Chapitre 31 ou comment contrer le gouvernement
- Cyanna, bordel ! murmura Horace. Ne fous pas tout en l'air maintenant !
Je restai immobile, les fesses retombées sur le banc et les yeux rivés sur Evan. Les gardes finirent par reculer, gardant néanmoins un œil prudent sur nous.
- Ce ne serait pas ton... colocataire ? souffla mon père du bout des lèvres en désignant Evan d'un mouvement de tête.
- Ça l'était... et j'ai hâte de le retrouver.
J'ignorais pourquoi je ne lui avais pas dit qu'Evan était l'assassin d'Aline. Même aujourd'hui, je n'arrivais pas à prononcer ces mots devant lui. Il semblait s'être bien entendu avec Evan la dernière fois et j'avais du mal à lui annoncer qu'il avait sympathisé avec le futur assassin de sa fille. Je tournai la tête vers mon père.
- De quoi vous avez parlé ce jour-là, dans les serres ? Quand j'étais avec Millie ?
- De toi, sourit-il. Je pensais qu'il était peut-être un espion pour le compte des rebelles, mais... vu ses sentiments, je suppose que si c'était le cas il serait avec toi et non avec la directrice.
Un frisson me parcourut et je fronçai les sourcils.
- Comment ça « ses sentiments » ?
Et non, Evan était loin de faire partie des rebelles. J'en avais eu la preuve formelle. Mon père eut un léger sourire triste qui sembla bizarre sur ce nouveau visage.
- J'ai bien vu qu'il tenait à toi. Il m'a dit que tu étais vraiment différente de ce qu'il pensait. Des autres. Il m'a dit qu'il ferait tout son possible pour qu'il ne t'arrive rien de mal.
Je ne pus m'empêcher d'avoir un rire mauvais et je secouai la tête.
- Et bien, je suis ravie de t'avouer qu'il a complètement foiré sa tâche. Il a même fait totalement l'inverse.
C'était épatant de voir à quel point il avait pu tous nous berner. Je l'avais cru et mon père aussi. Au final, la réalité était vraiment douloureuse. Mon paternel fronça les sourcils, sans doute prêt à me demander plus d'informations mais Horace me donna un coup sur le bras. Je me tournai vers lui et il pointa d'un coup de menton l'estrade et la directrice. Celle-ci venait de s'approcher du micro installé là et se préparait à parler. Mon père m'indiqua d'un regard que nous en reparlerions plus tard et nous portâmes notre attention sur elle. Je m'efforçais de ne pas porter les yeux sur Evan, car j'ignorais si je saurais contenir longtemps ma colère face à lui.
- Bonjour à tous, commença la directrice d'une voix forte et posée qui résonna dans toute la salle. Merci d'être là aujourd'hui, aussi nombreux pour commémorer l'évènement le plus important et le plus meurtrier que l'humanité n'ait jamais connu. Il y a exactement cent-vingt-neuf ans, le monde a changé à jamais. Les étoiles ont choisi ce jour pour tomber sur notre terre et en éliminer les nuisibles et cela coûta la vie à plus de huit milliards d'êtres-humains. Ils étaient des frères et des sœurs, des mères et des pères, des enfants et petits-enfants. Si cette action, cette purge était nécessaire, elle en restera à jamais douloureuse pour nous, les survivants. Mais les étoiles nous ont désignés pour une bonne raison et, ensemble, nous rétablirons une civilisation juste et raisonnable.
Foutaises, foutaises et foutaises. Les trois quarts du gouvernement étaient des pourris. Peut-être que les survivants le jour même de la chute des étoiles avaient été choisies mais il était clair que leurs descendants étaient là par le fruit du hasard et non par une volonté divine. Mais ce discours était rabâché sans cesse chaque année à cette période. Alors j'arrêtai d'écouter et me concentrai plutôt sur mon environnement.
Nous n'allions pas tarder à recevoir le signal des rebelles. La phase un se passait tout en bas chez les sodiums. Mais la deux, c'est ici qu'elle allait se faire. Avec nous. Si Murphy ne ramenait pas sa poire, le tout devrait être fini dans une heure. C'était le temps que nous nous étions fixés, estimant que c'était le délai nécessaire au gouvernement pour préparer sa riposte. Si les combats duraient plus longtemps, nous risquions de nous faire abattre et décimer.
- Aujourd'hui, nous retombons en arrière. La pourriture s'est emparée de certains hommes et risque de contaminer tout le monde. Des terroristes veulent la mort et la souffrance du plus grand nombre pour imposer des idées de domination par la manipulation. Ne laissez pas vos cœurs être empoisonnés par de fausses idées de bonheur et de paix, car ils ne veulent rien de ça. J'aimerais, en ce jour spécial, vous demander de fermer les yeux. Allez-y, fermez les yeux. Maintenant, imaginez une terre épanouie, des forêts lumineuses, des mers saines et du soleil sur votre peau. Cette terre, c'est celle de notre passé et de notre futur. Nous nous battons pour revoir cette terre, pour perpétuer la race humaine. Et nous y arriverons, c'est une promesse. Il faut tous se lier pour atteindre ce but. Et maintenant, continua-t-elle d'une voix douce après une courte pause, je vous demanderai une minute de silence pour le peuple de la terre, presque entièrement décimé il y a cent-vingt-neuf ans. Une minute de silence pour nos ancêtres.
Et le silence se fit. On aurait presque pu entendre une mouche voler, si seulement il existait encore des mouches. Un regard autour de moi m'apprit que la plupart des gens avaient les yeux fermés, sans doute en train d'imaginer leur terre merveilleuse qui n'existerait jamais plus. Pour ma part, je les gardais bien ouverts et posés sur l'estrade. Je guettais. Au bout d'une dizaine de secondes, je vis ce que j'attendais. Plusieurs gardes dans la salle eurent des légers mouvements de tête et des froncements de sourcils, signe qu'un message devait passer dans leurs oreillettes. Je portais mon attention sur Evan. J'étais hélas trop loin pour déchiffrer son expression. Silencieusement, je le vis s'approcher de la directrice et il sembla lui glisser quelques mots à l'oreille. Je grimaçai. Apparemment, la minute de silence ne concernait pas tout le monde.
La directrice resta immobile quelques secondes, le visage impassible, puis répondit doucement à Evan. Celui-ci acquiesça, fit signe à des gardes et quitta la pièce par la porte-derrière. Une dizaine de soldats lui emboitèrent le pas. Je tournai la tête vers mon père puis vers Horace, qui avaient tous les deux les yeux fixés sur le spectacle. Apparemment, la phase un avait été enclenchée et Evan allait y jouer un rôle. C'était également notre signal. Dans exactement huit minutes, nous enclenchons la phase deux, ici. Mais pour l'instant, l'heure était encore à l'attente.
Quand la minute de silence toucha à sa fin, on amena à la directrice une tablette et, d'une voix forte et bien distincte, elle se mit à réciter le texte de loi. En entier. Et oui, elle faisait cela chaque année. Je n'écoutais même plus, lasse de ces discours. Je n'étais plus anxieuse quant à notre opération, j'étais pressée. Je voulais frapper fort. Je voulais que la directrice soit définitivement prise par surprise. Au bout d'un moment, mon père me donna un coup de coude.
- Plus qu'une minute. Tu es prête ?
J'acquiesçai rapidement et me tournais tour à tour vers lui et Horace.
- Vous me couvrez ?
- Oui, dit mon père.
Horace eut un sourire en coin.
- On n'en aura même pas besoin.
Je préférais le oui de mon père. Je comptai les secondes dans ma tête, recentrant toutes mes forces sur l'instant présent. Au moment où j'arrivai au bout de mon décompte, les deux hommes me firent signe. Je pris une longue inspiration puis me levai d'un coup. Je vis de nombreux regards stupéfaits se poser sur moi. Interrompre la cérémonie était presque aussi terrible que d'essayer d'exterminer tout le gouvernement. Et -oups- j'allais faire les deux. Sans laisser le temps aux gardes de réagir, je montai sur mon banc.
- Le cœur avant les atomes ! criai-je.
Je vis dans un même temps des fusils se pointer vers moi, le regard meurtrier de la directrice et ceux apeurés des gens non loin de moi. Le cœur battant, je me dépêchai d'arracher mon masque et de le jeter par terre, puis de faire pareil avec ma perruque. Je levai ensuite la tête et regardai droit dans les yeux la directrice. Il y eut un instant de flottement où nous nous dévisageâmes, puis...
- Ne tirer pas ! cria-t-elle. Attrapez-la !
- Ou essayez, soufflai-je.
Je sautai du banc et, passant entre les gens, rejoignis l'allée principale. Des gardes se précipitèrent vers moi mais de nombreuses personnes aux alentours se levèrent, faisant barrière de leur corps. Horace et mon père en faisant partie. Je m'avançai vers la directrice et pointai un doigt accusateur sur elle.
- Vous mentez ! Vous n'êtes qu'une manipulatrice qui est effrayée par un peuple en rébellion. Vous ne méritez pas de nous diriger tous ! Vous ne méritez pas de...
Je vis des dizaines de gardes converger vers moi en repoussant ceux qui bloquaient le passage. Ils n'eurent pas le temps de faire deux pas de plus qu'un bruit d'explosion lointain retentit. Un bruit si fort et si violent que le sol et les murs se mirent à trembler. Puis des cris retentirent. Et là, la panique arriva. Si une seconde plus tôt j'étais debout devant des milliers de personnes immobiles me regardant avec des yeux terrifiés, la seconde d'après je me retrouvais à terre, au milieu des gens fuyant en courant, hurlant, pleurant et me cognant pour sortir au plus vite de là. Des tirs de fusils retentirent au-dessus du vacarme et je me rendis compte que j'étais au beau milieu du champ de bataille, en train de me faire écraser par une foule terrifiée.
Bon, je crois le moment adapté pour faire une pause et peut-être vous raconter un peu notre plan. La phase un, c'était moi. Mais ce n'était pas vraiment moi. Les rebelles avaient créé un masque et une perruque me ressemblant goutte pour goutte et en avaient vêtu une fille. Au début de la phase un, elle était allée se fritter avec quelques gardes chez les sodiums, soutenus par des rebelles. Les gardes avaient aussitôt prévenu leurs supérieurs que l'ennemi numéro un était chez les sodiums. D'où le départ précipité d'Evan et d'une dizaine d'hommes.
Huit minutes plus tard, j'entrais en scène. Le fait de me dévoiler semait le trouble chez les ennemis, qui ne savaient plus où donner de la tête. Ils me croyaient loin d'ici alors que j'étais juste là. Avant qu'ils ne puissent réagir, nous passions à la phase trois. En quoi consistait-elle ? Des explosifs — les plus puissants que nous ayons pus trouvés — positionnés dans les cages d'ascenseurs. Les rebelles les avaient d'abord mis en panne, histoire que personne ne soit coincé dedans, puis les avaient fait exploser.
Ensuite, nous misions tout sur le chaos. Et apparemment, ça marchait très bien. Les civils se séparaient en deux : ceux qui prenaient le parti des rebelles, ceux qui étaient effrayés et cherchaient à retourner chez eux au plus vite. Dans tous les cas, ils nous aidaient à semer la panique. Ensuite, à chaque étage en dessous du septième, les rebelles agissaient. Ils repoussaient les gardes vers les escaliers, tiraient sur ceux qui résistaient et les assommaient. Ils n'étaient sans doute pas préparés à une attaque d'une telle ampleur et seraient donc en proie avec la panique, le chaos, l'incertitude de ce qu'ils devaient faire et la peur. Avec ce bon cocktail, nous étions quasiment sûrs de gagner.
- Cyanna ! hurla une voix.
Je poussai un cri en me faisant écraser la main par quelqu'un qui courait. J'étais toujours à terre, on me bousculait de partout, et je manquai de me faire écraser par une foule paniquée. Mais mon père apparut bien vite devant moi. Il avait également enlevé son masque et sa perruque. Il me fit me relever et je jetais un regard autour de nous.
- La directrice ? m'enquis-je.
- Partie. Dès que la phase deux a commencé, elle a été évacuée avec le reste du gouvernement. Ils doivent déjà être là-haut.
J'acquiesçai. Tant mieux. Nous ne visions aucunement la directrice aujourd'hui. Plus elle était loin, le mieux ce serait.
- Horace ?
- Je suis là.
Il était là. Il dépassa les quelques personnes nous séparant. Il avait un fusil à la main, qu'il devait sans doute venir tout juste de récupérer à un garde. Il nous fit signe d'avancer et nous nous mêlèrent à la foule en folie. Je me fis plusieurs fois bousculer et reçus quelques coups douloureux. Au bout d'un moment à se faire percuter de tous les côtés au milieu du brouhaha ambiant et des cris qui jaillissaient, nous atteignîmes la sortie de la salle. Là, la foule s'y dissipait un peu dans ce qui semblait être un vrai champ de bataille.
Un peu plus loin à notre gauche se trouvaient auparavant les ascenseurs. Auparavant. Car à présent il n'en restait rien. Les murs à proximité étaient carbonés et du feu brulait aux environs des portes explosées. De l'autre côté étaient les escaliers. La porte était défoncée, la foule s'engouffrant la plus rapidement possible à l'intérieur en bloquant tout autre passage. J'aperçus de nombreux gardes coincés au milieu des gens sans réussir à se dépêtrer de là pour aller exploser les rebelles.
Ces derniers étaient d'ailleurs nombreux, armés de pistolets dans lesquels se trouvaient des balles hypodermiques. Ils tiraient sur tous les gardes qu'ils voyaient, les envoyant pour une bonne journée de sommeil. Tous les rebelles avaient noué un bandeau gris autour de leur crâne pour signifier bien clairement leur camp.
Mon père me tira vers les escaliers.
- Viens, on va te mettre à l'abri !
- Bien sûr oui.
Je lui adressai un regard désabusé et interceptai un jeune type qui passait. Sa chemise avait été déchirée et un bandeau gris se trouvait juste au-dessus de ses yeux. Un peu de sang maculait son visage. Il avait deux armes à la main. Comprenant pourquoi je l'avais arrêté, il m'adressa un sourire en coin et me tendit une de ses armes. Je la pris en main et m'apprêtai à continuer mon chemin.
- Hé, attends !
Je me retournais vers le type, sourcils froncés. Sans quitter son petit sourire, il déchira sous mes yeux une autre bande à sa chemise. Puis il me la tendit également.
- À moins que tu ne sois pas de notre côté...
Je lui rendis son sourire. Il me fit un clin d'œil, passa derrière moi et noua le tissu autour de ma tête. Puis il cria :
- Le cœur avant les atomes, Cyanna !
Et il disparut dans la foule. Je pris l'arme bien en main, sous les yeux ébahis de mon père.
- Mais tu avais dit...
- Je vais pas partir maintenant, Papa. Je vais combattre.
- Ça, c'est ma Cyanna ! s'exclama Horace.
Je lui adressai un sourire satisfait et, à ses côtés, me mêlai à a foule.
Tout se passa encore mieux que je ne m'y attendais. Finalement, Murphy pouvait bel et bien aller se faire voir. Nous nous étions donné une heure, il nous en fallut la moitié pour déblayer le septième étage. Tous les gardes présents étaient à terre, endormis ou, pour certains, blessés voire morts. Les civils qui ne voulaient rien avoir à faire avec ça n'étaient plus là, et avaient regagné leur étage. Ne restaient donc plus que les rebelles, vêtus de leurs bandeaux gris. Pas mal d'entre eux étaient dans les escaliers, bloquant montées et descentes.
De nombreux gardes avaient essayés de remonter et nous les avions interceptés, laissant seulement passer les civils et les rebelles. Pour ma part, dès que le combat s'était un peu calmé, j'étais allée me poser contre un mur pour souffler. Mon épaule me faisait un mal de chien. Je m'accroupis, reprenant ma respiration en regardant autour de moi. Mon père et Horace étaient non loin de là, discutant avec un groupe de rebelles à coup de grands gestes. Je les observais quand quelqu'un vint s'asseoir à côté de moi. Je tournai la tête pour apercevoir le garçon de toute à l'heure.
Je pus l'observer plus attentivement. Il était blond, assez jeune — moins de vingt-cinq ans — avec un visage fin et des yeux pétillants. Il m'adressa un signe de tête.
- Bien joué, Cyanna.
- J'ai pas fait grand-chose.
C'est vrai, j'avais seulement mis quelques gardes à terre mais la majorité du travail avait été fait par les autres. Je plissai les yeux en le dévisageant.
- Au fait, on se connaît ?
- Moi je te connais.
Il me fit un sourire complice auquel je ne répondis pas. J'avais encore du mal à réagir à ce genre de comportements. Comment des gens que je n'avais jamais vus pouvaient-ils savoir exactement qui j'étais ? Détectant mon trouble, il continua :
- Le bouche-à-oreille va vraiment vite dans les étages inférieurs. Il n'existe pas un sodium qui ignore ton nom ou ton visage. Ils misent tout sur toi.
- Mais pourquoi moi ? râlai-je. Pourquoi ça doit toujours tomber sur moi ? C'est vrai quoi, c'est si compliqué de me faire vivre une vie un peu calme pour une fois ?
- Alors tu ne sais vraiment rien... murmura l'autre.
Je fronçai les sourcils en me tournant vers lui. Il m'observait, tête penchée et regard intrigué. Il semblait songeur. J'eus un mouvement d'impatience.
- Quoi ? Savoir quoi ?
- C'est épatant. Tu ne sais rien. Et pourtant, tu crois avoir tout compris.
- Mais savoir quoi, bon sang ?
- Tu...
- Cyanna ! coupa une voix. Viens voir !
Horace, à quelques pas de là, me fit signe de les rejoindre. J'hésitai, jetant un regard perplexe à ce type dont je ne connaissais même pas le nom alors qu'il semblait beaucoup en savoir sur moi, plus que je ne savais moi-même. Je lui signifiai d'un regard qu'on en reparlerait puis me levai et rejoignit mon père et Horace. Celui-ci posa une main sur mon épaule et me fit avancer dans le cercle qu'ils formaient. Il se tourna vers moi.
- Nous prévoyons d'envoyer une escouade aux prisons. Ça doit encore pulluler de gardes là-bas, mais nous avons besoin des cellules le plus vite possible. Qu'est-ce que tu en dis ?
Tous les regards se tournèrent vers moi et je papillonnai des yeux. Ce que moi, j'en disais ? La majorité des personnes devant moi avaient deux à trois fois mon âge, et pourtant ils voulaient mon avis à moi. Je pinçai les lèvres.
- C'est heu... c'est une bonne idée. Mais il faut faire attention. Les gardes qui sont là-bas ont sûrement entendu tout le bruit ici. S'ils ne sont pas là, c'est qu'ils protègent leurs positons. Ils doivent tenir une embuscade à l'entrée de la prison.
- Qu'est-ce que tu préconises ? demanda une femme.
- Disons... il faudrait des bombes soporifiques si vous en avez encore. Et ensuite, bien faire chacun des couloirs un à un pour être sûr d'avoir trouvé tous les gardes. Et il faudrait le faire immédiatement pour avoir le plus de gens disponibles quand le gouvernement va contrattaquer.
Aussitôt, deux personnes quittèrent le groupe pour aller chercher les bombes demandées. Mon père m'adressa un sourire fier auquel je répondis par une petite moue. Horace, lui, me donna un petit coup dans l'épaule.
- On va y aller dès maintenant alors. Tu viens avec nous ?
- Non, gronda mon père.
- Elle veut nous aider ! Laisse-la vivre sa vie sans faire ta mère poule.
- Tu vas finir par la tuer, Horace !
Mes yeux allaient de l'un à l'autre et je restai silencieuse tandis qu'ils se foudroyaient du regard. Puis Horace finit par baisser les yeux vers moi.
- Je crois que le mieux est de lui demander. Cyanna, tu veux venir te battre avec nous ou rester ici en regardant les autres agir ?
Jamais je ne pourrais répondre non à une question comme ça. Horace me connaissait trop bien. Mais hélas, mon père aussi. Il m'attrapa par les épaules et se pencha vers moi.
- Cyanna... Rappelle-toi ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu es entrée dans cette prison. Tu crois vraiment que tu pourras les aider alors que tu es encore traumatisée par ce lieu ?
Un violent frisson me parcourut. Aline était morte ici. Mon père avait raison, comme souvent d'ailleurs. Je ne voulais plus avoir à mettre les pieds là-bas. J'acquiesçai doucement.
- Je ne viens pas. Désolé Horace.
Celui-ci ne cacha pas sa déception. Mais il devait bien se douter que les choses avaient changé. J'avais changé. Je ne pouvais plus le suivre aveuglément. Je détournai le regard puis retournai m'asseoir contre le mur. Ce ne fut que quelques instants plus tard que je me rendis compte que le garçon de toute à l'heure avait disparu. Je ne saurais donc jamais la fin de sa phrase qui, pourtant, m'intriguait réellement. De là, je regardais tout le monde se mettre en place. Ils se scindèrent en trois groupes. L'un partit à la prison tandis qu'un autre se plaça dans les escaliers. Là, ils se préparèrent à contrer la riposte de la garde.
Les rebelles circulaient entre cet étage et ceux d'en-dessous et, petit à petit, nos rangs se garnirent d'encore plus de gens. L'opération avait plutôt bien marché partout et les rebelles des étages inférieurs n'avaient rien d'autre à faire que de venir nous aider ici. Ils placèrent des barrages dans les escaliers, installèrent des tables, des chaises, des armoires, tout ce qui pouvait nous servir de protection. D'autres installèrent des pièges destinés à arrêter tous ceux qui chercheraient à descendre par chez nous.
Le troisième groupe s'occupa de trainer tous les gardes vers les prisons, là où ils les enfermeraient dès que la voie serait libre. J'aurais très bien pu dire que je m'occupai de coordonner tout ça, que je donnai des ordres à tout le monde et que personne ne faisait rien sans me consulter. La vérité était que j'avais joué mon rôle et que je pouvais aller me coucher. Je restai assise contre un mur à regarder les allées et venues, et personne ne se préoccupa plus de moi que du mur. Mon père était parti dans les étages inférieurs aider je ne sais qui et Horace était aux prisons pour y déloger les gardes.
Plus notre heure touchait à sa fin, plus l'espace grouillait de gens coiffés de rubans gris. Pourtant, il y avait des rebelles habillés de presque toutes les couleurs — excepté les nobles — mais ils devaient s'être fait passer le message : leur signe serait les foulards gris. Gris comme la population la plus opprimée ici. Gris comme ceux qui se révoltaient depuis longtemps en silence. Le gris était la couleur de nos couloirs, de notre ciel et de notre lune. Le gris devenait la couleur des opprimés et des révoltés. Notre couleur.
Au beau milieu de la foule de rebelles, j'aperçus le garçon de toute à l'heure. Je le vis passer rapidement entre deux groupes. Aussitôt, je sautai sur mes pieds et me lançai à sa poursuite. Je le vis se diriger vers les escaliers et lui courus après. Slalomant entre les gens, je finis par le rejoindre devant la barricade des escaliers. Il se joignit au groupe qui, armes levées et dents serrées, se préparait à repousser l'assaut. Je l'attrapai par l'épaule.
- Hé toi !
Il se tourna vers moi, surpris, puis eut un sourire amusé.
- Oui ?
- Qu'est-ce que tu voulais dire tout à l'heure ?
- Je crois pas que...
Il ne finit pas sa phrase et se figea, les yeux levés vers le haut de l'escalier. Il y eut un bruit aigu régulier qui fit s'immobiliser tout le monde et un silence de mort s'installa. Bientôt, nous aperçûmes un petit objet métallique tomber le long des marches, une par une. Il passa la barricade, slaloma entre les jambes des rebelles comme un robot télécommandé et finit sa course juste devant mes pieds comme s'il n'était pas destiné à s'arrêter autre part qu'ici. Je restai immobile, les yeux plissés et...
- C'est une bombe ! Hurla le garçon en face de moi.
J'écarquillai les yeux et redressai la tête. Des cris fusèrent et les gens se mirent à fuir en courant. Le garçon avec qui je discutais bondit au-dessus de l'objet et se jeta sur moi. Il me poussa quelques mètres plus loin et eut à peine le temps de mettre son corps devant le mien avant que la bombe n'explose. Il y eut une détonation suivie de nombreux hurlements et mon corps fut projeté dans les airs. J'atterris par terre plusieurs mètres plus loin. J'entendais au loin des cris et quelqu'un appelant mon nom. Mais je perdis connaissance, vrillée par une douleur sourde.
...
Hello ^^
Comment-allez vous ? 😘
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Du plan qui se déroule ?
De la fin (oui oui, ça ce passait trop bien) ?
Je suis également dans le regret de vous annoncer qu'on approche de la fin ( Et oui Jamie)😵😱. D'ici une dizaine de chapitres tout au plus je pense. Vous le vivez comment ? Moi je suis graaave pressée de vous faire lire ça 🤗😂
Bon, biz à vous, prenez-soin de vous et de vos proches 😍👍
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