Mais pas pour tous !
- Tu crois qu'ils font l'amour ?
- Comme si on l'avait jamais fait dans l'eau...
Changbin regarda avec amusement son petit ami, tous deux assis sur le ponton de bois qui donnait, bien heureusement pour eux, directement sur la scène lointaine qui se jouait devant leurs yeux ébahis qui n'en manquaient pas une miette. Ils n'étaient pas gênés du tout, à vrai dire ils étaient même ravis. En les observant au loin, ils étaient sûrs de ne jamais le faire oublier à Chan, comblant leurs nuits de beuveries, qui se feraient maintenant à quatre.
- Jamais dans un lac...
- Et hier c'était quoi ?
- Langue au chat...
- Langue à Binnie.
Les deux amants s'observèrent avec complicité et amour avant de sceller à leur tour leurs lèvres, puis leurs langues. Leur baiser se fit moins pressé que celui qu'il pouvait observer. Il était moins langoureux, mais bien plus poussé, de ceux qui avaient la certitude du temps, qui savaient s'être trouvés pour ne plus jamais se quitter.
Changbin caressa du bout de ses doigts bourrus la mâchoire anguleuse et nette de son compagnon. Il observa avec délice les taches de rousseur qui rendaient son visage si unique et il se perdit le temps d'un instant dans ses yeux qu'il avait le sentiment d'avoir toujours connus. Il l'aimait tant que cela lui coupait le souffle. Il entendait son cœur battre dans ses oreilles et il fut sûr à cet instant de perdre la raison à mesure que leur amour grandissait. Douze années étaient passées et aucun de ses sentiments pour son cadet ne s'était terni. Pas un seul. Ils n'avaient fait que s'approfondir et s'intensifier.
De son côté, Félix ferma ses yeux pour se délecter du contact si délicat de son amant sur sa peau. Il vivait et percevait toujours son toucher comme une caresse de la plus haute qualité et il ne put retenir le souffle de bonheur et de confort qui traversa ses lèvres pulpeuses pour venir s'échouer dans leur intimité. Il rouvrit avec lenteur ses paupières et ses pupilles s'échouèrent directement dans celles de son amour de toujours.
- Je ne t'ai jamais autant aimé qu'aujourd'hui Changbin... Et ce qui est drôle c'est que je suis déjà certain de t'aimer moins que demain.
Les yeux de Changbin se chargèrent d'une émotion qu'il ne pouvait contenir et ce dernier laissa une larme traverser sa joue. Elle était remplie de toute la sollicitude qu'il ressentait pour son homme et Félix l'essuya pour la porter à sa propre bouche. Embrassant son émotion en une langueur qui leur était propre.
- Je crois que je ne te le dis pas assez souvent, ou peut-être pas comme tu le voudrais toujours, mais... je suis fou de toi ma grenouille.
Changbin termina de pleurer au surnom et il baissa la tête vers le ponton de bois, trouvant tout à coup sa rugosité bien intéressante. Félix ne s'épanchait jamais par des mots et Changbin sentit tout un poids qu'il ne savait pas porter quitter ses larges épaules. Il le savait, il n'en avait jamais douté, mais l'entendre de temps en temps rendait le tout encore plus réel qu'il ne l'était déjà. Qu'il était bon de se sentir aimé à ce point et qu'il était d'autant plus délectable de pouvoir l'entendre.
Changbin releva doucement son visage pour découvrir une petite boîte bleu foncé faite de velours que son amant gardait serrée dans sa main. Elle semblait bien large dans sa petite paume et il parut à Changbin que la main de Félix tremblait très légèrement. Il était anxieux.
Changbin le regarda avec confusion, il ne savait plus de quoi il était vraiment question et Félix le rejoignit dans son émotion, terminant de faire ressortir sa constellation d'étoiles qui se mit à briller au contact de toute cette pression qui quittait enfin son corps pour venir se dévoiler comme l'amour pur et intact qu'il ressentait pour l'homme qui lui faisait face.
- Binnie... J'ai beaucoup réfléchi et... La prochaine fois qu'on va voir ma sœur en Australie, j'aimerais vraiment qu'on puisse porter nos deux noms. Je veux être lié à toi par plus que ce que nous possédons déjà. Je veux faire savoir au monde la chance inestimable que j'ai de...
Les sanglots de Félix se firent bruyants pendant que Changbin demeurait sans voix. Jamais il n'aurait imaginé une telle chose. Jamais, même dans ses rêves les plus fous.
Ses yeux larmoyants déployaient des sillages silencieux et acides qui allaient des pupilles de son aimé, à sa bouche, au petit boîtier. Changbin était aussi perdu que conscient de ce qui se déroulait devant lui. Comme perdu dans leur histoire, noyé dans cet amour si débordant qu'il aurait pu en écrire des livres entiers sans jamais en avoir fait le tour, sans jamais avoir réussi à en soulever la justesse et l'importance.
- S'il te plaît, mon amour, mon Binnie, ma grenouille, mon soleil... Est-ce que tu veux bien m'épouser ?
Changbin oscilla de la tête en des gestes confus. Il n'avait jamais connu un bonheur si intense, si pur qu'à cet instant et de toute sa puissance, il embrassa les lèvres humides de larmes de son amour de jeunesse.
- Rien au monde, mon Félix, absolument rien ne pourrait me rendre un jour plus heureux que de partager mon nom avec toi autant que de porter le tien. Tu es mon tout. Ma lune autant que mon soleil, tu es mon inspiration, mon expiration, mon souffle. Tu représentes tout pour moi. Je t'aime à tel point que j'ai parfois le sentiment de devenir fou.
Les deux amants pleurèrent en silence en gardant leurs yeux clos et leurs fronts collés. Ils s'aimaient tant que rien n'aurait su suffisamment dire leurs sentiments si ce n'est ce silence complice qui les entourait.
- Je t'aime Félix.
- Pour toujours.
- Et à jamais.
Les deux amants terminèrent de s'étreindre, émus au possible, avant de se lever à l'unisson.
À cet instant, Chan et Minho étaient le dernier de leur souci. Durant ce bref instant, il n'y avait qu'eux. Eux, le soleil et cette bague remplie de promesses qui faisaient briller leurs sourires plus qu'une plaisanterie ou qu'un surnom idiot n'aurait su le faire.
–
Le soir même, les quatre amis, habitués à la présence des uns et des autres depuis les bientôt trois semaines écoulées, s'étaient retrouvés autour d'un bon repas - sans poisson - que Minho et Chan avaient préparé ensemble, comme un seul corps, riant et se taquinant dans une cuisine ouverte qui laissaient leurs rires lézarder les murs en un son si rare et si étrange que tout le village se mit à son tour en émoi. Changbin et Félix les avaient observés en se souriant avec complicité. Ils aimaient beaucoup Minho et au-delà de leur propre avis à son sujet, le bonheur et les rires décomplexés de leur ami suffisaient à se faire la preuve de la symbiose et de la bonté de leur union.
- Tu vas me faire croire que Chan a cuisiné ?
- Je te jure Changbin qu'il a cuisiné, il m'a même aidé avec le dessert !
Minho semblait véridique et Changbin et Félix se regardèrent avec amusement avant d'observer Chan avec circonspection, moins convaincus.
- C'est pourtant bon je ne comprends pas...
Changbin était taquin ce soir et profondément jovial. Encore plus que d'habitude... Il n'avait de cesse de balader sa main gauche dans tous les sens durant le repas et cela rendait Félix aussi fier qu'hilare. Qu'il pouvait être enfantin parfois son Changbin... Mais qu'est-ce qu'il pouvait l'aimer ainsi.
Minho continuait de raconter combien Chan était impossible à faire taire pendant la pêche, une main solidement ancrée sur le dossier de la banquette derrière son amant pendant que ce dernier jouait de son pied contre le sien en dessous d'une table témoin de tous leurs secrets. À dire vrai, cette dernière était même porteuse des plus salaces et cette pauvre banquette pouvait également en être la malheureuse complice...
Changbin proposa de servir tout le monde en whisky une énième fois et tous acceptèrent avec ivresse. Ce dernier ne cessait d'utiliser sa main contraire à ses habitudes et Chan percuta enfin en voyant le bijou briller face aux réverbérations de la bouteille en verre.
Il sursauta presque avant de se lever d'un bond et d'attraper avec vitesse la main de son meilleur ami qui heureusement avait déjà reposé la bouteille, tout sourire dehors. Chan observa la bague de ses yeux brillants tout en observant Félix avec ahurissement. Ce dernier se faisait déjà larmoyant et Minho lui fit signe qu'il avait également compris alors que Chan lui pointait avec euphorie la bague du doigt.
Changbin et Chan se regardèrent avec émotion et ce dernier contourna la table pour venir étreindre avec amour et force l'homme qui était depuis longtemps devenu un frère. Ils se serrèrent comme rarement ils l'avaient fait et Félix se leva à son tour, captant le regard vitreux de son ami.
Chan le prit dans ses bras, dans une infinie tendresse cette fois-ci, embrassant sa joue tout en le cajolant. Cela faisait rire Félix, et Changbin ne put s'empêcher d'écourter leur étreinte, en plaisantant cette fois-ci. Les trois amis se regardèrent avec fierté quand ils s'assirent de nouveau. Minho les félicita de son regard profond et serra sur la table la main de Félix tout en demandant à Changbin de lui montrer l'anneau d'argent finement taillé. C'était touchant et leur couple l'était d'autant plus.
Minho embrassa avec timidité la joue de son aimé tout en observant sa main, vide de toutes bagues, qui enserrait son verre. Malgré lui, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce que donnerait son nom à la place du sien. Ce fut fugace, mais à dire vrai, il ne l'envisageait plus autrement.
- Alors ça y est, vous me quittez définitivement ?
Changbin et Félix explosèrent de rire à l'unisson tout en se regardant. Les deux comprenaient parfaitement l'inquiétude de leur ami qu'il déguisait pourtant en plaisanterie... Il n'empêche que cela ne manqua pas de les faire vivement sourire.
- On sait tous les trois... Même tous les quatre maintenant !
Félix se coupa en se reprenant dans son langage et Minho leva son verre pour lui-même en un sourire de fierté pendant que Chan le bousculait de l'épaule.
- Que cela ne changera rien du tout ! On vit déjà ensemble depuis des lustres, on partage déjà tout, et on travaille même dans le même bâtiment, à ce stade, ce n'est plus qu'une formalité.
- Une formalité ?
Changbin se retourna vers son amant, scandalisé, quand Chan souffla à l'oreille de son Minho, "et c'est parti".
- Comment ça, une formalité ?
- Oh Binnie ! Ne fais pas comme si tu n'avais pas compris !
- Je n'ai absolument pas compris, explique-moi Félix, je suis tout ouïe !
Les deux garçons se mirent à se chamailler et Minho et Chan en profitèrent pour s'embrasser langoureusement en riant du spectacle. Une chose était sûre, ils avaient su trouver un équilibre et ensemble, tous les quatre, ils avaient le sentiment de ne faire plus qu'un.
D'ailleurs, Minho et Chan se délectèrent des ébats intellectuels et des joutes verbales des deux amants pour s'éclipser en cuisine et ensemble ils ramenèrent le dessert. Une Pavlova, telle que Félix l'avait adoré et demandée, plus que jamais de circonstance ce soir...
Minho apposa une bougie sur le dessus, faisant croustiller la meringue quand Chan alla éteindre le petit lampadaire mural, comprenant maintenant l'intention. Ensemble, ils arrivèrent plus que jamais heureux, l'un en applaudissant et l'autre en criant tout en félicitant de nouveau les garçons. Félix se leva pour aider Minho et ensemble ils posèrent le gâteau à table tout en se reculant de quelques pas. Félix en profita pour serrer avec affection le coude de Minho et ce dernier entoura de son bras les épaules de son nouvel allié.
- Tu l'as fait finalement.
- Oui, et tu avais raison, je devais juste me lancer...
Félix regarda Chan rire avec Changbin assis à leur table habituelle. Ce dernier lui racontait avec entrain les circonstances ainsi que tous les détails de la demande pendant que Minho et Félix laissaient fleurir leur complicité, à quelques mètres de là.
Chacun d'eux observait les hommes qui les éprouvaient tant et tous deux se sentirent pleinement complets. Devant eux se tenait le spectacle de leur bonheur et à cet instant, ensemble, ils prirent la pleine conscience de combien ce simple voyage venait de bouleverser leurs vies.
--
Finalement c'est celui-là mon chapitre préféré mdr.
Préparez-vous mes fées, c'était l'avant dernier chapitre :$.
Avec softitude,
M.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro