La femme ne lui a pas parlé très longtemps, mais il l'a écoutée très attentivement.
Dans ses mains, le cahier qu'elle lui a remis, semble frêle. Petit bout de papier aux prises avec le vent. Avec la vie.

Ce cahier n'est pas un cahier ordinaire, mais le journal intime que sa fille a tenu durant son séjour à l'hôpital.
Son dernier souhait avait été que son père le lise lorsqu'elle ne serait plus là...
Après avoir hésité entre le jeter dans le fleuve, le brûler ou bien encore l'enterrer dans une forêt sombre où jamais il ne pourrait le revoir, il se lève et marche longtemps en sillonnant dans les rues étroites de son passé ; pour enfin déboucher dans un parc.

Ce parc où sa fille avait tant ris quand elle était petite, tant pleuré aussi lorsqu'elle tombait de la balançoire.
Une petite lumière semble s'être rallumée dans son cœur humide.
Il s'assoit sur le banc tout proche, celui sur lequel le peuplier centenaire du parc projète son ombre.
Il caresse la couverture d'une main et essuie ses larmes de l'autre.

"Journal de Sora"
La première page est couverte de noms, de petits dessins laissés par diverses personnes.
Sur la seconde une seule phrase avait été laissée :

"Lorsque que la vie n'a plus voulu de moi, la lumière s'est allumée et j'ai compris que je devais profiter des derniers jours pour dire au monde à quel point il est important de profiter entièrement de sa vie et de vivre chaque jour comme si c'était le dernier."

Il retrouve sa fille, à travers ces mots c'est la voix de sa fille qui résonne.
La lecture commence seulement et déjà il prend conscience de sa chance d'être en vie.