15
Une fois les ardeurs sexuelles de Robert calmé, Émilie avait décidé de se reposer un peu sur le sofa tandis que le vieux pervers s'occupait de la radio. Elle ne dormit pas. Le sommeil ne l'intéressait pas, elle avait trop besoin de rester réveillée pour la suite des opérations.
Robert lui avait offert une vielle jupe de sa femme. Le genre de jupe large et colorée que portaient les hippies dans les années 70. Émilie n'avait pas protesté, bien qu'elle trouvât ce style ridicule. La suite de l'accoutrement se composait d'une chemise du même acabit et d'une veste militaire. La veste militaire n'était pas exactement des plus conformes aux usages normaux. On avait cousu des fleurs et des papillons dessus ainsi que des symboles de paix.
Ces vêtements avaient beau être largement plus confortables que son ancienne tenue de sport imbibée de sang, elle pensait être totalement ridicule avec. Robert lui expliqua l'histoire qu'avait ces vêtements, ils dataient de mai 68, lorsqu'il avait rencontré sa femme. Depuis, il était devenu un vrai homme pas un putain de hippie junkie.
Robert avait tenu sa promesse, il avait donné à Émilie une arme. Il lui avait présenté comme l'arme de James Bond dans ses films les plus récents. Mais elle doutait franchement que l'agent secret utilisait une arme aussi petite. Le Walther P99C, la version compact de l'arme du même nom, tenait dans sa main avec une facilité déconcertante. En plus, il n'était presque pas lourd, il devait peser moins d'un kilo. Robert ajouta que l'arme contenait dix balles dans le chargeur. Il lui avait aussi passé plusieurs chargeurs pleins. Il lui avait dit que c'était une arme adaptée pour une femme de sa classe.
Émilie pensa qu'elle devrait le remercier, mais en fait, elle se dit qu'elle le remercierait une fois que l'arme aurait chanté sa partition de mort, si Robert avait la décence de vivre jusque-là.
Le soleil déclinait, en regardant par la fenêtre, elle avait une vision presque romantique de la fin de la journée. Le seul problème était, qu'elle trouvait le romantisme d'un ridicule le plus total. Les romantiques ne baisaient pas, c'était bien connu, et elle ce qu'elle aimait le plus dans ses relations avec les hommes c'était le sexe.
Allongée sur le sofa, elle regardait Robert appeler de l'aide à la radio. Elle avait déjà eu l'occasion de voir des photos de lui jeune. Bien que le temps ne lui ait pas été défavorable, elle se demandait si elle n'aurait pas préféré le rencontrer plusieurs années auparavant. Elle aurait certainement réussi à lui éviter son mariage désastreux avec cette pouffiasse.
Heureusement pour Émilie, Fred bien qu'encore jeune était le portrait craché de son père. Il semblait doté des mêmes attributs familiaux et en laissant passer encore quelques années, elle ne rejetterait pas l'idée de lui apprendre la vie. Pour le moment, elle avait un autre objectif en vue : Bertrand.
Elle n'avait jamais vraiment su pourquoi, mais les garçons à la mode l'attiraient follement. Elle passait des soirées en boite à draguer et à se faire sauter par les hommes les plus stylés. Ce Bertrand avait presque tout ce qu'il lui fallait, il ne manquait plus qu'un jean taille basse et un T-shirt moulant et elle serait prête à lui faire tout ce qu'il voulait. Si Hugo avait vraiment voulu sortir avec elle, il aurait mieux fait d'écouter les conseils vestimentaires et de coiffure de la maîtresse es style. Mais voilà, ce crétin avait sa fierté et il refusait de se laisser imposer un style où un autre. Le pauvre, il lui faisait tellement pitié avec son boudin de Sonia, ils allaient bien ensemble...
Non, il n'a pas le droit de me faire ça ! Je veux être celle qu'il admire et qu'il désire, je ne veux pas partager ça avec n'importe quelle obèse parvenue.
Elle se calma. Elle aurait tout le temps de tuer cette grosse vache une fois qu'elle serait endormie. Elle prendrait tout son temps lorsqu'elle passerait le couteau sur sa gorge. Elle imaginait déjà son sang coulant et se répandant au sol. Cette fille n'avait pas le droit de lui piquer son admirateur.
Soudain une voix répondit à Robert :
« Allô ? Y'a quelqu'un ? À vous.
-Ici Robert 34, qui est là ? À vous.
-Ici, Théo, c'est Théo. Je suis pilote d'hélicoptère en formation, à bord d'un Sa-321 Super Frelon, putain ils sont tous mort. À vous
-Calmez-vous ! Où vous êtes ? À vous.
-Je suis en plein ciel, mais nous sommes rattachés à la base de Marignane. En ce moment, nous sommes à Saint Jean de Védas. À vous
-Pouvez-vous venir chercher des gens à Montpellier tout de suite ? À vous
-Négatif, je dois repartir à la base, nous sommes déjà pleins. Mais nous reviendrons demain. À vous
-A quelle heure ? À vous
-A 6 heures du matin ETA, nous avons plusieurs groupes à chercher du côté de Nîmes. Nous viendrons vous chercher à Montpellier... au Corum, il y a une piste pour les hélicoptères. À vous.
-Non, la zone n'est pas sécurisée. Venez nous chercher au sommet du Triangle. À vous
-Le Triangle ? Demande de confirmation. À vous.
-J'épelle : Tango, Romeo, India, Alpha, November, Golf, Lima, Echo. À vous-Référence noté ! Terminé. »
Robert reposa la radio. Il afficha un grand sourire.
« Ils vont venir nous chercher demain à 6 heures du matin. Le type semblait être un bleu mais ce n'est pas grave. On va venir nous prendre, au sommet du Triangle.
-C'est possible d'aller là-haut ?
-On n'a pas le choix ! Mais je pense qu'ils ont tout prévu ! Le principal c'est qu'aucun monstre n'ait l'idée de monter là-haut. »
Un bruit provint du couloir, comme si quelqu'un marchait. Puis, il y eut un autre son, comme si la personne qui marchait venait de tomber.
« Je vais voir ce que c'est, dit Robert, ça doit être un des crétins qu'il y a en bas qui s'inquiète pour nous. »
Robert sortit et pénétra le couloir sombre. Émilie le suivit, sa curiosité la titillait. L'homme n'avait pas pris d'arme, il se sentait certainement en confiance chez lui. En même temps, rien ne pouvait lui arriver, à moins que la petite bande d'en bas ait décidé de tuer leur hôte. Émilie en doutait, au premier étage, personne n'avait les couilles de préparer un meurtre. Rémi avait le cran pour ça, mais son corps pourrissait dans un amphithéâtre de la faculté de droit.
Assis contre le mur, la petite forme de Jacob semblait dormir, pourquoi le jeune garçon avait-il décidé de monter ? Aucune réponse logique ne lui venait en tête. Pour être franche avec elle-même, elle s'en fichait complètement.
Robert allait dire au gamin de dégager et le problème serait réglé.
« Eh le petit négro ! Qu'est-ce que tu branles ici ? »
L'enfant ne répondit pas. Sa petite poitrine ne bougeait même pas, c'était comme s'il ne respirait pas. Robert s'approcha et il lui donna un petit coup de pied pour le réveiller.
« Réponds-moi quand je te parle ! On ne t'a pas appris la politesse dans ton Zoulouland natal ? »
Soudain, Jacob se releva et dans un grognement, il se jeta sur Robert. Trop surpris par cette attaque si soudaine, le vieil homme chancela. Il s'écrasa lourdement au sol avec l'enfant qui lui bavait dessus. La seconde suivante sans qu'Émilie puisse réagir. L'enfant mordit Robert au cou. Ce dernier n'eut pas le temps de réagir que son sang giclait déjà dans un geyser écarlate.
L'instant suivant, le petit noir fixa Émilie avec ses yeux morts. De sa bouche coulait un filet de sang poisseux. Sans réfléchir une seconde supplémentaire, Émilie dégaina et tira une balle dans la tête du jeune garçon. La sensation était étrange, comme si elle contrôlait la vie et la mort d'une simple pression du doigt, elle aimait ça. Le garçon fut projeté et tomba sur le sol. Il ne fit aucun mouvement, il devait être mort pour de bon.
Robert n'avait même pas eu le temps de mettre sa main sur sa blessure. Le liquide rouge s'échappait librement de son corps parcouru de convulsion. Il ne restait plus qu'une chose à faire. Elle pointa son arme sur le front de Robert.
« Désolé tu étais un bon coup, mais je pense que notre relation va s'arrêter ici. »
Elle tira.
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