sol n'existait plus, il ne restait qu'un trou béant menant chez le voisin du dessous. Le feu continuait de gonfler. Le jeune homme ne perdit pas une seconde supplémentaire. Son impression d'urgence était toujours là. Il voulait sortir avant que tout le bâtiment ne lui tombe dessus, il ne voulait pas de ce genre de fin. Il voulait pouvoir tenter de réaliser son rêve avant de mourir. Être enterré sous des décombres avant même d'avoir pu quitter le Nord aurait été un échec cuisant. Sa seule pensée réconfortante était que personne ne serait plus là pour se moquer de lui.

Au bout du couloir, il y avait l'ascenseur et les escaliers qui étaient dotés de porte coupe feu. Antoine regarda l'ascenseur avec un petit sourire. Rester coincer à l'intérieur le jour de la fin du monde devait faire partie des dix fins les plus stupides. Il s'engouffra dans l'escalier.

Les lieux étaient déserts. Il n'eut pour seule compagnie que le bruit affolé de ses pas qui descendait toujours plus bas. Une fois arrivé devant la porte du rez-de-chaussé, Antoine marqua une pause. Il reprit son souffle. Étrangement, il se doutait qu'il venait de traverser la partie facile de son début de voyage. Une fois que la porte qui menait à son hall serait ouverte, il pénétrerait dans un monde en guerre. La moindre erreur, la moindre hésitation et ce serait la fin, adieu le sud, adieu Leila et adieu la méditerranée.

Antoine ouvrit la porte. Le hall était recouvert de sang mais il était vide. Le jeune homme fit quelques pas en direction de la sortie. Il y avait beaucoup de cris à l'extérieur. Certains de ces sons semblaient lointain et d'autres semblaient tellement près. Lentement, Antoine dégaina le katana. Il garda le fourreau dans la main gauche. Le sol rouge glissait.

Un monstre manchot apparu. Il était en tenu de jogging et il avait tout un tas de griffure sur le visage. Ses yeux n'avaient plus rien d'humain. Son bras n'avait pas été arraché, il avait été mâchouillé jusqu'à l'os et une partie avait dû finir par se détacher. Sans réfléchir et en chassant toute peur de son esprit, Antoine frappa le monstre à la tête. La chance du débutant devait être avec lui parce qu'il trancha très proprement la tête qui roula au sol. Le corps fit encore un pas en direction du jeune homme et il chuta au sol lourdement.

Antoine enjamba le cadavre et il sortit de son bâtiment. Il respira une grande bouffée de l'air pollué de Dunkerque et il s'élança vers sa voiture en courant. Certes avec une lame tranchante comme un rasoir, courir n'était pas une idée très brillante. Mais l'urgence lui dictait des choses folles.

Le parking où sa 207 était garé se trouvait à une vingtaine de mètres de l'entrée du bâtiment. Il devait faire un crochet pour y accéder. Il n'avait aucune vu sur ce qui l'attendait de l'autre côté.

Il n'avait plus le temps d'être prudent.

Alors que la rue était quasiment déserte, quelques infectés erraient sans but sur le parking. À la seule vue d'Antoine, tous les monstres trouvèrent un nouveau but dans leur vie inutile de monstre : ils avaient faim.

Le premier qui se jeta sur Antoine reçu un coup qui lui trancha le scalp avec une facilité déconcertante. Le cadavre animé ne sembla pas s'apercevoir qu'il lui manquait une partie du cerveau. Il glissa au sol et ne se releva pas.

Dans le même temps, une jeune fille d'une dizaine d'années se rapprochait dangereusement d'Antoine. Ce dernier fit une embardée et glissa sur le capot d'une voiture pour éviter une morsure mortelle.

Deux pas supplémentaires l'amenèrent devant un infecté de deux mètres de haut qui ne semblait pas très à l'aise avec sa taille. Le géant tendit maladroitement ses mains vers Antoine. Ce dernier se baissa et en profita pour lui couper la jambe droite au niveau du genou. Le monstre s'affala au sol comme un alcoolique plein de bière en fin de soirée.

Les autres se rassemblaient à l'instar d'une meute de fauve. Antoine n'eut pas besoin qu'on lui fasse un dessin pour comprendre qu'une meute d'infecté ne se tuait pas à l'arme blanche.

Antoine arriva enfin à sa voiture. Il se retrouva bien stupide devant la porte fermé de son automobile et la horde d'infecté toujours plus pressante qui lui arrivait dans le dos. Il devait tout d'abord rengainer. Il effectua cette opération avec le plus grand des soins et à la fois avec la rapidité que les circonstances exigeaient de lui. Il prit la clé de sa voiture dans sa poche activa l'ouverture automatique des portes. Il lança son katana et son sac à dos sur le siège passager. Il entra, s'assit et ferma la porte de la voiture.

Les infectés se ruèrent sur le capot et tout autour de l'habitacle en frappant les vitres avec leurs poings, leur moignon ou leur tête. Une des vitres du côté passager se fissura et Antoine démarra sans attendre. Il ne comptait pas voir si les monstres avaient assez de force pour casser la vitre.

Le jeune homme passa la première vitesse et slaloma entre les voitures de ses voisins et il sortit du parking. Quelques infectés plus téméraires que d'autres poursuivirent l'automobile blanche encore pendant quelques dizaines de mètres.

Les rues de Dunkerque étaient pleines d'infectés qui s'attaquaient à un peu tout le monde. Il y avait un nombre impressionnant de voitures accidentés. Bien souvent, les accidents offraient un festin gratuit aux infectés. Le boulevard de la République servant de frontière entre Malo les Bains et Rosendael était à la fois calme et sinistre.

Antoine avait fermé les portes avec la fermeture centralisée. Il ne pouvait pas se permettre de laisser rentrer un infecté. Le fait que la voiture roulait à une trentaine de kilomètre heure ne semblait pas arrêter les contaminées. Antoine en percuta quelques-uns qui se jetait sur le capot avec l'espoir fou d'arriver à manger le type qui se trouvait à l'intérieur. Le jeune homme se sentait un peu comme une sorte de pistache que tout le monde voudrait croquer. Heureusement pour lui l'habitacle de sa voiture était bien plus résistant que la coquille d'une pistache.

La situation le stressait de plus en plus. Dans son idée, la fuite de Dunkerque devait se passer rapidement et sans accroc. Pour le moment, il passait son temps à slalomer entre des voitures et des cadavres. Il risquait sa vie à chaque moment.

Il tourna pour aller vers l'autoroute en grillant un feu rouge. Il s'engouffra dans Rosendael. Les beaux quartiers de Dunkerque n'avait plus rien de bourgeois et de sympathique. Les vieux qui habitaient dans le coin faisait une cible de choix pour les infectés. Des milliers de vieilles personnes allant acheter leur pain faisaient des centaines de repas pour les contaminés et devenaient à leur tour des milliers de monstres assoiffée de chair et de sang.

Antoine ne respectait aucune priorité à droite, le jour de la fin du monde serait aussi le jour de la fin du code de la route. De toute manière, il doutait que les policiers s'occuperaient de contrôler les infractions au code de la route.

Lorsque Antoine traversa le canal exutoire, il sut enfin qu'il avait quitté Dunkerque. Il eut ensuite l'agréable surprise de voir que les ponts n'avaient pas été bloqué. Certes c'était une bonne nouvelle pour lui, mais ça n'était pas une bonne nouvelle sur l'avancé de la contamination.

La route devint une deux voies qui étaient beaucoup plus dégagé. Antoine accéléra et souffla un bon coup. Le plus dangereux se trouvait derrière lui. Les cadavres et les infectés se firent beaucoup plus rare. Le jeune homme en profita pour allumer la radio.

Habituellement il écoutait Oui FM pour le rock, mais ce jour-là, il ne trouva que France Inter qui diffusait quelque chose. Une femme parlait sur un ton monocorde.

« Le gouvernement a décrété l'état de siège, l'armé est en train de se déployer sur tout le territoire. Nous demandons aux Français de ne pas sortir de chez eux et de ne pas encombrer les routes. Nous leur demandons de ne pas téléphoner pour ne pas encombrer les lignes. Nous leur demandons de ne pas s'approcher des infectés. L'usage de la force est interdite sauf pour les cas prévu par la loi : en cas de légitime défense ou en état de nécessité.

Le gouvernement a décrété l'état de siège.... »

Le message se répétait invariablement. Il n'y avait personne derrière le micro. C'était une pensée déprimante à avoir bien confortablement assit dans sa voiture. Le seul contact avec un être humain était une voix enregistrée à la radio. Antoine ne devait pas flancher. Il n'était pas blessé et il avait assez d'essence pour aller au moins jusqu'en Picardie. Sur place, il devrait avoir un plan solide, mais pour le moment, il n'en était pas là.

La voiture blanche rejoignit l'autoroute qui reliait la Belgique à Calais. Étrangement, Antoine ne la trouva pas bouché. Certes, il y avait quelques voitures et quelques camions qui roulaient beaucoup trop vite. À part ce détail, le trafic était fluide.

À la droite de l'autoroute, Antoine regarda une dernière fois Dunkerque. Une dizaine de colonnes de fumée s'élevaient dans le ciel de cette fin de matinée. Il était évident que pour une fois les usines n'avaient rien à voir avec cette pollution.

Alors qu'il se rapprochait des usines de Petite Synthe, Antoine eut une pensée très pessimiste. Il se demanda si quelqu'un s'occupait encore de la centrale nucléaire de Gravelines. Il n'avait pas l'intention de se retrouver au milieu d'une catastrophe nucléaire de grande échelle. Les virus et les contaminés suffisaient amplement à l'angoisser.

Au loin sur le port industriel de Dunkerque, il y eut un formidable éclair de lumière, puis un second et un troisième. Le monde retint son souffle. Puis d'un coup, le son d'un gigantesque explosion se répercuta, le sol trembla. Antoine freina en urgence. Il n'arrivait quasiment plus à contrôler sa voiture. Le souffle de l'explosion acheva sa vitre gauche qui était déjà bien craquelé.

Le jeune homme rangea sa voiture sur le côté. Ses oreilles sifflaient, il n'entendait plus le message radiophonique qui passait en boucle à la radio. Il était perdu et désorienté, ses sens ne répondait plus comme il fallait.

Par simple réflexe, Antoine tourna sa tête vers la gauche. Une voiture faisait des tonneaux. Il remarqua que c'était une voiture grise. Le métal, le plastique et les vitres parsemaient la route. La voiture était tellement abîmée qu'elle ne ressemblait plus à rien qui aurait pu sortir d'une chaîne de montage. On aurait dit qu'un géant cinglé s'était amusé à marcher sur la carlingue.

Antoine ne fut qu'à peine choqué de ce qu'il venait de voir. Tout lui semblait à présent aléatoire et relatif. Une fois que des morts-vivants ont envahie le monde la plupart des choses extraordinaires semblaient tout d'un coup banal.

L'épave stoppa sa course sans autre logique que celle de la cinétique. Antoine sorti de sa voiture. Il avait l'espoir fou de trouver des survivants. Le sol ne tremblait plus. Mais le jeune homme titubait comme s'il avait bu. Une seconde voiture percuta l'épave. D'où venait-elle ? Antoine ne l'avait même pas vu débarquer. Tout ceci devenait beaucoup trop fou pour lui. Il comprenait à peine ce qui se produisait devant ses yeux.

Le conducteur de la seconde voiture accidenté passa à travers la vitre. Il n'avait visiblement pas prit le temps d'attacher sa ceinture. Il acheva sa course à une trentaine de mètre plus loin en se décapitant sur la rambarde de sécurité. Les deux voitures accidentés fumaient étrangement. Antoine n'entendait même pas le bruit qu'elles faisaient. Il avait toujours ce son dans les oreilles qui le handicapait.

Merde, j'entends rien.

C'était déjà trop tard. Un infecté qu'il n'avait pas remarqué fondait sur lui. Cette chose avait auparavant été un homme d'âge mur. Il était chauve et bedonnant. Il portait un bleu de travail sale et rougit par un sang trop frais. Ses dents rouges, son sourire carnassier, ses yeux vitreux et ses mains sales complétaient un tableau assez peu reluisant.

Antoine regretta de ne pas avoir pris son épée. Le monstre le bouscula. Infecté et humain tombèrent au sol. Sans perdre une seule seconde, Antoine prit les deux mains de l'infecté essayant de les repousser le plus loin possible. De son côté, le monstre passait juste son temps à tenter de mordre Antoine.

« Putain de con, t'en as de la force mon salaud. »

L'infecté répondit en criant. Le jeune homme n'entendit pas le bruit, mais ce fut ce qu'il arrivait à deviner. Son haleine puait la pourriture et le sang. Antoine le fit rouler sur le côté pour gagner un peu de temps. Il se tourna sur le dos pour présenter ses pieds au monstre. Ce dernier n'abandonna pas à un seul instant son idée de manger son adversaire.

Antoine frappa du talon deux fois dans la tête de l'infecté. Bien que le monstre avait le nez cassé suite à ces deux coups, il n'hésitait pas à ramper vers le jeune homme. Deux autres coups de pied n'apportèrent que de nouvelles blessures mais sans réellement entamer la motivation de celui qui avait faim.

Antoine se leva. Il devait récupérer son katana s'il voulait être efficace. Sans la moindre surprise, le contaminé l'imita et les deux foncèrent vers la 207 blanche du vivant. Antoine avait besoin d'une idée intelligente pour ne pas se faire griller la priorité.

Au lieu de rentrer du côté conducteur, il glissa sur le capot de la voiture, il prit ensuite le katana du côté du passager. La vitre brisée de sa voiture l'aida bien à réaliser son plan, mais au moment où il allait dégainer l'arme, l'infecté le plaqua contre sa voiture en l'empêchant de mettre au clair la lame qui allait éventuellement le sauver. En rassemblant l'énergie du désespoir, Antoine repoussa l'infecté qui recula d'un bon mètre.

Dans le même mouvement, il libéra la lame et trancha la tête au cadavre ambulant. Antoine avait d'un coup laissé tomber toutes les règles de sécurité qu'il s'était imposé. L'urgence de la situation lui avait imposé de réagir vite. Il avait besoin de ce genre de réflexe pour sauver sa peau et espérer revoir Leila. Le monde n'était plus un endroit très accueillant et pour y trouver sa place, il allait devoir apprendre à donner des coups et à en recevoir le moins possible.

Antoine remonta dans sa voiture et redémarra. Il n'avait aucune idée de qui avait explosé sur le port et ne voulait pas trop le savoir. La seule chose qui importait était que la centrale nucléaire se trouvait à plusieurs kilomètres de là et qu'elle ne semblait pas avoir subis de dommages.

L'autoroute déserte l'amena jusqu'à l'échangeur en direction de Lille. L'agglomération de Dunkerque comprenait plus de 200 000 personnes. Il se demanda où tous ces gens se trouvaient à présent. Certes une grande partie devait hanter les rues à la recherche de chair fraîche ou se cacher dans leur maison, mais cela n'expliquait en rien pourquoi il se retrouvait tout seul sur l'autoroute.

Alors qu'il fonçait en direction de Lille sur l'A25, il aperçut ce qu'il redoutait le plus. Une file compacte de voitures était arrêté ici. De loin, elle ressemblait à un immense serpent sans fin. Les voitures n'étaient pas vides. Elles semblaient avoir à l'intérieur des humains bel et bien vivant qui se calfeutraient dans leurs habitacles.

Ainsi le jour de la fin du monde, tous les citadins prenaient leur voiture pour fuir malgré les appels à ne pas bouger. D'ailleurs l'ouïe d'Antoine revenait petit à petit. Dans le lointain, il entendait à nouveau le son du message d'alarme de France Inter qui tournait en boucle. Il entendait aussi le klaxon et les moteurs qui tournaient dans le vide. La situation était déprimante. Les véhicules n'avançaient pas d'un centimètre. Il préféra couper le moteur. Si les choses évoluaient positivement, il n'avait pas envie d'avoir dépensé une partie de son essence en attendant bêtement que ce bouchon historique se résorbe.

Il but un peu d'eau et mangea une pomme, après tout ce qu'il venait de vivre, cette petite pause était la bienvenue. Il appela même Leila. Certes la radio répétait qu'il ne devait pas appeler pour encombrer les lignes, mais ce n'était pas son petit appel qui allait faire la différence. Il sourit. Tous les gens qui appelaient en ce moment même dans leur voiture devaient à coup sûr penser de la même manière. C'était à la fois drôle et désespérant. L'homme n'était qu'un animal trop égoïste et le monde d'après la contamination serait sans aucun doute beaucoup plus égoïste.

« Allô, Leila ?

-Bien, au moins t'es vivant Antoine. T'as réussi à fuir ?

-Oui, je suis sur l'autoroute pour aller à Lille. Je suis bloqué dans un embouteillage de plusieurs kilomètres. Et toi t'en es où ?

-Moi j'ai pas bougé, je ne suis pas folle. En plus j'ai la chance qu'il ne se passe pas grand-chose dans mon immeuble. Pas de feu et pas d'infecté apparemment. Par contre par la fenêtre c'est un peu la guerre à l'extérieur. Les rues de Montpellier sont pleine d'infectés et ceux qui ont la folie de sortir de chez eux ne font pas de vieux os.

-OK ne bouge pas, je vais venir pour t'aider.

-Antoine ne te prend pas pour le sauveur de l'humanité, tu n'es qu'un simple petit fonctionnaire qui bosse dans un bureau d'une administration plus grande que toi. Ne te prends pas pour ce que tu n'es pas. Trouves toi un abri et restes y jusqu'à la fin de la crise, si cette crise se finit un jour.

-Désolé, mais j'arrive.

-Pourquoi tu fais ça ?

-Ben si je fais tout ça c'est qu'en fait, je tiens beaucoup à toi. J'éprouve des sentiments pour toi ! Je sais que c'est bête à avouer au téléphone, mais je suis amoureux de toi.

-...

-Tu ne réponds rien ? T'es encore là ? »

L'appel avait été coupé. À quel moment avait-il été coupé ? Antoine avait-il eu le temps de faire sa stupide déclaration ? Le jeune homme se sentait très bête tout d'un coup. Il tenta de rappeler Leila, mais cette fois-ci les communications étaient belles et bien coupées. Il ne semblait même pas possible de passer un appel d'urgence.

Plusieurs voitures étaient venues remplir le bouchon derrière celle d'Antoine. Le jeune homme était définitivement bloqué dans l'embouteillage à présent. Il lui fallait juste prendre son mal en patience.

Quelques conducteurs plus malin et plus téméraires que les autres sortaient de leur véhicule pour voir jusqu'où le bouchon les menait et certainement pour en connaître la cause. L'A25 était régulièrement sujette à ce genre de chose. Construire une autoroute avec seulement deux pauvres voies entre une ville importante et une ville moyennement importante n'était pas une idée très brillante.

Dans le ciel, le temps déjà couvert commençait à devenir de plus en plus menaçant. Une goutte tomba sur le pare-brise. Elle fut rapidement suivit par une seconde et rapidement la pluie tomba. L'eau rentrait par la vitre brisée de la voiture. Elle tombait près du katana et sur le siège du passager. Antoine passa quelques secondes à se demander comment il pourrait régler son problème de courant d'air. S'il trouvait du scotch, il pourrait éventuellement mettre une plaque de carton et le problème serait ainsi résolu. Il risquait d'avoir beaucoup plus de mal de trouver un garage qui lui réparerait les dégâts...

Perdu dans ses pensées, Antoine ne vit pas que les passagers des quelques voitures derrières lui quittaient leurs véhicules dans la précipitation. Un simple coup d'œil à son rétroviseur suffit pour lui glacer le sang. Une véritable armée de monstres avançait d'un pas soutenu vers l'embouteillage.

Cédant à la panique qui l'entourait, Antoine prit son sac et son katana et sorti de la voiture. Par réflexe, il embarqua ses clefs et les mit dans sa poche. Il se pouvait qu'il n'en ait plus jamais besoin, mais ceci importait peu. Il devait fuir au plus vite. Une jeune femme blonde le bouscula. Il manqua de peu de glisser au sol, tandis que la blonde tomba au sol en criant de douleur. C'était une jolie blonde aux yeux bleus comme il y en avait plein dans le Nord de la France. Elle avait l'allure sportive de celle qui n'abuse pas des frites et des fricadelles.

« Désolé, dit Antoine en lui tendant une main pour qu'elle se relève. »

La jolie blonde attrapa la main d'Antoine, mais au moment de se lever, elle jura de douleur. Elle n'arrivait pas à tenir debout et elle s'appuya sur le capot d'une Twingo verte.

« Putain, j'ai trop mal. J'espère que je ne me suis pas foulé la cheville ! Aidez-moi à marcher. »

Antoine passa une main autour de la taille de la demoiselle. Cette dernière mis une main autour de l'épaule du jeune homme et ils commencèrent à avancer de cette manière : elle en boitillant et lui en l'aidant du mieux qu'il pouvait.

Alors qu'il l'aidait cette jeune et belle inconnue et qu'il sentait son parfum à la framboise, Antoine se dit qu'il commettait une erreur, s'il comptait arriver un jour vivant dans le sud de la France, il devait aider le moins de monde possible. Dans le même temps, s'il voulait arriver dans le sud, il aurait besoin de l'aide d'aimables personnes maintenant qu'il n'avait plus de voiture. Toutes ces choses n'avaient aucune logique. Il ne pouvait pas en même temps profiter des gens sans rien donner. Cela entrait en conflit avec ses convictions les plus profondes.

« Je m'appelle Antoine et vous ?

-Jennifer et on peut se tutoyer !

-OK on se tutoie. Tu vas où comme ça ?

-Je fuis Dunkerque pour rejoindre ma famille à Valenciennes. Et toi ?

-Je fais la même chose pour aller à Montpellier.

-C'est où ça Montpellier ? »

Il y avait une chose qui surprenait toujours Antoine à propos des gens du Nord c'était leur ignorance de la géographie des régions du sud. Il y avait de plus une chose effroyable qui surprenait les gens du Nord à propos d'Antoine c'était son ignorance à propos du Nord Pas de Calais. Avant de venir ici, Antoine n'aurait pas su placer sur une carte de France les villes de Maubeuge, d'Arras, de Saint-Omer ou d'Hazebrouck.

« C'est dans le Sud de la France.

-Eh ben, ça fait une sacrée trotte. J'espère que tu n'envisages pas d'y aller à pied.

-Je ne sais pas comment j'y vais, mais j'y vais. »

Les monstres se rapprochaient de plus en plus. Des humains bien vivant dépassaient l'étrange couple sans jeter un regard sur la jeune femme blessé ou sans proposer d'aider Antoine. L'égoïsme et le chacun pour soi étaient consacrés à l'échelle de valeurs fondatrices du ancien monde. Le nouveau monde qui se créait devant les yeux du jeune homme serait encore plus violent et encore plus égoïste.

« Je sais ce que tu penses Antoine, dit Jennifer après que son sauveur eut lancé un regard derrière lui pour voir la meute.

-Je pense quoi alors ?

-Tu veux m'abandonner et tu penses que tu auras plus de chance si tu fuis tout seul. Ne fais pas ça s'il te plaît. Tu ne comptes pas abandonner une fille sans défense à une mort certaine.

-Personne me mérite de mourir de cette manière mais je n'hésiterais pas à t'abandonner si j'y suis obligé. »

Antoine se détestait pour ces paroles, mais il n'avait pas d'autres solutions. Il regardait autour de lui et les seules choses qu'il voyait c'était des voitures et des scènes de panique. Des gens se marchaient presque les uns sur les autres. Des enfants abandonnés pleuraient, des personnes âgées agenouillées priaient leur Dieu. La voie d'urgence était pleines de voiture. Tout un tas de conducteur avait trouvé malin de d'essayer de dépasser tout le monde mais sans avoir le succès escompté.

« Qu'est-ce que tu vas trouver dans le sud ? C'est ta famille qui t'attend là-bas ? C'est le soleil qui te manque ? Non je suis sûre que c'est une fille que tu vas rejoindre.

-Il y a un peu de tout ça en effet. Je ne suis pas du Nord et j'ai envie de retrouver mes racines là-bas.

-Ne raconte pas n'importe quoi. Si tu meurs durant le voyage tu n'en auras plus rien à faire de tes racines. Tu poursuis un rêve stupide.

-Va te faire foutre, tu fais exactement la même chose que moi. Tu cherches à rentrer chez ta famille !

-Tu marques un point-là. Mais ce n'ai pas une raison pour que tu m'abandonnes sur le bas côté. »

Derrière eux, un scooter klaxonnait, il semblait qu'ils gênaient le passage. Alors qu'Antoine allait se pousser pour laisser passer le deux roues. Il eut une idée brillante. Il se retourna vers le conducteur et bloqua son avancé de tout son corps.

« Eh toi ! Prend cette fille ! Elle est blessée et elle risque de mourir si on ne l'aide pas, cria Antoine avec l'énergie du désespoir.

-Dégagez de là !

-Aide moi, s'il te plaît, implora Jennifer. »

Le conducteur du scooter fit mine d'accélérer pour que les deux se pousse. Antoine ne bougea pas. Il devait arriver à convaincre l'homme d'emmener Jennifer.

« J'en ai rien à faire de vous ! Barrez-vous où je vous écrase. »

L'homme sur le scooter portait un casque, mais sa voix semblait celle d'un adolescent. Il avait un casque bleu avec des flammes noires. Il n'était pas très grand et ne semblait pas très musclé.

« Elle va se faire bouffer si tu ne nous aides pas. Je ne te demande pas de nous prendre tout les deux, mais juste elle, supplia Antoine.

-Putain, je vais vous péter la gueule, pauvres cons, cracha avec dédain le conducteur du scooter. »

L'adolescent sortit un long couteau de chasse pour faire peur à ses opposants.

« Ne fais pas le con gamin, je ne te demande pas de te sacrifier, juste de l'aide.

-Mais putain, je veux pas vous aider et je vous emmerde profondément. Je vais te planter gros connard et je vais laisser les autres enfoirées te bouffer les yeux. »

Antoine n'avait plus de temps, les infectés seraient là d'ici une à deux minutes. Il en voyait des centaines qui avançait implacablement vers eux. Il devait prendre une décision qu'il regretterait.

Antoine posa Jennifer sur un capot de voiture. Il montra le katana à l'adolescent.

« Réfléchit, s'il te plaît, je ne veux pas en arriver là, mais s'il le faut je n'hésiterais à frapper pour tuer.

-T'es trop une baltringue mon gars ! Tu crois que tu me fais peur avec ton épée en bois. Fait pas le chaud ! »

Il n'y avait définitivement rien à faire. Le conducteur du scooter avec sa tête toujours bien protégé par son casque fit un pas en direction d'Antoine, il le menaçait toujours avec son long couteau de chasse. Antoine dégaina, la lame brilla. Quelques gouttes de pluie tombèrent sur le métal et tintèrent. Le son était beau et chantant.

L'adolescent paru surprit durant une seconde, mais l'instant d'après il se rua sur son adversaire, il devait certainement se dire que s'il attaquait le premier, il aurait certainement un avantage.

Antoine frappa d'estoc, la lame l'enfonça profondément dans l'adolescent qui lâcha son couteau. La lame sanguinolente ressortit de l'autre côté.

« Pourquoi, marmonna le gamin avant d'expirer. »

Antoine dégagea la lame, d'un mouvement ample, il laissa le corps inanimé glisser au sol, il enleva le sang qui gicla sur une voiture blanche et il rengaina. Il n'aimait pas cela. Il détestait profondément le meurtre qu'il venait de commettre. Il ne voulait pas devenir un monstre. Il se dégouttait.

Tout en boitillant, Jennifer prit le couteau de chasse qui traînait inutilement par terre. De son côté, Antoine enfourcha le scooter. Il cala la lame du katana entre son sac et son dos, normalement elle devrait tenir. Il tendit une main à Jennifer qui monta derrière lui. La jolie blonde posa ses mains sur sa taille.

Antoine accéléra avec le scooter. Les premiers infectés étaient à une dizaine de mètres, les vieux qui priaient avait déclenché une curée sanglante, mais ceci n'avait qu'à peine calmé les ardeurs des infectés.

Antoine slaloma entre les voitures arrêtée. Il se dirigea vers la bande d'arrêt d'urgence, il y avait un peu plus de place là-bas pour manœuvrer. Étrangement, il semblait y avoir légèrement moins de monde sur le côté le plus à droite de la route entre la rambarde de sécurité et les voitures qui encombraient la bande d'arrêt d'urgence.

Le jeune homme put enfin accélérer pour atteindre les 25 kilomètres heures. Aucun infecté ne courrait à cette allure le scooter commença à gagner du terrain.

« Merci, dit Jennifer à Antoine, tu n'étais pas obliger de faire ce que tu as fait et pourtant tu m'as aidé jusqu'au bout.

-Je n'aime pas ce que j'ai fait, on aurait pu trouver un accord mais ce crétin s'est cru malin. Je n'avais pas le choix.

-Si tu avais le choix, tu aurais pu m'abandonner. Pourquoi tu ne l'as pas fait ? Tu m'avais affirmé 2 minutes plus tôt que n'hésiterait pas une seule seconde à m'abandonner.

-Je n'ai pas réfléchi à ça. La seule chose à laquelle j'ai pensé, c'était que ce type pouvait te prendre derrière lui. Il n'avait aucune raison de ne pas t'aider, pourquoi est-ce qu'il ne l'a pas fait et pourquoi est-ce qu'il nous a agressé ?

-Tu ne penses pas qu'il a pu se sentir lui-même agressé. Nous lui avons barré le passage alors qu'il tentait de fuir les infectés, nous avons mis en danger sa vie. Imagine une seule seconde ce que tu ferais si dans un kilomètre quelqu'un agissait comme nous l'avons fait.

-Tu regrette ce qui s'est passé ? Répondit Antoine. Tu ne sembles pas très heureuse de la tournure que les événements ont pris.

-Je suis content d'avoir trouvé mon sauveur. C'est juste que j'ai de l'empathie pour cet ado qui comme nous ne souhaitait que survivre... J'imagine que c'est ce qui nous différencie des types qui nous courent après pour nous bouffer.

-Désolé, mais je ne sais pas si ceux qui se posent trop de question feront de vieux os dans le monde que nous voyons se créer. »

Jennifer garda le silence, elle serra un peu plus fort Antoine à la taille et posa la tête contre le sac remplit d'affaire du jeune homme. Antoine rêva un instant que celle qui était accroché à sa taille soit Leila. Il aurait aimé tellement la voir encore. Avait-elle entendu sa déclaration téléphonique ou le réseau était-il tombé en panne avant ? Il aurait toutes les réponses qu'il souhaitait dans 1000 kilomètres.

À une petite centaine de mètres de hauteur, un bruyant hélicoptère survolait l'autoroute en direction de Lille. D'un seul coup d'œil rapide, Antoine sut que l'engin n'était pas civil mais bien militaire. Les hélicoptères civils ne transportaient pas de missile. L'engin était vert camouflage et semblait relativement plus massif qu'un simple hélicoptère de reconnaissance.

L'aéronef fit demi tour en décrivant un arc de cercle. Allait-il repartir vers Dunkerque ? Tout cela n'intéressait pas vraiment Antoine pour le moment.

L'hélicoptère tira un missile. La flamme de l'engin de mort brillait dans le ciel. Elle était suivie d'une traîné blanche. La fusée se dirigea vers le sol derrière Antoine et le scooter. Elle était certainement destinée aux infectés.

Le missile siffla au-dessus du jeune hommes et de sa compagne puis ce fut l'explosion. Dans le rétroviseur, Antoine vit les flammes monter, il vit des voitures s'envoler pour retomber quelques mètres plus loin. Il observa des bouts de corps démembrés se faire projeter aux quatre vents. À travers le rétroviseur, l'explosion semblait minuscule presque anecdotique. Il n'y avait que le fracas sonore qu'elle avait généré qui rappelait sa violence au jeune homme.

« Il ne faut pas qu'on reste sur l'autoroute, cria Jennifer, c'est trop dangereux. »

Antoine n'avait rien à redire sur cette idée. L'embouteillage s'étendait encore durant des dizaines et des dizaines de kilomètres. Ils risquaient de se retrouver bloquer à n'importe quel moment si les autorités avaient décidé de faire un barrage ou s'il y avait trop de personnes ayant quitté leur voiture.

« On peut sortir à Wormhout, dit Jennifer en voyant un panneau. »

Antoine acquiesça. Le choix n'était plus dans ses mains à vrai dire, ils étaient obligés de s'éloigner le plus possible des concentrations de populations. À droite comme à gauche les champs de la Flandre s'étendaient à perte de vue. Dans ce genre de décors, les deux jeunes gens avaient beaucoup moins de chance de se faire dévorer par une horde d'infecté. En tout état de cause, ils se feraient attaquer beaucoup moins souvent.

L'embouteillage s'arrêtait brutalement à partir de la sortie pour Wormhout, à l'inverse, rentrer sur l'autoroute à partir de cette sortie semblait extrêmement compliqué. Une file ininterrompue de voiture patientait sur l'échangeur. Certains conducteurs sortaient déjà de leur véhicule pour voir ce qui avait explosé sur l'autoroute. Le chaos ne tarderait pas à se répandre comme une traînée de poudre ici aussi.

Antoine put enfin accélérer, ce côté là de la route vers Wormhout était vide. Les conducteurs avaient eu la décence de ne pas bloquer les deux voies. Ces derniers regardaient le couple sur le scooter avec de grands yeux. Il semblait que traverser les champs détrempés en direction du village de Wormhout était une idée étrange ou carrément folle.

Le village flamand comprenait un peu plus de 5000 habitants qui se répartissaient dans tout un tas de maison typique. Les deux jeunes gens traversèrent une zone commerciale avant de rentrer plus précisément dans le village. Il y avait très peu d'activité à l'intérieur du village. Quelques infectés déjeunaient tranquillement, ce spectacle de désolation risquait de se répéter inlassablement dans tous les endroits où Antoine poserait les pieds.

Sur la place principale, quelques contaminés tapaient à la porte de l'église Saint-Martin. Essayaient-ils d'aller se faire confesser ou avaient-ils l'intention de manger le curé ?

Le reste de la rue était quasiment déserte. Antoine compta deux infectés qui se promenaient tranquillement en boitant du côté de la mairie. Le reste de la population semblait avoir disparu comme par magie. Les villageois avaient-ils tous décider de partir en voiture ? Se terrait-il chez eux ?

« J'ai faim, dit Jennifer, on pourrait s'arrêter dans cette épicerie. »

Il y avait tout un tas de magasin dans la rue principale de Wormhout. En face de la poste, il y avait un 8 à 8. Il y avait trois places de parking devant le magasin, aucune voiture ne les occupait. Avec le scooter, Antoine se gara devant l'épicerie. Un des infectés de la rue principale fonça sur les deux nouveaux arrivants. Le jeune homme dégaina le katana. Achever un seul infecté était beaucoup plus simple que tout ce qu'il avait fait plus tôt dans la matinée. En un simple coup de lame au niveau de la mâchoire, il renvoya le cadavre ambulant dans le néant.

« Bon on fait gaffe en rentrant dans le magasin, bien comprit Jennifer ?

-Oui évidemment, si j'ai survécu jusqu'à présent c'est parce que je sais faire attention à moi. »

Jennifer sortit le couteau qu'elle avait pris à l'ancien propriétaire du scooter. Elle semblait avoir une certaine assurance avec cette arme dans les mains. La jeune femme boitait toujours un peu.

« Ta jambe va mieux ?

-On dirait que ça va mieux, mais je passerais bien à la pharmacie qu'il y a un peu plus loin dans la rue. Je vais prendre de quoi bander mon pied au moins. »

Le katana toujours dégainé, Antoine rentra dans le magasin. Les lieux étaient sombres. Il n'y avait pas d'électricité et le peu de lumière qui entrait par l'extérieur n'arrivait pas à éclairer les étales.

Quelque choses bougea dans un des rayons. Antoine s'accrocha plus fermement que jamais à son arme. Il n'y avait que des formes qui se dessinaient, des silhouettes anonymes et inconnues. Elles pouvaient être tout et n'importe quoi.

Au sol, une de ces silhouettes bougea. Elle avança en rampant et en grognant. Alors qu'elle se rapprochait, Antoine lui planta son épée dans ce qu'il pensa être sa tête. Le jeune homme eu le temps de jeter un œil sur l'infecté. Il manquait à ce dernier toute la partie basse du corps et il traînait derrière lui ses boyaux et autres organes.

Il n'y avait pas d'autres bruits dans l'épicerie. Aucunes autres formes ne semblaient bouger. Tout était trop calme. Antoine se chercha ce qu'il pouvait manger sans avoir besoin de cuisiner. Il trouva des sandwichs déjà préparer au rayon frais. L'électricité n'avait pas dû être coupé depuis bien longtemps. Les victuailles gardaient encore un peu de fraîcheur.

Jennifer ne le suivait plus à la trace, elle était dans un des rayons. Antoine n'aimait pas ceci, il ne fallait pas se séparer, les risques étaient trop grand. Il emporta plusieurs sandwichs et revint sur ses pas l'arme à la main. Il retrouva la jolie blonde avec une lampe dans la main.

« Regarde ce que j'ai trouvé ! Dit-elle en braquant la lampe devant ses yeux.

-OK t'as trouvé des trucs à manger ?

-J'ai pris quelques gâteaux mais je pense qu'il y a d'autres choses dans le coin.

-Non, on n'a pas le temps, j'ai pas confiance dans ce village.

-Qu'est-ce qui peut arriver ? On n'a croisé quasiment personne... »

Comme pour contredire cette affirmation, une clameur monta dans la rue. Il semblait y avoir un grand nombre d'infectés qui grognaient en même temps. Les deux survivants sortirent de l'épicerie. Les portes de l'église étaient ouvertes et elles déversaient dans la rue un grand nombre d'infectés. L'église vomissait ses cadavres au monde. Ces derniers semblaient avoir trouvé en Antoine et Jennifer un très bon repas. Les premiers infectés s'élançait déjà à la poursuite des deux survivants.

Antoine rengaina son arme. Il monta sur le scooter et démarra.

« On laisse tomber pour la pharmacie, on verra ceci dans un autre village.

-D'accord, j'ai pas très envie de combattre tous ces monstres. »

Le jeune homme accéléra et laissa derrière lui l'armée des infectés.

« Prend la route de Cassel, lui dit Jennifer, on va droit vers le Sud comme ça ! »

La fin de Wormhout se déroula sans incident notoire. Deux kilomètres après la dernière habitation, les deux jeunes gens s'installèrent dans un champ pour manger les sandwichs. La pluie avait arrêté de tomber depuis la sortie du village. Les deux survivants se mirent sous un arbre. Le sol était relativement sec autour du tronc. Antoine aida Jennifer à s'asseoir, la jeune femme boitait toujours autant, mais elle semblait trouver le moyen d'avancer sans se faire trop mal. Malheureusement face à une horde d'infectés, elle aurait beaucoup de mal à survivre.

« Bon pour le repas de midi on a un sandwich avec du poulet, un bon vieux jambon fromage, un autre aux crudités et un dernier avec quelque chose ressemblant à du saumon.

-Je prendrais crudité et saumon. »

Antoine jeta plusieurs regards dans le lointain. Il guettait d'éventuelles formes humaines. Son katana était posé près de lui, il pouvait dégainer à n'importe quel moment. Les champs s'étendaient toujours à perte de vue. Ils étaient verts et marrons, la boue régnait en maîtresse ici. De temps à autre, un arbre sortait de terre pour délimiter les parcelles.

« Alors Antoine, qu'est-ce qui t'as amené dans le Nord ?

-Le boulot, je suis fonctionnaire et j'ai été muté à Dunkerque. À la base, je viens de Montpellier. J'ai grandi dans le Sud, je n'étais jamais allé dans le Nord jusqu'au moment où j'ai débarqué ici. Et toi ? T'as grandi ici ?

-Je viens du Sud, j'ai rien à voir avec les flamands, je suis de Valenciennes moi.

-Tu sais pour un occitan, Valencienne, Maubeuge, Saint-Quentin, Rouen et tout le reste c'est le grand Nord. Paris c'est déjà le Nord !

-Mouais les gens du Sud sont vraiment des gens bizarres. Est-ce que tu m'amènes jusqu'à Valenciennes ? »

Antoine ne s'était pas encore posé la question. Valenciennes se trouvait bien au sud de Lille, mais l'A1 qui reliait Lille à Paris ne passait pas par Valenciennes. De toute manière, il n'avait pas le droit de prendre l'autoroute avec un scooter. D'ailleurs rejoindre l'Hérault en scooter risquait de prendre des jours et des jours.

« Je t'amène à Valenciennes si tu veux. Au pire ça me permettra de faire une pause, si je peux m'incruster chez tes parents évidemment.

-Je pense qu'après avoir sauvé leur fille, tu pourras rester quelques jours si tu veux. »

Jennifer avait un joli sourire. La plupart des hommes hétérosexuels auraient fait la queue pour avoir le privilège de la sauver. Antoine n'éprouvait pas la même chose, il gardait toujours une petite place dans sa tête pour celle qu'il souhaitait retrouver plus que tout.

Une fois leur sandwich expédié, Antoine s'alluma une cigarette, il avait l'impression de ne pas avoir fumé depuis une éternité. La fumée s'envola dans la plaine, il se pouvait qu'il soit un des derniers fumeurs encore vivants qui traînaient dans le coin. Les fabricants de tabac risquaient de faire la tête. Non, il se pouvait que les fabricants de tabac aient tous disparu pour finir d'ici les prochains jours.

« Bon, Jennifer allons-y, on a une longue route. »

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