Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

4

Éviter Saint-Quentin ne fuit pas très difficile. Il y avait tout un tas de route de campagne que l'on pouvait pratiquer. À trois reprises, il croisa des personnes bien vivante dans leur voiture. Antoine leur fit à chaque fois des grands signes de l'intérieur de sa BMW, pour que ces personnes s'arrêtent, mais à aucun moment il ne réussit à avoir de contact avec des humains non infectés.

Après avoir vu, Saint Quentin de loin, Antoine continua sa folle route. Il croisa un nombre important de voiture accidenté lorsqu'il s'engagea sur une nationale. À chaque fois, il y avait un ou plusieurs infectés qui prenaient leur repas sur le dos des accidentés de la route. Outre le fait que la Picardie était dangereuse, elle disposait apparemment de routes horriblement dangereuse. Il se douta que le danger venait surtout des personnes derrières le volant.

Il nota dans un coin de son esprit que les Picards étaient comme les Gardois, ils ne savaient pas conduire. Ceci lui donnait une raison encore plus bonne de ne pas traîner dans le coin plus qu'il ne fallait.

Le décor de l'Aisne était vraiment déprimant. La route traçait son chemin à travers des champs de betteraves sucrières s'étendant à perte de vue. Antoine ne comprenait pas le chemin des Dames. Il ne voyait pas pourquoi tous les soldats de la première guerre mondiale n'avait pas flairé l'arnaque lorsqu'il avait dû traverser la Picardie.

En cas de guerre, l'Aisne devait être un département particulièrement compliquer à prendre, une grande partie des soldats mobilisés sur le front devait déserter dès qu'ils en avaient l'occasion, le simple fait de se retrouver ici, faisait perdre tout espoir à Antoine.

Il se rappelait à chaque kilomètre qu'il laissait derrière lui qu'il venait du Sud, il ne devait pas oublier ce qu'il était, il ne voulait pas perdre ses origines dans ces plaines sans fin et sans logique.

Le plus tragique était de penser que des gens habitaient dans cet endroit depuis des générations. Qu'est-ce qui poussait des gens à gâcher leur vie dans une terre aussi déprimante. Dunkerque était pollué, humide et froide l'hiver comme l'été, mais au moins on pouvait admirer la mer de sa fenêtre. Dans l'Aisne, on pouvait admirer de sa fenêtre des bouseux dans leurs champs en train de faire l'amour à leur cadette et aux enfants de cette dernière. Il devait y avoir des villages entiers de consanguin dans le coin.

Antoine ne voulait pas vérifier, il avait des choses beaucoup plus intéressante à faire, il devait rejoindre un camp militaire plus malin que les autres.

Le décor ne changea pas beaucoup alors qu'il s'approchait de la capitale. Il y avait un peu plus de forêt que précédemment. De grands chênes plantés parallèlement les uns aux autres se dressaient. C'était une des tentatives de l'homme pour contrôler la nature, un essai qui avait finalement lamentablement échoué après l'apparition du virus.

Alors qu'il se rapprochait de Senlis, il aperçut le premier panneau tagué. À la place d'indication sur d'obscurs villages, il y avait marqué : « camp de réfugier » une flèche indiquait la direction à emprunter. Antoine suivit les flèches, il rencontra plusieurs autres panneaux. Il s'enfonça dans des routes de campagne toujours plus loin dans le sud Picard. Il croisa de plus en plus de voiture avec des vivants à l'intérieur qui se rendaient dans la même direction.

À la fin ce fut tout un convoi d'une dizaine de voitures qui se suivaient de près qui pénétrèrent la forêt domaniale d'Ermenonville. La fin du chemin jusqu'au camp de réfugier se faisait sur une route en terre. La poussière du convoi de voiture volait dans tous les sens. Sur la fin du trajet, il devint de plus en plus compliqué de se repérer, le convoi roulait au pas. De temps à autre, Antoine entendait au loin des coups de feux. À un moment, il vit même un hélicoptère traverser le ciel.

Sur le bord de la route, il passa prêt d'un militaire qui lui indiqua de continuer tout droit. Cinq minutes, plus tard, Antoine arriva au camp proprement dit. Il y avait une sorte de parking improvisé au milieu d'une clairière fraîchement déboisée. La coupe des arbres ne devaient pas dater de l'infection, mais il semblerait qu'elle se soit intensifié depuis que les événements avaient commencé.

La première chose qui surprit Antoine fut la taille du camp. Des tentes s'étendaient à perte de vue. Il y avait des militaires et des civils armés un peu partout. Des hélicoptères s'envolaient et atterrissaient avec des convois entiers de réfugier trop content d'être en vie. Il y avait aussi des chars d'assaut à la lisière des frondaisons.

Un jeune miliaire hurlait des ordres aux voitures qui arrivaient. Antoine se gara bien gentiment à l'endroit que le jeune homme lui avait dit. Il sortit son katana et le prit avec lui. Il avait beau être entouré de gens armé jusqu'aux dents, il savait qu'en dernier recours son épée serait sa dernière chance de survivre.

Le militaire regarda le katana d'Antoine, mais il se garda bien de faire un quelconque commentaire.

« Pour les nouveaux arrivant, vous devez vous rendre à la tente de recensement pour votre affectation dans le camp. C'est la grande tente avec le drapeau Français qui se trouve là. »

Il y avait toute sorte de gens qui arrivait en même temps qu'Antoine. Il y avait des hommes, des femmes, des couples, des parents avec leurs enfants, des vieux, des jeunes, des blancs, des noirs, des beurs, tout le panel des couleurs de la France était ici représenté. Bien souvent, Antoine lut du soulagement sur les visages des arrivants. Ils venaient certainement de traverser l'enfer pour arriver ici et ce camp représentait un refuge inespéré pour eux.

Antoine se mêla à la foule, son katana ne passa pas inaperçu. Il y eut des regards surpris et un gamin d'une dizaine d'années lui demanda même de lui montrer la lame.

« Je suis désolé, mais ce n'est pas un jouet pour les enfants, je ne dégaine pas mon arme pour m'amuser, lorsque je le fais c'est pour tuer. »

Bien rapidement, Antoine regretta sa réponse un peu trop sèche. Le gamin ne l'importuna plus au moins. Il repartit vers les jupes de sa mère qui ajouta :

« Je t'avais dit de ne pas y aller. »

Antoine n'était pas le seul à être armé. Il y avait tout un tas de personnes qui avait des armes de fortune, des battes de base-ball, des haches, des barres en fer, des pelles, des pioches et quelques sabres. Il y avait même un homme qui avait un bouclier antiémeute de la police. Il y avait aussi ceux qui avaient des armes à feu, cela allait du fusil de chasse à la kalachnikov en passant par toute sorte de pistolet obtenu de manière plus ou moins légale. Ils étaient cependant très peu à avoir ce genre d'arme. Nous étions en France et pas aux États-Unis, les armes à feu n'avait jamais fait partie de la culture Française.

Le groupe entra dans la tente de recensement. Il y avait plusieurs tables avec des militaires qui donnait des badges et orientaient les gens. Ceci ne plaisait pas vraiment à Antoine, son but était d'arriver dans le Sud, il commençait à se demander s'il n'avait pas commis une erreur en venant dans ce camp. Il ne désirait pas se poser dans ce genre d'endroit trop longtemps.

Lorsque ce fut à son tour de se faire recenser, le militaire lui demanda comme il le faisait à tout le monde :

« Nom, prénom, Date de naissance, profession avant les événements.

-Antoine Lelez, née le 13/10/80, je suis fonctionnaire. »

Le militaire ne demanda pas dans quel branche, Antoine était fonctionnaire, il n'avait pas l'air de s'intéresser à cela.

« Vous serez au village 3, quartier 10, tente 55. Le briefing aura lieu dans dix minutes sur l'aire de rassemblement. »

On donna une carte à Antoine.

« C'est votre carte temporaire d'accès au camp. Au suivant ! »

Voilà, Antoine était lâché de cette manière dans le camp, à lui de trouver sa tente, de trouver une activité et d'essayer de survivre. Il ne savait pas quel était les règles de cet endroit, il n'y avait pas de gentil géo ou de guide des activités.

Pour le moment, le jeune homme commença par chercher sa tente. Contrairement à sa première impression d'avoir été laissé dans la nature, il aperçut un peu partout dans le camp des panneaux d'indication. Il trouva rapidement la route vers le village 3. La plus grande partie des civils habitant le camp de réfugier semblait avoir débarqué depuis très peu de temps. Il y avait une atmosphère de franc bordel dans les allés des villages. Des gens à moitié perdu criait le nom de leur proche ou demandait au premier militaire qu'ils voyaient où se trouvait tel ou tel service. Dans le même temps, des civils s'installaient comme s'il allait faire du camping pour la semaine. Antoine croisa même un petit groupe qui se servait un apéro au pastis.

À deux pas de ces gens insouciants, il y avait d'autres personnes qui avait le regard perdu dans le vague et dont les joues étaient couvertes de chaude larme. De temps à autre, un réfugier se mettait à crier sans raison ou à s'énerver de manière disproportionné. Mais le pire était les infectés. Antoine n'avait passé aucun test médical pour savoir s'il avait été mordu. Les militaires semblaient débordés par l'afflux massif de voiture et de futurs réfugiés. Si un infecté se trouvait dans le camp, il se pouvait que la situation sombre rapidement dans le chaos le plus pur.

À la réflexion, Antoine se dit qu'avec le nombre de personnes armées qui patrouillaient dans le camp, il se pouvait qu'un seul infecté n'eusse pas le temps de faire beaucoup de dégâts. Penser que l'on était en sécurité alors que tous les gens autours de soi avait le pouvoir de distribuer la mort, représentait pour Antoine un paradoxe intéressant.

Avec toutes les horreurs que les survivants avaient vécues qu'est-ce qui empêchait l'un d'entre eux de péter un plomb et de tirer dans le tas en étant persuadé qu'il massacrait des infectés. D'ailleurs le pire était qu'Antoine lui aussi pouvait décompenser à un moment et agir de manière dangereuse pour lui-même et autrui.

Le jeune homme oublia bien vite le risque de folie collective, lorsqu'il vit un nouvel hélicoptère se poser. Les militaires avaient prévu une aire atterrissage bien spécifique. À côté de cette aire, il y avait plusieurs camions citernes qui devaient certainement ravitailler les hélicoptères. Dans une autre partie du camp, il y avait tout un tas de camion et de jeep du génie militaire. Une grande antenne radio trônait au milieu du campement. Il y avait des hauts parleurs accrochés un peu partout à cette antenne.

Comment les militaires avaient-ils eu le temps de construire ce camp en aussi peu de temps ? Pourquoi n'étaient-ils pas dans leur base ou à combattre l'infection ?

Antoine trouva son village et son quartier. Les tentes se ressemblaient toutes, on aurait dit une forêt kaki de triangle. De temps à autre, il y avait une tente beaucoup plus grosse que les autres. Il semblait en avoir une par quartier, elles étaient tenues par des militaires qui semblaient coordonner les opérations.

Antoine rentra dans la tente de coordination de son quartier. Il y avait deux hommes et une femme en uniforme qui s'affairaient à différente tâche. Un troisième homme qui semblait plus âgé et plus gradé que les autres parlaient à quelqu'un à travers un talkie-walkie.

« C'est pas un problème si on n'a pas assez de Famas pour tout le monde, on leur donnera des machettes et des haches, avant de partir de la base on en a sortie deux milles... Oui voilà, mais pour le moment, on n'a pas le temps pour ça, on a des nouveaux arrivants qui débarquent à chaque instant. »

L'homme avait un accent qu'Antoine eu du mal à déterminer, il devait venir d'une région un peu perdue de la France. Ses cheveux grisonnant avaient été coupé très court. Bien qu'il eût quelques rides, son visage n'en restait pas moins très dur. Il avait des épaules larges, mais aussi un peu de ventre qui se dessinait à travers son uniforme.

« Vous êtes qui vous ? Dit-il en s'adressant à Antoine sans ménagement.

-Je suis un nouvel arrivant. Je m'appelle Antoine Lelez. On m'a dit de me rendre dans ce village et dans ce quartier.

-Oui et alors ? Faites vite je ne dispose pas de tout mon temps.

-Je me demandais s'il y avait des choses à savoir pour habiter ici, des règles des sécurités et des règles de vie.

-Enfin quelqu'un qui s'intéresse aux règles du camp, c'est très bien, mais j'ai pas le temps pour ça ! Éveline, expliquez à ce jeune homme les règles, je dois aller au quartier général faire mon rapport. »

Le gradé prit son holster avec son pistolet à l'intérieur. Il fit quelque pas vers l'extérieur. Il s'arrêta et se retourna vers Antoine :

« Le plus grand conseil que je puis vous donner mon garçon, c'est de ne jamais sortir sans arme. »

Antoine se tourna vers Éveline, c'était une petite brune avec une sympathique tête de fouine. Ses lunettes de vielle fille et sa coiffure réglementaire attaché, lui donnait une dizaine d'années de plus. Elle avait cependant une voix des plus agréables :

« Bien, comme l'adjudant l'a demandé, je vais vous faire un rapide topo sur les camps. Je suis Madame le commissaire Éveline Durant. J'ai en charge la partie administrative de tous les quartiers du village 3. Est-ce que vous avez des questions ?

-Oui j'ai des questions, je viens d'arriver ici, on m'a demandé mon nom, on m'a donné une carte d'accès et ensuite il se passe quoi ?

-Lorsque tout le monde sera installé, nous commencerons par recenser les compétences qui pourront s'avérer utiles, nous affecterons les gens à divers postes d'aide ou de surveillance dans le camp. Les deux premiers villages comprennent des personnes qui sont arrivé hier et qui son déjà opérationnelle, on a des bûcherons, des cuisiniers, des soignants...

-Depuis quand ce camp existe-t-il ?

-Il a été créé le premier novembre.

-Comment c'est possible ? Le premier novembre, l'infection n'était même pas connu du grand public !

-Ben nous sommes l'armé et nous avons des services de renseignements performants, maintenant, regagnez votre tente, le général va prochainement s'adresser à tout le monde. »

Antoine sortit de la tente de coordination du quartier. Les militaires semblaient tellement organisé tandis que les civils semblaient tellement désorganisés. Alors que les militaires faisaient couper la forêt tout autour du camp et organisaient un pont aérien, les civils transportaient de lourdes valises dans la boue, des chiens se battaient entre eux, des chats miaulait, Antoine croisa même un porc poursuivit par un gamin joufflu.

Contrairement à ce que disait le message radio, le camp comprenait beaucoup plus de mille personnes. Les parcelles couvertes part les petits triangles kakis étaient immense et ne cessaient de grandir.

Antoine trouva enfin sa nouvelle maison. Comme tous les autres appartements de grand luxe offert par l'armée, la tente du jeune homme était minuscule, un mètre cinquante de large pour deux mètres vingts de long, les nuits risquaient d'être longues et fraîche. À l'intérieur, il trouva une gamelle en fer, quelques couverts, une gourde un sac de couchage et un coussin rudimentaire. Dans les quelques souvenirs des camps de réfugiés qu'Antoine avait, il se souvenait que les tentes étaient légèrement plus grande. Que donnerait deux ou trois mois de vie ici avec l'hiver qui venait à grand pas ? Le jeune homme n'osa même pas imaginer ceci, si les infectés n'attaquaient pas la maladie et le froid suffirait à tous les achever.

Les hauts parleurs de la tour radio grésillèrent envoyant un son désagréable à tout le camp. Tous les nouveaux arrivants se retournèrent vers la source du son. Les autres semblaient déjà habitué à ce qui allait se produire.

« Bonjour à toutes et à tous. »

La voix d'un homme résonnait à travers tout le camp. Il avait un timbre grave et semblait à première écoute être d'un âge mûr.

« Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je suis le Général Teddian. Je commande ce camp. Je souhaite la bienvenue à toutes les personnes qui viennent d'arriver. Une place dans le camp et une carte de circulation vous ont été remis lors de votre premier recensement. Dans un premier temps, installez-vous, découvrez la géographie des lieux et prenez vos marque, un second recensement s'effectuera en fin de journée par le biais de vos chefs de quartier. Votre interlocuteur principal sera l'équipe qui s'occupe de votre quartier. Ils distribuent les vivres et veille à la bonne logistique. À l'issue de ce second recensement, des tâches vous seront attribuées. Seul les personnes justifiant d'une incapacité physique seront exemptées d'effectuer ces tâches pour la communauté. Les autres devront effectuer leur part du travail pour rendre ce camp plus vivable. Comme vous le savez tous, une épidémie d'un virus ressemblant à la rage transforme chaque homme et chaque femme qui y a été exposé. Je vous demande de déclarer aux militaires patrouillant dans votre quartier tous cas d'infection. Les armes à feu et les armes blanches sont autorisés dans le camp, leur usage contre des personnes non infecté est strictement interdite et sera puni devant la cour martiale par la mort. Le refus de travailler sera puni par le bannissement. »

Les règles étaient posées. La France allait retrouver le plein emploi que les Français le veuille ou non.

« Dans un premier temps, les travaux prévu viseront à déboiser la forêt jouxtant le camp. Dans un second temps, d'ici deux à trois jours, nous construirons des palissades pour nous protéger d'une éventuelle attaque. Dans un troisième temps, nous construirons des maison et organiseront des raids pour aller chercher des vivres. Avant que les palissades ne soient construites, les patrouilles la journée et la nuit seront doublé. Je sais que cela sera compliqué pour vous, mais nous avons avant tout besoin de sécurité dans ce camp. Nous avons déjà plusieurs patrouilles d'éclaireur qui passent au peigne fin les bois. En cas d'attaque massive des contaminés, vous serez rapidement prévenu. »

Ce que disait le général était censé rassurer la population, mais il sembla à Antoine que ces dernières paroles eurent l'effet inverse. Une grande partie des civils présents dans le camp pensait certainement que le plus dur se trouvait derrière eux. La seule idée que des hordes d'infectés risquaient de leur tomber dessus, stressa une partie de l'auditoire.

Antoine se demanda juste ce que le Général entendait par « attaque massive ».

« Je demanderais aux citoyens du camp d'adopter une attitude convenable et courtoise en toutes circonstances, je vous demanderais aussi de signaler le moindre problème de santé, de manque de vivre ou de manque d'équipement. En ce sens, les boissons alcoolisées et toutes les substances stupéfiantes sont interdites et seront détruites. De plus, un couvre-feu est instauré de 22 heures à 6 heures du matin. Toutes personnes se trouvant à l'extérieur de sa tante sera abattue après les sommations d'usage. En cas d'attaque massive d'infectés, l'alarme du camp sonnera, tous les personnels de défense devront rejoindre leur poste, l'alarme annule évidemment le couvre feu. Si les infectés rentrent dans le camp... Eh bien que le Seigneur nous protègent. Pour toutes questions supplémentaires vous pouvez vous adresser au coordinateur de votre quartier. »

Le son coupa, les activités quotidiennes du camp reprirent. Les bûcherons coupaient des arbres, les cuisiniers préparaient le repas du soir que l'on pouvait déjà sentir un peu partout dans le camp, les gardes surveillaient le camp et les nouveaux arrivaient à leur tente.

« Il a pas l'air commode le gadjo. »

Antoine se retourna vers le nouvel arrivant. Légèrement bronzé, un bouc de frimeur, une chemise et une veste beaucoup trop habillées pour un camp de réfugiés, un air plus sympathique que la moyenne et surtout moins déprimé que la plupart des habitants du camp et surtout avec quelques chaînes en or : il n'y avait aucun doute à avoir, c'était un gitan.

« Non c'est clair qu'il a pas l'air évident ! Je m'appelle Antoine et vous ?

-Moi c'est Jean et on peut se tutoyer, on est dans la même galère.

-OK, on se tutoie, t'es tout seul dans le coin ?

-Non, je suis venue avec toute la famille, ils sont en train d'arriver avec le nécessaire pour vivre ! »

Antoine n'avait aucune idée de ce qu'on avait besoin pour vivre dans un camp de réfugiés. En repensant à ce qui l'attendait dans sa tente, il se dit qu'un minimum de luxe ne serait pas de refus.

« Je ne sais pas si je peux me permettre, dit Antoine, mais tu n'as pas l'air très contrarié de la situation.

-Contrarié ? Mais mon gars, je suis un gitan ! Mon peuple a vécu dans des caravanes depuis des générations alors voir tous ces sédentaires dans un camp comme ça, eh bien un peu plus je me croirais au Sainte-Marie de la mer ! »

Antoine sourit.

« Eh bien si on pouvait avoir le même temps que là-bas, je pense que ça irait beaucoup mieux. D'ailleurs si on pouvait avoir le confort d'une caravane, ça me plairait bien !

-On est venu en caravane, mais les militaires nous ont dit qu'ils ne pouvaient pas nous permettre de rester dedans pour notre propre sécurité ! Mais c'est de la merde tout ça, tu vas voir d'ici deux jours, j'amène ma caravane au milieu de leur tente de merde ! »

Le reste de la famille gitane arriva les bras chargé de bardas divers et varié. Il y avait la grand-mère qui boitait à moitié et qui portait deux gros sacs Lidl plein, deux femmes d'une trentaine d'année avec une table et enfin toute une flaupée d'enfants et d'adolescent qui apportait tout un tas d'ustensiles pour la cuisine, de matelas gonflables et d'autres choses qu'Antoine n'identifia pas au premier regard. Cette famille-là semblait bien plus organisé que la plupart des autres réfugiés.

« Eh bien, Jean, on dirait bien que ta famille n'est a eu la chance d'apporter une partie du confort modèle avec eux.

-C'est pas grand-chose mais c'est tout ce qu'on a ! »

Jean présenta son clan à Antoine, la plus âgée, c'était sa mère, elle s'appelait Conception elle était la mama du clan, celle qu'on n'abandonnait pas malgré l'âge et sa mobilité réduite. Ces gens là auraient pu donner deux ou trois leçons sur la famille à la plupart des autres citoyen du camp.

La femme de Jean, Maria venait d'Espagne. Elle était légèrement plus bronzé que Jean. Elle avait les formes généreuses de la femme mariée qui déjà eu plusieurs enfants. Au milieu de ses cheveux bruns, une mèche blonde dénotait clairement. Cependant le reste de son visage était harmonieux. Elle souriait franchement lorsqu'elle salua Antoine.

La petite sœur de Maria, Paola, était récemment veuve. Elle était plus fine que sa grande sœur et semblait aussi légèrement plus timide, elle ne portait pas de mèche blonde, ses petits yeux noisettes semblaient rougit par de récents pleurs. Elle n'en gardait pas moins une certaine beauté naturelle.

Jean présenta les enfants sans préciser de qui ils étaient. Tous ensemble aînés comme cadets, ils n'étaient qu'une seule et même fratrie. Du plus vieux au plus jeune, il y avait Marc, Timothée, Doloress, Mariana, Andrée et le plus jeune Joseph.

Pendant que toute la famille rangeait tant bien que mal les affaires, Jean resta à discuter avec Antoine, ce devait certainement être un des avantages du pater familias.

« Ta famille et toi, vous avez survécu comment ces deux derniers jours, demanda Antoine.

-On a eu de la chance, on a réussi à se défendre comme on pouvait, mais on a eu des pertes c'est certain. Le mari de Paola est mort en nous défendant. On a repris la route et quand on a entendu le message à la radio, on est venu ici. Le reste de ma famille ne viendra pas dans ce genre de camp géré par l'armée, mais moi je désirais surtout protéger ceux que j'ai à ma charge. Je ne sais pas si ce camp fonctionnera mais en tout cas pour un temps ça pourrait être intéressant de se poser.

-Vous avez toujours vécu en déplacement ?

-Oui, on est pas des sédentaires nous autre, nous ne sommes pas attaché à un seul lieu, notre pays c'est l'Europe tout entière. J'ai des cousins un peu partout. Et toi tu viens d'où Antoine ?

-Je viens de Dunkerque, mais je fais tout pour retourner chez moi dans le Sud à Montpellier.

-C'est étrange de se définir à partir du lieu où on est né et où on a grandi. Ce n'est que de la terre ou des villes et les villes Françaises sont un peu toutes les mêmes quand tu y regardes bien.

-Je ne suis pas entièrement d'accord avec toi, Dunkerque a une météo beaucoup moins clémente que Montpellier par exemple.

-Oui c'est sûr, mais est-ce que tu te vois faire toute ta vie dans une même ville ou dans la même maison ?

-Je ne sais pas trop, mais ça me plairait bien d'avoir un peu de sécurité.

-En quoi vivre toujours dans le même endroit pourrait t'apporter de la sécurité ?

-J'imagine que c'est l'idée d'avoir un toit au-dessus de la tête qui m'apporte la sécurité.

-Tu sais quand on est dans des caravanes on est aussi en sécurité. On est entouré de nos proches, de notre clan. On est avec les gens qui nous aiment et qui compte pour nous. Peux-tu en dire autant ? »

Antoine ne pouvait pas en dire autant. Il s'était exilé loin de ses proches pour du travail. D'un côté, il devait prendre son indépendance, mais d'un autre côté, il s'était coupé des personnes qui comptaient vraiment dans sa vie. C'était un problème sans fin et impossible à résoudre.

« À présent, répondit Antoine, le monde que nous avons connu est en train de s'achever et je ne sais pas encore ce qui va pouvoir compter dans le futur.

-Tu n'as jamais vécu dans un monde en changement et j'imagine que ça te fait peur. Les gitans sont des nomades depuis des générations, nous sommes capable de nous défendre, nous ne nous sommes jamais intégré à votre société, cette infection ne changera pas notre mode de vie, nous continuerons à profiter de ce que la nature offre, d'ailleurs j'ai l'impression que l'humanité qui survivra à cette catastrophe risque d'être très semblable à nous autres les gitans. J'ai hâte de voir ça !

-Alors c'est comme ça que tu vois le futur ? Tu penses vraiment que des personnes ayant vécu sédentairement pendant toutes leur vie vont devenir des nomades du jour au lendemain ?

-J'en suis absolument certain. Pense à toutes ces personnes qui se cachent actuellement dans leur maison et dans leur appartement. Penses-tu qu'elles resteront à l'abri quand les infectés viendront. Crois-tu qu'il soit possible une seule seconde qu'une place forte arrive à tenir éternellement face aux infectés ? Ils ne connaissent ni la peur, ni la fatigue, ni la lassitude.

-C'est quoi la solution pour toi ? On ne peut pas vivre de ville en ville et élever une famille avec la peur de se faire attaquer à tout moment !

-Je suis un gitan, s'il le faut j'irai à l'autre bout du monde pour trouver la paix. Je ne m'attacherais jamais à un lieu !

-Alors pourquoi tu es venu ici avec ta famille ?

-Je souhaite de la protection pour ma famille et je pense que tous les militaires présents ici peuvent m'en apporter. En plus j'ai hâte de voir quelle tête vous autres les sédentaires vous allez faire lorsque vous devrez vous habituer à la vie de nomade. »

Antoine sourit à nouveau, la vie dans le camp risquait d'être compliqué. À la lisière des bois, des militaires entraînaient des civils à tirer sur des cibles accrochées à des arbres. Les détonations des Famas devaient s'entendre à plusieurs kilomètres.

« Donner des armes à des civils ne les transformera pas en soldat, dit Jean.

-Nous n'avons plus le choix aujourd'hui, il faut que tout le monde sache se défendre. »

Le gitan sorti de sa veste un pistolet et le montra à Antoine.

« Je ne sors plus sans mon Beretta. Je m'en suis déjà servi et je m'en resservirais pour protéger ma famille.

-Moi, j'ai un katana pour me protéger, contre les infectés ça me semble tout aussi efficace. »

Avec un haut-parleur, l'adjudant du quartier ordonna le rassemblement de tous les résidents. Antoine se dit tout d'un coup qu'il ne connaissait pas du tout le nom de cet homme. L'information n'était guère importante, seule la fonction avait une importance.

Les résidents des tentes du quartier se rassemblèrent en un gros tas informes de gens. L'adjudant ne semblait guère heureux du désordre régnant ici. Madame la Commissaire Durant se trouvait à la droite du gradé. Elle était armée d'un carnet et d'un stylo.

« Nous avons besoin de volontaire pour monter la garde dans le camp, nous avons besoin de bûcherons et de cuisiniers. S'il y a des médecins ou des infirmières veuillez le dire tout de suite, vous serez recruté dans l'équipe médicale du camp. »

Un homme d'une cinquantaine d'année s'approcha, il portait de petites lunettes rondes. Les années avaient eu raison de ses cheveux. Quelques rides naissaient au coin de ses yeux.

« Je suis médecin généraliste, dit l'homme.

-D'accord Madame le commissaire va vous indiquer comment faire pour intégrer l'équipe soignante. »

L'adjudant se tourna vers les autres.

« Y'a-t-il des volontaires ? S'il n'y en a pas, il va falloir que j'en désigne moi-même et je pense qu'il y aura des déçus... »

Être garde avait ses avantages, on disposait d'une arme à feu, on passait son temps à se balader dans le camp. Mais il y avait aussi de gros inconvénients, on était en première ligne en cas d'attaque et surtout il était plus compliqué de fausser compagnie en étant garde pour rejoindre le sud. Antoine sentait le piège se refermer autour de lui. Quoi qu'il fasse, il serait affecté à un poste et il risquait d'avoir tout le mal du monde pour le quitter.

Le parking était impraticable, les voitures étaient collés les unes aux autres, lorsqu'on se garait là-bas on devait attendre que toutes les autres automobiles qui étaient arrivées après, soient parties.

« Je suis volontaire pour être garde !

-Très bien, dit l'adjudant, le jeune homme avec un katana veut être garde. Y'a-t-il d'autres vocations ? »

Un à un des jeunes ou des moins jeunes, des hommes et des femmes se portèrent volontaires pour rejoindre les gardes. Madame le Commissaire nota le nom de chacun d'eux dans son carnet. Jean ne se porta pas volontaire, ni pour la garde, ni pour la cuisine, ni pour le bûcheronnage. Il poussa sa femme et sa belle-sœur à être volontaire pour la cuisine et lorsque l'adjudant voulu lui donner une tâche, il répondit qu'il garderait les enfants.

Antoine sourit, le gitan savait y faire. Il avait la meilleure excuse possible pour ne pas participer aux tâches rédhibitoires du camp. Antoine regretta presque de n'avoir pas pensé à sauver des enfants durant son voyage. Certes il n'avait pas croisé des tas d'enfants en détresses qui avaient besoin d'aide. D'ailleurs, il en venait à penser que les enfants étaient certainement des cibles privilégiées pour les infectés.

Le jeune homme coupa court à sa réflexion lorsque l'adjudant demanda aux gardes fraîchement recrutés de le suivre.

« Je ne vous apprendrai pas que la mission des gardes du camp est d'une importance capitale. Vous serez amené à patrouiller dans le camp et aussi au abord du camp. Vous serez toujours sous les ordres d'un officier militaire. Je comprends bien que vous n'êtes pas des soldats, durant les prochains jours vous allez apprendre à répondre à des ordres, vous ferez passer votre intérêt personnel au second plan, la seul chose qui importera lorsque vous aurez un Famas dans les mains ce sera de...

-Joli Katana, dit un jeune homme à peine sortie de l'adolescence à Antoine.

-Merci, il m'a bien aidé durant ces deux derniers jours.

-Je m'appelle Samuel, mais tu peux m'appeler Sam.

-Enchanter Sam, moi c'est Antoine, mais tu peux m'appeler Antoine. »

Samuel lança un éclat de rire, l'adjudant lui répondit par un regard noir, ce dernier pensait peut-être que le jeune homme se moquait des conseils de survie qu'il débitait.

Samuel ne devait pas avoir plus de vingt ans. Tout en lui indiquait qu'il était jeune, il avait tout d'abord son absence de barbe sur ses joues qui gardait le glabre d'un poupon. Sa coupe de cheveux à la Justin Bieber époque Baby achevait toute la crédibilité que Samuel pouvait avoir lors d'une apocalypse transformant les humains en mangeur de chaire humaine. Il était cependant sympathique de voir des jeunes gens prêts à défendre leur compatriote alors que la société entière partait à la dérive.

« Je me demande s'ils ont autre chose que des Famas, tu crois qu'ils ont des HK ? »

Le gamin devait avoir trop joué à Call of Duty. Il se pouvait même qu'il soit un fanatique d'arme à feu depuis sa jeunesse. S'il avait grandi aux États-Unis ses parents auraient pu lui offrir pour ses quinze ans un joli fusil d'assaut. En France, on avait plus l'habitude d'offrir un peu d'argent ou un scooter.

« J'ai aucune idée de quoi tu parles Sam, j'y connais pas grand-chose en arme à feu moi. »

Le groupe passa devant la tente de l'infirmerie. Cette dernière n'avait rien à voir avec les autres tentes. Elle était déjà beaucoup plus grande, elle comprenait divers tunnel de toile et diverses dépendances. L'armée prenait bien soin de bien soigner ses blessés. Malheureusement dans l'actuelle guerre, il y aurait peu de blessés, une morsure équivalait à une mort rapide et douloureuse et à un réveil déplaisant.

Une masse de docteur et d'infirmière s'activait à soigner tous les petits bobos qui n'avaient rien à voir avec une morsure par un infecté. Ils semblaient tout de même être sacrément nombreux pour s'occuper de quelques blessures légères.

L'adjudant continuait à parler encore et encore. Samuel réussit cependant à lui poser une question alors qu'il reprenait son souffle.

« Est-ce que vous avez que des Famas ou vous avez aussi des HK ? Et pour les pistolets, vous avez des Glock ?

-Eh bien mon garçon, on dispose de Famas fabriqué à Saint-Étienne. C'est de la bonne marchandise ! Pour les pistolets, vous n'en serez pas équipé. Nous avons d'autres armes plus spécifiques, mais nous les réservons pour les éclaireurs. Ces derniers sont des militaires et ils sont plus à même de nous informer des mouvements des ennemis... »

Le reste du chemin ne fut qu'une suite de blabla à la gloire de l'armée qui était la seule à pouvoir protéger la veuve et l'orphelin par ce temps de crise grave. Antoine n'avait jamais spécialement eux l'envie de s'engager dans l'armée. Certes se porter volontaire pour devenir garde du camp ressemblait un peu à s'engager dans l'armée, mais les circonstances étaient bien différentes.

Le groupe arriva enfin devant le terrain d'entraînement des nouvelles recrues. Le vacarme était assourdissant. Les douilles fumantes s'entassaient au sol. Une sorte de sergent instructeur caricatural insultait les recrues en hurlant par-dessus le bruit des détonations. Il y avait en outre cette forte odeur de poudre qui s'élevait vers le ciel. À la limite de la forêt des arbres criblés de balles tenaient debout grâce à un miracle de la nature. Ce devait être un des seuls endroits à l'orée des frondaisons qui n'était pas attaqué par les bûcherons. On ne voyait pas très bien ce qui se passait dans les bois, mais Antoine en déduisit rapidement qu'il ne devait pas y avoir une foule d'infecté caché ici.

« La séance de tir est fini pour le moment, je ne suis pas sûr que si les infectés débarquent vous soyez capable de les toucher, mais au moins vous ne vous tirez pas dans le pied par mégarde. »

Les recrues se retirèrent une à une. Certaines traînaient franchement le pied. Ils semblaient avoir pris le goût au tir. La situation risquait d'être différente quand ils devraient tirer sur des cibles mouvantes qui désirait juste leur chair au dîné.

« Bon pour les nouveaux, je vais vous apprendre pendant la prochaine heure comment tirer et protéger vos vies et celle des autres habitants du camp. Tout d'abord prenez-vous un Famas dans la caisse qu'il y a là-bas. Ce sont tous les mêmes alors aucun d'entre vous n'aura d'arme de frimeur ou genre de chose. Prenez ensuite trois chargeurs et revenez me voir. »

Antoine s'exécuta. L'arme était relativement lourde. Il lui faudrait un temps d'adaptation pour apprendre à la manier avec précision. Il revint se placer devant les cibles. À côté de lui, Samuel semblait réalisé un rêve de jeunesse.

« Bien la première règle est de ne jamais avoir la main posée sur la queue de détente si vous n'avez pas l'intention de tirer. La seconde leçon est de toujours mettre la sécurité lorsqu'on ne tire pas. La sécurité se trouve près de la détente. »

Le militaire montra la gâchette de sûreté qui se trouvait en effet prêt de la détente de l'arme.

« Selon comment la sûreté est placée vous pouvez choisir de tirer au coup par coup ou en rafale. Vous mettrez votre chargeur par l'arrière et avec le levier qu'il y a sous la poignée garde-main vous armez l'arme. Une fois que l'arme sera chargé, vous ne la pointez jamais sur un autre soldat ou sur un civil non infecté, vous marchez l'arme en direction du sol. Allez-y marchez un peu avec votre arme. »

Antoine posa son katana au sol. Il prit le fusil d'assaut à deux mains et il marcha un peu. L'instructeur criait des conseils, sur comment tenir son arme et comment ne pas tuer ses amis par inadvertance. Au bout d'une dizaine de minutes à tourner en rond sur le terrain d'entraînement, le militaire considéra que les nouvelles recrues avait compris comment marcher avec une arme à feu dans les mains.

« Maintenant vous charger votre Famas et vous l'armez. Mais surtout vous gardez bien la sécurité pour le moment. »

Antoine plaça un chargeur dans l'emplacement prévu à cet effet. Il tira le levier. Son arme était chargée.

« Vous placez l'arme contre votre épaule droite et vous visez une des cibles. Vous enlevez la sécurité et vous réglez l'arme pour tirer au coup par coup et pressez gentiment la détente. »

L'arme prêt à tirer, Antoine visa une cible qui se trouvait à une centaine de mètres. Il pressa la détente avec beaucoup de prudence. Rien ne se passa dans un premier temps, tout autour de lui les détonations retentissaient à l'orée des bois.

Soudain le coup parti, il ne s'attendait pas à ce que l'arme ait autant de recul lorsqu'elle faillit le faire tomber au sol. Il ne suivit pas la course de la balle qu'il venait de tirer, elle alla certainement se perdre dans les bois.

« Gardez un bon appui avec vos deux jambes bandes de crétins ! On recommence ! »

Les coups suivants surprirent de moins en moins le jeune homme. Il commençait à s'habituer à l'utilisation de l'arme à feu. Cependant, le boucan qu'elle provoquait , était insoutenable. Le chargeur avait trente cartouches. Antoine ne compta pas le nombre de tirs qu'il effectua. Il se retrouva soudainement très bête lorsque l'instructeur demanda à nouveau de tirer et que rien ne se produisit quand il pressa la gâchette.

« Si une bande d'infectés vous fonce dessus, vous êtes morts ! Vous n'avez plus rien dans votre chargeur et ces enfoirés s'en branlent ! Ils vous boufferont les couilles avant que vous ayez eu le temps de charger. Assurez-vous d'avoir toujours de balles dans votre chargeur avant de tirer ! Comptez toujours les cartouches que vous tirez ! »

La séance de tir perdura jusqu'à épuisement des quatre-vingt-dix cartouches comprises dans les trois chargeurs. À la fin de l'entraînement, le sergent instructeur montra aux recrues comment placer les cartouches dans le chargeur. Chaque recrue repartie avec plusieurs boites de cartouches et ils gardèrent leurs armes.

« Je suis plutôt contre l'idée de laisser des armes aussi mortelle à de la bleusaille comme vous, commença l'instructeur, mais le général a dit que le plus de personne dans le camp devait être armé, en cas d'attaque ça multiplierait nos chances de repousser ces enculés d'infectés. Moi je dis qu'en cas d'attaque vous risquez surtout de vous entre-tuez bêtement ! Vous reviendrez demain pour la suite de votre entraînement, je vous apprendrai peut-être comment nettoyer votre arme si vous n'êtes pas mort d'ici là. »

L'entraînement se finit sur cette note positive. Dans sa grande générosité, l'armée fournissait des bandoulières pour les Famas. Antoine en prit une seconde pour arrêter de tenir son katana en main et pouvoir l'avoir derrière son dos comme tous les gens respectables qui avait piqué une arme chez leurs voisins après lui avoir enfoncé un pieu dans le cerveau.

Antoine repartit dans son quartier avec son fusil d'assaut dans les mains. L'arme n'était pas chargée, mais pour s'entraîner, il pointait le sol comme si un coup avait pu partir à tout moment.

Samuel marchait à côté de lui, il semblait croire que l'arme qu'il avait en main lui donnait du sex-appeal. Il avançait avec beaucoup plus d'assurance que tout à l'heure. C'était comme si avoir un encombrant fusil d'assaut dans les mains avait rallongé son pénis.

« Trop cool ! C'était vraiment trop bien de tirer. Je pense que j'ai trouvé ma vocation, dans un monde remplit de mort-vivant, je serais un tireur d'élite !

-Je pense qu'il faudrait déjà que tu sois déjà un tireur avant d'être un tireur d'élite, il faudra que tu survives aux vagues de cadavres infectés qui vont nous tomber sur le coin de la tête.

-On est dans un camp remplit de militaire, on a des éclaireurs qui patrouillent dans les alentours. On a des hélicoptères qui survole la région. Qu'est-ce qui pourrait nous arriver ?

-Il y a des dizaines et des dizaines de voitures qui arrivent chaque heure dans le camp. Les hélicoptères font un boucan monstre, les haut-parleurs et les coups de feu du terrain d'entraînement doivent porter à des kilomètres à la ronde. Ce camp est un véritable aimant à infectés, quand ils débarqueront je ne donne pas cher de notre peau. Ils risquent de débarquer en masse.

-On a des tanks ! Les premiers infectés qui se pointent ici se feront massacrer à coup d'obus.

-J'aimerai bien avoir ton optimisme Sam, mais j'ai déjà vu une armée d'infectés qui attaquait des voitures sur une autoroute.

-Comment ça s'est terminé ?

-J'ai piqué un scooter et ensuite un hélicoptère a pilonné la horde. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite.

-C'est une super histoire ça ! Moi j'ai survécu assez bêtement, j'habitais dans un petit et inutile village Picard. Mes parents ont vu ce qu'il s'est passé à la télé. Avec ma grande sœur et mes vieux, on s'est terré dans notre villa. Ensuite, mon père a entendu parler du camp qui venait d'ouvrir et on est venu ici. Les voisins voulaient pas bouger, ils n'arrêtaient pas de répéter qu'ils n'avaient toujours pas vu d'infectés en vrai et que ça ne servait à rien d'avoir peur.

-Comment s'est passé la route ?

-Ben on a vu quelques infectés de loin, mais on n'a jamais vraiment été inquiété. On est passé par les routes de campagne alors y'avait pas trop de bouchon.

-Tu me dis que tu n'as jamais vu d'infecté de près depuis le début de toute cette merde ?

-Ben non, et toi t'en a vu ?

-J'habitais à Dunkerque. Lorsque je me suis réveillé le 2 novembre, c'était déjà le chaos dans la ville, j'ai dû tuer mon voisin et sa mère avec un pieu, chez eux j'ai trouvé ce katana, j'ai ensuite quitté la ville, alors que je sortais, le port a explosé, ensuite je me suis retrouvé dans un embouteillage sur l'autoroute. Ensuite, on a été attaqué par une horde d'infecté, avec une fille que je venais de rencontrer on a volé un scooter, ensuite on a roulé jusqu'à ce que la nuit tombe, on a dormi dans un estaminet, mais le type qui géré l'établissement a violé la fille avec qui j'étais, ensuite les infectés ont attaqué l'endroit, on a pris une deux chevaux, on est allé à Valenciennes, la fille avec qui j'étais est morte là-bas, puis j'ai pris une BMW pour arriver ici par inadvertance après avoir entendu un appel à la radio. »

Alors qu'Antoine racontait son histoire, il se rendit compte que ces deux derniers jours il avait brisé la plupart des règles morales et éthique qui guidait sa vie jusqu'à présent. L'humanité post-contagion seraient celle qui acceptait de commettre les choses les plus horribles pour pouvoir survivre.

« T'as fait des trucs trop cool ces deux derniers jours !

-Sur le moment, je ne voyais pas les choses de cette manière et à présent même si je suis encore vivant aujourd'hui, je me demande si tous mes actes étaient vraiment justifiés.

-On s'en fout de savoir si c'était justifié, si c'était bien ou mal, la seule chose qui compte c'est de vivre ! D'ailleurs, si tu voulais ne pas trahir ta conscience, il fallait te débrouiller pour te faire manger par les infectés dès le début de l'infection. Tu pouvais aussi te pendre. »

À aucun moment, Antoine n'avait pensé à ce genre d'extrémité. Il était évident que le but qu'il s'était fixé, comptait tellement pour lui qu'il le maintenait en vie. La fille qu'il voulait rejoindre et cette plage de la mer méditerranée étaient les deux seules choses qui le poussaient à avancer. Il restait réaliste sur sa quête, il avait encore plus de 800 kilomètres à parcourir et pour le moment, il était bloqué dans un camp militaire. Leila pouvait déjà être morte ou avoir quitté définitivement Montpellier. Il se pouvait fortement qu'au bout de la route, rien ne l'attende. Un appartement vide serait certainement préférable au rictus décharné d'une infectée voulant lui offrir une mortelle accolade.

« J'ai un but, Sam, j'ai envie de revenir dans le Sud d'où je viens.

-Le Sud ? On y fait quoi de plus là-bas ? Ils ont des camps militaires avec des vrais murs ? Ils sont mieux équipé ? Plus nombreux ?

-Je n'en ai aucune idée. Je viens du Sud...

-Ouais je connais la chanson, et par tous les chemins tu y retournes. Tu n'as pas fait tout ça pour juste y retourner ?

-Je vais rejoindre quelqu'un...

-Dans ce cas-là ce doit être une fille non ? Qu'est-ce qui peut motiver un tel voyage ?

-C'est une fille en effet. Qu'est-ce qui te motive, toi ? »

Samuel sourit, il n'avait pas le genre de sourire très sympathique, ce type malgré sa jeunesse risquait de devenir rapidement un bon soldat ou un bon psychopathe. Antoine émettait un jugement de valeur qui n'était basé sur rien de concret, il se ravisa.

« Moi ce qui me motive, c'est l'action, j'ai passé les 22 premières années de ma vie dans un monde logique et sans surprise, c'est un monde désenchanté qui m'a vu naître. Il n'y a jamais eu de magie dans ma vie. Un village minuscule, des parents trop bien pour moi, une grande sœur qui réussissait mieux que moi à l'école et un avenir tout tracé en tant que mécano dans le garage du village. Rien ne semblait vouloir me sauver de l'ennui, je n'avais pas vraiment de succès avec les filles. J'étais bien parti pour ne rien faire de ma vie. C'était comme si je dormais depuis ma naissance, il n'y avait que les jeux vidéos à la limite où je me sentais vivre où j'étais quelqu'un de différent de ce que je suis réellement. Il y eut enfin ce deux novembre béni. J'ai toujours su au fond de moi que ce monde n'avait pas vraiment d'avenir. Certes je n'ai jamais cru en des dates comme certains, mais plus je vieillissais et plus je voyais que les choses n'allaient pas comme elle devrait aller. Je voyais mes parents se raccrocher à une sorte de bonheur tranquille et ennuyeux. Je me disais que je ne voulais pas ça pour le reste de ma vie. Le monde et la logique sont morts ce matin-là quand je me suis réveillé. Si ça se trouve, je suis toujours dans un rêve et je vais me réveiller pour de vrai et tout continuera comme avant. En tout cas, ce matin-là, j'ai vu Paris brûler à la télé et je me suis dit que quelque chose d'énorme se déroulait devant mes yeux. C'était encore plus gros que le 11 septembre. Je voyais la fin de la société humaine, la fin de la monotonie, la fin d'une vie ennuyeuse.

-Tu es vraiment très jeune en fait Sam. J'ai l'impression d'entendre un adolescent irresponsable !

-Ne soit pas jaloux de ne plus être jeune Antoine ! Ne sois pas jaloux d'avoir perdu ton goût pour l'aventure. Je pourrais aller à l'autre bout du monde avant d'être fatigué !

-J'admets que j'étais comme toi y'a pas si longtemps encore. C'est vrai je suis plus vieux maintenant, j'avais même un joli canapé où poser mes fesses dans mon appartement, j'avais une télé écran plat et une machine à laver. C'est certainement pour ça qu'il a fallu qu'un incendie me chasse de chez moi. Tu sais Samuel avec l'âge, on devient matérialiste tes parents doivent être des gens biens. Partir de leur maison a dû être une véritable déchirure. Ils y ont investi une partie de leur vie dans ces murs, ils vous ont élevé toi et ta sœur. Il est normal qu'ils aspirent à la tranquillité et à votre protection.

-Tu as des enfants Antoine ?

-Non pourquoi,

-Tu parles comme quelqu'un qui en aurait ! »

Les vingt ans d'Antoine étaient à quelques pas derrière lui, mais depuis qu'il travaillait pour de vrai, il avait changé. Il commençait à avoir un avis sur le fait d'être propriétaire et sur l'idée d'avoir une descendance. Quelques-uns de ses amis du Sud avaient déjà engendré quelques bébés. Jusqu'à l'annonce de la fin du monde ceci était une bonne nouvelle. Les choses avaient changé depuis.

Le dixième quartier du troisième village était relativement calme. Jean n'était pas dans le coin et une jolie jeune femme châtain accueillit froidement Samuel.

« Putain Sam, t'es con ou quoi ? Pourquoi tu t'es porté volontaire pour être avec les gardes du camp ? Tu te crois malin avec ton gros flingue ?

-Ferme là Julia ! Je devais le faire pour protéger ce camp ! J'allais pas rester dans le quartier à faire la cuisine ou me porter volontaire pour être mécanicien. J'ai envie d'autres choses dans la vie !

-Fait pas ton gamin, les parents sont morts d'inquiétude ! Ils pensent que tu vas être en première ligne si y'a un souci !

-On sera tous en première ligne si les infectés débarquent dans le coin, papa et maman ne pourront pas toujours nous protéger ! »

Julia, la grande sœur de Samuel, était une jolie fille. Certes Antoine préférait les brunes, mais il devait reconnaître que la génétique avait été clémente avec elle. La jeune femme avait des formes très agréable au regard. Ses yeux noisette étaient très expressif malgré les cernes qui naissaient à leurs contours. Son visage même en colère gardait une certaine fraîcheur et une grande finesse dans les traits. De ses pommettes à son nez en passant par sa bouche, l'ensemble était agréable à regarder. Certes elle n'était pas aussi belle que Leila, mais Antoine ne savait que les picardes pouvaient avoir du charme.

Julia avait dû remarquer qu'Antoine la dévisageait.

« Tu ne me présentes pas Samuel, espèce de malpoli ?

-Ah oui, lui c'est Antoine, un autre volontaire pour être garde du quartier.

-Oui j'étais là tout à l'heure, j'ai vu ça ! Vous pensez que c'est polie d'écouter une sœur réprimander son frère, tout en matant ladite sœur ? »

Antoine se sentit très bête tout d'un coup. Le rouge lui monta aux joues. Comment pouvait-il rattraper la situation sans passer pour le roi des crétins ? Il n'y avait aucune possibilité finalement de ne pas passer pour un abruti.

« Je vais allez faire un somme, on se voit tout à l'heure Sam, heureux d'avoir fait votre connaissance Julia. »

La fuite était une bonne solution, de plus avec la nuit agitée qu'il avait vécu, l'idée d'une petite sieste lui plaisait beaucoup. Il regagna sa tente et s'enferma dans son sac de couchage. Il posa son Famas à droite et son katana à gauche et ferma les yeux un instant. Sans matelas et avec un cousin relativement aléatoire, la position n'était guère confortable. Cependant la fatigue le prit bien rapidement.

Leila est là. C'était comme le jour de leur rencontre dans cet amphithéâtre. Au tableau l'intervenant commentait un powerpoint sur comment survivre à une infection de mort vivant. Il y avait des images de plus en plus ignoble de corps déchiqueté, de membres arrachés et de boyaux déversé au sol. L'assistance ne semblait pas réagir aux horreurs qu'elle voyait au tableau.

Leila se retourna.

« T'es du sud toi aussi ?

-Oui, ça se voit tant que ça ?

-Tout en toi respire le Sud, tout en toi cherche à retourner là-bas.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-C'est comme dans toutes les grandes tragédies, les héros croient qu'ils pourront modifier le destin, ils sont persuadés qu'ils pourront être plus fort que les événements, que la nature et même que la mort. Mais finalement, tout ça les rattrape et on leur lance à la figure ce que l'on savait dès le début !

-C'est quoi qu'on sait dès le début ?

-Nous savons tous qu'il n'y a aucun espoir à ton voyage ! Aller dans le Sud ne t'apportera rien de plus ! Tu ne trouveras pas ce que tu cherches, tu ne trouveras que la mort ! »

La peau du visage de Leila se craquela, elle ressemblait de plus en plus à un infecté, du sang dégoulinait de ses babines, ses yeux prenaient une autre couleur beaucoup plus inquiétante. Ses dents semblaient beaucoup plus acéré. Elle bondit sur Antoine.

Ce n'était qu'un putain de rêve, un simple rêve qui n'avait rien de prémonitoire. Leila devait l'attendre, le Sud l'attendait, il n'y avait aucun doute là-dessus !

À l'extérieur la lumière avait décliné, mais un feu brûlait près de sa tente. Les flammes faisaient danser des ombres sur la tente. Quelqu'un jouait un air triste à la guitare. Il chantait en espagnol et bien qu'Antoine ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il disait, il avait l'impression d'entendre une complainte à ce vieux monde qui était mort. Non, en fait, cette chanson aurait tout aussi bien pu parler d'un amour avorté ou d'un proche disparu, Antoine eut l'impression de coller ses sentiments à cette musique. Après tout, c'était ça aussi écouter de la musique, c'était plaquer des sensations et des sentiments qui n'avait rien à voir avec ce que l'artiste avait voulu dire ou voulu faire.

Antoine sorti de son palace. Il prit le soin de prendre avec lui son katana mais laissa son fusil d'assaut a l'intérieur de sa tente. Sa seule chance de survivre passerait par l'utilisation des armes, il avait bien l'intention d'en porter toujours une sur lui, au moins jusqu'à ce que l'enfer lui ouvre ses portes.

Jean jouait de la guitare, avec une abondance de trémolo dans la voix, il vivait ce qu'il chantait. Antoine cru même voir une larme briller grâce au feu sur le coin de sa joue. Plusieurs autres résidents étaient venus écouter le concert improvisé du gitan. Les couples se serraient l'un l'autre, les personnes seules s'emmitouflaient dans leur manteau. Au centre d'un cercle où, les gens s'étaient rassemblés, un petit feu de camp réchauffait pour quelque temps les réfugiés. Personne ne parlait quand Jean chantait. C'était comme si le gitan avait débuté une veillée funèbre et que la musique mettait tout le monde sur la même longueur d'onde.

Antoine s'assit à côté de Julia. La jeune femme était vêtue avec une jupe courte de couleur sombre et sous cette jupe elle portait des collants noirs. Elle avait un sweet à manche longue pour couvrir le haut. Sous le sweet, on ne voyait qu'à peine sa généreuse poitrine.

Julia remarqua à peine l'arrivée d'Antoine. Elle semblait plongée de tout son être dans la contemplation des flammes dansantes. La jeune femme avait des frissons à l'écoute de la voix de Jean. Soudain sans prévenir, Paola se joignit à Jean. Leur voix s'accordèrent dans un chant de souffrance toujours plus profond et toujours plus désespéré. La voix de Paola pleurait la perte récente d'un être cher. Antoine se dit que ce devait être son mari. Aucune larme ne coulait le long de ses joues.

À l'inverse, une larme semblait couler sur la joue de Julia. La musique la touchait-elle vraiment ou pleurait-elle pour une autre raison ? Antoine aurait pu tomber amoureux de la jeune femme dans le cadre de la fin du monde si son cœur n'avait pas déjà été pris par Leila.

Le duo guitare voix gitan arriva à la fin du morceau. Un ténu silence tomba sur l'auditoire. Personne n'osait ni applaudir, ni parler. C'était comme s'ils essayaient de retenir la musique encore pendant quelques instants. Le charme planait toujours, ils n'étaient plus picard, breton, arabe, gitan ou languedocien, ils étaient tous des humains assis autour d'un bon feu de camp à profiter d'une communion musicale.

« Tu es encore en train de me mater, Antoine ! Si tu continues je vais croire que tu es un tordu ou que tombe éperdument amoureux de moi. »

Une seconde fois depuis leur rencontre, Julia surprit Antoine. Elle avait un don pour le mettre mal à l'aise, comment pouvait-il tomber amoureux d'une fille comme ça ?

« Tu pleurais tout à l'heure, n'est-ce pas ?

-Je vois que tu es aussi maladivement curieux, c'est un défaut que je n'apprécie guère chez un homme, si tu veux me séduire, il faudra que tu emploies d'autres moyens. J'ajoute aussi que devenir pote avec mon frère n'est pas une bonne idée pour me séduire.

-Mais je ne cherche pas à te séduire. »

Antoine était sûr et certain de son affirmation. Leila hantait toujours son cœur.

« Dans ce cas-là si tu me regardes tout le temps c'est pas du tout pour m'admirer, je note. »

Un petit sourire naquit à la commissure des lèvres de Julia. Antoine remarqua que ses yeux avaient quelques éclairs de malice de temps à autre, son sourire s'accordait parfaitement avec cette malice. La jeune femme devait être en train de jouer avec lui. Elle n'avait certainement rien trouvé de mieux à faire le jour de la fin du monde.

« J'ai quelqu'un d'autre dans ma vie, se hasarda Antoine, comme si cette affirmation pouvait arrêter Julia.

-Elle est dans le camp ?

-Non c'est plus compliqué que ça...

-Donc elle n'est pas dans le camp, elle est où ?

-Elle habite à Montpellier dans le Sud.

-Eh bien, ça fait une sacrée trotte. Ne me dis pas que ton but ultime dans la vie est de la rejoindre... Votre amour doit être sacrément fort pour ça ! J'admire.

-En fait, elle ne sait pas exactement ce que je ressens pour elle. Je n'ai jamais réussit à lui dire ce que j'avais sur le cœur.

-C'est à la fois romantique et très stupide ! Si elle partage tes sentiments et qu'elle n'est pas morte soit de faim, soit mordu ou mangé par des infectés où soit assassiné par un voisin fou, vous pourrez vivre de beau moment ensemble. Évidemment, si elle ne partage pas tes sentiments et qu'elle est encore vivante, tu pourras toujours lui jouer la carte du dernier homme sur terre. Enfin pour cela il faudra que tu sois dans un endroit où tu es le seul homme, ça marchera aussi si tu tues tous les autres. »

Julia ria.

« Et toi Julia, est-ce qu'il y a un garçon qui fait battre ton cœur ?

-Non, la plupart des gens bien se sont fait manger et les autres sont en train de traverser la France pour aller retrouver celle qu'ils aiment.

-Tu es en train de dire que je suis au niveau des gens biens ?

-Waouh ! T'es pas si bête que ça finalement ! »

Sur ses entrefaites, Samuel débarqua. Il avait toujours son Famas dans les mains et il en semblait toujours très heureux.

« Julia, tu ne devrais pas draguer Antoine, il va dans le sud pour rejoindre une fille ! »

La fratrie détenait un potentiel de lourdeur assumé très important. Antoine ne désirait pas vraiment rencontrer les parents, ces derniers devaient être encore pire que les deux enfants.

« Ma grande sœur aime bien draguer mes amis ! Elle a du mal à se trouver des mecs par elle-même.

-Va te faire foutre espèce de puceau ! Tu devrais te trouver une fille si tu ne veux pas mourir vierge et je ne pense pas que c'est avec ce fusil que tu trouveras chaussure à ton pied !

-Détrompe toi sœurette, le gros fusil c'est un vrai piège à meuf, n'est-ce pas Antoine ? »

Ce dernier ne voulait pas être mêlé à cette dispute fraternelle, depuis le début de l'échange, il veillait à bien rester en retrait.

« J'ai dormi et ensuite je suis venu ici, depuis que je suis armée. En plus, on ne peut pas comparer le charme d'un trentenaire à l'immaturité d'un gamin à peine sorti de l'adolescence...

-Dans les dents, mon petit Sam ! Mon cher Antoine tu viens de marquer des points, si tu veux je t'autorise à continuer à me mater. Mais ne fixe pas mes seins, je sais qu'ils sont plus gros que la moyenne mais ce n'est pas une occasion pour en profiter. »

Antoine rougit et il sembla que ceci ne passa pas inaperçu vu l'hilarité contagieuse qui prit frère et sœur de concert.

Un homme d'âge mur intervint dans la conversation. Il était svelte et atteint d'une calvitie avancée. Il semblait avoir les mêmes yeux noisette que Julia. Il n'en fallut pas plus pour qu'Antoine décrète que l'homme devait être le père des deux jeunes gens hilares.

« Julia, Sam le repas est servi à la tente du quartier. »

Le nouvel arrivant lança un regard à Antoine.

« Bonsoir, vous devez être Antoine, Julia et Sam m'ont beaucoup parlé de vous ! »

Antoine s'attendait à ce que Samuel ait parlé de lui, mais il ne s'attendait pas le moins du monde à ce que la jeune femme parle de lui. Il lui lança un regard complice et ce fut au tour de Julia de stopper toutes formes de rire et de rougir bêtement.

« Tu m'as caché que tu avais déjà parlé de moi à tes parents, Julia. Je suis gêné ! »

Samuel ne s'arrêtait plus de rire. Voir sa sœur embarrassée semblait avoir un effet comique pour lui.

« C'est un beau petit couple, hein papa ? Lança Samuel entre deux éclats de rire.

-Attendons de voir ce que ta mère dira, elle est plus regardante que moi sur les petits amis de ta sœur !

-Putain, mais arrêtez vos conneries, dit Julia, je ne sors pas avec cet Antoine.

-Tu me brises le cœur, dit l'intéressé en rentrant dans le jeu du reste de la petite famille, je ne sais pas si la vie a besoin d'être vécu dans ce cas-là

-Ben va te pendre par les pieds dans ce cas-là ! »

Antoine prit la gamelle en fer gentiment offert par l'armé et suivit le groupe qui parti enfin vers le repas. La jeune femme donna un coup de poing à dans l'épaule d'Antoine, ce qui déclencha de nouveaux rires gras.

Pour le repas du soir, l'armé avait réussi à éviter de donner des rations militaires. À la place, des cuisinières plus ou moins volontaires avaient préparé une grosse marmite avec quelque chose de fumant qui semblait sentir bon. Les réfugiés faisaient déjà la queue pour être servi. Pour certain, l'ambiance restait bon enfant. D'autres semblaient porter toute la misère du monde sur leurs épaules.

La mère de Julia et de Samuel faisait déjà la queue. C'était une femme ronde et souriante qui accueillit le reste de sa famille. Là aussi le lien de famille se voyait dans des traits du visage ou dans certaines mimiques.

« Bonjour vous devez être Antoine, n'est-ce pas ?

-C'est exact.

-Vous connaissez déjà Patrice mon mari, je suis Lauriane, les enfants m'ont parlé de vous. »

Il n'en suffit pas de plus pour que Patrice et Samuel reparte dans un fou rire incontrôlé. Les personnes faisant la queue leur lancèrent des regards soit amusé, soit choqué. Ces derniers ne semblaient pas comprendre que l'on puisse rire en pareilles circonstances. Le monde s'écroulait, mais si l'homme perdait sa faculté à s'amuser de pas grand-chose, alors l'humanité aurait perdu le combat.

Dans la marmite, du bœuf et des carottes servaient de repas au quartier 10. Une fois sa gamelle remplit, Antoine et la petite famille de Samuel repartirent vers le feu de camp des gitans.

Jean avait repris le concert. Il chantait une chanson beaucoup plus joyeuse à présent. Deux de ses jeunes enfants dansaient près de lui. Sa femme tapait dans ses mains pour faire le rythme et son plus grand fils chantait en chœur avec lui. Antoine s'assit et dégusta son bœuf carotte. Il n'avait rien mangé de chaud depuis la carbonnade et il apprécia chacune des bouchés qu'il prit. Le bœuf n'était pas aussi fondant que celui de la carbonnade, mais il lui sembla réellement délicieux. Les bons repas risquaient de ne pas être la norme prochainement et il allait devoir déguster chaque chose qu'il aurait l'honneur d'avaler.

Pendant quelques instants, il oublia totalement les infectés, son voyage vers le sud et tous ses problèmes. Il n'était plus question de partir vers le sud, plus question de mort et plus de peur. Il avait envie de faire durer ce moment le plus longtemps possible.

Autour du feu, la mauvaise humeur avait disparu. On chantait, on dansait, on vivait. Antoine se demanda depuis combien de temps n'avait-il pas vécu aussi simplement. Son passage à Dunkerque lui avait fait perdre le goût des choses simples et des fêtes. Il n'avait pas besoin de plus pour se sentir bien. Il n'y avait pas d'autre attente que celle de passer un agréable moment. Il avait le sentiment d'être en sécurité. Certes ce sentiment n'était qu'une stupide illusion, mais il mettait un point d'honneur à profiter de cette illusion de la meilleure des manières possibles.

Alors que les gitans continuait leur fête improvisée, Julia prit Antoine par la main pour l'entraîner sur la piste de danse non officielle. Elle plaqua son corps voluptueux et doux sur celui du jeune homme. Trop surpris par cette intimité, Antoine l'accompagna en la prenant par la taille. La jeune femme souriait. Ses effluves étaient une des plus douces choses qu'Antoine sentait depuis le début de l'apocalypse.

Au coin de ce feu illuminant les visages et les cœurs, la beauté simple de Julia n'était plus à démontrer. Une à une les barrières d'Antoine tombaient. Il ne pensait presque plus à Leila. Son amie du Sud ne le verrait pas ce soir, il se sentait prit par la douce ivresse des formes de Julia. Il était prêt à trahir ce qu'il avait dans le cœur. Après tout, la fin du monde n'avait pas lieu tous les jours.

Le morceau s'acheva bien rapidement. Le visage de Julia était toujours illuminé par ce sourire. Qu'est-ce qui la faisait autant sourire ?

« Merci, glissa-t-elle à l'oreille d'Antoine.

-Il n'y a pas de quoi.

-Suis moi. »

En le prenant par la main, la jeune femme l'entraîna vers l'obscurité à bonne distance du feu qui apportait un peu de lumière à ce monde de ténèbres. Elle s'arrêta et prit Antoine dans ses bras.

« Julia, je...

-Tais toi. »

Elle posa ses lèvres sur celles d'Antoine.

Je ne dois pas, j'aime Leila, je ne dois pas faire ça...

Antoine répondit au baiser. Leurs langues se rencontrèrent. Il serra la jeune femme un peu plus fort contre lui. Il sentait ses seins contre sa poitrine son ventre contre le sien. Elle devait sentir son érection qui devenait de plus en plus forte. En réponse à ceci, elle caressa le dos du jeune homme.

Depuis quand n'avait-il pas vécu une vraie relation avec une femme ? Leila l'obsédait tellement qu'il ne voyait plus rien d'autre depuis sa sortie de l'école. Il s'empêchait de saisir des occasions pour cet amour platonique dont il ne savait même pas s'il était partagé.

Julia conduisit Antoine dans sa tente. Elle s'allongea au sol. Le jeune homme posa son katana au sol le plus loin possible de la jeune femme. Il s'allongea près de la jeune femme et l'embrassa. Il passa une main sous son sweet à la recherche des deux monts qu'elle cachait dessous. Les seins de la demoiselle étaient chaud et doux. Il les caressa à travers le soutien-gorge. Julia frissonna lorsque Antoine lui frôla le téton. Bien rapidement, la jeune femme enleva son sweet dévoila un mignon soutien-gorge blanc. Ce dernier fut tout aussi rapidement enlevé. Les lourds seins de Julia en liberté, Antoine partit en exploration buccale de ces derniers. Pendant ce temps-là, la main du jeune homme parti en exploration toujours plus bas sur le corps de la jeune femme. Il trouva son sexe qui était déjà brûlant de chaleur. Il rentra dans la culotte de la Julia et caressa son petit bouton à plaisir. L'intéressée tressaillit de plaisir, elle susurra à l'oreille d'Antoine qu'elle en voulait encore plus. Le trentenaire s'exécuta en enfonçant un doigt dans l'intimité de la jeune femme. Cette dernière enleva sa jupe et ses collants, dans l'opération sa culotte fut aussi enlevé. Elle était totalement nue à présent. Julia partie en quête du sexe d'Antoine, elle déboutonna son pantalon et retira son caleçon. Elle agita le sexe du jeune homme pendant quelques instants tandis que ce dernier finissait de s'effeuiller complètement.

Julia monta sur Antoine et rentra le sexe du jeune homme dans le sien. La danse des corps commença. La jeune femme embrassait délicatement son amant entre deux audacieux coups de rein. Au bout d'un moment, Antoine allongea Julia pour la pénétrer. Il ne sut dire combien de temps leurs ébats continuèrent. Après une éternité de baiser et une jouissance salvatrice, le jeune homme se retira. Les deux amants restèrent nue sous la tente. Ils se serrèrent dans le sac de couchage de la jeune femme.

« C'est bizarre quand même, chuchota Julia.

-Qu'est-ce qui est bizarre ?

-Notre rencontre ! Imagine un seul instant si l'infection n'avait jamais eu lieu. Nous n'aurions jamais pu nous rencontrer.

-Il y a tellement de si qui rende notre rencontre hors du commun que je ne saurais pas tous les comptabiliser. On est tout les deux des survivants, le seul fait que nous soyons vivant c'est un gros doigt d'honneur au destin.

-Je n'ai pas pris beaucoup de risque, avec ma famille on est resté enfermé chez nous et le seul moment où j'ai vu des infectés c'étaient sur la route. J'en ai jamais vraiment vu de près finalement. Je ne sais pas vraiment ce qu'il faut faire quand on en croise un.

-Si tu n'es pas armée, le seul conseil que je peux te donner c'est de fuir le plus rapidement possible. N'essaie pas de les frapper ou de te défendre à mains nue, ils auront toujours le dessus !

-De toute manière, nous sommes dans un camp militaire, il y a des centaines de soldats qui patrouillent à l'extérieur. Il ne peut rien nous arriver, n'est-ce pas ?

-Un jour les infectés viendront, ce camp fait tellement de bruit que je ne pense pas que nous passeront longtemps inaperçu.

-Tu me protégeras ce jour-là ? »

Durant une seconde, un ange passa. Antoine savait qu'il ne pourrait pas protéger tout le monde. Le simple souvenir de Jennifer lui revint à la figure. Il n'avait pas pu la protéger d'elle-même. Il n'avait pas réussi comprendre sa douleur et ceci avait mené au drame de Valenciennes. Le jeune homme ne pouvait pas promettre de protéger Jennifer parce qu'en dernier recours, il serait peut-être amené à la laisser tomber. Il mentit.

« Je te protégerais. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro