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Chapitre 1

On dit qu'aux origines du monde, il n'y avait qu'un continent unique. L'anarchie y régnait, car des Dragons l'habitaient, se combattant nuit et jour. La lumière et les ténèbres les dirigeaient, deux forces qui s'opposaient sans cesse. La terre tremblait, les flammes léchaient le sol et détruisaient tout sur leur passage. Les ronces envahissaient les recoins, et la glace anéantissait toute nouvelle forme de vie. Seuls les Dragons Océans restaient neutres dans ce combat acharné, régnant sur leur élément. Pourtant, un jour, las de cette guerre incessante, les Océans auraient séparé les Dragons belliqueux, la lumière et l'obscurité, sur deux continents différents.

Mais c'était il y avait une éternité, dans un temps si lointain que même les plus anciens ne pouvaient s'en souvenir. Alors qu'elle brossait mes cheveux avant que je me glisse sous les draps, ma mère m'en contait pourtant les histoires. À l'époque, je ne savais pas si elle disait la vérité ou si elle les inventait pour que je m'endorme. Sa voix était le son le plus mélodieux qu'il m'ait été alors donné d'entendre.

Aujourd'hui encore, je me souviens de ses mots. Ils résonnent dans mon crâne comme une promesse. Autrefois, ce récit palpitant ne m'incitait aucunement à dormir. Des combats de Dragons, ça vous donnerait envie de dormir, à vous ? Ma mère savait me tenir en haleine avec ses contes qui semblaient ne pas vouloir finir. Elle avait aussi commencé l'histoire d'une jeune femme qui était tombée amoureuse d'un Dragon. Je me souviens encore de ma voix qui montait dans les aigus : « Mais Maman, les Dragons sont des bêtes cruelles et méchantes. Ce n'est pas possible ! » Elle avait souri, caressé mes cheveux et m'avait enjoint de m'endormir.


Le lendemain de ce jour, les Doyennes de l'Académie étaient venues à la maison. Elles frappèrent à la porte, et Maman les accueillit, sans paraître surprise de leur présence sur le seuil de sa demeure.

Nous habitions alors dans un coin reculé de Bourig Loch, le village le plus proche de l'Académie, comme si Maman ne voulait pas se mêler aux autres plus que nécessaire. Je n'avais pas cherché à comprendre. Ça ne m'ennuyait pas. J'avais le droit d'aller m'amuser avec les enfants du village.

Je m'étais tordu le cou pour voir par-delà son corps les deux femmes à l'allure austère. Elle ne se retourna pas pour me parler.

— Va jouer avec Ciarán, Sélène.

— Mais Maman...

— Ne discute pas !

Quittant ma position blottie sur le lit, j'en descendis pour rejoindre la porte. Je poussai ma mère avec le peu de force que je possédais et jetai un regard aux intruses qui me chassaient de ma propre maison. J'enfonçai les mains dans les poches de ma jupe qui traînait par terre. Les cailloux qui avaient le malheur de se trouver sur mon chemin, alors que je rejoignais le village, se prenaient des coups de pieds aussi distraits que rageurs.

Ciarán m'attendait sur le gros rocher, comme s'il savait que j'allais venir. Il en descendit lorsqu'il me vit approcher et me fit un sourire resplendissant. Celui-ci s'évanouit cependant bien vite en voyant la tête que je tirais. Je ne m'arrêtai pas de marcher, alors il vint se placer à mes côtés. Je sentais bien qu'il mourait d'envie de me demander ce qui n'allait pas, mais il restait silencieux.

Peu à peu, son mutisme et son agitation m'agacèrent. Parce qu'il n'osait pas poser la question. Parce que l'on enseignait aux hommes qu'ils n'avaient pas la même valeur que les femmes. Je n'étais pas dupe, je le savais bien. Les personnes les plus importantes de notre communauté, ces Guerrières, étaient des femmes. Des femmes qui se terraient à l'Académie et venaient dérober des petites filles à leur foyer, si elles avaient le malheur de leur taper dans l'œil. Et Ciarán rentrait dans leur jeu en attendant patiemment que je daigne lui parler en premier.

Soudain, je m'arrêtai, soulevant un nuage de poussière. Mon ami manqua de me percuter et se mit à tousser à cause du sable qu'il avait respiré. Les femmes de l'Académie. Elles étaient venues chez moi voir ma mère. Je jetai un coup d'œil à Ciarán et, à son expression, je compris qu'il avait capté dans mon regard l'inquiétude et l'incertitude. Ces émotions ne m'étaient pas familières, pourtant. Mais Ciarán les avait déjà vues. Il me connaissait depuis toujours.

— Ciarán ?

— Oui ?

— Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas besoin d'attendre que je te parle en premier.

Je lui donnai une tape derrière la tête, décoiffant encore un peu plus sa tignasse sombre. Il poussa une exclamation indignée, mais je courais déjà loin devant lui. Il me rejoignit, alors que j'avais atteint le ruisseau qui formait un petit bassin sous le couvert des arbres.

Les autres enfants n'y venaient que très rarement. Ils craignaient la forêt. On leur avait toujours enseigné que les Végétaux y régnaient et que si on les dérangeait, ils dévasteraient le village. On nous avait toujours appris cela. Ils étaient les grands méchants de nos histoires. Ciarán et moi avions toujours pris garde à ne croiser aucun Dragon, tandis que nous nous enfoncions sous le couvert des bois, et nous n'avions jamais rapporté le malheur sur nos maisons. Aucun mal ne nous était jamais arrivé, et nous pouvions rester sereins.

D'un mouvement habile et efficace, je me débarrassai de mon haut et de ma jupe pour bondir dans la petite cuvette, envoyant une gerbe d'eau tout autour.

— Sélène ! cria Ciarán qui, pourtant, était habitué à mes facéties.

Peut-être était-ce parce qu'il prenait de l'âge et que me voir ainsi en sous-vêtements le gênait. Plus le temps passait, moins je comprenais mon ami. Je lui envoyai de l'eau dans une grosse éclaboussure.

— Allez, ramène-toi ! Tu ne vas pas rester là à te dandiner, quand même ?!

— Tu vas voir toi... !

Comme je l'avais anticipé, il bondit à son tour dans la cuvette naturelle, et les remous qu'il souleva couvrirent mon visage. J'en profitai pour plonger vers le fond et jouer avec ses chevilles. Il se débattit comme un beau diable tout en prenant soin de ne pas me faire mal avec ses ruades.

Je remontai à la surface pour avaler une goulée d'air, repoussant la masse de mes cheveux blonds en arrière.

— Qu'est-ce qui t'arrive, Ciarán ? Tu n'es pas drôle, aujourd'hui, fis-je avec une moue boudeuse, m'éloignant de lui à reculons.

Il resta silencieux de longues secondes, alors je lui envoyai à nouveau de l'eau.

— Allez, dis-moi !

— Dans le village, on dit que les Doyennes sont parties voir ta mère.

— Umph, grommelai-je. Ne me dis pas que ça change quoi que ce soit ?!

— Tu vas devenir une Guerrière, Sélène.

Ce qui pouvait expliquer pourquoi, plus encore que d'habitude, il était renfermé et n'osait rien me dire, qu'il ne prenait même pas le risque de me frôler de peur de me faire du mal.

— C'est n'importe quoi ! Jamais de la vie je ne rejoindrai ces harpies ! Tu n'as pas vu comme elles sont guindées et pince-sans-rire ? Tu me vois comme ça ?

Je sortis de l'eau et pris la pose d'une des femmes devant la porte de la maison ce matin. Ma pitrerie eut au moins le mérite d'arracher un éclat de rire à Ciarán.

— Franchement, elles débloquent, ces vieilles chouettes, fis-je en m'assoyant sur la pierre glissante pour tremper mes jambes dans l'eau fraîche.

Ciarán fixait un point derrière mon épaule. Je savais qu'il n'y avait rien. Il ne voulait juste pas me regarder. Avec un soupir, je forçai mon corps à atteindre le fond de la cuvette. Je pouvais voir Ciarán en surface, remuant les ombres au-dessus de moi.

Il savait nager, mais n'aimait pas mettre la tête sous l'eau. Et surtout, il s'inquiétait quand je ne remontais pas assez vite. Je retenais juste bien plus longtemps mon souffle que lui. Là, au moins, le calme régnait. J'adorais Ciarán, mais, parfois, les traditions de notre peuple l'obsédaient trop.

Je laissai échapper quelques bulles d'entre mes lèvres pincées. Je ne voulais vraiment pas aller à l'Académie. Je ne voulais pas devenir comme toutes ces femmes inaccessibles, vivant dans leur bastion souterrain. Elles pensaient peut-être bénéficier d'une honorable destinée en recevant la charge de protéger notre peuple, mais moi, je ne voulais pas de ce genre de responsabilités.

Je ramenai mes genoux contre ma poitrine, les entourant de mes bras. Je voulais continuer à faire des bêtises avec Ciarán. Je voulais courir dans l'herbe et dessiner dans la poussière. Continuer à suivre les enseignements prodigués par les Anciens, même si la plupart m'ennuyaient, trop répétitifs. Je voulais rentrer toute crottée et laisser Maman démêler mes cheveux alors que je me décrassais dans notre bassine, après qu'elle m'avait grondée. Je voulais rester à écouter son histoire. Je ne connaissais même pas la fin. La jeune femme s'était-elle rendu compte qu'elle ne pouvait aimer un Dragon ? Ou s'était-elle enfoncée dans l'illusion ?

Une nouvelle flopée de bulles s'échappa d'entre mes lèvres, et je me laissai remonter paresseusement. Sur le bord de la cuvette, Ciarán me lança un regard courroucé et inquiet. J'arquai un sourcil.

— Quoi ?

— Tu es restée au fond plus longtemps que d'habitude.

Je haussai les épaules et sortis de l'eau. Cette fois, les prunelles de mon ami roulèrent le long de mon corps comme les gouttes sur ma peau. Je ne m'en formalisai pas. La nudité ne m'importunait pas, certainement pas face à Ciarán aux côtés de qui j'avais grandi. Ce n'était pas ma faute s'il était plus vieux et que son corps commençait à réagir bizarrement. Je finis par m'ébrouer comme un chien pour pouvoir renfiler mes vêtements sans trop les mouiller.

— Allez, viens, sinon ta mère va encore croire qu'on s'amuse à débusquer un Végétal, et je vais me faire attraper pour t'avoir entraînée dans mes bêtises.

Un sourire flotta sur mon visage, mais ne remonta pas vraiment jusqu'à mes yeux. Il m'emboîta le pas, alors que nous retournions au village. Quelque chose dans l'attitude des gens me poussa à me hâter vers la maison. Ciarán m'abandonna près du rocher plat. Les villageois ne s'aventuraient que rarement jusqu'ici. Ciarán m'avait dit un jour que c'était parce que ma mère leur faisait peur. Je lui avais ri au nez.

— Je suis sûr que tu seras la plus grandiose de toutes les Gardiennes, lâcha Ciarán en se détournant pour courir jusque chez lui.

Il disparut avant que je puisse lui répondre quoi que ce soit.


Je traînais les pieds en avançant. La porte était entrouverte, comme pour m'inviter à entrer. Je la repoussai du bout des orteils. Je me doutais qu'à l'intérieur, les deux harpies seraient encore là. Ma mère me montra un visage dur et sérieux ; le mien arborait une expression qui ne cachait rien de mon ressenti. Je ne voulais pas être là. J'aurais préféré m'enfoncer dans la forêt et ne plus jamais en ressortir. Je ne voulais pas rejoindre l'Académie. Malgré ce qu'avait dit Ciarán, je n'y avais pas ma place. Devenir une Gardienne n'était pas pour moi. Je ne voulais pas de ce poids sur mes épaules.

D'un regard, je compris les remontrances silencieuses de ma mère. Avec un soupir à peine perceptible, je retirai les mains de mes poches et collai un sourire tout ce qu'il y avait de plus faux sur mon visage. Je n'avais jamais été très douée pour jouer la comédie, et elle le savait. Je me hissai pour poser une fesse sur la chaise encore libre. Sans discrétion et avec insistance, je plaçai mes coudes sur la table et jetai un regard morne aux harpies, malgré mon sourire de façade.

— Sélène, tu as été choisie pour rejoindre l'Académie et suivre une formation pour devenir Gardienne, finit par dire la plus vieille.

Je ravalai mon envie de lui affirmer que ça ne se passerait que dans ses rêves. À la place, je me tournai vers ma mère. Elle n'avait pas l'air spécialement convaincue non plus, mais c'était parce que je la connaissais depuis toujours. Pour les deux inconnues, elle donnait superbement bien le change.

— Je ne veux pas y aller.

— Sélène... Tu n'as pas le choix, Chaton.

Mes mâchoires se serrèrent, dévastant mon sourire affable. On avait toujours le choix. C'était ce que les histoires de Maman m'avaient appris. Sauf quand les Dragons avaient subi le Cisaillement, mais ça, c'était autre chose. On avait toujours le choix. Pourquoi cette occasion dérogerait-elle à la règle ?

Je ne quittai pas ma mère des yeux. Il me fallait des réponses, elle le savait. Je n'avais peut-être pas le choix, mais je me débattrais jusqu'à ce qu'on m'enferme dans un dortoir miteux, si je n'avais pas de réponses. Les deux harpies semblèrent se rendre compte qu'un débat houleux se déroulait silencieusement entre nous deux.

Dans un raclement de chaise, elles se levèrent donc. Leurs doigts effleurèrent le bois de la table. Elles s'étaient déplacées dans un bel ensemble, une parfaite synchronisation. J'eus envie de vomir. Je ne voulais pas bouger comme ça, certainement pas.

— Aoife, nous comptons sur toi pour la convaincre. Elle doit être à l'Académie au plus tard demain matin, annonça la plus vieille.

Je n'avais pas entendu le moindre son sortir de la bouche de la plus jeune. Ma mère hocha la tête. Pendant que les deux Guerrières s'éclipsaient, je glissai de la table pour venir me blottir sur le lit, ramenant mes jambes contre moi.

— Je ne veux pas y aller, répétai-je.

— Je sais, Chaton, répondit-elle en s'assoyant à côté de moi pour passer un bras autour de mes épaules.

— Je ne veux pas devenir comme elles. Ce sont de vieilles harpies coincées et sans âme.

Ma réplique tira un petit rire à ma mère qui me força à plonger mes prunelles luisant d'interrogations dans son regard. Je haussai un sourcil, et elle repoussa une mèche blonde de mon front, prenant ensuite délicatement mon menton entre ses doigts.

— J'étais une de ces vieilles harpies, comme tu les appelles.

— Quoi ?! Non, c'est pas possible ! m'exclamai-je en me mettant à genoux sur le lit.

Je la détaillai des pieds à la tête, sans réussir à voir une Guerrière dans sa posture. Cela lui tira un nouveau rire.

— Bien sûr que si, fit-elle, en m'attirant contre elle pour poser mon visage dans son giron.

Je me tournai pour pouvoir la regarder.

— Alors, comment se fait-il que je ne sois pas déjà à l'Académie ? Toutes les filles de Guerrières grandissent là-bas pendant que leurs mères continuent de remplir leur devoir, non ? Pourtant, tu es là. Et moi aussi. Tu ne peux pas être une Guerrière, répondis-je, butée.

— J'ai décidé que je voulais t'élever moi-même. Je ne pouvais me résoudre à ce que ma fille demeure une inconnue.

Elle caressait mes cheveux d'un air distrait. Sur son visage se peignaient des souvenirs que je n'arrivais pas à déchiffrer. Finalement, elle baissa les yeux sur moi et me sourit avec tendresse.

— Il faut que tu y ailles, Sélène. C'est ton destin. Tu seras la plus grandiose d'entre toutes.

Je mordis ma lèvre inférieure. Je voulais encore lui dire que je ne voulais pas. Que je ne voulais pas la quitter. Que je ne voulais pas quitter Bourig Loch. Que je ne voulais pas grandir avec de parfaites étrangères. Encore moins des femmes que tout le monde détestait et qui voulaient me former à devenir comme elles. Mais je ravalai ces mots, tournant la tête pour frotter ma joue contre son vêtement. Ses paroles faisaient écho à celles de Ciarán dans mes pensées.

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