Chapitre 30, ou comment essayer de ne pas tout faire foirer
Cette nuit-là, je rêvais d'Evan. Comme presque toutes les nuits. Quand ce n'était pas lui, c'était Aline. Les rêves prenaient de nombreuses formes, mais aboutissaient tous de la même manière : je tuais Evan et éclatais de rire en le regardant mourir à mes pieds. Mais cette nuit-là fut différente. J'étais dans la salle d'entraînement à l'étage des ors. Elle était déserte, sans une âme qui vive et les lumières étaient éteintes. Je ne me repérais que grâce aux leurs rougeâtres de secours. L'ambiance était lugubre, presque effrayante.
J'avançai au hasard, longeant les murs silencieusement. Puis je finis par débouler sur une grande étendue vide dont j'étais presque sûre qu'elle n'existait pas dans la vraie salle. J'avançai lentement au travers quand un projecteur s'alluma sur un cercle de lumière, illuminant un corps à terre. Je m'approchai encore et m'aperçus qu'il s'agissait d'Evan. Dans tous mes rêves, je le voyais avec son uniforme de soldat et en position de domination, narcissique et sûr de lui. Mais là, c'était tout le contraire. Il était vêtu seulement d'un caleçon et était agenouillé sur le sol. Ses mains étaient attachées par une corde dans son dos. Il avait des traces de blessures et de sang sur tout le corps et, quand il leva le visage vers moi, je m'aperçus qu'il pleurait.
Je m'arrêtai auprès de lui, ne sachant que faire. D'habitude, c'était simple. Je l'attaquais, nous nous battions et je finissais par le tuer. Mais il était dans un tel état ! Sans doute déjà mourant. Et puis il ne pouvait même pas se défendre. Ce combat n'aurait aucun sens.
- Qu'est-ce que tu fais là ? soupirai-je. Va mourir ailleurs que dans mes rêves.
- J'ai... j'ai besoin de toi.
Sa voix était faiblarde et tremblante. Jamais Evan n'aurait une telle voix dans la réalité, même aux portes de la mort. J'eus un léger rire sarcastique.
- Fallait peut-être y penser avant de tuer ma sœur, connard.
J'avais vraiment envie d'en terminer avec lui et de le tuer comme à chaque fois. Mais il me fallut encore quelques secondes pour réaliser que, au lieu d'être en colère comme je devrais l'être, j'avais pitié de lui. Il était dans un état lamentable et ma colère me semblait hors propos. Je me détournai, prête à trouver la sortie.
- Tu te trompes d'ennemis ! hurla-t-il.
Je me stoppai et me retournai. Sa voix s'était transformée en celle du garde dans la prison ce jour-là, qui m'avait dit les mêmes paroles. Je revins près de lui.
- Tu te trompes d'alliés, rétorquai-je.
- Tu ne sais pas tout, souffla-t-il à bout de force. Tu ne sais rien... Tu ne comprends rien... J'ai besoin de toi.
- Tu l'as tuée ! criai-je subitement. Tu l'as tuée ! C'est tout ce que j'ai besoin de savoir !
Il se pencha en deux en poussant un râle de douleur et renifla. Il resta quelques secondes ainsi, puis se redressa et me regarda de ses yeux bleus brillants.
- Aide-moi...
- Je vais t'aider.
Un pistolet apparut dans ma main. Je le levai, visai et tirai aussi sec. La balle alla se figer entre ses deux yeux et il s'écroula dans une mare de sang, inerte. Je me détournai et m'en allai. Ce ne fut qu'après avoir traversé la salle que je me rendis compte que je pleurais. Que je pleurais pour lui, pas pour Aline.
Je me réveillai en sursaut, le souffle court et les joues baignées de larmes. Je les essuyai rageusement. Evan ne méritait pas qu'on pleure pour son hypothétique mort. Surtout pas moi. Un coup d'œil autour de moi m'apprit que tout le monde dormait. Ce n'était pas l'heure, pas encore. Je me tournai dans mon lit mais n'arrivai pas à m'endormir. L'image de cet Evan vulnérable en cessait de me revenir en esprit. Je finis par me cogner la tête contre le mur et la douleur m'aida à sombrer dans le sommeil. À chacun ses somnifères, après tout.
Quand Millie vint me réveiller quelques heures plus tard, j'avais déjà oublié toute traces de mon rêve. Je rejoignai la pièce principale où se tenaient toute ma famille et quelques rebelles. Ma mère me sourit.
- On va nous emmener dans un endroit sécurisé dès maintenant. Ton père reste là. S... soit forte Cyanna. Reviens-nous.
Elle me serra longuement dans ses bras, puis Millie, Tiago et Alex firent de même. Johanna hésita une seconde. De toute évidence, elle ne m'avait pas encore pardonné. Elle se contenta de me fixer droit dans les yeux.
- N'oublie pas ta promesse.
Comme si je pouvais l'oublier ! Je la rassurai d'un regard et elle partit rejoindre notre famille. Mon père n'étant pas là, je devais supposer qu'ils s'étaient déjà dit au revoir. Les rebelles m'adressèrent un signe de tête, encadrèrent ma famille et les guidèrent à l'extérieur. Je les regardai partir, le cœur serré. Je priais pour qu'il ne leur arrive rien. Seul Horace resta dans la pièce, me fixant d'un regard sérieux.
- Tu es prête ?
- Plus que jamais.
Il acquiesça et me tendit un gilet par balle ainsi qu'une tenue grisâtre.
- Va t'habiller.
Je récupérai le tout et retournai m'enfermer dans ma chambre. Je refis difficilement le bandage autour de mon épaule blessée puis enfilai le gilet et enfin la tenue officielle des sodiums. Normalement, j'aurais dû aujourd'hui porter celle, brillante, des ors. Mais dans l'immédiat, il allait falloir que je me fonde dans la masse. Quand je revins dans la salle principale, une femme était aux côtés de Horace. Celui-ci désigna un petit sac que tenait l'autre.
- Nous avons élaboré au labo de nouvelles technologies dans le but de te camoufler. Emilia te...
- Au labo ? répétai-je.
Horace acquiesça.
- Nous avons des laboratoires secrets situés à l'étage juste au-dessus. Le gouvernement se sert des nouvelles technologies pour asservir le peuple et nous nous en servons pour lutter. Emilia, je te laisse faire.
La femme avança. Elle devait avoir la trentaine, avec des cheveux châtains et un visage doux. Elle me fit m'asseoir, puis sortis une texture étrange de son sac. Elle la déplia tout en m'expliquant :
- Ceci est une sorte de masque. Il modifiera tes traits le temps qu'il faudra, mais tu pourras l'enlever très facilement. Ne bouge pas.
Elle plaqua la chose contre mon visage. J'eus un sursaut quand le masque sembla aspirer l'air et se moula sur mes traits comme une seconde peau. Je portais la main à mon visage. La texture semblait aussi vraie que nature. La femme sourit, de toute évidence fière de son travail et sortit une perruque blonde de son sac. Elle me la mis, prenant soin de cacher mes cheveux sombres dessous. Puis elle se releva.
- Et voilà, tu es méconnaissable. Ah tiens, dernier détail.
Elle prit ma main droite et colla une petite poche sous mon index. Je fronçai les sourcils.
- C'est une poche de sang. Tu devrais pouvoir faire trois contrôles avec. Horace en aura de rechanges si jamais.
- À qui appartient ce sang ?
Elle pinça les lèvres, troublée par ma question. Elle hésita et Horace vint se placer à mes côtés.
- Aucune importance. Viens.
Je pinçai les lèvres et le suivi. Après tout, je n'étais pas certaine de vouloir savoir. Horace m'emmena jusqu'à un miroir où je tombai nez à nez avec une fille qui n'avait rien à voir avec moi. Le visage fin, délicat, des cheveux blonds de poupées et un air très soigné. Seuls mes yeux étaient reconnaissables et je craignais que la haine qui flambait dedans ne gâche tout mon déguisement. Je me tournai vers Horace.
- Maintenant et jusqu'à ordre du contraire, tu t'appelleras Amanda Fletcher, dit-il. Tu as dix-huit ans et tu as été classifiée chez les sodiums. Ça ira ?
J'acquiesçai. Ça devait bien aller. En tout cas, nous l'espérions tous. J'aperçus un regard échangé entre Horace et l'autre femme, troublé et hésitant. Je compris soudainement ce qu'ils craignaient : que je ne gâche tout. Ils avaient peur que je fasse un mauvais pas et que je ne mette en péril leur plan soigneusement étudié. Que je n'explose comme je le faisais bien trop souvent ces derniers temps. J'agrippai le bras d'Horace et cherchai son regard.
- Hé. Ça ira, OK ? J'ai compris ce qu'il fallait que je fasse. Je me contrôlerais.
Il hocha la tête sans cacher son soulagement. Nous nous dirigeâmes vers la porte de sortie et déboulâmes dans le couloir. Il était plein de gens en agitation, qui discutaient à voix haute, riaient tandis que des enfants couraient et jouaient. J'eus un léger sourire. C'était possiblement la seule journée de l'année où il y avait un semblant de bonne humeur ici. Et c'était aussi la journée où de nombreuses personnes allaient peut-être finir mortes ou en prison. Je repérai, parmi les passants, des membres des rebelles qui constituaient ma garde personnelle. S'ils faisaient semblant de s'activer à autre chose, ils gardaient soigneusement un œil sur nous et ne nous lâchaient pas d'une semelle. Horace m'agrippa par le bras et se mêla à la foule qui se pressait vers les ascenseurs. Chaque année, Millie, quelques-uns de mes frères et sœurs et moi montions par les escaliers, poussés par l'énergie positive de cette journée. Aujourd'hui, ça m'était impossible. La directrice et ses ministres n'étaient pas sans savoir à quel point je préférais les escaliers aux ascenseurs et il était presque sûr que, déguisement ou pas, je serais vite démasquée en passant par là.
En avançant lentement au même rythme que la foule, je me rendis compte du peu de gardes présents. Les rebelles avaient raison. Occupés comme ils devaient l'être à gérer la sécurité au septième étage, ils avaient presque déserté les étages inférieurs. Ce qui nous rendrait la vie un peu plus facile, à un certain niveau. Au bout d'un moment, nous atteignîmes enfin les ascenseurs. J'allai me faufiler avec Horace tout au fond contre un mur tandis que tout le monde se pressait à l'intèrieur. Un grand type au visage parcouru de taches de rousseurs se retrouva collé contre moi. Il posa une main sur mon épaule en regardant Horace.
- Tout est en train de se mettre en place. Il n'y a qu'une dizaine de gardes par étage, mais prendre le septième ne sera pas si facile.
- Papa ?!
J'avais reconnu sa voix. Puis je reconnus ses yeux, cachés derrière un visage qui n'était pas le sien. Camouflé, comme moi. Car presque autant recherché que moi, étant de ma famille. Il me pressa l'épaule en esquissant un sourire.
- Oui, c'est moi. Comment te sens-tu ?
- Quelque part entre l'envie de vomir, l'envie de mourir et l'envie de tuer tout le monde.
Il rigola doucement tandis que je restais de marbre. C'était la vérité. Et le pire était que l'un des trois allait sans doute arriver, voire peut-être même les trois avec un peu de malchance. Et l'expérience m'avait appris que je ne pouvais clairement pas me fier à une quelconque chance.
- Je suis sûre que ça va bien se passer, me rassura mon père.
- N'oublie pas la loi de Murphy, papa.
Mon père m'avait appris ça quand j'étais enfant. Je devais avoir sept ou huit ans et je tenais absolument à manger une pomme, une vraie pomme. J'étais allée au marché avec Alex et Leyla et j'avais organisé tout un plan d'attaque pour aller voler ce fruit du péché. Bien sûr, ça n'avait pas marché. Les plans complexes créés par des enfants affamés ne fonctionnent que rarement. Heureusement, mon père n'était pas loin et quand un garde m'avait agrippé par le bras prêt à me jeter en prison ou pourquoi pas m'éliminer directement, il était intervenu. Il avait négocié avec le garde et grâce à ses talents de persuasion (et peut-être aux quelques billets échangés) il avait réussi à me récupérer. Mes frères et sœurs étaient déjà partis en courant.
Mon père m'avait tiré jusque dans les escaliers, assez en colère. Là, il s'était arrêté sur une marche et s'était accroupi pour me regarder droit dans les yeux. Puis il m'avait dit des mots que je n'avais jamais oubliés.
« C'est ce qu'on appelle la loi de Murphy, Cyanna. Peu importe à quel point ton plan est préparé, s'il y a la moindre possibilité que ça tourne mal alors ça tournera mal. S'il n'y a ne serait-ce qu'une des façons de faire qui finit en catastrophe, tu trouveras toujours quelqu'un qui empruntera cette voie. »
Et en effet, mon plan avait mal tourné à cause d'Alex qui avait loupé le bon moment pour agir et avait tout gâché. Si mon père voulait sans doute à cette époque me faire comprendre qu'il fallait pallier à toutes les possibles catastrophes quand on prévoyait quelque chose, j'en avais retenu une tout autre morale : si je voulais que tout fonctionne bien, il valait mieux que je me débrouille seule. Le travail n'est jamais mieux fait que par soi-même.
- C'est vrai, sourit mon père avec un peu de désarroi. Mais il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit : ce n'est pas une loi physique et établie, mais bien une façon de voir les choses. Murphy était un éternel fataliste et ne voyait que les mauvaises conséquences des évènements. Parfois, les choses se passent bien.
Je fronçais les sourcils, perplexe. J'aurais presque pu le croire mais l'expérience de la pomme m'avait trop marquée. Dans un plan comportant seulement trois personnes, les risques que ça tourne mal étaient déjà énormes. Alors, comment penser qu'aujourd'hui, alors que notre réussite dépendait de tant de gens, tout irait bien ? Je n'y croyais pas. Et Murphy se retournerait dans sa tombe si nous osions penser le contraire. Horace, qui avait suivi notre discussion, eut un rictus.
- Murphy peut aller se faire voir, nous n'avons pas besoin de lui.
Sur ces belles paroles, l'ascenseur fut complet et les portes se refermèrent. Quelqu'un appuya sur le bouton du septième et la cabine s'éleva. Les conversations allaient de bon train et il était dur de savoir s'il s'agissait seulement de civils joyeux ou de rebelles faisant semblant pour tromper les caméras. Une chose est sûre : quand les portes se rouvrirent au septième, toutes les conversations cessèrent aussi net. Ici, le climat était bien loin de la fête.
Un bataillon de soldats accueillaient ceux qui sortaient de l'ascenseur. Ils arrêtaient chaque personne une à une et vérifiaient son identité puis la passaient au détecteur de métal. Ensuite, les civils rejoignaient une longue queue qui devait s'étendre jusque l'entrée de la salle de cérémonie. Il y avait des gardes partout où je pouvais poser les yeux. Les mains sur leurs fusils, les regards alertes et le dos droit, ils semblaient plus vifs que jamais. Ma respiration se fit difficile. Comment diable le plan allait-il pouvoir marcher ? Il y avait trop d'ennemis ici !
Je fus poussée par les deux hommes et fit la file pour quitter l'ascenseur. Je me retrouvai bientôt devant une garde, une femme à la peau pâle qui analysa mon visage d'un regard, avant de clamer :
- Déclination de l'identité !
- Amanda Fletcher, sodium.
Ma respiration se coupa tandis que je glissai mon index dans son appareil de vérification. Une lumière clignota, elle vérifia sur son écran puis me fit signe d'avancer. J'obéis docilement. Derrière, un autre garde me passa au détecteur de métal et j'eus la joie de découvrir que mon gilet par balle ne devait pas en contenir. On me fit signe de passer et je rejoignis la queue devant la salle. Nous étions encadrés par des gardes qui patrouillaient de long en large, prêts à agir au moindre geste d'agitation. J'étais nerveuse. J'avais beau avoir passé l'étape de l'identité, le plus dur restait à venir.
Je portai un ongle à ma bouche et le grignotai lentement. Mes yeux passaient sur chacun des gardes et, presque inconsciemment, je me mis à chercher Evan. J'éliminai les femmes, ceux à la carrure trop mince ou trop épaisse, ceux qui n'avaient pas la même mâchoire, ceux qui n'avaient pas les yeux bleus, ceux qui ne marchaient pas du même pas. J'en étais presque effrayée de tous ces détails que je savais sur lui et qui me permettaient de le reconnaitre entre mille gardes tous vêtus d'un uniforme identique. Je m'aperçus bientôt qu'il n'était pas là et j'en éprouvai un mélange de déception et de soulagement. S'il se trouvait là maintenant devant moi, j'étais incapable de prédire ma réaction. Sans doute lui sauter à la gorge, lui arracher son arme et la retourner contre lui. Puis je me ferais arrêter par les autres gardes, je serais jetée en prison et éliminée dans les jours suivants. Pas glorieux.
En même temps, je redoutais le moment où je me retrouverais face à lui. S'apercevant de mes tremblements, mon père m'attrapa par la main.
- Respire. Calme-toi, OK ? Il faut que tu sois concentrée. On a besoin de toi à cent pour cent.
Je hochai la tête en essayant de me reprendre. Oui, il fallait que je ne pense qu'à notre mission. À notre plan. Evan viendrait plus tard. Il fallait faire les choses dans leur ordre. Il serait la cerise sur le gâteau si je réussissais à réellement changer le système. Quelques minutes plus tard, les portes de la salle s'ouvrirent enfin. Les gens commencèrent à avancer à l'intérieur, avec un calme inquiétant pour une foule aussi nombreuse. Il faut dire que la présence de tous ces gardes ne devait pas y être pour rien.
Je me levai sur la pointe des pieds pour voir au-dessus des têtes vers l'intérieur de la salle. Les civils s'installaient en silence sur les bancs, encadrés par des gardes. Les premières rangées étaient déjà occupées par les nobles, qui bizarrement n'avaient pas eu à attendre avec les autres. À l'autre bout de la pièce se trouvait une petite estrade où étaient installés les membres du gouvernement. La directrice ne semblait pas encore présente.
Nous avançâmes lentement et, bientôt, nous arrivâmes à l'intérieur. La salle de cérémonie était presque aussi grande que celle de la classification, mais agencée bien différemment. Ici, il n'y avait que des rangées de bancs à travers toute la salle. Le plafond était magnifique, représentant un ciel étoilé et c'était d'ailleurs ce qui faisait tout son charme à cette salle. Des bougies étaient allumées un peu partout, donnant une ambiance très cérémonieuse. On nous fit signe d'aller nous asseoir sur l'avant-dernière rangée avec le reste des sodiums. Je suivis mon père qui se faufila entre deux bancs et nous nous assîmes au beau milieu d'un océan de gris. Horace se posa de l'autre côté.
Il se passa un long moment d'agitation ou chacun s'asseyait au milieu des siens, cherchait une place, discutait à voix basse avec son voisin. Pour ma part, je me fis discrète un moment puis, n'y tenant plus, me relevai pour regarder à nouveau au-dessus de la tête des gens. Mes yeux se portèrent aussitôt sur la première rangée où se trouvait une cinquantaine de personnes vêtues d'un uniforme doré. J'aperçus, à l'une des extrémités, Rob et Flore. Je poussai un soupir de soulagement. Ils semblaient aller bien. Ils étaient penchés l'un vers l'autre, discutant à voix basse en regardant régulièrement autour d'eux. Peut-être espéraient-ils me voir arriver, rayonnante dans une tenue dorée ? Hélas, ce n'était pas prévu. Enfin, pas comme ça.
J'aperçus non loin d'eux Frederik, le dos droit et les cheveux aplatis, les yeux rivés devant lui. J'espérais que, pour eux trois, tout se passerait bien. Ils ne méritaient pas de mal finir. Puis j'inspectais les membres du gouvernement. J'eus la joie de découvrir l'absence du ministre des Atomes. Peut-être que ce porc avait succombé à ses blessures ? Je me penchai vers mes compagnons.
- Pourquoi la directrice n'est pas encore là ? murmurai-je.
- Ils veulent la laisser exposée le moins possible, répondit Horace. Ils craignent une attaque directe sur sa personne.
- Ils n'ont pas si tort que ça...
- Et pas si raison non plus, rétorqua mon père.
J'acquiesçai. Je me rassis, légèrement anxieuse. Une dizaine de minutes plus tard, les gens étaient tous installés. Un regard autour de moi m'apprit que les derniers rangs étaient bien moins remplis que les années précédentes. Pour cause, une bonne partie de ces gens préparaient une révolution. Quelques instants après, Horace me tira le bras.
- Regarde.
Il pointa d'un geste du menton la porte d'entrée. Des gardes s'engouffraient et venaient entourer les civils. Tous semblaient alertes. Presque aussitôt, la porte de l'autre côté s'ouvrit et la directrice apparut. Elle grimpa sur l'estrade, entourée de soldats armés. Elle était vêtue d'une grande robe brillante recouverte de motifs d'étoiles, en col roulé et manches longues. Ses cheveux étaient relevés en un chignon délicat et elle était très élégante.
Mais mes yeux dévièrent presque automatiquement vers les gardes à ses côtés et... il était là. Je n'eus même pas à le chercher, comme si mon être entier savait le reconnaitre. Evan était à la droite de la directrice, les bras croisés dans le dos et non pas sur son arme comme la majorité des autres gardes. Il était dans son uniforme. Le même qu'il portait lorsqu'il nous avait tirés dessus. Il avait la même arme que celle qui avait tué ma sœur.
Un frisson d'horreur me parcourut et je me levai d'un bond, vibrante de colère. J'en oubliai le plan, notre mission, j'en oubliai où nous étions, combien de gens et de gardes étaient là, ce que je faisais ici. Plus rien d'autre ne comptait qu'Evan et la façon dont j'allais lui régler son compte. Je fis un pas dans sa direction et... je fus brusquement tirée en arrière. Je retombai sur le banc et mon père et Horace m'immobilisèrent en me tenant chacun un bras. Retournant brutalement à la réalité, je remarquai que de nombreuses personnes nous dévisageaient et que quelques gardes s'étaient approchés, prêts à régler tout problème de dissidence.
- Cyanna, bordel ! murmura Horace. Ne fous pas tout en l'air maintenant !
...
Bonjour bonjour 😘
Le jeu est lancé, toutes les pièces sont sur l'échiquier et l'affrontement peut commencer. Au programme : les gris contre les ors et un beau combat reine contre reine. Faîtes vos paris !
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 😅🤗
Du rêve de Cyanna ?
De l'affrontement imminent ?
J'espère que vous vous portez tous du mieux possible vous et vos proches.😍😘
Biz😘
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