Chapitre 22
RILEY
Le blond m'a jeté dans une cellule, mes mains sont liées et je ne me sens pas du tout à l'aise. Cette pièce est tellement étroite qu'elle rendrait fou n'importe qui. J'ai bien regardé partout, il n'y a aucune échappatoire, la pièce ne comporte qu'une porte massive et une fenêtre étroite très haut, proche du plafond. Je suis plongé dans la pénombre, il fait toujours nuit et seule la faible lueur de la lune luit.
Je me sens mal vis-à-vis de Lily, voir ces deux hommes la traiter comme une moins que rien sans que je ne puisse faire quelque chose m'a fait mal au cœur. Oui, je crois que je commence à ressentir de la sympathie pour cette fille insupportable qui pose bien trop de questions. J'ai envie de la protéger mais je ne suis pas plus utile qu'elle ici, nous sommes logés à la même enseigne. Je suis curieux de savoir si elle a été mise elle aussi dans une cellule et s'ils sont en train de lui faire du mal à l'heure actuelle. Je me demande aussi si les gens d'ici savent quelque chose de notre condition et si c'est la raison pour laquelle ils nous traquent. Je me demande également s'ils vont se venger que j'aie tué l'un des leurs.
Des bruits de pas approchent, la porte en métal s'ouvre lourdement pour laisser apparaitre deux silhouettes, celles de Kyle et Jordan. Je me rends compte que le blond a l'air à peine plus vieux que moi, j'aimerais savoir ce qu'il a bien pu faire pour avoir autant de pouvoir, il a l'air de prendre toutes les directives mais je suis sûr que ce n'est pas le chef. C'est juste l'esclave du chef. Voir ça sous cet angle-là m'apaise et me fait rire intérieurement, Jordan n'est qu'une marionnette qui obéit aux ordres d'un autre en espérant monter dans son estime et peut-être un jour prendre sa place. C'est adorable.
Le blond tend un bandeau noir à Kyle et celui-ci avance vers moi pour me l'enfiler. Impressionnant, si je comprends bien la hiérarchie, Kyle est la marionnette de la marionnette. J'espère pour lui qu'il a quelque chose à y gagner pour laisser sa dignité de côté. Quand je suis dans le noir complet, des mains m'attrapent fermement le bras gauche et nous marchons pendant un petit temps. J'ai l'impression que l'endroit où ils m'emmènent est à l'autre bout de ma cellule mais peu importe, je me concentre pour retenir les directions. Mes deux guides sont en train de parler, ils échangent des banalités mais je comprends leur plan, ils parlent pour que j'écoute leur conversation et que je ne me préoccupe pas de notre trajet, sauf que je ne suis pas bête, je ne les écoute absolument pas et je suis plus obstiné que jamais.
Nous avons marché tout droit, puis nous avons tourné à gauche, sommes allés tout droit, puis à droite. Maintenant, nous marchons encore et nous nous stoppons. Nous pénétrons ensuite dans une pièce surclimatisée, il fait bien trop chaud ici. C'est tout calme et une voix que je n'avais alors jamais entendue jusqu'ici retentit soudainement :
— Vous pouvez nous laisser.
Cette voix appartient donc au marionnettiste, elle est grave mais a l'air relativement jeune. Les mains qui me tenaient me lâchent et peu de temps après, une porte se referme. Je suis debout dans cette pièce, cette chaleur est inconfortable et je me sens sale. En plus de ça, mon ventre est tiraillé par la faim et je suis assoiffé. Je suis une loque pour être plus clair.
— Ton nom ?
Une multitude de blagues répondant à cette question me viennent en tête, mais je ne vais pas les faire, le ton qu'il emploie me donne l'impression qu'il n'a pas autant d'humour que moi.
— Riley, je réponds.
Ce qui m'amuse, c'est que je réponds à toute personne me posant la question que je m'appelle Riley. Sauf que ce n'est pas mon vrai prénom, je l'ai choisi sur un coup de tête, j'aurais aussi bien pu lui répondre que je m'appelle fougère ou même cinq mille huit cent vingt-trois, il aurait dû composer avec.
— Qu'est-ce que tu faisais dans la forêt ? me demande-t-il.
— J'aimerais bien le savoir, je lui réponds du tac au tac.
— Tu es dans la même situation que ton amie Lily, c'est ça ?
— Dans quelle situation se trouve Lily ?
Un silence pesant et assourdissant plombe l'ambiance. Je devrais arrêter de lui répondre du tac au tac et réfléchir minutieusement avant de parler.
— Riley, j'aimerais que tout se passe bien mais vois-tu, je suis déjà en train de réfléchir à la sentence que tu vas prendre suite aux chefs d'accusation qui t'accablent, alors je te conseille de ne pas faire le malin si tu tiens à la vie.
— Écoutez, je me suis réveillé dans cette forêt avec Lily et je n'en sais pas plus. Je n'ai aucun souvenir de ma vie, lorsque j'essaye d'y penser, des maux de tête viennent et ça me rend fou, alors je m'interdis d'y penser. Je suis sûr que trop réfléchir pourrait me coûter la vie et je ne comprends pas.
— Tu n'as pas une petite idée d'où tu pourrais te trouver ?
— Lily... Lily pense que nous sommes... je ne peux pas le dire.
— Et pourquoi cela ? demande la voix.
— Parce que ma tête va exploser, je ne peux ni y penser ni le dire et quand Lily a prononcé ces mots, elle avait tellement mal qu'elle hurlait, c'était affreux !
— Essaye, pour voir.
Il se fiche de moi ? Je viens de lui balancer un tas d'informations, il veut en plus que je me fasse du mal ? D'un coup, une présence s'approche de moi et je comprends que l'homme se trouve juste devant moi lorsque je sens sa respiration contre mon visage, ça me met dans l'inconfort le plus total.
— Tu vas parler ou bientôt, tu auras tellement mal partout que tu ne sentiras même plus ta tête.
Des menaces ? Comme c'est original. En temps normal, j'y aurais répondu avec mon bon vieux poing en plein dans sa figure, le fait est que je suis en position d'infériorité et que je n'ai pas accès à mes poings qui sont ligotés.
— Nous ne sommes pas chez nous, je dis.
Ma tête commence à chauffer mais je me concentre pour oublier la douleur.
— Et où vous êtes, alors ?
— À l'Extérieur.
Sans prévenir, une douleur me traverse le crâne tel un éclair me foudroyant, je tombe à terre et je hurle, c'est douloureux. Je raconte n'importe quoi, je dois rectifier ça et me rendre à l'évidence, nous ne pouvons pas être à l'Extérieur.
— Je suis en vie, je dois ma vie à l'Asile. Il nous protège et il ne nous arrivera jamais rien, nous sommes en sécurité.
— Alors tu n'es pas à l'Extérieur, finalement ? demande l'homme, amusé.
— Non, sinon je serais déjà mort.
— Intéressant. Très intéressant.
Sans que je ne m'y attende, une douleur me traverse l'abdomen et me fait bousculer en arrière, il m'y a lancé son pied, l'enfoiré.
— Et est-ce qu'on t'aurait fait ça dans ton Asile ? Est-ce que tu serais par terre, ligoté ? Est-ce que ta copine se ferait torturer ? Tu sais qu'elle crachait du sang d'après les rapports, il parait que c'était dégueulasse ! Ils vous font ça à l'Asile ?
— S'il nous arrive des malheurs, c'est que nous les avons mérités.
— Ah ça oui, vous les avez mérités, mais tu sais très bien de quoi je veux parler. Et je sais très bien ce que tu es en train de faire, là. Tu t'auto retournes le cerveau pour abréger tes douleurs, mais tu ne pourras pas faire ça éternellement.
Je sais qu'il a raison, mais je sais aussi que je crois à ce que je dis. Je crois aux théories de Lily, mais je pense aussi que l'Asile est bon et qu'il ne peut rien m'arriver. À l'Extérieur, il se passe des choses affreuses, à peine a-t-on traversé les murs que la mort nous tombe dessus. Je ne suis pas mort, donc je suis en sécurité.
— Tu veux que je te dise la vérité ?
Non, je ne veux pas entendre ça. À vrai dire, je ne veux rien entendre qui sortira de la bouche de cet individu.
— La vérité, c'est juste que ta copine et toi vous êtes complètement cinglés.
Il explose d'un rire sinistre. Je sais que je ne suis pas fou, en revanche, cette situation va me rendre fou d'ici peu de temps, c'est certain.
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