VII.
« Ce soir, ne prends pas tes médicaments.
F. »
C'était un mot de Félix...
Je déposai le papier sur la table, avant d'aller m'installer dans mon lit. Je tentais de me concentrer sur le livre que j'avais pris, mais Félix occupait toutes mes pensées. Pourquoi voulait-il que je ne prenne pas mes cachets ? Quelle idée avait-il derrière la tête ? L'heure de la visite approchait, et je sentais ma gorge se nouer.
Je passai le reste de la journée à relire plusieurs fois les premiers chapitres, essayant de comprendre sans que mes pensées ne divaguent trop. On m'apporta le repas, puis le dernier médecin passa à son tour. Comme il me l'avait demandé, je fis semblant d'avaler les gélulles, avant de les recracher.
22h passées, bientôt il viendrait. Je m'efforçais de rester éveillée en l'attendant.
Je n'étais pas fatiguée comme d'habitude, je n'avais pas l'esprit ailleurs, sans doute parce que je n'avais pas pris les cachets. Je comprenais un peu mieux ses motivations.
Je décidai de griffonner un peu dans mon journal, pour m'occuper. J'écrivais de temps en temps, apparemment ça pourrait "m'aider dans ma thérapie" et puis j'aimais bien tenir ce journal, il contenait ce que personne n'avait jamais su. Tous mes secrets, les plus inavouables.
Même si dans cet endroit, toutes ces choses du passé me semblaient bien futiles.
Minuit passa, j'entendis les clefs du garde tourner dans la serrurre, puis ses pas s'éloigner. Je m'ennuyais, et je commençais à m'endormir, quand aux alentours d'1h du matin, un bruit de clef dans la serrure retentit à nouveau. De clef ? Non, bien-sûr.
Quand la porte s'ouvrit enfin, le visage de Félix apparut dans l'entrebaîllement. Il entra avant de refermer derrière lui.
« J'ai un peu d'équipement, dit-il à voix basse.
— De l'équipement ?
— Oui, déjà tiens, prends ça ! Repondit-il, en me tendant une lampe torche. Il continua de fouiller dans le sac qu'il avait apporté.
— Tu as quoi d'autre ? Il ne dit rien, et posa en guise de réponse une sorte de paquet de tissus sur mon lit.
— On ne devrait croiser personne, mais pour plus de discrétion, on portera ça quand même. On ne sais jamais ! Déclara-t-il.
En le dépliant, je m'aperçus qu'il sagissait d'une cape longue, noir. Il en tira une seconde de son sac, et la déposa sur le dossier d'une chaise, à proximité.
— Merci, mais comment as-tu eu tout ça ?
— Tu sais déjà comment je peux entrer ou sortir d'une chambre à ma guise, je ne vais pas non-plus te révèler tout mes secrets ! Lança-t-il, accompagné d'un clin d'œil. »
Décidemment, ça me perturbait ! Lui tout entier me perturbait. Mais à ce moment, je n'avais plus le choix. J'inspirai un bon coup, et passai la cape sur mes épaules. Félix passa la sienne.
« Tu devrais mettre des chaussures, aussi, ajouta-t-il.
— Des chaussures ? Je n'en ai pas...
Je me dirigeai vers mon placard, pour regarder ce que j'aurais pu y trouver.
— Alors ? Dit-il en s'approchant.
— Je n'ai que ça... Des pantoufles...
— Ça fera l'affaire, c'est simplement pour ne pas te blesser.
— Me blesser ? Répétai-je.
— On ne sait jamais !
Sur ces mots, il sortir une dernière chose de son sac. Une arme à feu ! Un pistolet, Félix tenait un petit pistolet à barillet.
— C'est... C'est quoi ça ? Bredouillai-je en pointant l'arme.
— Mesure de sécurité ! C'est plus prudent d'avoir une arme, crois-moi.
— Comment ça plus prudent ? On risque de croiser quoi là-haut ? Insistai-je.
— Je ne sais pas plus que toi, tout, peut-être rien, lâcha-t-il.
— Mais...
— On devrait y aller, maintenant, enchaîna-t-il en me coupant la parole. Tu es prête ?
— Oui, ça devrait aller... »
J'avais de plus en plus peur, et la discussion avec Félix ne m'avait pas rassurée. Pourquoi une arme ? S'il se faisait attrapper avec, il serais sévèrement sanctionné. Mais surtout, où l'avait-il eu ?
Il était prêt à partir, se tenant debout devant la porte. Il ouvrit la porte et passa la tête par l'ouverture, pour scruter l'obscurité.
« La voie est libre, on y va. » Lâcha-t-il avant de s'engouffrer dans le couloir sombre. Je le suivis alors, en silence, puis refermai derrière moi. J'éclairais mes pas avec le faisceau de la lampe torche, et Félix éclairais le plus loin possible devant nous, tandis que nous marchions côte à côte dans le noir. Seules nos respirations cassaient le silence qui règnait, et parfois un ronflement à travers une porte.
Arrivés près de la porte menant aux étages, le jeune homme sortit deux petits outils de sa poche, je n'en avais jamais vu de semblables, mais je savais à quoi ils servaient. Comme je m'y attendais, il les inséra dans la serrure de la grosse porte, et des grattements retentirent.
Il mit un certain temps avant de parvenir à son but, mais la serrure rouillée céda finalement.
On s'est alors engagés dans la cage d'escaliers, lui d'abord.
« Ces serrures anciennes sont assez difficiles à crocheter... » dit-il, en refermant la lourde porte de bois.
C'était la première fois qu'il parlait depuis que l'on avait quitté la chambre.
« Ah... » me contentai-je de répondre, ne sachant pas quoi dire.
On allait bientôt atteindre le premier étage, celui que j'avais pu voir l'autre jour... J'avais des frissons dans le dos à l'idée de retourner là-bas, mais il était trop tard pour faire demi-tour.
Comme s'il avait lu dans mes pensées, Félix engagea la discussion.
« N'aies pas peur, dit-il, tu vas rester ici un bon moment, alors autant t'habituer dès maintenant à ton nouvel environnement.
— Oui... Soufflai-je.
Il avait raison, je devais garder mon sang froid, je devais m'habituer à cette nouvelle vie.
— Normalement, tu ne devrais pas avoir à aller là-haut, continua-t-il, mais j'y suis déjà allé quelques fois, et on sera amenés à y retourner si on veut sortir d'ici vivants.
— Tu veux... T'enfuir ?
Il n'avait pas parlé de fuite auparavant... Avait-il un plan ?
— Plus ou moins, disons que je cherche un moyen de sortir, lâcha-t-il après une courte hésitation. »
Il se tut, et moi aussi. Nous étions arrivés devant la porte du premier pallier. Félix poussa la porte, qui ne semblait pas fermée à clef. Lorsqu'elle céda sous la pression de sa main, il haussa les épaules, et ouvrit le battant plus amplement.
Je balayai le couloir avec le faisceau de la lampe, tentant de percer l'obscurité.
Personne en vue.
Le couloir n'avait pas changé, il était comme dans mes souvenirs. Il faisait toujours aussi froid, et j'étais bien contente d'avoir la cape.
« Viens ! » Me dit Félix, attrapant le bord de ma cape. Il m'entraîna avec lui sur notre droite, dans le noir.
La véritable "visite" commençait donc...
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