Chapitre 32
- Hailey ?
Son regard affolé se plante dans le mien.
Je tente de le rassurer comme je peux :
- Tu as fait un cauchemar...
Il hoche la tête, comme si c'était quelque chose de normal, presque d'habituel pour lui. Je fronce les sourcils et observe ses traits tendus.
- Tu en fais souvent ?
Il hausse les épaules et me répond vaguement, en reprenant ses esprits :
- La plupart du temps.
Dans la même position, assise sur ses cuisses, ses doigts m'agrippant fermement et son regard déstabilisant, il me requiert :
- On oublie. C'était qu'un rêve.
Soucieuse, j'affirme d'un vague signe de tête.
Je ne peux m'empêcher de m'interroger sur ce cauchemar qui le tourmente autant. Son air grave redouble d'autant plus mon désarroi.
J'aimerais en savoir plus, cependant, il me semble que ce soir, ce ne sont pas les conditions favorables pour en connaître davantage. D'autant plus qu'un mal de tête me saisit d'un coup. Note à moi-même : les soirées alcoolisées, très peu pour moi.
Je me masse maladroitement les tempes, un geste qui ne sert pas à grand-chose pourtant.
Asher le remarque, il me questionne :
- Ça va ?
Je m'arrête et ancre mes iris aux siens.
- C'est toi qui me demandes ça ?
Il détourne le regard.
- C'était juste qu'un putain de cauchemar, Hailey.
Je ne réponds rien, pas très convaincue. Je m'arrache à notre proximité pour me lever et rejoindre la cuisine pour avaler un médicament.
- Tu vas où ?
Je me retourne vers lui, en haussant un sourcil, amusé par sa curiosité.
- Tu es de la police ?
Il lève les yeux au ciel, puisqu'il ne répond rien, je l'embête :
- Tu t'inquiètes, alors ?
Il se contente de se rallonger sur le sofa. Satisfaite de mes railleries, je remplis un verre d'eau et gobe ma gélule avant de rejoindre de nouveau le salon.
Quand je m'apprête à reprendre ma place, je constate qu'Asher s'est étalé de tout son long sur l'intégralité du sofa, ses yeux sont clos, paraissant beaucoup plus serein qu'il y a quelques instants.
J'essaie de rester silencieuse pour ne pas le réveiller, je passe devant, dans l'optique de rejoindre ma chambre.
- Je ne dors pas.
Sa voix éraillée me fait faire un bond sur place.
- Bordel, tu fais chier.
Une main sur la poitrine, je tente de reprendre mon souffle.
Fier de lui il rétorque :
- C'était plutôt comique de te voir galérer.
Je lève les yeux au ciel, il rajoute :
- C'était presque mignon.
Je bute en touche en rencontrant brutalement son regard bleu.
- Mignon ?
Il pouffe.
- Nan, je retire ce que je viens de dire. Mignon ne colle pas avec toi.
J'attrape vivement un coussin en m'apprêtant à lui asséner quelques coups. Il se met en position de garde.
- Reviens dormir, je suis crevé.
Je hausse un sourcil tandis qu'il renonce à sa défense, en me laissant une place pour m'allonger à mon tour.
Je capitule et le rejoins, fatigué. Il m'entoure d'un de ses bras, son nez se logeant dans mes cheveux.
Je frissonne quand son souffle chaud effleure la peau de ma nuque.
- Ash ?
Sa voix rauque s'élève doucement :
- Encore une de tes questions théoriques ?
Je secoue la tête.
- Non, une question qui te concerne.
Il se tend légèrement.
- Une seule.
Je cherche comment m'exprimer précautionneusement :
- Ce cauchemar, c'est constamment le même ?
Il reste muet un moment avant de me répondre succinctement :
- Ouais.
C'est une réponse, certes courte, mais elle répond honnêtement à ma question.
Je me retourne pour lui faire face. Ses paupières sont closent, néanmoins, il a l'air de se rendre compte que je l'observe, puisqu'il ouvre un œil.
Je l'interroge en murmurant, malicieuse :
- Tu m'aimes bien ?
Pris au dépourvu, il sourit en coin.
- Ça fait deux questions...
Je continue de l'observer.
Imperturbable, il avoue sans plus tarder :
- Je t'apprécie.
J'admets dans un souffle :
- C'est déjà ça.
Aussitôt, il notifie :
- À moi.
Je fronce les sourcils, il me précise :
- À mon tour de te poser une question.
Je me tais. Il me sonde :
- Toi, tu m'aimes bien ?
Je plisse les yeux en comprenant qu'il n'a aucune originalité. Il me devance avant même que je réplique :
- Contente-toi de me répondre, Gourmande.
J'ancre mes iris aux siens, en me prêtant à son jeu.
- Je t'apprécie.
Son rictus s'accentue, dû à la réponse identique à la sienne.
J'esquisse l'ombre d'un sourire, ses yeux se voilent légèrement et il s'endort en quelques minutes. Je le dévisage paisiblement, avant de trouver le sommeil plus facilement que n'importe quelle nuit depuis le décès de Mya, la respiration d'Asher me berçant.
* * *
La lumière du jour m'éblouit quand mes paupières s'ouvrent pour refaire surface à la réalité. Ma joue repose sur le torse d'Asher, et l'un de ses bras m'entoure encore.
J'essaie de me retirer délicatement pour ne pas le réveiller. Quand je pense avoir réussis mon objectif, il saisit mon poignet, les yeux à demi clos.
- Bonjour à toi aussi.
Sa voix rauque m'impressionnera toujours.
- Je ne voulais pas te réveiller.
Peu convaincu, il plisse les yeux, malicieux.
- Tu voulais t'enfuir en douce, hein ?
Je lève les yeux au ciel en précisant :
- On est chez moi, Asher.
Il affiche un sourire.
- Tu veux bien me lâcher, j'aimerais me faire un chocolat chaud.
Il descend son regard vers ses doigts enroulés autour de mon poignet, quelque peu endolori de la veille, puis le lâche.
Ironiquement, il annote :
- Ce n'est pas pour rien que je te surnomme Gourmande...
Je hausse un sourcil, à la demande de précision.
- Accro à mes abdos et addict au chocolat chaud...
Je le laisse se jeter des fleurs en l'abandonnant pour aller préparer ma boisson.
Je lui demande quand même :
- Tu en veux un ?
Il refuse.
- Je préfère le café.
Il se redresse sur le sofa, il remarque ma grimace face à sa préférence.
- Je vois... Tu n'en as pas ?
Je hausse les épaules.
- Si, mais je n'aime pas ça.
Il lève les yeux au ciel.
- Quand on manque de gout, c'est jusqu'au bout...
Je désigne néanmoins la cafetière qui ne sert qu'à ma mère.
- Si tu en veux, tu as tout ce qu'il faut dans le placard.
Il daigne enfin bouger son fessier pour rejoindre la machine et remplir le réservoir d'eau, puis verser les doses de café nécessaire dans le filtre.
Il se retourne, en remarquant que je l'observe faire.
- T'as fini de me mater ?
Je rétorque sur le champ :
- Ne te fais pas de films, Downs...
Il affiche un air mesquin en s'avançant progressivement de moi. Son nez est proche du mien, ses yeux bleus me détaillent.
- Des films, hein ?
J'affirme d'un bref signe de tête pour accentuer mon assurance.
Ses mains se placent de part et d'autre de mes hanches, en remontant progressivement mon sweat. Hâtivement, il me soulève sans grande difficulté, en me déposant sur l'îlot central auquel j'étais adossé. Il se place entre mes genoux, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.
Il murmure, infaillible :
- J'instaure une nouvelle règle.
Curieuse, je le laisse poursuivre.
Serein, il déclare :
- On doit assumer nos péchés.
Ne comprenant pas où il veut en venir, je l'interroge d'un regard. Il s'explique :
- Si tu es prise en flagrant délit, où à l'inverse si je le suis, on ne doit pas insinuer le contraire.
J'assimile désormais qu'il fait référence à l'instant où il m'a surprise en train de l'examiner, préparer son café.
J'accepte cette nouvelle règle d'un hochement de tête. Du bout des doigts, j'attrape le bas de son t-shirt pour le rapprocher un peu plus de moi.
Je prends les devant à mon tour, en affrontant son regard.
- J'en instaure une nouvelle aussi.
Un coin de ses lèvre se retrousse, il me laisse poursuivre.
- Si jamais il vient à se passer quelque chose qui outrepasse nos baisers, si ça va au-delà, rien ne certifie que l'un de nous a perdu.
Il sourit malicieusement cette fois.
- Tu envisages qu'il y ait plus entre nous ?
Ses doigts s'enfoncent un peu plus dans ma peau, je frémis. Je conteste malgré moi :
- Je n'ai pas dit ça...
Il pose son index contre mes lèvres.
- Tu es prise en flagrant délit, tu ne peux pas insinuer le contraire.
J'avale difficilement ma salive, il libère mes lèvres.
- Il faudra une preuve irrévocable pour attester que l'un de nous est vainqueur.
Il fixe uniquement mes lèvres.
- Ça me va.
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