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Chapitre 2, ou comment échapper à la garde [Corrigé]

Millie écarquilla les yeux, horrifiée. Si elle aimait fricoter un peu avec l'interdit, elle était terrorisée à l'idée de se faire attraper, ici, par la garde. Avec raison. Les gens s'affolèrent autour de nous, se poussant et se marchant dessus pour atteindre la sortie le plus vite. Mon cœur accéléra, à mi-chemin entre l'incompréhension et la peur et je me hissai sur le comptoir du bar pour y voir plus clair. A l'autre bout de la salle, une dizaine de soldats étaient en train de passer les portes, armes en main.

La garde était composée d'hommes et de femmes fermement équipés de casques, de fusils et d'uniformes noirs. Tous identiques, fidèles au protocole, fidèles au système. Ils saisirent les premiers malheureux devant eux, les mettant à genoux, une arme pointée devant le crâne. Une rafale fut tirée en l'air et je frémis du haut de mon perchoir. Ça n'allait pas se passer comme ça.

— Allez-vous faire foutre ! hurlai-je en brandissant le poing. Le cœur avant les atomes !

Tous les gardes se tournèrent en même temps vers moi, laissant une chance à ceux qui avaient été attrapés de s'enfuir. Près du bar, Millie poussa un hurlement de terreur en m'agrippant pour me faire descendre. Je restai un instant immobile, haletante. J'avais volontairement repris le slogan des terroristes, ce qui me valut une salve de mitraillette dans ma direction. Je me baissai pour les éviter et sautai d'un bond du comptoir. Mais, embarquée par l'assemblée en panique, je perdis Millie des yeux.

Il y eut une percée dans la foule et je me retrouvai face, non pas à mon amie, mais à un garde. Ses yeux bleus tombèrent droit sur moi et, presque aussitôt, le canon de son arme se leva dans ma direction. Son doigt glissa sur la gâchette mais il hésita une infime seconde, me fixant avec intensité. Si j'avais eu le temps, je me serais demandé pourquoi il n'avait pas tiré. Seulement, je ne perdis pas cette précieuse seconde et fondis à travers la foule, loin de son viseur. Je rattrapai Millie quelques pas plus loin et saisis son bras pour la tirer hors de là. Nous disparûmes au milieu de l'attroupement et, bientôt, franchîmes la sortie de la salle.

Dehors, l'ambiance était toute autre. Ceux qui venaient de fuir se dispersaient et partaient se cacher dans les appartements. Les passants, autour de nous, regardaient le spectacle avec un mélange de curiosité, de lassitude et de peur. J'entrainai Millie à travers quelques couloirs que j'aurais pu traverser les yeux fermés et finis par m'adosser contre un mur, essoufflée. Une bonne fois pour toute, l'adrénaline retomba en me laissant épuisée et souffrante de mes nombreuses blessures. À côté de moi, Millie était penchée en deux et, les mains sur les hanches, essayait de reprendre sa respiration. Elle plongea ses yeux dans les miens et secoua la tête en lâchant un sourire.

— T'es complètement folle ! murmura-t-elle d'un ton qui aurait pu être sévère si elle avait arrêté de sourire. T'as failli te faire tuer !

Je gloussai. L'euphorie de la fuite avait fait disparaitre sa terreur et elle rigola avec moi, l'air dépitée. J'haussai les épaules. Elle avait raison, j'aurais très bien pu me faire tuer. Ce soldat avait failli appuyer sur la détente. Et pourtant, son hésitation m'avait sauvé la vie. Pourquoi ? Les gardes n'étaient d'ordinaire ni cléments, ni hésitants. Ce n'était certainement pas pour mes beaux yeux : il savait que j'étais celle qui avait hurlé le slogan terroriste. Je soufflai et mis les interrogations de côté. J'étais vivante et c'était le plus important.

— Bon, soupira Millie en se redressant. Il faut vraiment que je retourne à cette fichue fête. Tu viens avec moi ?

— Pas moyen. Si on me voit là-haut alors que j'ai déjà des ennuis avec la garde, ça va mal finir.

— Arrête ! Ce sera pas la première fois, t'as jamais eu de problèmes avant.

Par le passé, j'étais montée de nombreuses fois à son étage et à d'autres où je n'avais pas le droit de me rendre. Depuis toute petite, j'étais incapable de tenir en place au même endroit. Mes escapades nocturnes n'avaient heureusement jamais été remarquées et c'est grâce à elles que je connaissais cet endroit comme ma poche.

— Oui, mais pas à deux jours de la Classification. Tu sais ce qu'ils font aux terroristes majeurs ? Avant, j'étais protégée par mon statut d'enfant. D'ici deux jours, je me retrouve à travailler à l'extérieur. À l'extérieur, Millie ! C'est vraiment ce que tu veux ?

— Non ! s'exclama-t-elle, horrifiée. Bien sûr que non. Mais tu n'es pas une terroriste.

Je ricanai légèrement. Elle avait toujours refusé de voir en face ma participation à leur mouvement, même quand elle en avait des preuves tangibles sous les yeux. Si la politique de l'autruche avait un visage, ce serait le joli minois de Millie. Je roulai des yeux.

— Non, j'suis pas une terroriste, c'est vrai. Je me contente de participer à des combats illégaux pour leur permettre de faire leur trafic, de voler des choses pour eux, de distribuer leur drogue et de crier leur slogan. Mais bien sûr, je ne suis pas comme eux.

Millie plaqua une main sur sa bouche et regarda autour d'elle d'un air affolé. Je la rassurai d'un coup d'œil. Ici, elle ne trouverait personne pour nous dénoncer. Ce mouvement de rébellion s'était formé il y a quelque temps déjà, dans les étages les plus défavorisés. La graine avait été plantée à mon étage mais elle s'était répandue un peu partout. Un climat de plaintes et de colère contre le système commençait à s'installer. Les langues se déliaient, les attroupements se faisaient plus secrets, les regards plus insistants. Et puis, un jour, les armes avaient pris la place des poings levés. Ils n'aimaient pas se dire terroristes, ils préféraient le terme de résistants. Ils disaient vouloir changer les choses et refaire le système.

Moi, ça m'avait toujours été égal. Une de mes plus grandes qualités était que je savais rester à ma place. Oui, les gens étaient défavorisés, et alors ? Oui, le système était injuste, et alors La vie était comme elle était. Point final. Moi, ce qui m'intéressait dans tout ça, c'était l'argent. Je voulais survivre et faire vivre ma famille. J'étais seulement là pour les petits trafics, des délits presque innocents. Ma connaissance du bâtiment, de ses nombreux raccourcis et passages secrets, mes contacts et mon courage, que certains s'évertuaient à appeler de l'insouciance, faisaient de moi la recrue parfaite.

— Ne parle pas comme ça ! persifla Millie. Si on t'entend, tu es vraiment foutue.

— Ok, ok. T'énerve pas. De toute façon, il faut que je rentre. Va à ta soirée, Millie, on sait toutes les deux que ma place n'est pas là-bas.

— Tu n'en sais rien, rétorqua-t-elle avec un petit air suffisant. Peut-être que ta place est exactement là et tu le sauras bientôt.

Je m'arrêtai un instant, figée à cette éventualité que j'avais fermement refusé d'envisager. Je n'avais pas tant envie de le savoir, après tout. Je secouai la tête avec conviction :

— Je suis un oiseau de la nuit, Millie. Ne l'oublie pas.

J'écrasai un baiser sur sa joue avant de filer dans les couloirs pour retourner chez moi. Il me fallut un long moment pour y arriver : notre lieu de vie était un immense labyrinthe. Je connaissais cet étage ainsi que plusieurs autres, mais de nombreuses choses m'échappaient encore. L'AND, ou l'Aire des Nouveaux Dieux -comme l'avait modestement appelé nos ancêtres- était tout ce qu'il restait du monde. De notre monde.

Suite à la chute des étoiles, qui n'étaient en réalité rien d'autre que des météorites meurtrières s'écrasant sur le sol, une portion infime de la population avait pu se réfugier ici. Le bâtiment, la plus impressionnante architecture jamais réalisée à l'époque de par sa taille et sa solidité, avait commencé à être construit des années avant la chute des étoiles et avait résisté à celle-ci. C'était devenu le dernier lieu de vie sur notre pauvre terre. L'air extérieur était contaminé. Il n'y avait plus d'animaux, plus de plantes, plus d'écosystème, plus d'hommes. L'AND était un monde à part. Nous avions des serres. Du bétail. De l'eau. De la vraie nourriture... pour les étages supérieurs, du moins. Et plus que tout, de la vie.

Le bâtiment était un long cylindre s'élevant vers le ciel à la conquête des étoiles. À son centre se trouvaient les lignées d'ascenseurs et, s'enroulant autour comme deux brins d'ADN, les escaliers. Les étages étaient circulaires autour de ces axes mais la construction était si grande qu'il était impossible de se rendre compte de cette ellipse. Aujourd'hui, plus personne n'empruntait les escaliers, à part quelques rares rebelles comme moi. L'air y était humide et oppressant et le sol était crasseux, recouvert d'une couche de poussière qui se soulevait à chacun de nos pas.

Je traversai une dizaine de couloirs grouillant de monde. Les gens ici se marchaient dessus, criaient, couraient et n'avaient peur ni de rire à gorge déployée ni de pleurer leur malheur devant leurs voisins. Il n'y avait bien qu'à l'étage le plus bas que la population avait aussi peu de retenue. Je me faufilai dans la foule en parcourant les nombreuses allées, toutes identiques, et finis par atteindre notre appartement. La porte était à moitié défoncée, malgré les nombreuses promesses de mon père clamant qu'il allait la réparer, mais les peintures dessus étaient encore visibles.

Un soleil maladroitement dessiné illuminait une prairie verdoyante, sur laquelle deux enfants couraient en se tenant la main. Le long du couloir, les portes étaient recouvertes de dessins similaires à celui-là. Si nous étions bien tous liés par quelque chose dans ce foutu bâtiment, c'était notre rêve commun de pouvoir un jour sentir le soleil sur notre peau et l'air frais dans nos cheveux. Cependant, sachant que cet air ferait mourir toutes nos cellules les unes après les autres, cela tenait plus du cauchemar que du rêve.

Je soupirai et insérai mon doigt dans la serrure. Une aiguille vint me prélever une goutte de sang et, une seconde plus tard, la porte s'ouvrit. Je pénétrai à l'intérieur du petit logement et refermai derrière moi d'un coup de pied.

— Cyanna ? C'est toi ?

J'avançai jusqu'à la pièce principale et souris à ma mère, occupée à étendre du linge. Elle était sans aucun doute la plus merveilleuse femme de cette foutue prison géante. Ses cheveux d'un noir de jais, si identiques aux miens, étaient bien plus longs et mieux coiffés. Avec ses grands yeux marron et ses lèvres fines, j'étais son portrait craché. Cependant, elle était constamment d'une pâleur et d'une maigreur alarmantes, ses os saillants sous sa peau. Elle avait sept enfants et était prête à tout pour eux, quitte à se priver trop souvent de nourriture et de sommeil.

Je lui déposai une bise sur chaque joue, puis récupérai dans ma poche l'argent et les sachets de nourriture donnés par Horace. Je les glissai dans la main de ma mère et lui refermai les doigts dessus. Elle hésita, plissa les yeux et, de l'autre main, caressa mon visage encore ensanglanté et les bleus qui s'y trouvaient. Elle secoua la tête.

— Non... Je ne veux pas de cet argent, Cyanna. Je ne peux pas continuer à... à te laisser faire ça.

— C'était mon dernier combat, maman. Dis-toi que si tu le refuses, je me serais fait exploser la mâchoire par cette grosse brute pour rien.

L'argument sembla efficace et, à contrecœur, elle fourra l'argent dans sa poche. Cependant, elle me rendit les sachets de nourriture transparents.

— Va mettre ça dans la cuisine et profites-en pour manger un morceau, d'accord ? Tu dois être en forme pour la Classification...

— Seulement si tu viens manger avec moi.

Je lui adressai un regard convaincant et elle acquiesça avec lassitude. Elle laissa tomber le linge qu'elle étendait et m'emboita le pas. Apparemment, j'avais eu raison de penser qu'elle n'avait rien mangé aujourd'hui. J'attrapai un sachet de poudre beige sur laquelle était inscrit « riz et poulet au gingembre », l'ouvris et le versai dans le Cuisineur. L'appareil blanc posé sur le plan de travail était le seul élément qui permettait d'appeler cet endroit notre cuisine. En haut de la machine se trouvait un bec en plastique ressemblant à un mixeur, relié à un cube métallique orné d'une porte. Les sachets de poudre passaient à l'intérieur et en ressortaient sous forme de nourriture synthétique. C'était immonde et chaque aliment laissait un gout amer de plastique dans la bouche, mais c'était notre seule nourriture. L'appareil émit un « ding ! » et j'ouvris la porte pour en sortir l'assiette de riz.

Je la posai sur la table et m'assis à côté de ma mère. En silence, nous partageâmes le plat, picorant dedans sans grande conviction. Elle comme moi étions trop épuisées pour ça. Je la dévisageai du coin de l'œil. Elle semblait encore plus fatiguée que d'habitude, des rides d'inquiétudes parcourant son front. Je pinçai les lèvres, sachant pertinemment à quoi elles étaient dues.

—Arrête de t'inquiéter pour moi, 'man. Ça va aller, je te promets, lui assénai-je en serrant sa main.

Mon air convaincant tomba à l'eau quand elle leva des yeux humides dans ma direction.

— Évidemment que je suis inquiète... la Classification m'a déjà fait perdre deux enfants... je ne sais pas ce que je ferais si... si tu devais partir comme eux.

— Jamie n'est pas parti, il est mort, maman. Il connaissait les risques à faire partie des terroristes, ajoutai-je puis, me rendant compte de mon ton sec, je repris doucement : il est... il est mort pour ses idéaux. Quant à Leyla, elle a toujours été égoïste et centrée sur elle-même. C'était prévisible qu'en arrivant chez les nobles, elle ne mettrait plus jamais les pieds ici. Mais je ne suis pas comme eux, d'accord ? Je me suis toujours battue pour cette famille et je ne vais pas arrêter après la Classification, peu importe ce qu'il arrive. Il faut que tu arrêtes de vivre dans le passé, je t'en prie. Tu dois être forte pour les enfants qu'il te reste.

Jamie était parti le premier, il y avait déjà quatre ans. C'était un garçon solitaire, renfermé sur lui-même, mais extrêmement protecteur et aimant envers sa famille. Il avait été exécuté un an après sa Classification. Maman était tombée en dépression, papa avait dû arrêter de travailler pour s'occuper d'elle et des enfants et je n'avais pas arrêté d'en vouloir à mon défunt frère de nous avoir abandonnés ainsi.

L'année suivante, Leyla avait été classifiée chez les nobles. Cela faisait deux ans et jamais elle ne nous avait envoyé d'argent, de nourriture ou d'eau fraiche. Jamais elle n'était venue voir comment nous nous en sortions ou même si nous étions encore vivants. Ce fut un deuxième coup dur pour toute la famille et particulièrement ma mère. Depuis ce temps-là, je les aidais en ramenant à la maison de quoi vivre et manger grâce à mes combats. Mes parents n'approuvaient pas, mais ils savaient qu'ils ne pouvaient se passer de cet argent.

— Je ... Je vais essayer, je te le promets. Mais tu vas t'en aller aussi et... les enfants... ils vivent dans une telle misère... j'aimerais pouvoir leur offrir une belle vie, meilleure que celle-là.

— Je sais, maman. Mais tout ce que tu peux leur offrir, c'est ta présence et ton amour. Donne leur-ça et je t'assure qu'ils s'en sortiront. Et puis regarde, je m'en suis plutôt bien sortie moi, non ?

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