<<Et le lendemain, la mort avait fait son office....>>

Les larmes commencèrent à rouler doucement sur ses joues, puis peu à peu la pluie fit déborder la rivière et le torrent s'abattit sur son cœur.
Sa fille... Son unique enfant.... Le seul souvenir de la femme qu'il avait tant aimé....

Elle avait eu raison, ce jour avait été le dernier... Son journal fût la clepsydre de sa courte existence....

Et là il se mit à regretter. À regretter tout ces moments passés loin d'elle, loin d'elles. Toutes ces choses qu'il lui avait caché, tout ce qu'il lui avait dit pour dissimuler un destin tragique et inévitable....

Le journal glissa de ses genoux... Le sol l'accueillit avec un léger froissement de papier et la couverture se détacha...
Laissant apparaître deux pages jusque alors cachées sous celle-ci.

Intrigué, il reprit sa lecture :

<<Papa... Je sais que tu as lu ce journal. Ce message est pour toi, j'espère que tu sauras le trouver. Enfin si tu vois ces mots ne t'arrête pas en chemin et termine ta lecture.

Papa... J'ai une demande à te faire. De mon lit de mort je te supplie d'écouter ma requête. Arrache la dernière page blanche que j'ai laissée, saisis ton stylo et écris comme j'ai su le faire pour mes derniers instants. Je veux savoir.... Je veux tout savoir... Sur maman, sur son passé, sur sa vie d'avant..... Raconte moi cette histoire.

Quand les mots et peut-être aussi tes larmes, auront tâchés le papier, je voudrais que tu le pose sur ma tombe. Place le sous une pierre, il saura trouver une place vers mon cœur....
Je t'en supplie papa... Fait le. C'est mon dernier souhait... Je t'aime. Et je t'aimerais toujours.>>

Oui. Il aurait dû le faire plus tôt. Il allait exaucer le dernier vœu de sa fille !

À pas rapides, il parcouru la ville et s'engouffra dans son appartement. Sans même prendre le temps d'enlever son manteau et de se déchausser, il se mit au travail:

<<Sora... Nombreuses sont les choses que tu devrais savoir, mais je vais tâcher d'écourter cette histoire. Tout commence avec ton grand-père. C'est lui le premier à avoir été atteint par cette drôle de maladie, il n'a jamais voulu nous dire pourquoi ni comment cela lui était arrivé.

Lorsqu'il eut une fille, celle ci se retrouva avec la même maladie. Il n'en connaissait pas les effets mais ne pensait pas que sa fille en serait atteinte. Cette marque sur ton poignet, eux deux l'avait aussi, elle était apparue à l'anniversaire de leurs 16 ans.

Je crois maintenant pouvoir affirmer que cette maladie est héréditaire.
Plus tard cette jeune fille tomba enceinte. Ce que tu ne sais pas Sora, c'est que ta mère attendait des jumeaux....>>

Ce n'était peut-être pas très clair, un peu vague, très sombre, houleux même, mais après la tempête, l'eau devait s'engouffrer dans le bateau....

Après avoir lu et relu la lettre qu'il adressait à sa fille, il se rendit sur sa tombe. Sur le chemin, il croisa quatre jeunes ados qui riaient ensemble, 2 filles... 2 garçons.... Les amis que sa fille ne pourrait jamais voir grandir avec elle.

Il caressa le nom de Sora du bout des doigts, puis glissa le papier sous une pierre. Avant de partir, il embrassa la tombe de sa fille.

<<La tempête de mon cœur est finie Sora.... Le calme est revenu.... Je te remercie ma fille...>>

Sur le chemin du retour, il songea avec tristesse au fils qu'il avait laissé derrière lui il y a 17 ans. Peut-être aurait-il dû, le prévenir lui aussi....