Le trajet se passe beaucoup plus jovialement que la veille, où le silence régnait. Ce soir, Léo use de ses plaisanteries stupide, Bryan rit quelques fois, concentré sur la route, et Lou trouve une remarque à chacune des blagues de Léo.

Je demande :

- Où est-ce que c'est ?

Léo indique :

- Dans la même baraque qu'hier.

Je hoche la tête. Lou précise :

- La plupart des soirées se déroulent chez James.

Lorsque nous arrivons, l'ambiance est la même que la veille, rien ne change. Des étudiants ivres ici et là, la musique au même volume.

Les garçons devant nous, Lou profite pour faire des messes basses.

- Des folies prévues ce soir ?

Je pouffe légèrement.

- On verra où nous mène la soirée...

Elle me fait un clin d'œil avant d'affirmer :

- Je sens que ça va déchirer.

Je suis surprise du fait qu'elle en soit si sûre.

J'ai à peine mis un pied à l'intérieur qu'elle me prend par la main, m'entrainant d'office vers la piste de danse où les corps se déhanchent.

- Tu ne perds pas de temps.

Elle me sourit franchement avant de déclarer :

- Pourquoi en perdre quand on peut en profiter dès maintenant ?

Elle m'entraîne dans la cadence et j'accompagne le mouvement de mes hanches sur les basses. Il y avait un moment que je n'avais pas dansé de cette façon. Le son électro semble contrôler l'esprit de chacune de nous. On ne pense plus à rien, on sautille, on se trémousse, on profite sans aucune limite.

Promptement, deux larges mains se posent sur mes hanches et accompagnent mes mouvements.

Je m'interromps en pensant immédiatement qu'il s'agit du premier raté en manque de sensations érotique. Cependant, quand je me retourne, je constate que c'est un type qui doit avoir le même âge que moi, ou peut-être un peu plus âgé à en remarquer sa fine barbe qui encadre son visage fin. Il a l'air plutôt sympathique aux premiers abords. Toutefois, je reste sceptique, Lou s'en aperçoit, et ne tarde pas à intervenir.

- Dis, tu permets que je t'emprunte mon amie ?

Elle reste avenante, arborant un sourire.

Alors que je m'apprête à rejoindre Lou, le type m'attire de nouveau contre lui. Notre proximité ne me réjouit pas. Je tente de lui faire comprendre gentiment, il n'a pas l'air méchant pour un sou, il a clairement dû abuser sur la boisson ceci dit.

Lou se montre préoccupé face à son insistance.

J'essaie une énième fois de m'arracher de son emprise, en vain.

Lou l'aborde plus agressivement cette fois :

- Lâche-la, maintenant.

Son ton est clair.

Il se montre obstiné :

- Détendez-vous un peu les filles...

Cette fois, j'en suis certaine, il est ivre mort.

- J'ai dit non. À toi de respecter ma décision.

Il hausse les sourcils, rieur :

- Pourquoi je devrais respecter ta décision, et ne pas appliquer la mienne ?

Lou qui n'était qu'à un mètre de nous se retrouve brusquement sous son emprise également. Bien que je sois suffisamment compétente dans les prises de défense, il m'est défendu de m'en servir hors de la salle de sport.

Lou tente de se défendre en s'agitant pour lui échapper.

- Lâche-moi, taré.

Une voix rauque se manifeste derrière nous.

- Il semblerait qu'elles t'aient ordonnées de les lâcher.

Le type nous lâche soudainement.

Asher affiche une expression ferme et ses yeux sombres se plantent dans ceux du type. Il s'apprête à s'avancer vers lui, mais je l'arrête d'une main sur le torse avant que ça ne prenne des proportions démesurées. Mes iris essaient de gagner les siennes, mais rien à faire, il semble bien trop résolu. L'adrénaline semble avoir un effet immédiat sur lui.

Lou essaie de tempérer l'animosité.

- On s'en va, et tu vas retourner d'où tu viens...

Le type conteste :

- Je dois obéir aux ordres, ma jolie ?

Asher l'avertit durement :

- Fous le camp ou je te démonte.

Sa mâchoire tressaute, signe que son impatience s'accentue.

Le type bat en retraite :

- Allez vous faire voir.

Il repart d'où il est venu tandis qu'Asher pose sévèrement les yeux sur moi.

- Tu m'expliques pourquoi tu es restée sans rien faire ?

Je fronce les sourcils.

- Tu voulais que je fasse quoi devant tout ce monde ?

Je désigne les étudiants qui semblent tous s'amuser.

- Si je n'étais pas intervenu, vous vous seriez faites agresser.

Je proteste :

- S'il avait tenté quelque chose de plus grave, je ne serais pas resté sans rien faire, Asher.

Il n'a pas l'air de se calmer. Je poursuis :

- Tu m'excuses, je retourne profiter de la soirée, sans me prendre la tête avec toi.

Je le plante sur place, Lou ayant d'ores et déjà rejoint les garçons, discrètement.