041
« Nous sommes tous des démons dans l'histoire de quelqu'un »
- Thanos
⭐️
PDV extérieur
Daegu🌞
Ça fait un moment que Jungkook a la boule au ventre.
Presque dix ans à vrai dire.
Il pensait pouvoir vivre avec, la masquer sous une personnalité qui n'est pas la sienne, sous une personne qu'il n'aurait jamais cru qu'il deviendrait.
Jimin a su voir la différence, le jour où ça s'est passé.
Le jour où tout s'est brisé.
Et à cause de ça, à cause de cette confiance, Jungkook n'a pas prêté attention aux signes.
Il était fatigué mais lui aussi.
Il avait faim mais ne mangeait pas.
Il avait soif mais ne buvait que très peu.
Il avait mal mais il souriait.
Ils avaient tous les deux mal, mais ils se souriaient. Oui, Jimin et Jungkook pensaient pouvoir se tromper l'un l'autre.
« ... »
Les années lycée ont été les meilleures.
Elles ont été les meilleures, parce que Jimin aidait Jungkook à porter le fardeau qu'il avait sur ses épaules.
Les crises à répétition, la peur, la fragilité mentale qui transparaissait de plus en plus physiquement. Il commençait à se reprendre, certes, avec une personnalité tout autre, mais les choses étaient sur le point de changer. Parce qu'il avait décidé que plus personne n'aurait autant de pouvoir sur lui que son père en avait.
Mais pour cela, il s'était appuyé, -trop-, sur l'être qu'il s'était mis à idéaliser. Et alors que celui-ci vivait un véritable enfer, Jungkook ne faisait que puiser dans ce qu'il lui restait en force.
Avoir son bac à tout juste quinze ans ne signifiait rien, Jungkook n'éprouvait plus le besoin de prouver quoi que ce soit, à qui que ce soit. Le seul qu'il voulait rendre fier, c'était Jimin et le fait que son meilleur ami en soit conscient était bien le problème.
« ... »
Taehyung a toujours eu des problèmes de colère.
Ses parents l'ont toujours su.
Seokjin l'a toujours su.
Ce n'est pas étonnant que la peine engendrée par la mort de son père se soit matérialisée en une colère accrue qu'il a porté deux années durant. Il avait du mal à faire la part des choses quand on l'agaçait, quand bien même ces derniers temps, il avait fait de vigoureux efforts pour enfouir cette partie de lui bien loin. Il ne voulait effrayer personne, il ne voulait pas faire de mal.
Mais encore une fois, le fait que l'on s'en prenne à quelqu'un qu'il aime avait provoqué comme un électrochoc dans son esprit.
Se jeter sur Namjoon était la seule idée cohérente qui lui était passée par la tête.
Et c'est exactement ce qu'il fit.
La colère avait encore une fois, pris le dessus.
Namjoon avait reçu un coup similaire à celui qu'il avait donné, le premier d'une longue série en pleine face.
Désormais à califourchon sur lui, Taehyung avait cessé de réfléchir il y a un moment, il ne raisonnait plus que par les coups et avant qu'un unième ne plane dans l'air, Seokjin s'était jeté sur lui, si bien qu'ils avaient roulé tous les deux jusque dans la piscine.
La sécurité s'était empressée de retenir l'autre Kim, le plus grand en taille, qui ne comptait pas se laisser faire, visiblement.
Il y avait du sang, beaucoup trop de sang et Yoongi savait qu'une fois que Namjoon s'en apercevrait, il aurait une crise à gérer.
Pour les séparer, le groupe entier s'était précipité vers eux ayant la confirmation que Jungkook allait bien plus qu'il s'était relevé en faisant signe que c'était le cas.
Bien-sûr, c'était faux.
Le son avait repris de plus bel, c'est-à-dire, ce bruit, ce tintement assourdissant qui sifflait dans ses oreilles depuis ce matin. Comme le bruit que fait la machine à l'hôpital une fois que la personne meurt.
Jungkook ne voulait pas se laisser dominer, mais le coup de Namjoon avait eu l'effet d'un enclenchement, comme si on avait appuyé sur un interrupteur.
Il n'était plus lui-même, une petite part de lui avait réagit pour rassurer ses amis mais une autre, cette personne plus faible encore qu'il avait été autrefois lui soufflait de monter.
De s'isoler pour aller au bout.
Il avait réussi à éteindre cette voix depuis un moment. Celle qui lui soufflait souvent, de manière malicieuse qu'il n'avait aucun problème à concrétiser son affliction.
Cette même voix qui lui disait qu'il était autorisé à se faire du mal et qu'il en résulterait du bien.
Cette divergence que sa raison ne parvenait plus à dissimuler.
Taehyung n'avait pas fait attention.
Jimin n'avait pas remarqué.
Le jeune Jeon venait de s'éclipser.
«... »
Même au lycée, Jungkook et Jimin étaient toujours les plus jeunes de leur classe. Le fait de ne pas atteindre la majorité pesait plus pour l'un que pour l'autre.
Oui, parce que cela voulait dire qu'il restait encore suffisamment de temps à monsieur Park pour torturer son unique enfant. Mais Jimin avait tenu le coup, il avait tenu pour Jungkook, pour Yoongi, pour sa mère et son beau-père.
Mais maintenant qu'il s'apprêtait à fêter ses seize ans et qu'il réalisait qu'il lui resterait encore trois ans à subir ça, l'idée de renoncer se mit à grandir un peu plus chaque jour dans sa tête.
Il n'avait pas voulu réfléchir plus longtemps, peut-être que le fait que Jungkook ne prête jamais attention au fait que pour une fois, ça pourrait être lui qui ne se sentait pas bien avait précipité les choses.
Mais si on lui demandait, il le nierait, Jimin n'admettrait jamais que son âme-soeur ait, en partie, joué sur la décision qu'il avait pris ce jour-là.
Le treize octobre, il avait soufflé ses bougies plusieurs fois. Une fois chez sa mère et son mari, une fois au lycée avec son groupe d'amis et une dernière fois chez son père.
Car son père et celui de Jungkook avaient quelque chose en commun, c'est qu'ils souffraient bel et bien d'une forme dattachement toxique et bipolaire, causant ainsi l'enfer sur terre pour leur propre progéniture.
L'homme âgé avait attendu son seul fils de pied ferme chez eux, dans sa maison lugubre à l'extérieur de la ville. Il l'avait câliné et serré contre lui, Jimin savait ce que ça voulait dire.
Ils avaient partagé un repas rien que tous les deux, où le plus jeune avait tout fait pour ne commettre aucune erreur. Que ce soit dans la façon dont il se tenait, bien droit, au choix de ses couverts. L'éducation qu'il avait reçue était digne de celle d'un roi, d'un futur roi maltraité.
Son paternel le fixait d'un oeil méfiant, analysant le moindre de ses faits et gestes.
Et ce qui devait arriver, arriva. Jimin s'était servi du couteau à beurre. Son père avait violemment posé son verre de vin après avoir bu dedans, et le plus jeune s'était aussitôt rendu compte de son erreur.
« Pardon appa »
« Ce ne sera pas suffisant »
L'homme s'était déjà relevé pour venir saisir son fils par les cheveux et le traîner à l'étage dans cette pièce où il prenait un malin plaisir à lui faire subir toute sorte d'atrocité.
Les membres du personnel tentaient de dissimuler leur haine envers cet homme. Mais ce jour fut de trop, la gouvernante du jeune homme en avait eu marre, elle s'était interposée et avait fait venir la mère de son petit protégé, qui avait débarqué avec son mari.
Jimin avait été retrouvé nu, dans un état déplorable. Il avait froid, mal et la honte le terrassait, surtout que Yoongi et Jungkook étaient maintenant au courant.
Monsieur Min, son père adoptif en était venu aux mains avec son père biologique, il l'avait presque tué.
Jimin ne voulait pas voir la police pour l'instant, il voulait être seul.
Jungkook avait mis du temps à arriver, et pendant le dernier cours de la journée, il n'avait fait que culpabiliser et fixer cette foutue horloge qui ne signalait toujours pas l'heure de fin.
Il avait couru, il avait couru le plus vite possible. Parce qu'il sentait intérieurement que quelque chose n'allait pas.
Il avait raison.
Parce qu'en franchissant cette porte, celle de la salle de bain de son hyung, il était tombé sur une image qu'il n'avait toujours pas oublié.
«...»
Le sang a quelque chose de particulier.
Jungkook se demande souvent à quel point il peut le filtrer dans l'eau, ou la texture qu'il peut avoir à long terme s'il essaie d'en conserver dans ses mains pendant un certain temps.
Puisque tout le monde était occupé à calmer les ardeurs des deux Kim et qu'il n'était plus vraiment lui-même, le plus jeune s'était silencieusement dirigé vers la cuisine.
La jeune Meï qui était en charges de sa sécurité quand il était au manoir le trouvait étrange. C'était bien le corps de Jungkook, c'était bien lui qui venait d'entrer dans la pièce, mais l'expression de son visage l'effrayait. Ses yeux bicolores luisaient, et elle n'arrivait pas à déterminer s'il était joyeux ou en colère, son sourire ressemblait à celui des clowns dans les films d'horreur.
Il avait pris un couteau, le plus petit de la série de couverts japonais que Taehyung lui avait offert. Il était petit, fin, mais extrêmement tranchant. La jeune garde s'avança d'un pas et l'observa plus minutieusement.
« Est-ce que vous allez bien monsieur ? »
Jungkook avait détourné le regard à une rapidité, que Meï avait fait un pas en arrière, elle avait l'impression de faire face à un psychopathe. L'absence totale d'une quelconque émotion ne pouvant se lire sur ce visage différent de celui qu'elle avait toujours vu.
« Ça va », avait soufflé le futur marié avant d'entamer les marches qui menaient à l'étage.
Son timbre de voix avait jeté un froid, une espèce d'ambiance morose, si bien que les employés se fixèrent mutuellement, dans l'incompréhension totale.
Ce n'était définitivement pas le Jungkook qu'ils connaissaient tous.
«...»
Le jeune Jeon ne luttait plus.
Il se rappelait le geste de Jimin et il avait oublié depuis un moment la crise d'anxiété qu'il avait refrénée toute la journée. Les sentiments importaient peu, la douleur aussi.
Il voulait explorer cette partie de lui, manifester ouvertement et physiquement qu'il n'allait pas bien et que tout s'arrête. Admettre qu'il n'aimait pas ce qu'il était devenu : fragile, délicat, facilement effrayé.
Et ces putains de crise qui ne s'arrêtaient pas alors même qu'il était convaincu qu'il était heureux aujourd'hui, avec ses amis, son futur mari, son travail.
Alors bordel, pourquoi n'allait-il toujours pas bien ?
Pourquoi la tentative de suicide de Jimin lui avait donné ce sentiment d'abandon dont il ne voulait pas ?
Pourquoi avait-il été si égoïste ?
Il aurait dû remarquer qu'il n'allait pas bien, il aurait dû le protéger exactement comme il l'avait toujours fait pour lui, il n'aurait pas dû devenir cette personne si dépendante affectivement parlant.
À quoi bon être si intelligent s'il n'avait pas su remarquer que son père était un putain de psychopathe qui profitait de son propre enfant pour nourrir son avidité.
Sa conscience l'accusait, c'était mental.
Ce couteau s'enfonçait dans sa main, et ça c'était physique.
Il le tenait du côté de la lame et refermait progressivement, durement, sa main dessus en faisant glisser son pouce sur la pointe, l'enfonçant par la même occasion.
Et la douleur était grisante, douloureusement douce et justifiée.
Oui, Jungkook était sûr de mériter ce qu'il faisait subir à son corps.
Et le sourire sadique sur son visage, lui donnait exactement la même expression qu'arborait son père dans ses moments de folie furieuse.
« ... »
Restons soft pour ne pas qu'on prenne l'auteur(e) pour un(e) dingue.
Je ne peux pas décrire la crise de Nam, elles ne sont pas aussi intenses que celle de Jungkook, il souffre juste d'hématophobie (peur du sang)
Pas si dur à lire non, j'ai été bien soft, je trouve même ce chapitre trop désordonné.
Des questions ?
Des avis?
Bisous...la ff est bientôt finie😅
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro