Chapitre 15 ou comment se défouler un bon coup [corrigé]
Sur ces mots énigmatiques, il alla chercher son sac et enfiler ses propres chaussures. Il me fallut une seconde pour me rappeler que je devais me chausser, et encore une autre pour détacher mon regard de l'homme et le reporter sur mes pieds. Quand je me redressai, il était près de moi, une cape pourpre entre les mains.
— Enfile ça, si tu ne veux pas d'ennuis.
Qu'il me laisse m'habiller ainsi était déjà beaucoup, je comprenais qu'il ne veuille pas que je le montre aux yeux de tous. J'attachai la cape autour de moi sans protester, cachant ainsi chaque parcelle de mon corps, puis le rejoignit sur le pas de la porte. De l'autre côté nous attendaient mes deux gardes attitrés, qui se mirent à nous suivre aussitôt que nous avançâmes dans le couloir.
Evan et moi marchâmes un moment en silence dans un dédale de galeries. Au détour d'un couloir, il me prit par le coude en me jetant un coup d'œil.
— Concernant ce que nous allons faire, il faut que tu...
— Je sais, le coupai-je dans un souffle las. Je serai sage, je ne ferai aucune chose qu'une Or bien élevée ne ferait pas et je me comporterai exemplairement.
Il pouvait bien se taire, j'avais parfaitement compris ce qu'on attendait de moi. La preuve, je le faisais depuis une longue semaine. Mais, à ma grande surprise, l'homme à mes côtés émit un léger rire.
— Non, au contraire. Il faut... Il faut que tu te lâches, d'accord ? Que tu te défoules un bon coup, que tu t'accordes le droit d'être toi-même. Sinon, tu vas finir par exploser. Je me trompe ?
Bien sûr qu'il ne se trompait pas. Comme souvent, il avait raison à mon sujet. Après m'avoir vue ronger mon frein pendant sept jours, il m'offrait une opportunité de tout lâcher. Et je n'allais certainement pas la refuser.
— Il ne faudra pas me le demander deux fois, souris-je.
Evan me rendit mon sourire et s'arrêta devant une porte. A en croire les lumières, nous étions à nouveau dans le couloir principal. Il se tourna vers nos deux gardes et leur fit un signe de la main.
— Attendez ici. Nous en aurons pour un moment.
Ils hochèrent la tête et se placèrent de chaque côté de la porte. Apparemment, obéir à Evan faisait partie de leur job. L'homme me fit entrer et referma derrière nous. J'ignorais à quoi je m'attendais, mais certainement pas à ça. Nous étions dans une buanderie, à en croire les draps pendus dans toutes la salle et les nombreuses machines qui tournaient en silence. Je fronçai les sourcils :
— Qu'est-ce qu'on...
— Chut.
Il posa un doigt devant ses lèvres, avant de me faire signe de le suivre. Il slaloma entre les draps et les machines et arriva devant une autre porte à l'autre bout de la pièce. Il la poussa et entra dans une deuxième salle identique. Je lui emboitai le pas sans poser de questions. Ce ne fut qu'après traverser une troisième salle que nous ressortîmes dans le couloir. Je marquai un temps d'arrêt devant les lumières rougeâtre, avant de m'exclamer :
— On est dans le couloir de la garde !
— Exact. Et tu n'as pas le droit d'être ici, alors ne traîne pas trop.
Je le suivis, sautillant sur moi-même en constatant que le but de la manœuvre avait été de semer les gardes. Avec brio. Nous ne croisâmes pas âme qui vîmes sur notre chemin et, bientôt, Evan me fit passer une nouvelle porte. A sa manière de poser son sac et enlever sa veste, je compris que nous étions arrivés. L'un des murs gris de la pièce était remplie de casier en métal tandis qu'en face, de nombreuses armes à feu étaient accrochés au mur, accompagnées d'équipements de protection ressemblant à ceux des gardes. J'observais autour de moi avec une excitation grandissante, me demandant ce que me préparait Evan.
— Hé ! s'écria une voix derrière nous. Vous n'avez pas le droit d'être là, mademoiselle !
J'écarquillai les yeux en me retournant. Et merde, les ennuis commençaient ! Un homme se tenait derrière nous. Sa mâchoire carrée, sa barbe de quelques jours, ses cheveux bruns coupés très courts et son regard autoritaire me firent comprendre qu'il s'agissait d'un garde. Evan fit un pas entre lui et moi, l'air sûr de lui.
— Je crois bien que si, lança-t-il d'un ton neutre. Tu ferais bien une petite exception ?
— Aucune exception, répondit l'autre sur le même ton. La loi, c'est la loi.
— Toi, t'as été mal baisé aujourd'hui.
— T'es bien placé pour savoir qu'il vaut mieux être mal baisé que pas baisé du tout.
Je suivais le dialogue avec des yeux éberlués. Sous ma stupeur, Evan s'approcha de l'autre homme et échangea une accolade avec lui en éclatant de rire. Ce ne fut qu'à leurs regards complices que je compris qu'ils devaient être amis. Ma respiration se relâcha aussitôt. Les deux hommes partagèrent quelques mots que je n'entendis pas, puis semblèrent se rappeler ma présence et revinrent vers moi. Evan donna une tape dans le dos de l'autre.
— Voici Noah. C'est un bon ami et un petit emmerdeur de première.
— Et aussi son supérieur direct, ajouta l'intéressé en donnant un coup de poing dans l'épaule d'Evan.
Je ne put m'empêcher de rire. Je n'avais jamais eu l'occasion de voir Evan aussi détendu et à l'aise. Il semblait s'entendre parfaitement avec le nouveau venu, vers lequel je me tournais.
— Je suis...
— Je sais qui tu es, me coupa-t-il avec un sourire gentil. Ta réputation te précède.
— Sainte-mère de Dieu, râlai-je. Tout le monde est obligé de me connaitre à cause d'une simple soirée où j'ai dit un peu trop fort ce que tous pensent tout bas ?
Noah et Evan échangèrent un regard amusé. Face à leur taille imposante et leurs muscles épais, je me sentais minuscule. Noah secoua la tête.
— Non, ta réputation te précédait bien avant la classification. Une jeune sodium pas encore majeure qui a gagné près de trente combats, ça ne passe pas inaperçu.
J'échangeai un regard avec Evan et, dans ses yeux, je lus la même chose que je pensais : j'en avais perdu un, maintenant. Je n'avais pas oublié comment il m'avait mise si facilement à terre et j'en gardais un gout amer dans la bouche. Je me gardais bien de le dire à voix haute.
— J'ai même assisté à un de tes combats, continua Noah, il y a quelques semaines. Avec les potes de la garde et Evan. Je peux dire qu'on en a eu pour notre argent !
Je me sentis rosir légèrement. Ce genre de compliment était toujours agréable pour mon égo et j'en oubliais vite ma défaite face à Evan. Je me fendis d'un sourire satisfait.
— Merci, mais... vous faites partie de la garde. Vous êtes sensés arrêter ceux qui font des combats illégaux... non ?
— Si, sourit-il. Quand on est en service. Mais on a aussi le droit à un peu de temps libre.
Les deux hommes échangèrent un regard à ces mots et éclatèrent de rire. Je les regardai l'un après l'autre et en déduit qu'il s'agissait d'une blague privée. Evan finit par reprendre son sérieux et croisa les bras :
— On y va ?
— Yep, confirma son ami. Vu que ta copine est là, on se fait une bleue traditionnelle ?
Ils se tournèrent tous deux vers moi et m'examinèrent du regard tandis que je tiquai. Ta copine ? Et qu'est-ce que pouvait bien être une bleue traditionnelle ? Evan ne me lâchait pas des yeux, comme s'il cherchait à déceler en moi quelques capacités qu'il ignorait. Finalement, il secoua la tête.
— Non, on va faire une rouge.
— Une rouge ? T'en es sûr ? Si elle n'a jamais...
— Fais-moi confiance. À moins qu'elle n'ait trop peur, bien sûr.
Le regard d'Evan était toujours fixé sur moi, me mettant silencieusement au défi. Je n'avais aucune idée de ce dont ils parlaient mais je n'allais certainement pas me dégonfler devant eux. Ma fierté était en jeu. Je détachai ma cape et la laissai tomber par terre en roulant des épaules.
— Je n'ai peur de rien. Allons-y.
Evan eut un sourire satisfait, l'air de celui qui ne s'attendait à aucune autre réponse. Il m'adressa un clin d'œil et Noah, à ses côtés, se retourna en tapant dans ses mains.
— Parfait ! Les gars sont au vestiaire deux en train de se préparer. Je les rejoins.
En chantonnant un air qui m'était inconnu, il sortit de la pièce. Evan avança jusqu'à une grande armoire et me fit signe de le rejoindre. J'obéis aussitôt, curieuse. Il ouvrit les portes en métal puis me jeta un coup d'œil.
— On va aller dans une des salles d'entrainements de la garde. Depuis toujours, on utilise cette salle plus pour s'amuser que pour s'entraîner. Les civils n'ont en théorie pas le droit d'être là, mais tu peux être sûre que tous les jeunes de cet étage ont déjà fait un tour ici.
— Ok. C'est quoi une rouge ?
Il gloussa et sortit de l'armoire des protections en cuir et en mousse. Je reconnu un plastron et tout un équipement qui semblait s'attacher à l'entre-jambe. Evan me les tendit tout en expliquant :
— Il y a plusieurs niveaux d'entraînements. Le classique, le bleu, comporte de simples billes de peinture et un équipement complet. Le vert se fait avec des lasers, le jaune est interdit aux armes mais le rouge... le rouge est sans doute le moins amical. L'équipement n'est pas complet et comporte seulement quelques pièces de protection. Quant aux fusils que nous utilisons, ils lancent des billes électriques. Si tu te fais toucher, tu reçois un courant électrique sans danger... tant que ce n'est pas un endroit vital. Les protections servent à éviter ce genre de problèmes.
Tout en parlant, Evan commença à enfiler ses propres protections autour de sa poitrine, son cou et son entrejambe. J'essayais de l'imiter, l'excitation montant peu à peu en moi. J'avais hâte de lancer dans cette aventure. Tout en galérant à fermer la protection autour de mon ventre, je grimaçai :
— Ça me paraît bien léger pour stopper une décharge électrique.
— Ça ne la stoppe pas, sourit Evan en se glissant derrière moi. Ça l'atténue juste assez pour que ça ne devienne pas trop dangereux.
Voilà qui était rassurant. L'homme passa ses bras autour de moi et finit d'attacher mes protections avec des gestes agiles. Son souffle se répercutant dans mon cou me fit frissonner et je fermai les yeux, le cœur battant un peu trop fort. Je levai la main et la posai sur la sienne, au-dessus de mon épaule.
— Je suis désolée, lançai-je à mi-voix. Pour t'avoir attaché au lit et... le reste. Ce n'était peut-être pas la meilleure façon de faire.
Il s'immobilisa, sans doute aussi surpris que moi des mots qui venaient de franchir ma bouche. Mais je n'avais pas pu m'en empêcher. En le voyant faire des efforts pour que je me sente bien et que notre relation devienne un tant soit peu plus amicale, je ne cessais de repenser aux coups bas que je lui avais fait.
— C'est déjà oublié, finit-il par répondre d'une voix douce en terminant de fermer mes protections. Tu as déjà tiré avec une arme à feu ?
Je clignai plusieurs fois des yeux, prise de court par le changement de sujet. Il avait accepté mes excuses et ne semblait pas vouloir s'attarder dessus, ce qui m'allait parfaitement. Je secouai la tête en prenant en mains le fusil qu'il me tendait.
— Jamais. Tu sais que c'est interdit.
— Tu fais tellement de choses considérées comme interdites que ça ne m'aurait pas surpris.
Il ricana et je haussai simplement les épaules, l'air bien plus innocente que je ne l'étais vraiment. Se plaçant derrière moi, Evan me montra comment porter mon fusil, où mettre les mains et comment l'utiliser. Ce n'était pas sorcier finalement, il suffisait de regarder dans le viseur et appuyer sur la détente. Voyant Evan passer son arme autour de son cou, je fis de même et le suivis près de la porte marquée ENTREE.
— À quoi ça ressemble ? demandai-je en le voyant marquer un temps d'arrêt.
— Tu le verras bientôt. Tu te rendras vite compte que la première fois fait un sacré effet. Allez, vas-y en première. Rappelle-toi que tous les coups sont permis tant que personne n'est trop blessé.
J'hésitai une seconde à demander ce qu'il considérait comme « trop blessé » mais m'en empêchai. Je n'étais pas sûre de vouloir connaître la réponse. Après un énième instant d'hésitation, je saisis la poignée de la porte et la tirai vers moi. Alors que je m'apprêtai à m'engager dans le couloir sombre, Evan m'attrapa l'épaule. Je me retournai vers lui et eut un mouvement de recul devant son sourire carnassier
— Au fait, j'ai oublié de te dire quelque chose, lança-t-il d'un ton faussement léger qui n'inaugurait rien de bon. On appelle les parties rouges : « la chasse ». Tu sais pourquoi ? Il y a un seul gibier et de nombreux prédateurs. Alors cours, petit agneau. Les loups arrivent.
Il éclata de rire et mon cœur loupa un bond. J'allais devenir la proie d'une bande de gardes ? Alors soit. Sans prendre le temps de réfléchir, je détalai de l'autre côté du battant. Que le jeu commence. Je m'élançai le long du couloir, entourée par deux murs en bétons qui débouchèrent vite sur le reste de la salle. Je ne pus m'empêcher de marquer un temps d'arrêt. Les lieux étaient gigantesques et je n'en voyais qu'une partie de là où je me trouvais. À chaque endroit où se posaient mes yeux, je découvrais des endroits pour se cacher, tendre une embuscade, pour surprendre un ennemi ou pour s'enfuir. Il y avait de nombreux murs en béton, des cordes, des plateformes qui s'élevaient et s'abaissaient, des poutres en l'air assez larges pour marcher dessus, des étages entiers en hauteur, des tunnels, des blocs avec des prises d'escalade, des escaliers, des barres de métal et tant d'autres choses.
J'étais éberluée. La salle était plongée dans une lumière très sombre et ératique, créant une ambiance angoissante agrémentée d'une musique mélangeant roulements de tambours et basses profondes. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Cet endroit semblait en effet être le terrain de jeu idéal.
— Par-là ! s'écria la voix d'Evan derrière moi.
Je me retournai. Il fonçait vers moi, faisant signe à quelqu'un que je ne voyais pas de le suivre. Je pris aussitôt mes jambes à mon cou, m'apercevant que cet instant de contemplation m'avait couté de précieuses secondes. Je tournai sur la droite et m'enfonçai entre deux murs étroits, puis débouchai dans une pièce remplie de cordes suspendues aux poutres en hauteur. Sans réfléchir, je laissai mon fusil pendre à mon cou et agrippai une corde à deux mains, entreprenant de grimper. J'avais presque atteint le milieu de mon ascension quand des pas résonnèrent juste en dessous de moi. Je n'eus pas le temps de réagir qu'une détonation retentit, vite suivie d'une douleur terrible dans ma jambe. Mon corps entier subit l'impulsion électrique et je poussai un cri de douleur en lâchant la corde. Je m'écrasai par terre, le souffle court, et m'efforçai de reprendre ma respiration. Le courant électrique s'était déjà éteint. Je jetai un coup d'œil à ma jambe et en retirai la balle d'un coup sec pour l'observer de plus près. Elle ressemblait plutôt à un grapin, destiné à s'accrocher sur la peau sans pour autant s'enfoncer dans la chair.
Je lançai le bout de métal au loin et relevai la tête.
— Salut ! Tu dois être Cyanna.
Une fille blonde s'approcha de moi, un sourire angélique aux lèvres. Ses cheveux accrochés en un chignon serré, elle était aussi grande et baraquée que les autres gardes que j'avais pu rencontrer. Elle tenait son arme d'une main et me salua de l'autre comme si c'était le lieu idéal pour se rencontrer. Elle envoya balader mon propre fusil au loin en voyant que j'étais prête à sauter dessus et me regarda de haut.
— Désolée, beauté, mais je pensais que tu serais plus difficile à battre. Evie m'avait dit que tu étais une dure à cuire, pourtant.
Je secouai la tête et me relevai, encore sous le choc de la douleur qui m'avait traversée. La belle blonde, qui devait avoir une trentaine d'années, me sourit et me tendit la main.
— Je m'appelle Faustine. Je suis allée à un de tes combats, tu as un superbe crochet du droit.
Je lui souris légèrement mais le cœur n'y était pas. Déjà, elle m'avait tiré dessus, ensuite, elle avait piétiné mon égo, et enfin, elle avait appelé Evan « Evie ». Ce n'était jamais bon signe. Surtout qu'à côté de cette blonde plantureuse, je faisais pâle figure. Ignorant sa main tendue, je penchai la tête :
— Mon crochet du droit ? Celui-là ?
Je pivotai sur moi-même et lui décochai un coup de poing dans la mâchoire. Ça me fit un bien fou. La blonde poussa un cri de douleur et fit quelques pas en arrière, surprise. J'en profitai pour bondir sur mon arme, la récupérer et disparaître au pas de course dans un couloir adjacent. Derrière moi, j'entendis un cri :
— La garce ! Elle est partie vers le secteur quatre ! Chopez-la, les gars !
Je redoublai de vitesse. Plus j'avançai dans la salle en perdant tous mes repères, plus je me rendais compte de l'inégalité de la situation. J'étais seule en terrain inconnu contre des ennemis dont j'ignorais même le nombre, surentrainés et qui connaissaient cet endroit comme leur poche. Je n'avais aucune chance de gagner. Et c'était peut-être justement là le but : m'humilier royalement.
Dommage pour eux, j'étais bien décidée à ne pas me laisser faire. Je continuai un moment à slalomer entre les blocs de bétons avant de finalement m'arrêter dans un recoin, consciente que je courais droit dans les mailles d'un filet que je ne voyais pas. Il fallait que je sois plus intelligente que ça. Il fallait que j'arrive à me repérer... et à prendre de la hauteur.
J'avisais, un peu plus loin, des prises d'escalades sur un mur qui rejoignait les portes en bois qui semblaient quadriller la salle. C'était ma chance. Courbée en deux, je courrai jusqu'à la paroi et y grimpai le plus rapidement possible. J'étais une cible vivante, ainsi placardée sur le mur. Finalement, j'atteignis le haut sans encombre et grimpai sur une poutre à la force de mes bras.
Là, je pu enfin me poser et reprendre ma respiration. J'avançai à quatre pattes sur la poutre, observant les lieux en contrebas. Putain, cette salle était un labyrinthe géant. Même d'en haut, j'avais du mal à en voir l'intégralité. Mais au moins, d'ici, je pouvais observer certains de mes ennemis J'aperçus la blonde, Faustine, entrer dans un tunnel non loin de ma position. Je vis deux autres hommes, grimpant au mur à l'opposé de là où j'étais. Evan et Noah étaient introuvables. Il y avait donc un minimum de cinq adversaires en face de moi, peut-être plus.
Je m'aplatis sur la poutre et levai mon fusil. Il était temps de voir ce que je valais avec une arme entre les mains. Je fermai un œil et visai l'un des types grimpant le mur. La première balle alla se ficher dans la paroi juste à sa droite. Je tirai à nouveau sans perdre une seconde et le touchai dans le dos. Dans un cri, il tomba à terre. L'homme à ses côtés arrêta aussitôt son ascension et se laisse tomber au sol. Sa voix résonna jusqu'à moi :
— Elle est en hauteur ! Secteur quatre ou cinq !
Je le visai à son tour, mais il se mit à couvert bien avant que ma balle ne l'atteigne. Evidemment. Ces mecs faisaient tout de même partie de la garde. Je me relevai : maintenant que ma position était dévoilée, je devais bouger. Courant sur la poutre, je rejoignis une plateforme en hauteur, parcourue de murs en bétons. Au moment même où je m'aperçus qu'il s'agissait de l'endroit idéal pour se cacher, un éclat métallique brilla dans mon champ de vision.
Sans réfléchir, je me jetai à plein ventre sur la poutre. La balle siffla au-dessus de mon crâne mais ne m'atteignit pas. En relevant les yeux, je vis dépasser le canon d'une arme entre deux murs gris. J'écarquillai les yeux et roulai sur moi-même, évitant de juste une autre balle. Bon sang, j'allais me faire avoir si je restais ici. Je me laissai glisser le long de la poutre, m'y agrippant du bout des doigts, et contemplai le sol. Il devait bien y avoir deux mètres de vides, mais je n'avais pas le choix. Je lâchai ma prise et tombai, me réceptionnant d'une roulade sur le sol. Je me relevai aussitôt... mais pas assez vite. Quelque chose cogna entre mes omoplates et je reçus une nouvelle décharge.
Je tombai à terre, parcourue par la douleur. Mais cette fois-ci, l'adrénaline ne me laissa pas le temps de me ressaisir. À moitié aveuglée par la souffrance, je lançai une salve de tirs derrière moi, là où j'estimais être mon adversaire. J'entendis un cri et le bruit d'un corps tombant à terre. Touché.
Je me relevai en grimaçant et, boitant un peu, repartit en courant. Mon cœur cognait dans ma poitrine avec une vitesse folle, me rappelant la sensation que je retrouvais seulement au centre d'un ring de boxe. L'adrénaline m'avait toujours fait avancer. Je tournai à l'aveugle vers la droite, percevant des bruits de pas derrière moi. Quelqu'un était sur ma piste. Je débouchai dans une grande salle, dont l'unique sortie était le couloir opposé. Je m'y précipitais quand mon poursuivant s'écria :
— Elle arrive ! Elle est tout à toi !
Je m'arrêtai net. Et merde. Visiblement, je venais de tomber droit dans un traquenard. Je me retournai et levai mon fusil, prête à faire face à celui qui arrivait. Mais l'on fut plus rapide que moi. Avant que je ne puisse me retourner à nouveau, une balle me toucha dans le dos. Et alors même que je criais ma douleur, un deuxième projectile venant de l'autre côté m'atteignit dans le ventre. Je poussai un hurlement, les deux impulsions électriques parcourant mon corps entier et m'effondrai au sol.
Je me recroquevillai sur moi-même, tremblante, attendant que la douleur cesse. Bon dieu, ils m'avaient bien eue. Dès que je fus en mesure de recommencer à respirer, je relevai la tête. Noah se tenait devant moi, un sourire amusé sur les lèvres et son fusil pointé sur moi. Difficilement, je me redressai en position assise, juste à temps pour voir Evan arriver près de moi, les deux mains dans les poches en sifflotant d'un air satisfait.
Je poussai un long soupir et m'affalai contre le mur. Evan et Noah. Bien sûr qu'ils étaient ensemble. Ils m'avaient tendu un piège et j'étais tombée droit dedans.
— C'est vraiment pas juste, soufflai-je en enlevant les deux projectiles de ma chair.
— Peut-être, sourit Evan. Mais nos gars voulaient voir de quoi tu étais capable. Quoi de mieux qu'une chasse pour ça ?
Roulant des yeux, j'entrepris de me relever en me tenant au mur. J'étais encore meurtrie par les deux points d'impact dans ma chair. Les deux hommes me visèrent de leurs armes et je levai les mains en signe de reddition. Ils bouchaient les sorties et avaient envoyé mon fusil de l'autre côté de la pièce. Je ne pouvais pas faire grand-chose.
— Je dois dire qu'on est un peu déçus, lança Noah en s'approchant de moi. Tu n'as touché que deux d'entre nous, dont un par pur coup de chance.
— Hé ! protestai-je, vexée. Je te signale que c'est la première fois que j'utilise une arme. Et que j'entre dans cette foutue salle.
Les deux mecs échangèrent un regard et éclatèrent de rire, l'air de trouver mes arguments légers. J'étais piquée dans mon égo. Pire que ça, ils m'avaient mise en colère. Et ils allaient le regretter. Je relevai haut la tête.
— J'ai quelque chose à vous proposer. Quelque chose d'un peu plus juste.
...
Bonjour à tous !🤗😘
Comment ça va ?
J'espère que les fêtes ce sont bien passées chez vous ! 🤩🤩J'en profites pour vous souhaiter une belle nouvelle année, et le meilleur qu'il puisse arriver😉😍
Alors, qu'avez-vous pensé du chapitre ? Du petit "jeu" d'Evan ?
De Noah ? Faustine ?
Avez vous des idées de ce qui se prépare ?
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