Chapitre 11
Je suis soudainement réveillée par de brusques secousses. J'ai besoin d'un instant pour réaliser où je me trouve avant d'émerger complètement, en entendant la voix rauque d'Asher.
- Bordel, t'as le sommeil vraiment lourd.
Il affiche un sourire narquois, sa main toujours sur mon épaule avant qu'il ne s'en rende compte et ne l'enlève promptement.
Il reprend :
- La fin des deux heures a sonné depuis trois minutes déjà, Belle au bois dormant.
Je le fusille du regard puis examine la salle, effectivement, elle est vide à l'exception de quelques étudiants.
Je jette un œil à madame Lorms qui semble toujours concentrée sur ses corrections, tandis que je verrouille mon ordinateur.
Le blond ne semble plus être là. Surement pressé de s'enfuir.
Je m'apprête à en faire de même, lorsque je franchis la porte, Asher m'intercepte. Il s'approche un peu de moi, un sourire mesquin au coin des lèvres.
- Tu baves un peu, là...
Il désigne le coin de ses lèvres. Légèrement gênée, je porte la manche de son sweat à mes lèvres, et ne distingue aucune trace de salive. En comprenant que c'est une énième mesquinerie, je lève les yeux au ciel et me fraye un chemin en percutant intentionnellement son épaule.
Je hausse légèrement la voix lorsque je m'éloigne vers lui et lui adresse à mon tour, un sourire mesquin.
- Tu devrais songer à perfectionner ta technique de drague Downs. Je me demande si une fille y est au moins sensible...
Il rétorque en s'avançant vers moi :
- Si tu savais...
Il enchaîne en s'approchant un peu plus, il murmure :
- Elles ne tombent pas sous mon charme. Elles sont raides dingue de mes coups de reins.
Je plisse le nez, écœuré.
- T'es répugnant.
Il lâche un rire. Contrairement à ce que je pensais, c'est un rire presque cordial, bien qu'il soit rauque, tout comme sa voix. Je dirais même qu'il est communicatif.
Je me retiens tout de même en me rappelant que nous sommes en pleine partie d'un jeu où je ne dois pas être vaincue.
Il interrompt brusquement mes pensées :
- Bonne soirée, Gourmande.
Il me fait un bref clin d'œil avant de s'éloigner pour de bon.
* * *
Je pousse la porte métallique et pénètre dans cette salle que j'ai l'habitude de rejoindre depuis quelque mois maintenant. C'est pour moi, un moyen d'évacuer ma frustration, mon angoisse, la colère ou l'ennui accumulé durant la journée.
Comme d'habitude, les sacs de frappe sont tous pendus et alignés, à la perfection. Dans le fond de la salle, un ring attire mon attention à chaque fois que je daigne mettre un pied ici. J'assiste toujours aux combats qui s'y déroulent, mais n'y participe jamais sous l'ordre de Karl, le gérant de ce hangar et le coach de certains sportifs ici. Je suis la seule fille qui fréquente cet endroit, excepté ces femmes toutes tatouées et percées qui ont la carrure égale à celles d'un homme. Malgré tout, ce sont des femmes vraiment respectables et sympas. En bref, d'après Karl, je ne suis pas encore apte à pouvoir monter sur le ring et à défier un de ses combattants comme il les a prénommés, j'en suis convaincue également.
Je continue de faire le tour de la salle, du regard, même si je sais pertinemment que tout est à sa place, comme d'ordinaire. Le reste de la pièce se compose d'un espace de musculation, toutes sortes de machines sont disposées ici et là, en passant par banc de musculation, haltères, barres de traction, barres parallèles...
Généralement, je viens ici, directement après les cours, mais avec mes deux heures de retenues aujourd'hui, ce n'est pas une heure à laquelle je suis habituée à venir. La nuit commence déjà à tomber et l'air frais me donne la chair de poule. Les heures auxquelles je fréquente la salle sont méthodiques, puisqu'il n'y a encore personne, et cela me laisse le temps de me changer en paix, puisque les vestiaires ici, sont mixtes. Ce n'est pas étonnant pour une petite salle de sport du quartier.
Je m'entends avec quelques sportifs qui fréquentent cette salle de sport, la plupart peuvent nous impressionner avec leur carrure imposante, finalement ils sont adorables. Cependant, ils ne semblent pas être habitués à ces horaires tardifs non plus, puisqu'ils ne sont pas ici.
Depuis quelques mois, j'ai fait la connaissance d'un jeune homme de deux années de plus que moi, il est à la recherche d'un job pour parvenir à ses besoins. Nick est adorable, toujours un brin souriant et sûr de lui. Il est au courant du décès de Mya, mais n'a jamais voulu en savoir davantage. Il se préoccupe simplement de ma santé lorsque je me surpasse lors de mes excès de sport. Je le qualifierais sûrement d'un grand protecteur.
C'est souvent que je me surpasse et que je ne prête plus attention à ce que je ressens ou ce que je fais. Je n'en ai pas forcément conscience sur le moment, j'ai toujours été de ce tempérament, et il s'est accentué avec le temps. Je suppose que c'est un moyen pour moi de dominer les conflits auxquelles je fais face. Venir ici, me permet de repousser mes objectifs encore plus loin et d'expulser mes sentiments hors de moi durant un court instant. Je recherche uniquement une échappatoire.
Je décide enfin de sortir de mes pensées et salue Karl.
- Yo l'habituée, comment tu vas ?
Je souris faiblement au surnom qu'il me donne.
- La routine, et toi ?
Il hausse les épaules.
- Tu me connais, je pète la forme !
Il me fait un clin d'œil, et je secoue la tête amusée. Je replace correctement mon sac sur mon épaule avant de traverser l'espace de musculation où plusieurs types soulèvent et poussent des poids. J'arrive rapidement aux vestiaires et me change en vitesse, avant que ce ne soit trop fréquenté. Je ressors vêtue d'un legging de sport et d'un vieux t-shirt bien trop grand pour mon gabarit.
Comme instinctivement, je me dirige vers les sacs de frappe alignés et saisit les gants de protection que j'enfile, un sourire vigoureux aux lèvres.
Je considère le punching-ball de haut en bas, puis le stabilise avant de reculer. Je me place sur mes appuis avant de projeter mon poing avec puissance sur le cuir rouge. J'enchaine avec un deuxième coup, puis un troisième jusqu'à épuisement de mes bras, sans interruption. Mes cheveux que j'ai rassemblés en une queue de cheval, ne ressemblent plus vraiment à la forme que je leur avais donnée quelques minutes plus tôt, mais je m'en contrefiche, je continue. Mon front se couvre petit à petit d'une fine pellicule de transpiration et mon souffle devient un peu plus saccadé de secondes en seconde.
Soudainement, le sac se stabilise avant que je ne donne un dernier coup. Je ne comprends pas immédiatement ce qu'il se passe, avant que mes yeux ne tombent sur une carrure vraisemblablement masculine. Mes yeux s'attardent sur le haut de son corps. Son t-shirt noir, moulant à la perfection sa musculature et les coutures de ses manches courtes entourent divinement bien ses biceps contractés par l'effort de retenir le sac de frappe. Mes yeux remontent malgré moi et je constate avec étonnement le visage de la seule personne que je ne pensais pas trouver là.
Merde, il fallait bien évidemment que ce soit lui, maintenant.
- À ce rythme, je ne vais plus te surnommer Gourmande mais Goinfre...
Il fait référence sans l'ombre d'un doute à mon analyse de sa musculature.
Époustouflante si je peux me permettre de préciser...
Pour ne pas me laisser dépasser par son espièglerie, je réplique, un brin sur la plaisanterie :
- Et si tu continues comme ça, je finirai par croire que tu me suis, Downs.
Il aborde un sourire malicieux avant de me détailler et filer aussi vite qu'il est apparu, pour rejoindre les haltères.
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