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Les rues étaient quasiment vides. De temps à autre, il croisait un type infecté qui le regardait bêtement passer. Le pire était certainement les cadavres réellement morts, ceux qui ne se relèveraient plus parce qu'il leur manquait une partie de leur tête. Le soleil brillait d'une manière si naturelle alors que rien de naturel n'arpentait plus la rue. Hugo se sentait une âme romantique tout d'un coup. Plus rien ne serait comme avant. En plus, il commençait à réaliser qu'il avait planté un couteau dans l'œil de son collègue. Il se retint de vomir, ce n'était pas le moment d'être déconcentré.
Il devait penser plus logiquement, il avait des priorités, il ne devait pas quitter la ville tout seul. Tout d'abord, il fallait organiser ses objectifs. Qui devait-il choisir en premier ?
Il y avait une fille qu'il appréciait entre toutes : Émilie. Elle était belle, gentille, douce et surtout en couple. Avec un peu de chance son idiot de petit ami se serait fait dévorer par des monstres et elle serait éplorée, il lui suffirait de la réconforter et le tour serait joué, avant la fin de la journée elle lui tomberait dans les bras.
Toujours au volant, il prit son téléphone de sa poche. Sonia venait de l'appeler, elle avait laissé un message. Il appela son répondeur :
« Vous avez un nouveau message, message reçu à 11h35 : Salut Hugo c'est Sonia, je suis à la fac de droit, il se passe des choses plutôt étranges... Non en fait, c'est la merde la plus totale, y'a du sang de partout et des gens complètement fous... »
La voix de Sonia marqua une pause. Hugo n'était pas surpris par ce message, par contre ce qui le surprenait c'était de voir le type dans la voiture devant lui qui roulait aussi lentement. Putain, pourquoi ce con avance aussi lentement alors que la ville est infesté de morts-vivants ?
« Avec quelques camarades de classe on s'est caché dans un amphi, s'il te plaît, viens me chercher, j'ai peur... »
Elle avait raccroché. La voiture de devant passa sur la ligne de tramway. Comment Hugo allait-il trouver le temps d'aider tout le monde ? Sonia avait beau être sa meilleure amie, elle n'était pas aussi mignonne qu'Émilie.
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le tramway arriver. Il percuta la voiture et fit exploser toutes les vitres dans un premier temps. Le bruit sourd du choc résonna dans tout le quartier. Le monstre de métal bleu, avec des hirondelles blanches, venait par la droite et défonça la portière droite. Il détruisit l'habitacle sans aucun effort. Il traîna la voiture sur une vingtaine de mètres en faisant crisser les pneus avant de les faire exploser dans une détonation sourde. Pour finir, la voiture se décomposa morceaux par morceaux. Dans ce genre de situation, le tramway devait stopper sa course, mais cette fois-là, il continua sa folle avancée.
Perdu dans ses pensées, Hugo n'eut qu'une seule seconde pour réagir et voir la voiture de devant se faire défoncer par le tramway. Il freina et braqua, la 206 fit un incroyable tête à queue avant de frôler le ver géant bleu et blanc. Son téléphone tomba dans la voiture.
Il resta un instant comme ça, sans comprendre et encore sous le choc. Ses mains étaient glacées et dans sa bouche toute trace d'humidité avait disparu. Un frisson lui parcouru l'échine, et il se cramponna au volant de la voiture de peur qu'elle ne s'envole.
Putain, je dois reprendre mes esprits ! Faut pas que je traîne !
Il se baissa pour ramasser son téléphone. Où pouvait-il bien être tombé ? Après quelques trop longues secondes de recherches, il trouva le téléphone sous la pédale d'accélérateur et le prit.
En se relevant, il croisa le regard d'un monstre qui venait d'élire son domicile sur son capot. Le monstre avait été une femme, mais à présent, il était à moitié nu et dévoilait ses lourds seins sanguinolents. La chose frappa du poing sur le pare brise. Elle se brisa les poignets sur la vitre et se fit exploser les doigts dans d'horribles gerbes de sang.
Hugo fit reculer la voiture, le monstre tomba à la renverse dans un craquement sourd. Dans un second temps, il accéléra en écrasant le monstre. Il reprit sa route tout à fait normalement en essayant d'oublier le visage de celle qu'il venait d'écraser, en oubliant qu'elle aussi avait été une humaine, il n'y avait pas si longtemps de cela.
Émilie. Il devait se concentrer sur Émilie. Il chercha son nom dans son répertoire et l'appela. Son téléphone sonna, puis sonna à nouveau.
« Allô, c'est toi Hugo ?
-Oui c'est moi ! Dit-il trop content de la savoir en vie.
-Il se passe des choses étranges depuis ce matin, j'ai vu ça aux informations. Je ne suis pas sortie de chez moi, et toi tu es où ?
-Je suis dans une voiture que j'ai prise, c'est le chaos dehors ! Il faut qu'on quitte la ville au plus vite !
-D'ac vient me chercher au plus vite chez moi !
-Je suis là dans 10 minutes. »
De plus en plus de gens couraient dans la rue, certains essayaient d'entrer dans la voiture. Ils avaient vraiment l'air apeurés et totalement désorientés, mais il ne pouvait rien faire pour sauver tout le monde, il devait avant tout s'occuper des gens à qui il tenait.
Émilie habitait dans le quartier de la faculté de lettres où elle y étudiait la sociologie. Hugo l'avait rencontrée chez des amis communs, principalement parce qu'un de ses anciens petits amis était en faculté de droit. Il avait tout de suite apprécié sa gentillesse et sa longue chevelure auburn. D'ailleurs ce qui était assez impressionnant chez elle c'était qu'elle n'avait pas besoin de permanentes pour garder ses cheveux toujours frisés. Elle avait une taille de mannequin qu'elle entretenait par des séances de sport hebdomadaires au stade Philipidès.
Le quartier de la fac de lettres était tout sauf calme. Des centaines de personnes le fuyaient dans le chaos le plus global. Une cohorte de monstres poursuivait ces humains normaux. De temps à autre, une fille ou un garçon moins sportif que les autres se faisait rattraper. À partir de ce moment-là, la curée était déclarée. Des dizaines de monstres lui sautaient dessus à grand renfort de grognements qui couvraient presque les cris de la victime.
Émilie habitait la résidence « les hirondelles » qui donnait sur le haut de la faculté. Arriver devant la résidence ne posa aucun problème à Hugo, la route était large et malgré quelques accidents de voiture rien ne l'empêcha d'avancer normalement. Une fois devant la résidence les vrais problèmes commençaient. L'entrée était à une cinquantaine de mètre de la route. Il fallait descendre deux escaliers et traverser une petite cour intérieure.
Au lieu d'arrêter complètement la voiture, il décida de faire le tour d'un rond point et d'appeler la jeune femme.
« Émilie, c'est moi, je suis sur le rond point en face de l'entrée principale de ta résidence, il va falloir que tu sortes.
-Quoi ? Mais c'est trop dangereux ! S'il m'attrape je serais foutue !
-Non, ils ne t'attraperont pas, il faut que tu coures le plus rapidement possible. Si tu as quelque chose qui peut servir d'arme chez toi pour les repousser, n'hésite pas !
-Tu fais chier Hugo ! J'ai une batte de base-ball que Rémi m'a donnée pour me protéger. Si je n'y arrive pas tu auras ma mort sur ta conscience ! »
Elle lui raccrocha au nez. Hugo la comprenait presque, mais il ne pouvait pas risquer de sortir de la voiture. Il continua de faire quelques tours du rond point. Au bout du troisième tour de rond point, il aperçut Émilie qui s'élançait dans la cour intérieure, la batte de base-ball à la main. Un monstre, un étudiant très roots avec des dreadlocks, la vit et commença une folle course pour se repaître de sa chair.
En regardant la scène, Hugo ne put s'empêcher de trouver la jeune vraiment très belle. Elle avait ce genre de tenue qu'on mettait pour faire du sport qui à la base ne devait pas être très sexy mais qui épousait parfaitement ses formes. Ses cheveux volaient au vent et sa poitrine se gonflait au rythme de ses inspirations.
Le monstre qui la poursuivait, courait comme si le diable en personne était accroché à ses baskets. Il monta deux à deux les premiers escaliers sans perdre l'équilibre et au début des seconds escaliers, il pouvait presque toucher sa chevelure brune.
Merde, elle n'y arrivera jamais ! Qu'est-ce que tu peux faire Hugo, réfléchis bordel ! Réfléchis vite !
Sans prévenir elle s'arrêta, au moment où le monstre roots allait lui fondre dessus, elle prit la batte de base-ball en fer des deux mains et se retourna avec une vivacité incroyable, elle frappa à l'aveuglette. Sur ce coup de poker, sa vie pouvait s'arrêter, elle risquait le tout pour le tout.
Le bout de métal toucha le mort vivant au front dans un tintement aussi horrible que salvateur. Une giclée de sang s'envola et le monstre virevolta. Il finit sa course en bas des escaliers en tombant dans une position étrange. Il ressemblait à une sorte de pantin désarticulé qui pisserait le sang par tout un tas d'orifices originaux.
Les derniers mètres en direction de la voiture furent les moins dangereux. Hugo arrêta le véhicule pendant quelques trop longs instants. Par miracle, aucune des personnes infectées traînant dans le coin ne sembla s'apercevoir de son petit manège. Émilie pénétra dans la voiture sans réelle difficulté. La seconde suivante, Hugo écrasait l'accélérateur.
« Ça va ?
-Ouais, ça va mais ça pourrait aller mieux si le monde n'était pas devenu fou. Putain de merde ! »
Elle devait être vraiment à bout, habituellement, elle avait un vocabulaire plus recherché. Pour le moment, elle essayait de reprendre son souffle. Elle se cramponnait à la batte de base-ball comme si elle avait peur qu'une autre créature ne s'en prenne à nouveau à elle.
« Il faut qu'on quitte la ville au plus vite, Émilie. »
Elle ne réagit pas à l'affirmation d'Hugo, elle devait encore être sous le choc. On ne tue pas tous les jours des hippies, même si ça fait du bien.
« On va aller se trouver un coin peinard dans la nature, à l'abri de ces choses. Tu me comprends Émilie ?
-Oui je te comprends ! Mais non, je ne veux pas partir dans la nature, il faut absolument qu'on aille chercher Rémi.
-Putain ! T'as perdu la tête ou quoi ? Il va falloir se faire à l'idée que la plupart des gens qu'on a connus sont certainement morts.
-Non, je sais que Rémi est vivant, je ne peux pas partir sans lui. Je l'aime ! J'ai besoin de lui. Je m'en suis aperçu ce matin en entendant à la télé que le monde était en train de s'achever. Si je dois mourir, je veux passer mes derniers instants avec lui.
-Ne sois pas stupide, Émilie, il faut...
-Non Hugo ! Hurla-t-elle, toi ne sois pas idiot. Si tu ne veux pas venir, avec moi pour le chercher, laisse-moi sur le bord de la route et tu auras ma mort sur ta conscience. Tu penses que tu pourras vivre tes dernières heures avec ça ? »
Salope ! Hugo se garda bien d'insulter la fille qu'il aimait secrètement. Elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Il fallait juste espérer, que cette décision ne les mènerait pas droit en enfer.
Je suis con, on est déjà en enfer.
« Tu fais chier, Émilie... le ton d'Hugo était résigné. Où est-il en ce moment ? »
Elle lui adressa un grand sourire de gratitude, elle était vraiment à croquer quand elle avait cette mimique à la bouche. Hugo arrêta sa contemplation et se concentra sur la route.
« Il est à la faculté de droit, avec quelques autres il a réussi à se cacher dans un amphithéâtre. »
Super ! C'est à croire que ce lieu est le centre du monde, tout le monde s'amuse à se barricader dans les amphis. Quelle bande de cons ! Ils ne savent pas qu'il n'y a rien à manger sur les strapontins !
Finalement, Hugo allait finir par rejoindre Sonia. Il aimait aussi Sonia, mais comme un frère aime sa sœur. Il aimait passer des moments avec elle, ils étaient des confidents l'un pour l'autre. Il lui avait parlé des sentiments qu'il éprouvait pour Émilie. D'ailleurs il lui en parlait tout le temps, de son côté, elle le conseillait sur la meilleure manière d'agir.
Côté physique, Sonia était tout l'inverse d'Émilie. Petite et ronde, elle avait la peau halée, ce qui rappelait ses origines arabes. Ses cheveux bruns et courts étaient tout ce que Hugo n'aimait pas chez une fille. Ses yeux n'avaient rien de spécial, ils étaient marrons comme chez tous les gens manquant de goût pour avoir des yeux bleus.
La Faculté de droit de Montpellier se trouvait au centre-ville. Rejoindre le centre-ville en voiture était habituellement une idée un poil stupide, mais ce vendredi 2 novembre, l'idée se hissait au sommet des trucs stupides que l'on pouvait faire. Des accidents de voiture bouchaient la plupart des rues. De plus en plus d'incendies se déclaraient un peu partout en ville. Des voitures brûlaient, des poubelles brûlaient, des gens brûlaient, tout se consumait dans ce Montpellier de fin du monde.
L'odeur de fumée devenait par moment insupportable.
Le pire était sans aucun doute tous ces cadavres qui arpentaient les rues à la recherche de chair fraîche. Les gens vivants se faisaient de plus en plus rares. De temps à autre, un homme ou une femme courait à perdre haleine dans la rue, les vêtements pleins de sang.
Émilie alluma la radio. Elle la régla la fréquence sur une station d'information.
« ... Le président a aujourd'hui déclaré l'état d'urgence, l'armée a été appelée pour endiguer la pandémie. Dans les rues de Paris, des chars d'assaut circulent sur les Champs-Élysées. L'armée effectue de nombreuses opérations de sauvetage dans la capitale, les survivants sont emmenés en quarantaine. Pour le moment, ils sont amenés au stade de France qui est placé sous la garde de plus de 2000 militaires. Ils seront ensuite acheminés dans vers un des camps de réfugié autour de la capitale. L'opposition dénonce déjà des méthodes d'un autre âge et l'inefficacité dans l'éradication de la pandémie. Nous recevons une dépêche à l'instant, des combats sont signalés dans les grandes villes françaises : Marseille, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Lille et Bordeaux. Jean-Marc un point sur la situation internationale.
-Oui, nous savons à présent que le virus s'est propagé à partir de plusieurs points du globe. Un premier centre a été observé à New York, il y a plus de 36 heures à présent. Un second centre est apparu à Londres, puis Paris, Berlin, Madrid, Rome, Rabat, Alger... Toutes les capitales européennes et celles d'Afrique du nord ont été touchées par ce virus. Nous n'avons plus de dépêches provenant de l'Asie, Tokyo et Hong Kong ont cessé toute transmission avec le monde extérieur. Nous rappelons qu'il est très difficile de recevoir des informations, les liaisons Internet ont été coupées dans plusieurs régions du globe.
Les liaisons téléphoniques sont saturées dans de nombreux endroits. À vous Robert.
-Bien que la thèse d'un attentat terroriste de grande échelle ne soit pas écartée, il semblerait que ce virus se développe avant tout dans les grandes villes. Nous avons avec nous un expert en armement et en virus biologique avec nous, bonjour monsieur... »
Émilie changea de fréquence, elle tomba sur une radio Catholique.
« ...les scientifiques n'expliqueront pas le pourquoi de cette catastrophe ! La seule explication que nous pouvons donner est celle divine ! Dieu nous envoie un châtiment pour nos péchés, tout comme à Sodome et Gomorrhe ! »
À chaque fin de phrase le prédicateur haussait le ton comme si les auditeurs étaient trop stupides pour comprendre ce qui se passait.
« Les morts sont en train de sortir de leurs tombes de souvenir, le livre de l'Apocalypse de Saint Jean l'a prédit ! Armageddon commence aujourd'hui ! Il faut que chacun observe son cœur et se repente de ses péchés. Ni les fornicateurs, ni les menteurs, ni les voleurs, ni les blasphémateurs, ni les gens avides, ni les... vous êtes qui monsieur ? Sortez d'ici ! Je suis en train de faire une émission de radio. Oh nom de Dieu !!! Au secours, bordel de merde ! À l'aide... »
Les bruits suivants glacèrent le dos à Hugo, c'était comme si on était en train de manger le prêcheur. Non en fait on mangeait le prêcheur ! Il éteignit la radio.
« Je crois qu'on a assez entendu la radio pour aujourd'hui. Elle ne nous apprendra rien de plus ! »
Émilie acquiesça.
Arrivé à la place Albert 1er, un problème se posa à Hugo, soit il continuait en empruntant les routes normales, soit il décidait de passer par la ligne de tramway. Après l'expérience qu'il avait vécue, il y avait peu de temps, l'idée de prendre la ligne de tramway ne l'enchantait guère.
« Tu vois bien qu'il faut prendre la ligne de tram, lui dit Émilie comme si elle s'adressait à un enfant.
-Tout ça ne me plaît pas...
-De quoi t'as peur ? Y'a plus de tramway depuis quelques heures.
-Je n'en suis pas aussi sûr que toi. Imagine que les monstres contrôlent un tram, on serait bien dans la merde, non ?
-Des mort-vivants qui conduiraient un tram ? N'importe quoi ! Ces idiots sont incapables de penser à autre chose qu'à la bouffe ! Et en l'occurrence, le déjeuner c'est nous !
-D'accord, d'accord, mais si on meurt ça sera de ta faute.
-Ça nous fera une belle jambe ! »
Hugo dirigea la voiture sur la ligne de tram. À l'arrêt place Albert 1er, quelques morts marchaient sans but comme s'ils attendaient le tramway. Émilie les regarda avec dégoût, avant de jeter un œil sur la batte de base-ball qu'elle tenait toujours dans ses mains.
La place Albert 1er n'était pas une grande place. D'un côté, il y avait des habitations et de l'autre un ancien hôpital désaffecté mais en cours de rénovation. Au milieu de la place, dans la fontaine, quelques cadavres flottaient au fil de l'eau. La route tournait à droite et donnait sur une longue ligne droite bordée d'immeubles et de peupliers quasiment nus.
À la fin de la ligne droite, il y avait l'arrêt Louis Blanc. C'était à cet arrêt qu'une grande partie des étudiants en droit s'arrêtait avant d'aller en cours.
« Au fait, il est à quel bâtiment ton petit copain ?
-Au bâtiment 1.
-Il est dans quel amphi ?
-Le D.
-Super ! »
Le bâtiment 1 de la faculté de droit comprenait quatre amphithéâtres, les deux premiers, le A et le B étaient au rez-de-chaussée, les deux suivants, le C et le D, se trouvaient au premier étage. Les deux derniers étaient beaucoup plus petits que les deux premiers.
La voiture filait sur la ligne droite. Arrivé à la fin de cette dernière, Hugo braqua à droite. Il passa la porte en pierre qui indiquait le début de l'ancienne ville de Montpellier. La ville ayant était construite au Moyen-Âge, elle gardait ses fortifications de l'époque. Elle gardait aussi l'étrange disposition des rues qui faisait fureur à l'époque. Il n'y avait pas de grandes artères issues de l'ère romaine qui traversaient la ville de part en part. Montpellier était un réseau de venelles qui formaient une sorte de folle ronde. On disait souvent qu'en voiture si on ratait sa sortie on devait refaire le tour de la ville.
Une fois passé la porte d'entrée de la vielle ville, l'écusson comme on l'appelait, Hugo rentra dans la rue de l'Université. Cette rue devait son nom à la faculté de droit qui avait élu son domicile ici.
La rue de l'université avait subi un lifting au début de l'année 2007. On lui avait redonné un air d'authenticité en remplaçant le béton par des pavés. Malheureusement, la municipalité n'avait pas pensé à mettre sous ces pavés la plage...
Au début de la rue, la première entrée de la faculté de droit se dressait. La lourde porte en bois à double battant était ouverte, mais un certain nombre de monstres traînait déjà dans le coin.
« Je pense qu'il faudrait essayer l'entré principale, proposa Émilie. »
Hugo n'y vit aucun inconvénient et il acquiesça. La voiture avança encore un peu à une allure bien plus faible qu'auparavant. Elle tourna pour entrer dans la rue de l'École Mage. Hugo n'avait jamais compris pourquoi cette rue s'appelait comme ça. Il n'avait jamais croisé Harry Potter dans le coin et Gandalf ne semblait pas être un habitué du lieu.
Aussi étrange que cela pouvait paraître, l'entrée principale de la faculté de droit était beaucoup moins fréquentée que l'entrée de la rue de l'université. Il n'y avait que deux monstres qui traînaient leurs boyaux dans hall du bâtiment. À travers les grandes portes vitrées, on avait une vue imprenable sur tout ce qui se passait à l'intérieur.
« Bon, on essaie par là ? Proposa Émilie.
-Je ne suis pas contre, le seul problème c'est que je n'ai aucune arme !
-Attends, je regarde dans la boite à gant, ça marche toujours dans les films... »
La jeune femme ouvrit la boite, mais elle ne trouva rien d'autre que quelques CD de techno.
« Non ! Je ne lancerais pas de disque sur ces gens !
-Regardons dans le coffre ! »
N'importe quoi, pensa Hugo, mais il garda bien cette réflexion pour lui-même.
Les deux jeunes gens sortirent de la voiture et se dirigèrent rapidement vers le coffre. Les deux monstres les aperçurent enfin et commencèrent leur folle course dans leur direction. Il y avait une fille, une blonde avec une frange digne des années soixante. Elle avait le parfait look de la juriste coincée, la jupe pas trop courte et pas trop longue, le décolleté qui en laissait voir beaucoup et pas beaucoup et les bottes en cuir qui aurait fait rougir n'importe quelle prostituée. Le tout était forcément noir, les seules couleurs admises en ce lieu étaient le noir et tous ses dérivés.
L'autre monstre, un garçon portait un costard de chez Kiabi, le genre de vêtement que l'on mettait pour montrer à tout le monde qu'on était bien de la faculté de droit. Les deux mort-vivants arboraient un nombre non négligeable de blessures et de taches de sang sur leurs beaux vêtements déchiquetés par endroit.
Hugo ouvrit le coffre et découvrit à sa grande surprise : une hache ! Il prit le manche en bois en se demandant ce que cet instrument faisait dans le coffre de feu son collègue. Il se souvint alors d'une discussion du début de semaine, où Eddie lui disait qu'il avait coupé un arbre dans le week-end pour sa grand-mère. La chance avait voulu que le jeune homme ait gardé encore l'instrument depuis cinq jours.
« Je prends le mec, proposa Hugo, je crois que c'est un de mes anciens chargé de TD.
-Pas de problème, je déteste les étudiantes en droit ! »
Émilie était très jalouse avec son Rémi. Elle ne supportait pas l'idée qu'il soit dans un milieu où les filles étaient si sophistiquées que celui de la faculté de droit.
Plantés en bas des deux marches menant au hall du bâtiment 1, Hugo et Émilie attendaient de pied ferme les deux monstres. La hache et la batte de base-ball prêtes, ils ne disposeraient que de quelques secondes pour briller ou pour mourir stupidement. Ils s'écartèrent encore un peu pour ne pas se gêner.
Les monstres foncèrent dans les portes. Ils les ouvrirent tant bien que mal. Le juriste mort-vivant sauta sur Hugo. Ce dernier ne trouva pas d'autre parade que le pas de côté. Le monstre s'encastra bêtement dans la portière de la 206.
Hugo arma son coup et frappa de toutes ses forces dans le dos du monstre. Une giclée de sang atterrit sur sa chemise de plongeur. Hugo retira la hache et avant que le monstre ne se relève, il abattit son arme dans le cou du cadavre en instance. Il eut l'heureuse surprise de lui couper la tête avec une facilité extraordinaire.
Il jeta un regard sur Émilie, cette dernière ne se débrouillait pas si mal que ça. La fille mort-vivante en noir gisait au sol le crâne explosé et le cerveau à l'air. Sur la batte de base-ball, du sang coulait au sol. Émilie avait un sourire sadique à la bouche, elle ne ressemblait plus vraiment à la jeune femme innocente qu'Hugo aimait. Elle lui faisait un peu peur à présent.
« Autant pour le hippie j'éprouvais du dégoût, autant pour cette fille, sa seconde mort ne me fait ni chaud ni froid ! Non, en fait je suis en train d'aimer ça ! À chaque coup que je donne, je me dis que je suis vivante et bien plus vivante que ce tas de chair et de sang pourrissant !
-On ferait mieux d'y aller, maintenant. »
Les soupçons d'Hugo se confirmaient, sa bien-aimée se transformait en une tueuse. En fait, les futurs survivants de cette catastrophe devraient forcément être des tueurs. Seuls les gens sans pitié auraient une chance dans la prochaine étape de l'évolution de la société humaine. À la fin, Hugo n'était pas très sûr de voir ce qui se passerait une fois cette pandémie enrayée. D'ailleurs, il était fortement possible que cette infection ne soit jamais stoppée et que l'humanité soit réellement détruite.
Hugo s'arrêta de penser, il amena Émilie par l'escalier de service du hall. Elle ne connaissait pas très bien la faculté de droit et il devait être son guide. Cet escalier menait à quelques mètres de l'amphi D.
Arrivés au premier étage, ils remarquèrent rapidement que le hall du premier étage était plein de monstres, Hugo ne s'amusa pas à les compter. Le principal était de ne pas se faire remarquer. Par chance, ils ne devaient pas passer par le hall.
Sans un mot, ils comprirent que le silence était d'or. Sans un bruit, ils s'approchèrent de l'amphi D. Hugo posa son oreille contre la porte, il entendit des bruits de conversations étouffés. Il essaya d'ouvrir la porte, mais évidemment elle était fermée. Il toqua le plus doucement, mais aucune réponse ne vint. Il frappa plus fort à la porte et toutes les discussions cessèrent.
La première réponse fut celle d'un monstre du hall qui grogna, il s'était fait ravager le visage par un tas de morsures, des lambeaux de joue pendaient affreusement en découvrant ses dents. Il commença à se rapprocher des deux jeunes vivants en claudiquant. Il fut bientôt suivit par d'autres anciens étudiants de droit.
« Putain, Rémi ouvre-moi ! »
Émilie criait à tue-tête, sa voix partait dans les aiguës. Elle tapait des deux mains sur la porte. Hugo regarda une nouvelle fois l'avancée de cette foule qui se rentrait dedans, se gênait et se marchait dessus sans aucun remords.
Le chœur des grognements résonnait dans le large couloir. Encore quelques secondes et la foule les avalerait. Hugo tenait toujours sa hache mais elle semblait bien dérisoire face à cet amas de chair sanguinolente.
Soudain la porte de l'amphithéâtre s'ouvrit, des mains les entraînèrent à l'intérieur. Hugo tomba au sol sous le coup de la surprise. Rémi referma la porte et la seconde suivante, des dizaines de mains la frappèrent...
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