Cicatrices
Kaido fumait une cigarette pendant son travail. Cela faisait rager son patron qui trouvait que cela donnait une mauvaise image de l'entreprise mais il s'en moquait bien. Son supérieur n'oserait jamais rien dire contre lui, la différence de force physique était beaucoup trop importante. Kaido le savait, il lui suffisait d'une seule main pour balayer quiconque aurait le malheur de croiser sa route. Ce n'était pas pour rien qu'il était vigile et que ses employeurs étaient particulièrement satisfaits de lui, malgré des retours parfois mitigés. Les clients ne se plaignaient jamais, c'était tout ce qui comptait. On ne leur laissait pas vraiment le loisir de se plaindre pour dire la vérité.
« Tu devrais arrêter de fumer, c'est mauvais pour l'image de la boîte. »
On lui répétait cela à longueur de journée et Kaido n'en avait toujours absolument rien à faire. La dernière fois que son patron, Orochi de son petit nom, lui avait fait la remarque, le vigile s'était présenté dans son bureau, un cigare au bec et s'était installé sur un siège, posant ses pieds sur les dossiers en cours. Orochi avait voulu dire quelque chose, rouge de colère, mais son regard avait croisé celui de son employé et il était ensuite devenu blanc comme un linge.
« - Tu voulais me dire quelque chose, patron ?
- Non, rien du tout. Hum, tu peux t'en aller si tu veux. »
Quel lâche ! Il faisait le fier de loin, mais quand on le menaçait un peu, il devenait doux comme un agneau. Oh, la plupart du temps, Orochi parvenait à menacer ses employés en faisant pression sur leurs finances, voire sur leur famille, puisqu'il était réellement atroce. Cependant, il n'avait jamais réussi un tel coup d'éclat avec Kaido. Pourtant, le vigile possédait également une famille, mais il était bien trop fort pour que le patron ose prendre un tel risque. Ainsi, l'entente était scellée et l'entreprise n'avait pas d'ennui ou en tout cas, pas trop.
Tous les soirs, après le boulot, Kaido s'achetait une bière, puis rentrait chez lui. Quelques années auparavant, il avait un petit appartement miteux, mal entretenu, digne d'une bête sauvage. Faire le ménage, ce n'était pas son truc, il n'avait pas le temps et il ne venait là quasiment que pour dormir. Puis, il avait rencontré une grande dame, littéralement puisqu'elle faisait presque sa taille. Ce n'était pas souvent que Kaido pouvait s'adresser à des gens sans être obligé de baisser les yeux. Aussitôt, une forme d'alchimie opéra entre eux et ils décidèrent de vivre ensemble.
« Linlin Charlotte, salut ! »
Elle était grande et ne se laissait clairement pas marcher sur les pieds, ce qu'il appréciait particulièrement. Cette grande femme avait réussi sa vie, en étant PDG d'une grande entreprise produisant des bonbons. Elle gérait son affaire d'une main de maître et ne manquait pas d'argent. Kaido aurait aisément pu ne pas travailler mais il n'avait pas envie de se faire entretenir et conservait le même boulot. Simplement, il ne craignait pas qu'on menace sa femme. C'était plutôt elle qui menaçait les gens habituellement et cela le faisait bien rire.
Ils ne s'étaient jamais mariés. Bien sûr, on leur avait dit que ce serait plus facile pour les papiers, que s'ils avaient des enfants, ce serait mieux d'avoir le même nom, mais ils n'avaient rien voulu entendre. Leur relation fonctionnait ainsi, sans mariage. Une union les aurait probablement foutus en l'air, il le savait bien. Ils cohabitaient donc dans le palace de Linlin depuis de très nombreuses années, sans problème particulier. Tout allait bien dans leur vie, de leur point de vue.
Contre toute attente, ils avaient même eu des enfants ensemble. Linlin en voulait plein, Kaido n'en voulait pas trop, ils avaient donc dû trouver un compromis et s'arrêter sur le nombre de trois. Pour le père, c'était déjà beaucoup et la mère s'en contentait pour le moment. Leur fils ainé, Katakuri, était en CM2. C'était un garçon qui avait hérité du grand physique de ses parents et qui faisait preuve de beaucoup de pragmatisme pour son âge. Il était redoutablement intelligent et comprenait très vite les situations problématiques, trouvant des solutions rapidement. Il était très débrouillard et ses parents n'avaient aucun souci à se faire. Il irait certainement loin dans la vie.
Puis, ils avaient eu deux filles, toutes eux en CP. L'une était du début de l'année, l'autre de la fin. Brûlée était souriante et raisonnable, quoique n'hésitant pas à s'affirmer quand elle en avait besoin. Elle était plutôt grande pour son âge, pas autant que son frère, mais peut-être que cela changerait plus tard. Physiquement, Brûlée se rapprochait plutôt de sa mer pour le moment. Cependant, ce n'était pas le cas de la plus jeune, Pudding. Elle ne semblait avoir aucun lien dans ses traits, ni avec son père ni avec sa mère. Elle était terriblement mignonne et discrète, essayant de ne pas se faire remarquer. Sans doute se sentait-elle à l'étroit dans cette famille géante.
Tout ce petit monde évoluait dans une maison gigantesque, où il était possible de passer une journée ordinaire et de ne jamais se croiser. Kaido travaillait à des horaires souvent nocturnes et Linlin passait beaucoup de temps au bureau. Les enfants se retrouvaient régulièrement seuls, sans même une gouvernante pour les gérer ou leur faire à manger. Katakuri prenait alors en charge toute la fratrie et tout se passait toujours très bien sous sa surveillance.
Tout, sauf ce jour-là.
C'était un matin très tôt, alors que Linlin était partie au travail et que Kaido dormait encore. Il avait dû rentrer sur le matin et il ne se réveillerait pas avant l'après-midi. Les enfants étaient donc en train de s'occuper comme ils pouvaient. Katakuri avait commencé à préparer des donuts maison pour l'après-midi, car il adorait cuisiner, c'était son petit secret. Brûlée était en train de faire un grand dessin tandis que Pudding regardait un livre d'images. C'était une petite famille parfaite, il manquait simplement les parents. De toute façon, le trio avait l'habitude.
« - Qu'est-ce qu'on mange ce midi ? demanda Brûlée.
- En dessert, des donuts, répondit Katakuri. Après, je ne sais pas. Il y a plein de trucs dans le frigo. Tu as envie de quelque chose ?
- Hum, je ne sais pas. Si on peut éviter de refaire du hachis comme hier, c'était affreux. Puddiiiiing, tu as une envie particulière ?
- Hum... Je ne sais pas pourquoi, mais j'aurais bien envie d'un barbecue. »
L'idée mit un peu de temps à faire son chemin dans la tête de tout le monde. Ce n'était pas vraiment la saison des barbecues mais il faisait très beau. La famille possédait un appareil qui n'avait pas servi depuis l'été dernier et fonctionnait à l'ancienne. Katakuri alla vérifier le contenu du frigo et découvrit de la viande ainsi qu'un reste de pommes de terre et quelques tomates. Tout était parfait.
« Je crois que ce midi, nous allons bien manger ! » déclara-t-il.
Ses petites sœurs sautèrent de joie. Très rapidement, ils commencèrent à préparer le déjeuner. Katakuri s'occupa naturellement d'allumer le feu, étant le plus âgé, tandis que Brûlée et Pudding préparaient les aliments avec motivation. Cependant, Katakuri n'avait que dix ans et allumer le barbecue se révéla plutôt compliqué. Il se souvenait que son père utilisait un allume-feu mais ne parvenait pas à remettre la main dessus. Il coupa donc du petit bois dans le jardin et essaya de se débrouiller avec ce qu'il avait sous la main. Après tout, il avait toujours réussi à s'en sortir, cela ne devait pas être tellement plus compliqué que de cuire des pâtes ou de préparer des donuts. Katakuri voulait y arriver, pour faire plaisir à ses sœurs et leur offrir un bon repas.
« Allez, je peux le faire ! »
Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Même les enfants ne purent le raconter avec certitude. Toujours est-il que ce jour-là était venteux, très venteux. Des braises s'envolèrent de l'appareil et tombèrent juste à côté, dans la pelouse, non loin de là où se trouvait Brûlée. La demoiselle portait terriblement mal son nom. Voyant ce qui allait arriver, son grand frère voulut se précipiter à sa rencontre mais il heurta le barbecue et tomba au sol. L'appareil métallique lui tomba dessus et le reste ne fut plus qu'un cri de douleur abominable.
Par chance, des voisins entendirent ce tragique appel. Il s'agissait des parents de Vivi, une demoiselle de la classe de Brûlée et Pudding. Ses parents se nommaient Titi et Cobra, respectivement médecin et pharmacien. Un miracle ! Ils purent intervenir très vite et contactèrent les secours de toute urgence. Les enfants furent pris en charge par l'hôpital le plus proche et c'est là-bas que leurs parents les retrouvèrent. C'est d'ailleurs Titi qui les avait pris en charge.
« - Qu'est-ce qui s'est passé ? grommela Kaido.
- Un accident domestique avec un barbecue, expliqua posément Titi. Nous ne savons pas dans le détail comment les choses se sont passées, mais les enfants étaient seuls.
- Ils sont souvent seuls, ils ont l'habitude, lâcha Linlin, outrée. Mais où sont nos enfants ?
- La petite Pudding va bien, elle est simplement choquée. Nous l'avons examinée au cas où mais elle va très bien. Elle est dans la salle juste à côté, avec sa sœur... Brûlée. Hum, pour cette dernière, elle a une cicatrice sur le visage et aussi quelques brûlures. Rien de grave mais... Elle est marquée. »
Les parents ne dirent rien. Ils n'étaient pas les êtres les plus compatissants du monde, mais cela ne les empêchait pas de posséder un cœur, quoi qu'on en dise, et ils se sentaient responsables de ce qui était arrivée à leur fille. Au moins, ce n'était pas trop grave et sa petite sœur n'avait rien. Cependant, il était encore trop tôt pour soupirer de soulagement et se dire que ce n'était pas si grave que cela. Le couple attendait encore des réponses concernant leur fils unique.
« - Et Katakuri ? Il va bien ? s'enquit Linlin.
- Il a des brûlures aussi, avoua Titi. Il s'en remettra mais...
- Mais quoi ? s'impatienta Kaido. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Quelque chose a dû tomber sur son visage, un bout du barbecue j'imagine. Nous avons eu peur mais par chance, aucune partie vitale n'a été touchée. Cependant, il... Son visage a subi de lourds dégâts. »
La vérité, c'est que Katakuri était défiguré maintenant. De chaque côté de sa bouche, il avait une cicatrice, donnant l'impression qu'il avait une mâchoire de requin. Cet enfant dont le couple était si fier n'était plus beau désormais, c'était un monstre. Un monstre qui avait fait tout ce qu'il pouvait pour sauver ses petites sœurs. Ses parents savaient bien qu'ils étaient les seuls à blâmer mais ne purent lui demander pardon. Ils se contentèrent de le traiter normalement et de reprendre leur vie, comme si rien n'avait changé. Cependant, ce n'était hélas pas possible.
Brûlée et Pudding retournèrent rapidement à l'école après l'incident, mais pas Katakuri. Il craignait terriblement le regard des autres, surtout qu'il n'arrivait même pas à se regarder lui-même dans une glace sans être horrifiée. Pourrait-il un jour seulement retourner à l'école ? Il n'y croyait pas. Ses parents ne savaient même pas quoi dire pour l'aider. Kaido et Linlin préféraient fermer les yeux, ne faire aucune différence. Eux, cela ne les gênait pas de voir la cicatrice, ils avaient déjà vu pire. En quelque sorte, c'était réconfortant de ne pas être rejeté par ses parents, mais cela ne lui suffisait pas.
« Il va falloir que tu fasses un effort, même si ça te coûte. C'est important pour toi. »
Scarlet, le maîtresse de Katakuri, avait fini par appeler le garçon, pour prendre de ses nouvelles et lui demander s'il voulait bien revenir à l'école. Elle n'avait pas insisté, comprenant que c'était difficile, mais lui expliquant qu'attendre ne rendrait sans doute pas la reprise plus simple. Scarlet lui avait dit qu'il pouvait prendre le temps dont il avait besoin et que ses camarades l'attendaient avec impatience. Cela laissa le garçon seul avec lui-même ne sachant plus trop quoi faire. Ses parents ne le forcèrent pas et attendirent simplement sa réponse, qui mit plusieurs heures à arriver après cet appel.
« Je crois que... Je vais y retourner. »
Chaque mot lui coûtait. Pourtant, il savait qu'il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas rester enfermé toute sa vie, sans que quiconque ne voit son visage, mis à part ses parents et ses sœurs. L'idée de retrouve ses camarades de classe l'enchantait autant qu'elle le terrifiait. C'était la première fois de sa vie qu'il se souciait du regard des autres et ce n'était pas agréable. Il avait peur, peur d'être rejeté, même s'il ne l'admettait pas. De toute façon, c'était trop tard pour revenir en arrière. Maintenant, il devait affronter l'école, plus question de faire demi-tour.
Pour s'aider, le garçon avait décidé de porter une écharpe. Le temps était froid, ce qui l'arrangeait plutôt bien. Personne ne serait étonné de le voir porter un tel accessoire et c'était tout ce dont il avait besoin. Sa sœur Brûlée avait bien réussi à retourner en classe avec sa cicatrice, il pouvait aussi y arriver avec la sienne. Parler était encore difficile, mais il y arrivait quand même à peu près, assez pour tenir une conversation et répondre aux questions.
« Bienvenu, Katakuri ! »
La maîtresse avait fait tout ce qu'elle pouvait pour préparer son arrivée. Déjà, elle avait demandé aux autres enfants de ne pas trop lui poser de questions sur l'accident, du moins, pas tout de suite, et de ne pas le forcer à répondre s'il ne le souhaitait pas. Ensuite, Scarlet avait essayé de faire en sorte que la reprise du garçon se passe normalement, comme s'il n'était jamais parti de l'école. Le début de la matinée se passa d'ailleurs très bien, même si Katakuri avait terriblement chaud avec son écharpe dans la salle de classe. Peu importe, ce vêtement le rassurait beaucoup trop pour qu'il ose l'enlever. Tout se passa bien, jusqu'à la récréation en tout cas.
Lorsque la cloche sonna, Katakuri sortit rapidement dehors pour prendre l'air. Il n'en pouvait vraiment plus mais ne pouvait se permettre d'enlever son écharpe non plus. Au moins, personne n'avait encore vu ses cicatrices. Il s'installa en solitaire dans un coin de la cour et resta là un moment. Seulement, le vent facétieux se mit à souffler et avant qu'il ne puisse faire quoique ce soit, son écharpe s'était envolée. Il courut pour la récupérer mais c'était trop tard. Des élèves l'avaient vu. Qui ? Une classe de CM1 qu'il ne connaissait pas bien et dont il ne se souvenait pas des noms. En revanche, il ne put oublier aucun des commentaires qu'on lui lança.
« - Eh, c'est quoi ça ? C'est un sourire horrible !
- Quelle horreur, j'aimerais vraiment pas être à ta place.
- Tu es moche pour toujours maintenant, ça doit être hyper dur !
- Pire. Tu es un monstre de film d'horreur maintenant ! »
Un monstre. C'était ce que les autres voyaient désormais. Katakuri avait assez de fierté pour ne pas pleurer mais son cœur était en miettes et il alla se cacher dans un coin de la cour. La cloche sonna et c'est avec beaucoup de difficulté qu'il retourna en classe. Scarlet savait que quelque chose n'allait pas, elle le sentait, mais le garçon refusait de s'ouvrir à elle. La maîtresse le laissa tranquille mais se promit d'avoir une discussion avec ses parents dès que possible. La situation ne pouvait pas continuer à s'envenimer ainsi, c'était juste impossible.
Quand arriva l'heure du déjeuner, Katakuri n'alla pas à la cantine. Il avait faim mais ne voulait pas que les autres voient son visage. Il s'installa juste derrière un arbre et resta là, seul, à écouter son estomac gronder. Les paroles stupides de tout à l'heure tournaient encore dans sa tête, des mots qu'il craignait et qui avaient pris vie maintenant. Le garçon ne put retenir une larme qui roula le long de ses joues. Pourquoi est-ce que cela lui arrivait ? C'était tellement injuste.
« Eh, est-ce que ça va ? »
Il sursauta, ne s'attendant pas à ce que quelqu'un vienne le voir. Katakuri reprit contenance et replaça son écharpe avant de regarder qui osait le déranger. Avec surprise, il constata que c'était nulle autre que Reiju, une fille de sa classe qu'il trouvait jolie. Qu'est-ce qu'elle venait faire là ? Est-ce que son but, c'était aussi de voir son horrible visage et de se moquer, comme les autres ?
« - Laisse-moi s'il te plait...
- Non. Tu dois avoir faim. Tiens, c'est pas grand-chose, mais je t'ai ramené une pomme et un bout de pain. Ah et j'ai une gourde d'eau aussi. Tiens.
- Oh... C'est vraiment très gentil, merci.
- Je t'en prie, c'est normal ! Dis-moi, est-ce que tu ne veux pas venir à la cantine parce que tu as peur qu'on voie tes cicatrices ? demanda-t-elle, attendant une réponse qui ne venait pas. Tu sais, on a vu celle de ta sœur, tu n'as pas à t'inquiéter. »
Sa voix était si gentille, si pleine de bonnes intentions, mais cela l'énerva. Sa cicatrice n'était pas du tout comme celle de sa sœur, cela n'avait rien à voir ! De rage, Katakuri se planta devant Reiju et retira d'un coup sec son écharpe, afin qu'elle voie à quel point il avait l'air d'un monstre. Les yeux de la demoiselle s'écarquillèrent et le garçon attendit qu'elle prenne peur.
« - Oh...
- Tu peux le dire... Je suis un monstre maintenant.
- Non, ce n'est pas ça. C'est juste que tu as dû avoir tellement mal. »
Abasourdi, Katakuri en oublia de remettre son écharpe. Pourquoi pensait-elle en premier à la douleur et non pas à son aspect ? D'où venait cette empathie de la demoiselle ? Le garçon se rassit violemment, perdu dans ses émotions et Reiju s'installa naturellement à côté de lui. Alors, il se mit à lui raconter ce dont il se souvenait de l'incident et à se livrer comme jamais il ne s'était livré à quiconque. Loin de s'ennuyer, la fille l'écouta attentivement et quand il eut fini, Katakuri se sentit littéralement libéré d'un poids terrible sur son cœur. Ses cicatrices lui faisaient mal d'avoir trop parlé.
« - Oh, je comprends mieux, opina-t-elle.
- Merci de... Tu n'étais pas obligée de... Merci...
- Je t'en prie. Tu sais, les CM1 dont tu parlais, ils ne devaient vraiment pas être bien malins. Je suis persuadée que c'est la bande de Sterry. Ils sont tous bêtes.
- Sans doute...
- Est-ce que tu veux bien venir manger maintenant ?
- Non, pas... pas cette fois, je... Je vais m'arranger avec ce que tu m'as donné. Merci.
- Ce n'est rien. Tu sais, je trouve que tu as été vraiment courageux.
- Ah oui ? Comment ça ?
- Eh bien, tu as protégé tes deux sœurs. Moi, ce ne sont pas mes frères qui feraient ça pour moi... Et sans doute pas moi pour eux, je ne sais pas trop ce que je pourrais faire.
- Je suis certain que tu es douée toi aussi.
- Tu es gentil... Mais toi, tu es un véritable héros. »
En disant cela, elle l'embrassa sur la joue, avec une sincérité enfantine. Katakuri remit rapidement son écharpe pour ne pas trop montrer à quel point il rougissait. Reiju lui promit que ce serait leur secret à tous les deux et pour la première fois depuis l'accident, le garçon sourit.
La vie fut beaucoup plus douce par la suite. Grâce à l'aide inespérée de la fille Vinsmoke, Katakuri put s'adapter plus facilement à sa vie avec sa cicatrice. Petit à petit, il finit même par ne plus porter son écharpe et retourna manger avec les autres. La maîtresse Scarlet était ravie de voir cette évolution et quand elle en comprit la cause, cela la ravit encore plus. Les parents de Katakuri et ses sœurs voyaient que le garçon allait de mieux en mieux, ce qui leur plaisait bien.
Petit à petit, Katakuri et Reiju devinrent inséparables. C'était le nouveau duo de la cour de récréation et personne ne comprenait ce rapprochement subit. Les frères de Reiju s'en étonnèrent beaucoup et demandèrent à leur sœur pourquoi elle traînait toujours avec ce type grand et au visage déformé. Ichiji, Niji et Yonji n'étaient pas les enfants les plus tendres du monde.
« Il est cool, c'est tout. »
Cette réponse devait leur suffire, parce que c'était la seule que Reiju avait. Elle adorait passer du temps avec Katakuri qu'elle avait toujours observé discrètement avant, sans oser l'approcher. Leur amitié était aussi belle qu'inattendue. Jusqu'où irait-elle ? Personne ne le savait, mais les deux enfants s'aidaient mutuellement. Katakuri vivait beaucoup mieux son handicap et avec lui, Reiju oubliait son quotidien morne dans sa famille où elle était trop souvent oubliée. Oui, c'était vraiment un duo fait pour se rencontrer.
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