Chapitre 85
Asher me serre toujours contre lui.
Je reprends le cours de mes souvenirs :
- Mes pensées étaient simplement occupées par les pages du bouquin que je lisais. Mon téléphone a vibré sur ma table de chevet. Je m'en suis vite emparé, en pensant que c'était un appel de Mya.
C'est à cet instant que j'ai compris que quelque chose n'allait pas.
- Ce n'est pas le numéro de ma meilleure amie qui s'est affiché sur l'écran, mais celui de son téléphone fixe, chez elle. C'est évident que quelque chose ne se passait pas comme prévu. J'ai rapidement décroché, et c'est la voix de sa mère qui s'est élevé à l'autre bout du fil.
Je me rappelle clairement notre conversation.
- J'ai décroché sans soupçonner un seul instant que ma vie s'effondrerait aussi brutalement.
Asher trace plusieurs cercles sur mon épaule.
- Sa mère m'a demandé de me rendre à l'hôpital le plus rapidement possible. Elle me suppliait, en m'indiquant que c'était son dernier souhait. Sous l'emprise de la panique, je n'ai rien compris à ce qu'elle me réclamait, le souhait à qui et pourquoi ?
Je tente de ravaler mes larmes.
- Au fond de moi, je savais de qui il s'agissait. Je ne voulais simplement pas admettre que quelque chose était arrivé à Mya
Je marque une pause avant de poursuivre :
- Alors, j'ai enfilé ce que j'avais sous la main, le plus vite possible, en prenant le premier bus qui pourrait m'emmener à l'hôpital.
Je serre un peu plus fort le t-shirt d'Asher entre mon poing.
- Quand je suis arrivée sur place, sa mère m'attendait. Elle m'a étreint, entre deux sanglots, elle m'a signalé que Mya m'attendait dans sa chambre. Je n'ai pas cherché à en comprendre davantage. J'ai filé vers le numéro de chambre qu'elle m'avait indiquée.
Je m'apprête à lui raconter la partie la plus douloureuse de mes souvenirs. Celle qui me hante et me tourmente encore aujourd'hui.
Début de la rétrospective
Je suis arrivée devant cette porte blanche, comportant le numéro deux-cent quatorze. J'ai frappé, d'une faible voix, Mya m'a fait entrer.
J'ai pris une courte respiration, tentant de rester forte, sans savoir ce qui m'attendait réellement. Mya m'a remarquée, son visage terne s'est instantanément réjoui.
Je suis resté immobile à quelques mètres de son lit, en considérant son état. Ses long et soyeux cheveux blonds était couvert de sang à certains endroits. Ses jolis yeux bleus subissaient l'effort que ça leur demandait de rester ouverts.
- Viens là.
Elle a tapoté une petite place libre à côté d'elle. Elle m'a péniblement souri.
- Cette soirée était géniale ! Mais, je me suis promis que la prochaine fois, je t'emmènerais.
Elle a légèrement ri, cependant sa gorge sèche lui a valu une quinte de tout. Son regard s'est ancré dans le mien. Je savais que ce qu'elle s'apprêtait à me dire, ne me plairait pas.
- Hailey, les médecins disent qu'il ne me reste plus beaucoup de temps.
J'ai froncé les sourcils.
- Je suis contente que tu sois là.
J'ai brutalement pris conscience que ma meilleure amie était en train de me faire ses adieux.
- Promets-moi que même sans que je sois là, tu continueras d'être celle qui faisait de toi, ma meilleure amie.
Je n'ai rien répondu, elle a laborieusement repris son souffle.
- Je veux te voir comme telle de là où je serais, c'est compris ?
Elle m'a regardée, puis elle n'a pas pu retenir son chagrin plus longtemps.
- J'avais la vie devant moi, je t'avais toi, puis Bryan, Lou et Léo. Ma famille et mes études pour pouvoir pratiquer un métier et avoir la vie dont je rêve plus tard. Un homme qui m'aime pour celle que je suis, des enfants si je me projetais encore un peu plus loin.
Elle a sangloté.
- Pourtant, ça s'arrête ici pour moi, Hailey. Je te confie chacun de mes rêves. Réalise tout ce dont tu désires. Soit heureuse, soit débordante de bonheur, pour moi.
Mya a essuyé ses larmes, puis a affiché un sourire se voulant resplendissant.
- Tu tomberas sur un type qui t'aimera pour la personne que tu es, tu obtiendras un job qui te comblera. Tu fonderas une famille magnifique avec de beaux enfants, Hailey.
Son souffle s'est fait de plus en plus court.
- J'ai déjà dit au revoir à mes parents, pour que je puisse passer mes dernières minutes avec toi.
Elle a abordé un maigre sourire.
- Celle qui détient mes petits secrets, qui m'écoute me lamenter. Celle qui croyait en tout mes rêves, même les plus fous.
Sa voix s'est essoufflée :
- Je veux que tu continues de vivres comme si j'étais encore avec toi. Si tu ne le fais pas, je te foutrais mon pied au cul !
Même dans cet état, elle arrivait à garder le sourire. Nous avons ri autant que nous avons pleurées, toutes les deux.
- Je serais toujours à tes côtés, n'en doute jamais.
Ma meilleure amie a posé son index contre la paroi qui protège mon cœur.
- On le fera ce tour du monde. On explorera chaque petites parcelles de terre. Même si je ne suis pas à tes côtés, durant, pense à regarder la lune, tu verras que je ne suis pas très loin, et que je découvre la beauté du monde à travers tes yeux.
Ses paupières ont cédé sous l'emprise de l'épuisement. J'ai dû tendre l'oreille pour entendre la dernière phrase qu'elle allait prononcer.
- Hailey Reeves, tu es la meilleure personne que j'ai pu rencontrer durant ma courte existence. La vie est parfois faite d'imprévus, de bons comme de mauvais. Je peux t'assurer que de merveilleuses choses t'attendent encore.
Une larme solitaire a perlé sur sa joue. Dans un souffle, elle a murmuré une toute dernière chose :
- On se retrouvera. Notre lien n'est pas aussi fragile pour n'être détruit que par le destin d'une vie. Je t'aime fort, Hailey.
Fin de la rétrospective
Il suffit d'une toute petite minute, d'un imprévu, pour que le destin d'une vie normalement toute tracée, soit totalement boulversé.
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