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Chapitre 27 ou comment ressortir la tête de l'eau [Corrigé]

Les jours qui suivirent la mort d'Aline, je les passais comme absente de mon propre corps. J'avais l'impression de retourner dans la même aphasie qu'après mon viol, à la différence près que je savais que ça ne s'arrangerait pas aussi facilement. Mon corps et mon esprit pouvaient s'en remettre... Aline ne le pourrait plus. Et le monde pouvait être en train de brûler que ça n'aurait pas d'importance après ce qu'il c'était passé. En quatre jours, je ne prononçai plus un mot, ne croisai plus aucun regard. Je ne voulais plus voir personne, plus jamais.

Ma famille et moi étions cachées chez les Sodium. Selon les rumeurs, la garde entière était à notre recherche... à ma recherche. Nous avions été séparés et changions d'appartement tous les deux jours, restant chez des gens de confiance — selon Horace. J'imaginais que maintenant, j'étais devenue une rebelle officiellement recherchée. J'étais entrée dans la prison gouvernementale, avais attaqué des gardes, libéré des prisonnières et disparue de l'étage des Ors que je n'étais pas autorisée à quitter. Si la guerre avait bel et bien été déclenchée, il n'était pas dur de comprendre de quel côté j'étais.

Je ne supportais plus aucune présence. Les gens qui nous accueillaient étaient tous des rebelles convaincus et me voyaient comme leur nouvelle héroïne. Ils me regardaient comme leur messie, une des personnes les plus importantes de l'AND qui venait de donner un coup de couteau au cœur du gouvernement. Je ne le supportais pas. Dès que possible, je fuyais, quittais les appartements et me cachais aux endroits les plus improbables là où personne — ennemis ou amis — ne pourrait me retrouver. Je ne rentrais dans mon domicile actuel seulement quand mon corps m'en faisait sentir le besoin urgent.

Une semaine du s'écouler ainsi sans que je ne m'en aperçoive, aussi seule et coupée du monde que je l'étais. Je repensais beaucoup à ces derniers mois, à tout ce qui avait changé dans ma vie. J'étais passée de très pauvre à très riche, de très riche à très importante, et enfin de très importante à fugitive et ennemie numéro un. Ma vie n'avait plus aucun sens, je ne cessais de perdre des êtres qui m'étaient proches et cela me détruisait à petit feu.

— Cyanna ? m'appela une voix. Tu es là ?

Je ne répondis pas, prenant soudain conscience de mon environnement. J'étais dans une buanderie lugubre de l'étage des Sodium, cachée entre un mur et un chariot de linge. J'essayais de me rappeler depuis combien de temps je me trouvais ici, ou comment j'y étais arrivée, en vain. Je n'en avais pas la moindre idée. Et à vrai dire, cela m'importait peu. Je n'esquissais pas le moindre mouvement tandis que des bruits de pas approchaient.

— Cyanna ? L'une des nôtres t'a vue entrer ici, je sais que tu es là. Il faut que je te parle.

Et alors ? Les gens voulaient toujours parler. Ils voulaient discuter, soigner, arranger les choses, lancer des paroles vaines et creuses dans l'espoir de m'arracher un petit mot. J'étais lasse de les écouter. J'étais lasse de les entendre me dire que ça allait aller. Parce que non, ça n'irait pas. La silhouette se déplaça et dégagea le chariot de linge qui me cachait. Je ne bougeai pas, gardant les yeux fixés sur le plancher. Je savais qui était là et je ne voulais pas lui parler.

— Ta famille te cherche, reprit Horace. Tu les inquiètes, à disparaitre comme ça. Il faut que tu te reprennes, tu...

Un soupir m'échappa et, prenant grand soin de ne pas regarder l'homme, je me levai et le contournai. Il allait falloir que je trouve un nouvel endroit où disparaitre momentanément, jusqu'à ce que, comme d'habitude, Horace retrouve ma trace grâce à son réseau. J'esquissai un pas en direction de la sortie mais la main de l'homme m'arrêta.

— Le conseil veut te parler.

Je me figeai. Je sentis la poigne d'Horace se resserrer alors qu'il comprenait que, pour la première fois depuis des jours, quelque chose avait retenu mon attention. Je me retournai et, lentement, plantai mon regard dans le sien. Je battus plusieurs fois des paupières, perdue face à ses yeux pétillants et vifs au milieu de son visage déformé. Cela faisait des jours où je n'avais pas regardé quelqu'un ainsi. Lesseuls yeux dont je me rappelais étaient ceux d'Evan et d'Aline et je voulais tous les deux les oublier. Je frémis. Devant mon semblant d'intérêt, Horace continua :

— Tu sais que le conseil est à la tête de la résistance. Ses quatre membres changent tous les deux ans, ils sont choisis par vote à l'aveugle. J'en ai fait partis, autrefois... tout comme Meredith. Leur identité est le plus grand secret des rebelles. Il est très rare qu'ils prennent le risque de convoquer quelqu'un. Je pense qu'ils veulent te parler de stratégie. De guerre. De vengeance, Cyanna. La roue tourne. Le vent se lève. Bientôt, nous allons décapiter les rois et brûler leurs trônes. Nous allons redonner au peuple ses droits ancestraux.

Je roulai des yeux. Tout ce que je voyais là, c'était une autre manière de se servir de moi. Les rebelles allaient me demander à coup sûr d'aider leur révolution. Le voulais-je vraiment ? D'un côté, je n'avais plus envie de rien. Je voulais juste qu'on me fiche la paix à jamais. D'un autre côté, je n'étais pas insensible à cette idée de vengeance. Elle était la première depuis une semaine à me faire sentir ce petit picotement dans ma poitrine, à me faire sentir vivante. Sachant qu'il fallait agir tant qu'il tenait mon attention, Horace reprit :

— Écoute-moi bien. Personne ne t'oblige à rien. Tu ne te joindras à nous que si tu le veux. Mais laisse-moi te dire... tu as plus de raisons que quiconque de te battre à nos côtés. Ces gens, là-haut, dictent ta vie depuis ton premier souffle. Assis sur leurs coussins dorés, ils ont éliminé ton frère, fait crouler de fatigue ta mère, ont envoyé ton père vers une mort lente et douloureuse, ils ont tué un des tes frères puis une de tes sœurs. Ils ont fait passer ta meilleure amie pour une terroriste en essayant de la tuer, ils t'ont agressée, violée et humiliée. Tu n'as que des raisons de leur en vouloir. Et tu ne te rends pas compte... les gens seront prêts à te suivre ! Ils te connaissent tous. S'ils voient que tu es montée au plus haut et que tu n'y as vu que des ordures, ils nous suivront. Tu peux changer le monde, Cyanna. As-tu idée de combien de gens ont réellement ce pouvoir ?

Changer le monde... mais qui étais-je pour pouvoir affirmer avoir ce pouvoir ? Je n'étais qu'une fille née chez les Sodium, qui n'avait jamais vu plus loin que sa propre survie. Pourquoi aurais-je la moindre influence sur les autres ? Sur des rebelles ? Je n'avais jamais été une révolutionnaire convaincue, contrairement à bien d'autres. Je n'étais personne. J'aurais presque pu exprimer mes pensées à voix haute, si je n'étais pas si lasse. Je me dégageai d'un mouvement de bras de la poigne d'Horace et pris le chemin de la sortie. Je l'entendis soupirer.

— Si tu changes d'avis, lança-t-il, le conseil se réunit demain soir. Tu sais où me trouver.

Je poussai la porte, jetai un coup d'œil dans le couloir et pris une direction au hasard. Je rabattis la capuche de ma cape pour cacher mon visage. Oui, dans un élan qui devait être du masochisme, j'avais gardé cette veste. Bien que nettoyée du sang d'Aline et du mien, elle était un rappel constant de ce que j'avais fais à ma petite sœur, de ma part de responsabilité dans cette histoire. Je ne voulais pas l'oublier.

Regardant autour de moi, je me rappelai être au deuxième étage, chez les magnésiums. La famille qui nous abritait ces jours-ci moi, Millie et mon frère Alex vivait non loin de là. Pourtant, je n'avais aucune envie d'aller les retrouver. Je ne supportai plus ce silence qui s'installait dès que j'entrais dans une pièce, ce malaise que provoquait ma présence. Ma présence, ou l'absence de ma petite sœur. Néanmoins, me balader dans les couloirs n'était pas la meilleure solution. J'étais recherchée, de nombreux gardes patrouillaient dans les étages inférieurs en vérifiant l'identité des passants pour me trouver, quand ils ne pénétraient pas carrément chez les gens pour fouiller intégralement leur maison.

Si les gardes inspectaient l'appartement où nous nous trouvions, les conséquences en seraient dramatiques. Nos hôtes seraient éliminés sans scrupules, de même que ma famille. Quant à moi... non, ils mettaient trop d'énergie dans ces recherches pour simplement me tuer. Ils voulaient m'avoir vivante, sans doute pour servir d'exemple.

Alors que j'hésitais quant à l'endroit où aller, mon ventre gronda et je du me résoudre à rentrer. Je n'avais rien avalé de la journée et mes repas de la veille avaient été fugaces. Agacée par mon corps de mortelle, je gagnai le chemin de la maison de mes hôtes. Malgré mon état brumeux de ces derniers jours, mon sens de l'orientation ne pâtissait pas trop et j'arrivais toujours à aller là où je le voulais.

Je regagnai l'appartement, tapai les quatre coups règlementaires et la porte s'ouvrit. J'entrai. C'était Millie qui m'avait ouvert. Elle me regarda, longtemps, en silence, puis referma la porte derrière moi. Elle était vêtue d'un tablier informe et ses cheveux étaient relevés en un chignon rapide sur sa tête. Ses manches étaient retroussées, dévoilant des mains rouges et abimées. Elle passait son temps à laver du linge, aidant au maximum nos hôtes en leur rapportant de l'argent.

Je me détournai et me rendis jusqu'à la cuisine. Je glissai un sachet de nourriture synthétique au hasard dans le cuisinier, puis attendis. Sans un mot, Millie me rejoignit et se posta face à moi. Je ne la regardai même pas. Mes pupilles restaient fixées sur un pan du mur derrière elle, sur la fissure sombre qui descendait du plafond et se propageait lentement. Ce mur était abimé et, un jour, il finirait par s'effondrait. Était-ce le sort qui m'était réservé ?

Brusquement, Millie s'avança vers moi. Sans me laisser le temps de réagir, elle se colla contre moi et écrasa sa bouche sur la mienne. J'eus un hoquet de surprise et écarquillai les yeux. Profitant de ma stupéfaction, elle glissa ses mains derrière ma nuque et approfondit le baiser. Ses lèvres, bien que gercées et abimées, étaient douces et délicates. Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits, appuyer sur ses épaules et la repousser sans délicatesse.

— Mais bordel, c'était quoi ça !? m'exclamai-je.

Elle s'éloigna d'un pas, un sourire innocent sur le visage. Son attitude, légère et insouciante, plaidait que ce qu'elle venait de faire n'avait rien de choquant. J'en restai bouche bée.

— Tu as parlé, se réjouit-elle.

— Millie...

— Je savais que ça te ferait réagir.

Derrière son sourire, je voyais bien que le sujet était bien plus grave qu'elle ne le laissait paraitre. Je restai figée, réalisant peu à peu qu'elle avait raison : j'avais parlé. En une semaine, elle était la première à avoir réussi à me tirer quelques mots. Elle m'avait tiré de ma torpeur... mais à quel prix ? Elle m'avait embrassée. Ma Mille m'avait embrassée.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? balbutiai-je.

Millie secoua la tête, son sourire retombant aussi sec. Elle passa une main dans ses cheveux et, lentement, sans me regarder, elle secoua la tête.

— Qu'est-ce que tu peux être bête parfois, Cyanna... soupira-t-elle.

Je fronçai les sourcils sans bien comprendre où elle voulait en venir. Sous mon regard interrogateur, elle rougit, pinça les lèvres puis se lança à toute vitesse :

— Ça fait des années que je suis amoureuse de toi... et tu n'y as jamais vu que du feu. Pourtant, j'ai essayé, je te jure que j'ai essayé de te le dire, te le montrer, te le faire comprendre... mais rien n'y faisait. Enfin, je te rassure, ça commence à me passer à présent. C'est lassant, d'essayer d'atteindre l'inatteignable. Je voulais... juste voir ce que ça fait, juste une fois. Être sûre que j'étais bien passée à autre chose.

Je restai de marbre, mais, à l'intérieur, c'était le déluge. Millie, amoureuse de moi ? Ce n'était pas possible. Elle était ma meilleure amie depuis quoi, douze ans ? Je l'aurais su si c'était le cas. Je l'aurais forcément vu. Je lui adressai un regard troublé.

— Mais je... tu... tu es sortie avec plusieurs mecs.

Bêtement, c'était le seul argument à me venir à l'esprit, comme s'il représentait une preuve à lui seul. Elle m'adressa un regard désabusé et émit un rire sans joie.

— Est-ce que... est-ce que tu arrives à imaginer ce qu'il en coûte d'aimer une personne du même sexe dans un monde comme le nôtre ? Le but entier de notre société est de sauvegarder le genre humain... de nous reproduire. Pour les gens comme moi, c'est simplement impossible. Et tu sais ce qui arrive à ceux qui contredisent les objectifs de notre beau gouvernement ?

J'ouvris grand les yeux, stupéfaite. En quelques mots, Millie m'avait ouvert les yeux sur un problème que je n'avais jamais soupçonné, sur un pan entier de la population qui était maltraité par l'Etat sans que je ne le sache.

— Tu... enfin, vous...

— Mais bien sûr ! s'exclama-t-elle avec énergie. Ils nous éliminent sans scrupules, au moindre doute. Pour des gens qui n'ont en tête que la sauvegarde de notre civilisation, tu sais bien qu'ils tuent tous ceux qui sortent des normes qu'ils ont établis et qu'ils considèrent comme une vérité universelle. Ils veulent... Ils veulent recréer le genre humain en le perfectionnant, en éliminant tous les individus qui ne rentrent pas dans le moule.

Je clignai plusieurs fois des yeux, autant hébétée par ce que m'apprenait Millie que par son baiser. Voyant que je ne disais rien, elle embraya :

— Et je ne suis pas la seule ! Dans ce bâtiment, il y a des gens qui aiment les femmes, les hommes, les deux ou aucun, certains qui se sentent ni homme ni femme, ou appartenant au genre opposé du leur et... et c'est normal, bon sang ! C'est... c'est ça, l'humanité. Et si tu as l'air si surprise... c'est parce qu'on est obligés de se cacher, de réprimer qui on est. Tout ça, c'est considéré comme anormal et immoral et ça mérite... ça mérite un aller-simple à l'extérieur.

Je passai une main sur mon visage, perturbée. Oh, comment j'aurais aimé ne jamais quitter mon coin noir à l'écart du monde ! Je voulais rester loin de ces questions, loin de ces problèmes, loin des gens... et à la place, Millie faisait renaitre mon indignation et ma colère pour ce système merdique.

— Tu aurais pu me le dire... marmonnai-je.

Malgré tout ce qu'elle m'avait appris, son premier aveu ne cessait de revenir dans mon esprit. Millie, amoureuse de moi ? Pendant toutes ces années, ce que j'avais pris pour de l'amitié était en réalité bien plus que ça. Mais maintenant... que nous arriverait-il ? Arrivera-t-elle à ne rester que mon amie ?

— Quoi, que j'étais amoureuse de toi ou que j'aimais les femmes ?

— Les deux.

Elle haussa les épaules et s'assit sur la table juste derrière. Je l'imitai et m'assis en face, les bras croisés. Les yeux dans le vide, elle répondit :

— C'était trop dangereux de mettre qui que ce soit au courant de mon orientation sexuelle. En ce qui te concerne... J'ai essayé. J'ai vraiment essayé, Cyanna. Je t'ai fait des tas de signes. Mais toi, quand tu as quelque chose en tête... tu fonces, et rien d'autre ne compte. Parfois, j'étais à côté de toi et tu ne me voyais même pas... alors que moi, je ne pouvais pas détacher mon regard. Je t'en aurais bien parlé, mais... je n'ai jamais eu le courage.

— Pourquoi maintenant ? L'interrogeai-je doucement.

Ses yeux glissèrent sur ma bouche, avant de recroiser mon regard.

— Je savais que c'était une cause perdue, je l'ai toujours su. C'était assez clair que tu n'étais pas intéressée par les femmes... et encore moins par moi. Sinon, le moindre signe de ta part, je l'aurais vu, j'aurais sauté sur l'occasion. Alors j'ai attendu pendant des années, mais rien ne changeait. Et puis la classification est arrivée, on s'est éloignées et... ça m'a permis de remettre les pieds sur terre. Une fois que tu n'étais plus assez proche pour entretenir mes faux espoirs, j'ai réussis à oublier cet amour à sens unique. Mais là... ça fait une semaine que je te vois dépérir, tu te laisser mourir à petit feu, tu as arrêté de manger, de boire, de dormir, tu restes seule pour entretenir ta stupide culpabilité... je devais te faire revenir sur terre, tu comprends ? Et si c'était la seule manière de te faire réaliser que tu n'es pas seule, que des tas de gens sont là pour toi, et ont besoin de toi comme tu as besoin d'eux... je devais essayer.

Je soupirai. Pourquoi ma vie devait-elle être toujours si compliquée ? Je n'en voulais même pas à Millie, qu'avait-elle fait de mal à part m'aimer ? Comme d'habitude, j'étais la coupable de l'histoire. J'aurais dû porter plus d'attention à Millie, voir ce qu'elle ne disait pas, comprendre ce qui la faisait aller mal. Je me rendis compte que j'avais constamment vécu dans une bulle isolée du monde. Tout tournait toujours autour de ma petite personne, je n'en avais que pour moi-même. Et ces derniers temps... ma bulle était devenue une pièce de métal froide et insonorisée. Que s'était-il passé cette dernière semaine ? J'étais incapable de le dire. Et aujourd'hui, Millie avait tout simplement brisé les murs qui m'entouraient en donnant un bon coup de pied dedans. Elle posa la main sur mon épaule.

— Je... je te laisse réfléchir à tout ça. Si je t'ai raconté ça, ce n'est pas pour changer notre relation, tu sais ? Au contraire. Je veux simplement que tu réfléchisses à aller aider les rebelles. Tu... tu peux vraiment changer la donne, Cyanna. Pense à toutes les tragédies que ta famille a connues... et rappelle-toi que vous n'êtes pas les seuls. Il y a près de six-mille personnes dans ce bâtiment, des gens qui vivent leurs propres tragédies, qui sont tués, torturés et emprisonnés, qui sont réprimés, obligés de faire ce qu'ils ne veulent pas... d'être ce qu'ils ne sont pas. Ces gens sont exactement comme toi à la seule différence que... ils ne peuvent pas se libérer eux-mêmes de leur chaine.

Je croisai les bras et fermai les yeux, craignant la suite de la discussion. J'avais peur, peur qu'on me demande de sauver tout le monde, peur qu'on remette encore beaucoup trop de responsabilité sur mes frêles épaules. Je ne voulais pas l'entendre et, en même temps, ne pouvais pas arrêter d'écouter ce que disait Millie.

— Toi, Cyanna, tu peux les aider. Tu as la force dont ils ont besoin et tu... tu n'as pas le droit de les laisser tomber, merde ! Je sais que c'est dur, je sais que ça craint, que tu n'as rien demandé, mais tu n'as pas le choix, tu comprends ? Arrête de te concentrer sur ton propre malheur et regarde autour de toi. Des gens meurent tous les jours, ta sœur n'est pas un cas isolé. Et... si tu ne fais rien, si tu n'empêches pas d'autres enfants d'être tués comme elle, si tu n'empêches pas le gouvernement de torturer et d'éliminer la population au moindre écart... alors Aline est morte pour rien. Sa... sa mort n'aura servi à rien. C'est à toi de voir, Cyanna. Sois tu continues à te lamenter sur ton propre sort, soit tu te relèves et tu vas changer la donne. C'est ton choix.

Elle me lança un long regard rempli de conviction, d'espoir et d'amour, puis tourna les talons. Elle s'en alla, ses cheveux virevoltant derrière elle, me laissant bouche bée dans la cuisine. Pendant que mon amie parlait, j'avais eu l'impression d'un électrochoc. J'allai chercher mon repas, qui avait eu le temps de refroidir, et le mangeai lentement. Pour la première fois depuis des jours, je sentis les aliments que je mangeais, j'en savourai chaque gout comme si mon cerveau était à nouveau relié à mon palais. Je ressentais tout. Je ressentais tout différemment, comme si je voyais, sentais et entendais pour la première fois depuis longtemps. J'avais l'impression de me réveiller d'un rêve obscur et de retomber dans une réalité dont je ne voulais pas. Avec fébrilité, j'entendis à nouveau mon cœur battre dans ma poitrine, je sentis la douleur de mon épaule, la gène de mon bras en écharpe et la fatigue qui piquait mes yeux. Je pris conscience de mon environnement, de la maison dans laquelle j'habitais, des bruits de pas qui me parvenaient de l'extérieur, de l'ambiance lourde qui régnait dans tout le bâtiment.

J'étais en vie, oui. J'étais aussi libre que je pouvais l'être et je ne pouvais pas gâcher cette chance en me morfondant. Millie avait raison. J'avais perdu trop de temps depuis la mort d'Aline, croyant que me retirer du monde était ma seule solution. Mais ma petite sœur n'aurait jamais voulu ça, elle aurait voulu que je me relève, que je me batte pour ceux qui restent. Et bon dieu, je lui devais bien. Je devais bien à toutes les petites filles d'aujourd'hui et à toutes celles à venir une vie plus heureuse.

Une vie qui ferait passer le bien-être des individus avant celui du gouvernement. Une vie sans meurtres, sans attentats et sans manipulations diverses pour satisfaire une minorité supérieure. Toutes les enfants devraient pouvoir vivre une enfance heureuse auprès de parents présents pour eux, avec assez de nourriture, d'eau et de confort. Aucun ne méritait de mourir à sept ans. Je ne le permettrais plus.

Avalant mon repas en vitesse, je me levai d'un bond et fonçai vers la porte. J'en eux la tête qui tournait, n'ayant pas fais de mouvements aussi brusques depuis longtemps. Je rabattis ma capuche et sortis dans le couloir. Je devais trouver Horace. Maintenant

...

Bonjour à tous !

Comment-allez-vous  ? Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?🙂De l'état de Cyanna ? De Millie ?

Biz😘

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