Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 3 partie 2

     Le silence s'étend durant de longues secondes, et j'entends la Reine quitter son siège pour s'approcher de moi. L'ourlet noir de sa robe crème brodée de perles s'arrête juste sous mon nez.
     –Relève-toi.
     J'obéis, mais prends soin de ne pas regarder plus haut que le milieu de sa jupe.
     « Lève les yeux.
     Je me mords les joues, entendant les mots de la Mère Supérieure résonner à mes oreilles. « Ne jamais regarder un noble dans les yeux, même s'il vous l'ordonne. » 
     S'il s'était agit de n'importe quel noble, je n'aurais pas hésité. Mais c'était bien la Reine de Kern devant qui je me tenais.
     « Parle ciel ! s'impatiente-t-elle.
     D'un geste sec, elle agrippe mon menton et me force à la regarder. Je lutte quelques secondes, mais la curiosité est trop grande. Sa peau brune est lumineuse malgré ses traits tirés, et ses cheveux noirs de geai dont quelques boucles s'échappent au niveau des tempes sont tirés en un chignon serré. Mon regard croise alors ses prunelles d'un vert intense. Elle me scrute. Son air est sévère.
     « Tu sais donc qui je suis.
     –Je pense que peu de gens ignorent qui vous êtes. Majesté.
     La réponse est sortie toute seule, et je le regrette déjà. Mais mon interlocutrice soupire, l'air amusé, et finit par me lâcher.
     –Très juste. Sais-tu alors pourquoi je suis ici ?
     –Même si cela m'étonnerait, peut-être êtes-vous venue pour la commémoration ? Je ne vois pas d'autre raison. Majesté.
     –Elle a donc gardé le silence. Cette femme est vraiment digne de confiance.
     Mais de quoi parle-t-elle ? Bien que n'ayant pas formulé ma question, je suppose qu'elle est affichée partout sur mon visage, car la souveraine continue :
     « Et si je te disais que je connais tes parents, que répondrais-tu à cela ?
     Cette fois, impossible de retenir ma surprise.
     –Je dirais que vous vous méprenez. Ils sont morts quand j'étais un nouveau-né. C'est la raison pour laquelle j'ai passé ma vie entière ici.
     –Dans ce cas, laisse-moi te contredire en te racontant une histoire. Il y a longtemps, par une nuit d'hiver, une jeune femme s'est rendue à l'hôpital car le jour était venu pour elle de mettre au monde son enfant. Seulement les choses se présentaient mal, et elle dût être opérée. À son réveil, elle apprit que tout s'était parfaitement déroulé, et elle fut heureuse d'accueillir une magnifique petite fille. Seulement, quelques années plus tard, alors qu'elles se rendaient ici même pour la fin des épreuves, il y eut un accident. Une attaque. Et alors que la mère était visée, c'est l'enfant qui fut touchée.
     Cette histoire, je la connais, comme tous les habitants de cette ville. La Reine est en train de raconter l'accident qui a coûté la vie à sa fille Ærenor dont on commémorerait la disparition dans quelques heures. Quel rapport avec mes parents ?
     Un instant, j'imagine le pire : suis-je en réalité l'enfant des traîtres ? Va-t-elle m'annoncer que je serais exécutée pour le crime qu'ils ont commis et qu'elle a attendu toutes ces années pour assouvir sa vengeance ? Déglutissant avec peine, je la laisse continuer.
     « Ce que tout le monde sait, c'est que l'héritière périt, ce jour-là. Mais ce que tout le monde ignorait, même moi, c'est qu'il existait un autre enfant.
     –Un autre enfant ? Que voulez-vous dire ? Votre fille Ærida ?
     –Non. Je veux dire qu'il n'y eut pas un, mais deux enfants à naître. 
     –Vous voulez parler de...
     –Parfaitement. De jumelles. Deux héritières pour le même trône. 
     –Mais que s'est-il passé ?
     –Dans un souci de bienveillance, la sage-femme cacha la deuxième née à la vue de tous, évitant ainsi la perspective d'une lutte intestine de plus au sein de la Famille Royale. Mais une fois ma chère Ærenor disparue et mon autorité à la cour réduite, elle trouva bon de m'informer de la vérité. Je ne l'ai pas crue, évidemment. Mais force m'a été de constater qu'elle disait la vérité lorsqu'elle m'a montré ton portrait.
     –Moi ? Mais enfin, c'est ridicule !
     Cette histoire cousue de fils blancs me paraît insensée. Devant le silence de la Reine, je me sens obligée de poursuivre :
     « Vous sous-entendez que je suis votre fille ?
     –Je l'affirme.
     –Sans vouloir vous manquer de respect, Majesté, quelles preuves autres que le témoignage de cette sage-femme avez-vous ?
     Agacée, la Reine saisit alors mon poignet gauche et me force à ouvrir les doigts. Elle fait de même et m'intime de regarder. Au creux de sa main, je vois nettement trois petites taches noires incrustées sous sa peau qui font écho à celles déformées par mes cicatrices.
     –C'est la marque des Reines. Seules les femmes appartenant à la Famille Royale la portent. Que tu le veuilles ou non, tu es ma fille, Æreva.
     –Æreva ?
     –C'est ton nom.
     –Pourquoi ?
     –Parce que c'était le nom de ma grand-mère.
     –Non, pas pourquoi ce nom, pourquoi maintenant ? Si je suis vraiment votre fille et que tout ceci n'est pas une énorme mascarade, pourquoi m'avoir cachée aussi longtemps ? Pourquoi ne pas être venue me chercher plus tôt ?
     –Parce que ta vie est en danger. Ceux qui ont voulu ma mort et ont tué ta sœur il y a des années sont toujours après le trône. Les rumeurs sont vraies. Bevinn est prête à tout pour s'emparer du pouvoir, et j'ai dû aller jusqu'à sacrifier ma tendre Ærida en la fiançant au fils de cette traîtresse pour lui donner du grain à moudre suffisamment longtemps.
     –Dans quel but ?
     –La démasquer. La confronter. Lui faire payer son crime et mettre toute sa branche hors d'état de nuire à temps pour que tu sois en âge de monter sur le trône.
     –Pourquoi ne pas laisser Ærida régner ? Elle est votre enfant plus que je ne le serai jamais !
     –Mais elle est tendre, influençable, et éperdument amoureuse de cet idiot qui lui sert de fiancé. Elle n'est ma fille que par mon sang. Son cœur, lui, est à mes ennemis.
     –Avec tout le respect que je dois à votre personne, qu'est-ce qui pourrait vous faire croire que je puisse être différente ?
     –Le fait que ton cœur soit Atura. J'ai vu tes résultats et je connais ton ambition. Tu es assez intelligente pour savoir qui tu es, ce que tu veux et t'affirmer, mais tu ne rêves que d'une vie paisible dans laquelle tu pourrais rendre service. Dans ton monde idéal, chacun serait libre de choisir son destin et les capacités ne seraient plus un facteur d'inégalité sociale. Même si je suis Kerni, je partage cet idéal. C'est ce qui me vaut cette animosité de la part de la noblesse, et c'est pourquoi je me bat depuis toujours. Seulement mon temps est révolu, et maintenant il ne tient qu'à toi de faire valoir nos idées.
     –Vous croyez sincèrement que tout changerait en me mettant sur le trône ?
     –Que crois-tu qu'il arriverait aux Aturän si c'était Bevinn qui prenait ta place ? Tu le sais aussi bien que moi. Plus qu'à cause de tes capacités ou du droit que t'a octroyé ta naissance, tu as le devoir de faire ce qui est juste pour ceux que tu considère comme tes frères. 
     « Parce que tu es restée cachée dans ce pensionnat, parce que tu as partagé la vie des Aturän durant toutes ces années, tu as un pouvoir que tu ne soupçonne pas et qui serait capable d'écraser enfin ceux qui tentent d'anéantir mes efforts depuis si longtemps. Pour la première fois depuis la fondation de cette ville, le trône a une héritière capable d'unir Kerïn et Aturän, et je ne compte pas la laisser filer. 
     J'accuse le coup en restant silencieuse, mais je ne peux m'empêcher de faire les cent pas.
     Mon avis reste le même : cette histoire est tellement tirée parles cheveux qu'elle me fait penser au mauvais scénario d'un roman de bas étage. Mais l'aplomb de la Reine et l'attitude de la Mère Supérieure font que je peux de moins en moins douter du bien fondé de leurs allégations.
     Alors que le matin même, ma seule préoccupation était de ne pas dépasser les soixante-quinze pour cent de réussite, voilà qu'on m'annonçait que j'avais hérité d'un billet d'entré gratuit pour la Royauté. Comment les choses avaient pu tourner ainsi ?
     Quelques coups sont frappés à la porte, m'interrompant dans ma réflexion, et la Mère Supérieure fait son entrée. Je la regarde sans comprendre et tombe des nues quand elle me fait la révérence.
     –Alors ce n'est pas une blague ?
     –Non.
     –Mais qu'est-ce que je vais faire ? Mon avenir, la vie à la Spirale...
     –Il va falloir l'oublier, conclut la Reine. 
     –Et si je n'en ai pas envie ? 
     –Mais tu n'as pas le choix ! Tu prendras le dernier coche pour l'extérieur ce soir. Il n'est pas question que tu restes ici une journée de plus
     –Pardon ? Mais je croyais que vous attendiez de moi que je monte sur le trône ? Ça risque d'être compliqué si je suis absente, vous ne pensez pas ?
     –Tu le feras. Mais pas avant d'être certaine que tu ne cours aucun danger. Et surtout pas avant d'avoir reçu l'éducation adéquate. Malgré tes notes au test, je suis parfaitement consciente de tes aptitudes générales. Cependant, ne devient pas Reine qui veut, et j'ai pensé que quelques jours de formation au protocole de la cour te feraient le plus grand bien. Apparemment, j'ai vu juste. C'est pourquoi tu es attendue devant les portes du pensionnat à dix-neuf heures précises.
     Et sans rien ajouter de plus, elle nous passe devant et quitte la pièce.
     La gardienne du pensionnat plonge dans une révérence. Abasourdie, je me laisse quant à moi tomber dans un des fauteuils devant son bureau. 
      Dix-neuf heures. J'ai l'impression de nager en plein cauchemar et pourtant...
     Tout est si rapide que cette histoire cousue de fils blancs me paraît de plus en plus ridicule. Un moment, je pense à m'enfuir. Mais pour aller où ? En dehors de la ville et me faire ramasser par des marchands d'esclaves ? À la Spirale où ils me retrouveraient tout de suite ? De toute manière, Daniel ne pourrait rien pour moi.
     Mon cœur se serre quand je réalise alors que je ne pourrais même pas lui dire au revoir. Qu'est-ce qu'il va penser ? Est-ce qu'il va s'inquiéter ? Qui lui dira ce qu'il m'est arrivé ? 
      Est-ce que je le reverrai seulement ?

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro