Début de la rétrospective

Musique : Losing Your Memory - Ryan Star

C'était un jour ensoleillé, un jour où habituellement nous serions sorties toutes les deux, rejoindre notre groupe d'amis. Ces rayons de soleils pouvaient presque donner l'impression d'une journée égayée.

Pourtant, malgré cette source réchauffante qui faisait briller les gouttelettes de la rosée matinale, je savais pertinemment que ce serait loin d'être un jour heureux. Malgré la faible chaleur, j'étais d'une froideur indescriptible, pâle. Au mépris de la lumière éclatante, tout semblait sombre et sans grand intérêt. Moi-même, j'étais habillée en noir, tout comme chacune des personnes qui m'entouraient à cet instant.

Je n'entendais plus rien, ou du moins, je faisais abstraction de toutes choses dites autour de moi. Mes yeux naviguaient simplement de stèle en stèle qui demeuraient ici, de la plus ancienne à la plus récente.

C'est ce jour-là qu'était réellement venu l'heure des adieux que je devais faire à ma meilleure amie. Lui dire au revoir pour le restant de mes jours et abandonner tous les projets que j'aurais pu accomplir avec elle.

Elle reposait paisiblement, là, sous mes yeux, dans un cercueil de bois parfaitement ciré, entouré de soie blanche. Mya était blême contrairement à ces beaux jours, où ses joues se coloraient d'un rouge tendre, ses paupières closes dissimulent ses beaux yeux bleus. Ses fines mains étaient délicatement posées sur son ventre. Elle portait cette ravissante robe bleue appartenant à sa mère. Elle adorait simuler être une princesse en étant vêtue ainsi.

Alors, j'ai pris une de ses mains entre les miennes, en essayant de lui transmettre des mots apaisants, persuadée qu'elle m'entendait.

Mes amis m'ont ensuite rejoint atour du cercueil. Cette douleur abominable qui m'enserrait la poitrine s'était accentuée en leur présence, alors j'ai fui lamentablement en les laissant affronter cette peine, seuls.

Bryan pleurait la disparition soudaine de sa petite amie, Lou de son amie la plus proche, et Léo, lui, baissait simplement la tête, ne dévoilant pas ses émotions au grand jour. Sans même m'en rendre réelement compte, mes larmes se sont mises à dévaler mes joues.

Plus loin, les parents de Mya contenaient pour lors, leur peine tant bien que mal, en acceptant les condoléances des proches puis des amis éloignés. Cela paraissait bien trop compliqué au vu de leurs yeux rougis, eux aussi par les larmes, et de leurs traits déformés par la souffrance accumulée.

Après un moment à entendre chacune des éloges funèbres, est venu mon tour de prendre la parole. Le regard bienveillant de la mère à Mya s'était posé sur moi, elle a tenté un faible sourire, malgré le désespoir qui était en train de la consumer. Je suis monté sur la petite estrade en bois, avant de fixer, le regard vide, le cercueil où dormait éternellement ma meilleure amie.

Contrairement à toutes les personnes étant passées avant moi, je me suis rendu compte que je n'avais aucun éloge préparé. J'ai croisé les yeux du père de Mya, qui a tenté de me rassurer en un regard, en constatant certainement ma détresse.

Immédiatement, j'ai éclairci ma voix, avant de prendre la parole.

- Il est compliqué de commencer un éloge lorsque c'est à l'une des personnes à qui nous tenons le plus, qu'il est adressé.

Je me balançais d'un pied à l'autre, mal à l'aise.

- Je n'ai pas préparé ce que je dirai, à l'avance, mais je sais d'ores et déjà que si Mya était présente, elle lèverait ses deux pouces vers le haut pour me soutenir.

Un boule s'était douloureusement installé dans ma gorge.

- Mya, était pour moi, comme une sœur. Je reproduisais ce qu'elle faisait, je mettais en œuvre ses plus beaux conseils, elle me faisait toujours rire, et de nombreuses fois, je l'ai suivi dans ses bêtises les plus amusantes.

J'ai jeté un rapide coup d'œil à mes doigts qui remuaient nerveusement.

- Certain d'entre nous ont perdus une amie, un membre de la famille. Moi, celle à qui j'adresse cet adieu, c'est à ma meilleure amie, celle à qui je partageais chacun de mes secrets, chacune de mes aventures.

Ma voix s'était douloureusement éraillée et mon cœur brutalement comprimé. J'ai ensuite entouré le collier que j'avais en commun avec elle, de mes mains tremblantes.

J'ai repris mon souffle, difficilement, et cette fois, mes mots lui étaient destinés.

- Mya, j'aimerais que tu saches, qu'importe où j'irais, ou ce que je ferais, tout me ramènera à toi. Je suppose que c'est ça qui sera le plus compliqué à encaisser chaque jour.

J'ai souri tristement avant de répéter une phrase que beaucoup de personnes nous cesser de radoter.

- Il n'y a pas de Mya sans Hailey, et ni de Hailey sans Mya. Je visiterais le monde comme on se l'est promis à deux, je prendrais des clichés devant chacune des statues étrange ou drôle, comme tu voulais le faire, puis je les classerais dans un album photos.

Cette fois, j'ai pleuré à chaudes larmes, sans plus pouvoir me calmer, mes amis sont ensuite arrivés, comme pour m'accorder encore quelque seconde de courage, afin que je termine.

- À présent, je m'adresse à chacune des personnes ici présentes. Mya n'aurait pas voulue voir tous ces visages peinés, elle adorait sourire et s'assurer qu'autour d'elle, tout le monde se sentait bien. Elle aurait voulu nous voir sourire et rire dès qu'un souvenir en sa mémoire auraient été évoqués.

Je prends une grande inspiration saccadée avant de continuer.

- Ce n'est pas facile, j'en suis consciente. Mais, pour honorer sa mémoire et cette petite tornade de bonheur qu'elle était à Strambridge, nous devons au moins faire un effort. Se rappeler que, sourire la rendait heureuse, que rire à sa stupidité, l'engageait dans de longs fous rire, mais aussi de penser à comment aurait-elle pu agir face aux aléas que vous allez devoir confronter à l'avenir.

Cette fois, les larmes coulaient en silence, en empruntant le même chemin que les précédentes.

- Elle s'est envolée, en revanche rien ne nous empêche d'avoir une pensée pour elle. Cet accident m'a enlevé ma meilleure amie, une personne que je considérais comme ma moitié. Je vais certainement pleurer sa perte encore de longs jours, mais viendra un moment où je repenserais à elle en souriant.

Dans une dernière phrase, coupé par de petits sanglots, mes amis toujours à proximité, j'ai conclu :

- Je suis certaine qu'à présent elle nous observe tour à tour en souriant, nous demandant de profiter de chaque petit instant, parce qu'ils sont importants. Elle doit probablement comprendre que pour moi, profiter de chaque moment sans elle, va être une tâche bien trop compliquée. Néanmoins, je devrai m'y habituer.

J'ai ensuite jeté un coup d'œil aux personnes habillées de noir qui m'entouraient, puis j'ai constaté qu'ils étaient tous en train de m'écouter attentivement, certains épongeaient leurs paupières humides, et d'autres me souriaient tristement.

Je suis descendu de l'estrade et me suis avancé vers les parents de Mya, sa mère m'a promptement prise dans ses bras, à la suite de son mari.

Un moment après, le cercueil est descendu lentement pour rejoindre la terre fraichement creusée. J'ai accordé un dernier et douloureux regard à ma meilleure amie, comme pour graver son visage dans ma mémoire une dernière fois, par peur de l'oublier. Le cercueil s'est refermé, puis j'ai tenté d'étouffer un sanglot.

Les gens se sont agité pour attraper une rose blanche et une poignée de terre, qu'ils ont déposé soigneusement sur le bois brillant.

Est venu le tour de ses parents, qui se sont attardés devant la stèle toute neuve. Ils m'ont adressé un regard larmoyant avant de quitter l'endroit, eux aussi. Je me suis rapidement retrouvé seule devant un sarcophage renfermant à l'intérieur, celle qui comptait énormément pour moi.

J'ai versé une dernière larme devant elle, avant de rassembler mon courage et commencer à m'éloigner. Je me suis retourné une dernière fois dans sa direction pour tenter de lui sourire et montrer que, même si elle semble loin de moi, peu importe le temps qu'il faudra, on finira par se retrouver. Pour l'instant, j'affronterais chacune des épreuves qu'il me reste comme si elle était à mes côtés.

Fin de la rétrospective