4. Chez les Bingley
Jane et Elizabeth Bennet s'entraînaient à cheval lorsque leur mère sortit de la maison et courut dans le jardin en brandissant une lettre dans sa main.
— Mes chéries ! Devinez qui est le destinataire de cette lettre ?
Elizabeth regarda Jane avec un grand sourire et lui dit en descendant de cheval :
— Je parie qu'elle est pour toi et qu'elle vient de Mr Bingley.
Jane, désormais un pied à terre, flatta son cheval avant de prendre la lettre, de la décacheter et de la parcourir, un grand sourire sur son visage.
— Mr Bingley m'invite à passer le dîner chez lui !
Madame Bennet arracha le papier des mains de sa fille aînée et la lut plusieurs fois pour être bien sûre du contenu.
— Tu prendras le cheval ma chérie, déclara-t-elle aussitôt.
— Jane devrait sûrement utiliser la voiture, il risque de pleuvoir ! S'exclama Elizabeth.
— Justement, elle restera plus longtemps chez ce jeune homme et ils auront donc plus de temps pour se connaître, continua la mère en sautillant d'un pas allègre vers la maison.
Les deux filles se regardèrent avant de courir vers la maison pour que Jane se prépare.
Jane galopait dans la campagne et surveillait chaque coin du chemin tout en priant pour ne pas faire de mauvaises rencontres. Soudain, elle sortit son arme en entendant des glapissements non loin d'elle. Une horde de chien passa sur ses côtés faisant cabrer son cheval. Jane tomba sur le dos et se releva le plus vite qu'elle put. Mais son cheval détalait déjà. En entendant un bruit derrière, elle se retourna et put observer un zombie s'approcher avec des grognements rauques. Elle sortit son mousquet, visa et appuya sur la détente mais le choc au sol avait dû l'abîmer car au lieu de tirer une balle, il explosa dans sa main, lui arrachant un cri de douleur.
Elle releva les yeux et vit le zombie essayer de l'attraper, mais elle recula, se baissa et abattit son bras sur celui de son ennemi, son couteau fermement tenu pour lui infliger une blessure profonde au niveau du centre. Son adversaire rugit, tendit brusquement la main pour l'attraper mais Jane fit un bond en arrière et lui coupa la main au passage. Elle s'accroupit sur le sol et d'un mouvement de jambe, le faucha pour poser son pied violemment sur son torse avant de lui écraser la tête pour ne plus l'entendre hurler. Puis elle s'arrêta, essoufflée, à bout de forces.
La pluie commençait à tomber, drue et froide. Elle grelotta et marcha vers la maison des Bingley qui se dessinait au loin, ses vêtements de plus en plus trempés. Quand elle arriva, un majordome soigneusement horrifié devant sa tenue la conduisit près de son maître et de son invité, Mr Darcy.
— Mon Dieu Miss Bennet, que vous est-il arrivé ? S'écria Charles Bingley en la dévorant des yeux.
— Je... J'étais venue à cheval mais un zombie m'a attaquée et...je n'ai pu m'en sortir que miraculeusement. Puis la pluie est arrivée et....
Elle ne put terminer sa phrase : un éternuement des plus bruyants la coupa dans ses explications et elle devint toute rouge.
— Vous ne pouvez rentrer chez vous dans cet état-là ! Protesta Bingley, inquiet. Caroline va vous emmener dans une chambre pour que vous puissiez vous reposer. Bien évidemment, je préviens votre famille dès que possible.
Jane Bennet s'inclina et se laissa conduire dans la chambre d'ami par la sœur de Mr Bingley non sans avoir jeté un regard à son hôte. Un dernier éternuement se fit entendre avant que la porte du salon ne claque.
Darcy qui avait tout vu de cet entretien ordonna à un serviteur d'aller chercher un médecin au plus vite pour examiner l'invitée de son ami. Il soupçonnait Miss Bennet d'avoir été contaminée lors de son combat et son ami de ne pas songer à cette éventualité pourtant évidente. Lorsque Bingley, après avoir réfléchi de longues minutes, s'avança pour sortir, il l'attrapa par le bras et murmura, assez fort pour qu'il l'entende :
— J'ai commis à une partie de whist près de Londres une erreur que je ne ferai pas deux fois ! J'ai laissé mourir une maison entière sous prétexte d'avoir bien voulu croire la maîtresse de ces lieux qu'aucun zombie ne se cachait. Cela ne se passera pas ici, Charles. Je ne laisserai pas mourir mon meilleur ami et sa famille sous prétexte qu'il héberge la jeune fille qu'il ap...
— Je sais que tu essaies de me protéger, le coupa Charles. Mais je suis sûr qu'elle n'a pas été mordue et puis... je me dois de bien me comporter avec elle. Tu le devrais aussi.
— J'essaie avant tout de mettre en sécurité les hommes qui sont en vie !
Pendant tout l'après-midi, ils se chamaillèrent sur les solutions qui s'offraient à eux si la fille des Bennet était contaminée, mais furent brusquement interrompus par le messager annonçant que le médecin viendrait le lendemain pour examiner la malade. Ils ne purent faire autrement qu'acquiescer.
**********
Le sommeil de Jane était difficile et ne s'était pas amélioré au lever du soleil. Bingley était angoissé, imaginait le pire, faisait mille hypothèses, craignait pour la vie de son invitée. Darcy préparait ses armes au cas où ils devraient affronter un zombie.
Alors qu'ils étaient en train de déjeuner, le majordome fit son entrée et annonça la visite d'Elizabeth. William Darcy leva aussitôt les yeux au ciel... et les baissa promptement alors que la jeune fille déboulait dans la salle à manger, tel un boulet de canon. Les deux hommes se levèrent et s'inclinèrent légèrement tandis que la jeune femme inclina la tête, pressée d'en finir avec le rituel de politesse.
— Avez-vous marché de Longbourn jusqu'à Netherfield Miss Bennet ? Demande Caroline Bingley.
— En effet, je suis venue dès que j'ai appris l'état de santé de ma sœur. Comment va-t-elle d'ailleurs ? S'adressa-t-elle à Mr Bingley.
— Son sommeil est difficile. Le docteur est à son chevet et je suis sûr qu'il nous confirmera un simple refroidissement.
— Ou pire, ajouta Darcy.
Elizabeth jeta un regard au soldat, peu surprise qu'il soit là et demanda :
— Puis-je la voir je vous prie ?
— Mais bien sûr mademoiselle. Je vais vous accompagner jusque dans sa chambre...
Il la conduisit dans la chambre où se reposait sa sœur puis s'éclipsa. Quand elle la vit, Elizabeth courut vers elle et posa une main sur son front pour la rassurer tandis que le docteur observait Jane pour trouver une quelconque trace de morsure. Charles, pendant ce temps, attendait de l'autre côté du lit, rongeant son frein et son envie d'être aussi intime avec la jeune femme. Toute à sa sœur, Lizzie n'entendit pas Darcy arriver derrière elle et sortir une fiole de sa poche, une drôle de fiole à l'intérieur à moitié moisi et à la couleur verte peu engageante. Elle contenait quelques mouches qu'il fit sortir une à une, créant un bruit désagréable dans la chambre. Bingley le regarda et soupira doucement.
— La blessure, Docteur, dit Darcy en désignant d'un geste la main de la blessée.
— C'est une blessure de mousquet, affirma Lizzie en regardant les mouches voleter, suspicieuse.
Alors que le docteur enlevait le bandage qui recouvrait la blessure, Elizabeth attrapa une mouche au vol puis une seconde et encore une, les yeux toujours fixés sur sa sœur endormie. Le silence remplaça le bourdonnement, au grand soulagement de tous, excepté de Darcy. Il observa Elizabeth d'un œil étonné en cachant cette fois son couteau derrière lui, prêt à intervenir au moindre problème.
— Je ne vois aucune trace de morsure, déclara le médecin.
— Il n'en était absolument pas question, répliqua Elizabeth en foudroyant le jeune homme du regard. Merci Docteur.
Ce dernier s'inclina et sortit de la chambre, laissant les jeunes gens ensemble. Charles s'approcha de Jane et prit sa main pour essayer de l'apaiser dans son sommeil. Darcy rangea le couteau dans sa manche discrètement et s'apprêtait à sortir, l'air innocent, lorsqu'un léger toussotement le fit s'arrêter.
— Je crois que ceci vous appartient, Mr Darcy !
Résigné, il tendit la main et Lizzie y déposa les mouches soigneusement écrasées avec une grimace de colère.
— Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle, curieuse malgré elle.
— Des mouches qui ont une particularité : elles peuvent détecter la chair morte... Déclara Charles à la place de son ami.
Les deux se tournèrent vers lui avant de l'ignorer à nouveau.
— Donc vous pensiez que ma sœur avait été mordue ! Je ne vous en blâme pas, et pourtant...
— Et pourtant, vous le faites, Miss Bennet. Répliqua-t-il sèchement. Charles, tu devrais t'éloigner d'elle. Ce défaut de vigilance te mènera à ta perte !
— L'arrogance vous mènera à la vôtre ! Affirma froidement Lizzie en croisant ses bras. Ce que vous pensez de nous m'importe peu mais que vous nous traitiez de cette façon alors que nous sommes présentes, dans la même pièce que vous, est tout bonnement abject !
— Votre défaut, Miss Bennet, hormis une curiosité fâcheuse, est de prêter aux gens des intentions mauvaises !
— Le vôtre est de porter des jugements trop hâtifs ! Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'aimerais m'occuper de ma sœur.
Darcy allait répliquer lorsque son ami se leva et le prit par le bras pour le faire sortir en inclinant légèrement la tête devant son invitée.
— Nous vous laissons avec votre sœur. Nous nous retrouverons pour le dîner Miss Bennet.
Les deux amis descendirent les escaliers, des mots vifs entre eux, et partirent chacun dans une direction pour aller s'occuper. Bingley rejoignit ses sœurs tandis que Darcy allait faire un tour à cheval pour essayer d'évacuer la colère qui le gagnait de plus en plus.
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