IV.
Un des homme plaça sur ma tête, sur chacune de mes deux tempes, une sorte de boule de tissu humide, reliée à une branche métallique, qui se rejoignaient en un seul et même fil, relié lui, au compteur mural.
Un frisson d'horreur me parcourut lorsqu'il se recula, sachant que j'allais souffrir dans peu de temps. Première décharge, mon corps fut secoué de spasmes, j'avais mal, je sentais l'électricité traverser mon cerveau. Quelques secondes de répit, et deuxième décharge. La même sensation, d'être transpercée de part en part, m'envahit de nouveau. Ma mâchoire se crispa, à tel point que mes dents me firent un mal de chien.
"On augmente" dit l'homme près du compteur. J'étais épuisée, je ne sentais plus mes membres, mais je sentis la troisième arriver. Plus violente, plus douloureuse. Mon corps convulsa furieusement, retenu par les liens de cuir. Cette fois-ci, ma vision se troubla, le bruit se fit de plus en plus lointain. La quatrième me fit sombrer. Néant total, j'étais vidée.
À mon réveil, je fus surprise de me retrouver dans ma chambre. La faim me tiraillait, mais pas le moindre morceau de nourriture à l'horizon. Quelle heure pouvait-il être ? Combien de temps étais-je restée évanouie ? Bonnes questions... Je me levai donc de mon lit, difficilement, je titubai jusqu'au mur le plus proche, ne parvenant pas à trouver l'équilibre. Tout mon corps me faisait souffrir, tous mes muscles étaient douloureux. Je n'avais que des bribes de souvenirs de ce qu'il s'était passé avant mon évanouissement. En passant devant le miroir, je remarquai deux grosses marques rouges sur mes tempes, des marques de brûlures. Oui, c'était ça, c'est leur immonde machine qui m'avait fait ces marques.
Puis finalement, j'hésitai à sortir de ma chambre, la douleur me revint peu à peu en mémoire, je tremblais à nouveau, effrayée, déprimée, vide et paumée. Mais en tournant la tête, je m'aperçus alors que mon reflet, lui, n'avait pas suivi le mouvement. Je m'approchai, hésitante.
« Reprends-toi ! Ne te laisses pas abattre, ne leur donnes surtout pas ce qu'ils veulent ! » s'écria la femme dans le miroir. Je ne savais pas quoi faire, je restai sans voix.
« Oh, tu es sourde ? Oui, c'est à toi que je parle ! Ranges ta faiblesse, ils ne veulent que te voir flancher ! Maintenant, ressaisis-toi, ouvres cette porte, et va demander de quoi manger ! » reprit-elle, attendant visiblement une réponse de ma part.
« Euh... Ou... Oui... Oui, oui ! Je vais le faire, je... » mais c'était de nouveau moi, mon image qui se reflétait, elle me suivait au mouvement près.
Je ne savais plus quoi penser, finalement j'avais peut-être ma place là-bas, j'avais dû halluciner, je devenais folle, ce n'était pas possible... Enfin, qui ou quoi que ce soit, elle avait raison, je devais me reprendre, je n'avais jamais été quelqu'un de faible, et ce n'était pas ce jour-là que ça allait arriver !
Déterminée, j'ouvrai la porte et passai ma tête par l'encadrement de celle-ci. Personne. Le couloir était vide, et silencieux. Je décidai donc de me rendre en salle de détente, je pensais pouvoir y trouver quelqu'un. Mais comme le couloir, la salle était tout aussi vide, seule la télé encore allumée laissait échapper quelques bribes d'une émission , malgré que l'image à l'écran ne cessait de se brouiller.
Je me retournai alors vivement, pensant avoir entendu quelque chose. Mais ce n'était que les branches, à l'extérieur, frappant les volets avec violence à cause du vent. Je regardai alors l'horloge, fixée au mur. 18h20. J'avais passé la journée dans le coma ?
Je ne comprenais pas, où étaient-ils tous passés ? Je déambulais dans les couloirs, à la recherche de qui que ce soit. Les portes des chambres étaient toutes fermées à clé, et aucun bruit n'en parvenait.
Soudain, un hurlement déchira l'air. Un hurlement féminin, tranchant, horrible, presque inhumain. Le cri provenait d'un autre étage, au dessus de moi me sembla-t-il. Un autre cris, à fendre l'âme, retentit de nouveau après quelques secondes, qui me parurent des heures. Sans réfléchir, je me mis à courir à travers le couloir, à la recherche de l'accès à l'étage supérieur.
« Là ! » Criai-je, pour moi-même. Le son de ma voix se répercuta étrangement dans le corridor, en écho.
Je me jetai sur la porte à double battant, en vain. Elle était fermée, de l'autre coté. Encore un cri. Cette fois-ci, j'en étais sûre, quelqu'un hurlait en haut, derrière cette porte. Je ne saurais dire pourquoi, mais à ce moment-là j'étais déterminée à trouver un moyen de monter. Je repris donc ma course, jusqu'à l'accueil cette fois-ci. Comme je l'avais espéré, il n'y avait personne ici non plus.
Je pris soin de vérifier que personne n'arrivait, avant de me faufiler derrière le comptoir. Dans un tiroir, je trouvai deux trousseaux, un comportant une trentaine de clés banales, celles des chambres sans doute, et un autre avec beaucoup plus de clés, anciennes et rouillées, de grosses clés lourdes. Une de ces dernière correspondrait peut-être avec la serrure de l'accès au second étage.
Je suis donc repartie en direction de la porte à ouvrir, encore plus déterminée.
Eh merde... Il devait bien y avoir une cinquantaine de clés, toutes semblables. Par chance, je n'ai eu qu'à en essayer sept avant de trouver la bonne. Elle tourna dans la serrure, dans un bruit de grattement métallique.
Encore un cri déchirant, plus désespéré cette fois.
Je me précipitai alors, montant les marches quatre à quatre. Arrivée au second étage, je pouvais entendre des sanglots et des supplications, ceux de la femme qui criait, sans doute. Le bruit se rapprochait au fur et à mesure où je progressait dans le couloir.
Dans celui-ci, pas de carrelage blanc, pas de personnel en blouse, seulement les murs gris, décrépit, et des portes en métal, semblable à des portes de cellules. Il faisait sombre et froid, et une odeur répugnante flottait dans l'air.
Puis finalement, j'aperçus la pièce d'où provenait les hurlements. Presque certaine de l'avoir trouvé, la femme cria une fois de plus, ce qui m'en assura. J'avançais à pas de loup, jusqu'à la-dite salle. La porte était entre-ouverte, alors je me risquai à jeter un œil.
Ce que je vis par l'entrebâillement me glaça le sang.
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