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Chapitre 59

Dans quoi j'ai mis les pieds ?

Je suis venue ici, avant tout pour me rendre compte de ce qu'était réellement cet endroit dans son entièreté. Je veux savoir qui est véritablement le joueur qu'est Asher Downs, pourquoi se montre-t-il si amer, fermé et violent.

J'étais prête à franchir l'une de mes limites imposées pour venir ici une dernière fois et tenter de lever le voile sur toutes ces choses non dites.

Seulement, me voilà désormais derrière le volant de sa voiture. Il n'est pas rassuré, et moi non plus. Quelle idée de m'imposer et prendre la décision de conduire ?

À peine le moteur lancé, qu'Asher m'indique :

- Avance-toi jusqu'à la ligne de départ.

Je lui adresse un regard en biais.

- Je sais.

Il ne dit plus rien, de mon côté, j'appuie progressivement sur l'accélérateur, comme me l'a appris Bryan. Je n'ai jamais pris de cours de conduite, si ce n'est qu'en amateur avec la voiture de Bryan. Ça n'a pas été très concluant, toutefois je me suis plutôt bien débrouillée pour une première. Espérons que ce soir, ce soit encore mieux.

Je m'arrête lorsque j'atteins la ligne blanche. Devant moi, je fixe cette jeune femme vêtue de cuir noir, agiter son foulard rouge du bout des doigts. Son autre main est prête à pressée la corne de brume pour signaler le départ.

Mes mains deviennent moites sous l'effet de l'angoisse. La vitre de mon côté est à moitié ouverte, mais j'ai l'impression de sérieusement manquer d'air.

- Hailey, ça va ?

Je le fusille du regard étant donné sa question idiote. Il rétorque :

- Ne me regarde pas comme ça, c'est toi qui as voulu conduire.

Mais, c'est toi qui veux faire cette course à tout prix !

Je me retiens de le lui dire, en lançant :

- Ferme là, Asher.

Agacé, il se tait.

Sans que je l'anticipe, la jeune femme agite subitement son foulard, le son assourdissant de la corne de brume retentit. Le son résonne plusieurs fois dans ma tête, me submergeant dans une angoisse encore plus oppressante.

Pas maintenant... Ce n'est pas le moment.

La voiture file dans un vrombissement surprenant, je passe les vitesses, incertaine que ce soit les bonnes, en me basant sur les souvenir de ce que me disait Bryan. Jusque-là, je crois ne pas faire d'erreur. Pourtant, ma respiration devient de plus en plus haletante.

Asher fixe la route droit devant lui, nerveux. Moins que moi, mais il l'est quand même, ça ne me rassure pas. La voiture rouge flamboyante de Camden est à quelques mètres devant nous, comme s'il s'assurait que tout se passe bien. Seulement, un type nous double et détrône la place que Camden s'était assigné depuis le début de la course. En un instant, nous perdons Cam de vue.

Asher lâche un juron discret.

Ma nervosité s'amplifie au fur et à mesure que nous avançons. Je tente de respirer discrètement par la bouche. En vain.

- Hailey, essaie d'aller un peu plus vite.

Il est vrai qu'à la vitesse à laquelle je vais n'est pas celle qui nous apportera victoire. De toute façon, je doute fortement que l'on remporte la première place. Plusieurs adversaires nous doublent. Sous le commentaire d'Asher mon pied presse un peu plus l'accélérateur.

Rapidement, j'ai l'impression de perdre tout le contrôle lorsque je ressasse son accident. Mon esprit me renvoie l'image de son véhicule complètement carambolé.

- J'ai dit un peu plus vite. Pas à la vitesse de la lumière.

Je n'entend même plus la voix d'Asher.

Son visage intégralement ensanglanté me brouille la vue. Ses habituels longs et soyeux cheveux blonds, sont collés de part et d'autre de son visage, par ce fluide rouge.

- Hailey, qu'est-ce que tu fous, bordel ?

Mon pied insiste continuellement sur la pédale, sans que je ne contrôle plus rien.

- Freine !

Cette fois, j'entends Asher, mais je n'arrive pas à ralentir comme il me l'ordonne. Comme engrenée dans une transe violente.

- Putain !

Envahit d'une soudaine rage, Asher frappe brutalement le tableau de bord devant lui.

Pétrifié, je revois chacun des détails du visage de ma meilleure amie, suite à son admission aux urgences.

- Hailey, bordel, appuie sur ce putain de frein !

Le ton bien plus conjurant d'Asher me fait brièvement retour à la réalité. C'est en réalisant que le passé n'est pas d'actualité, que Mya s'est déjà envolé, que j'appuie fermement sur le frein, immobilisant la voiture, mais sûrement pas mes souvenirs traumatisants.

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