Chapitre 6 : L'Héritage du Petit-Frère
Une semaine s'est écoulée depuis mon dîner avec Azrah, et je n'ai pas eu de nouvelles. Enfin, si, mais des mauvaises. Devinez qui m'a appelée pour refuser ma candidature ? J'étais en rogne, et je le suis toujours d'ailleurs. Le gouvernement interdit bien les actes discriminatoires envers les signes, mais les recruteurs trouvent souvent d'autres motifs pour passer incognito. Même si l'Émissaire du Scorpion m'a affirmé que je développerais des pouvoirs, je n'ai rien ressenti d'étrange. Je pense qu'il m'a menti pour me faire peur. C'est bien son genre.
Mon téléphone sonne, annonçant l'arrivée d'un mail. J'ouvre ma boîte en m'attendant à une notification de Wattpad, où je lis chaque semaine un roman sur les descendants mythologiques que j'adore. Mais non, c'est un message officiel du gouvernement. "Votre candidature a été acceptée", dit l'objet. Mes yeux s'écarquillent. Je me lève de mon bureau et fais les cent pas en lisant l'objet une bonne centaine de fois.
Azrah m'a effectivement fait passer des tests le lendemain de notre rendez-vous, mais je ne m'attendais pas à une réponse aussi rapide. J'imaginais passer des tests d'aptitude, mais rien de tout cela. J'avais plus l'impression de passer un examen de culture générale. L'Émissaire du Scorpion a certainement payé grassement pour me faire passer. Dans le mail, toutes les informations utiles sont données pour débuter le premier jour de formation, qui sera... quoi ? Dans trois jours ?!
Mon cœur rate un battement. Et merde, je ne suis toujours pas prête. Comment je vais faire pour mentir ouvertement devant tous ces gens ? Et si le gouvernement l'apprend, est-ce qu'Azrah me lâcherait et m'accuserait d'avoir triché pour intégrer les classes d'élite du pays ?
Je vais dans mes contacts et appelle un numéro que je n'ai jamais encore composé. Je m'assois sur mon lit et ronge mes ongles. Dans quelle misère je me suis mise, sérieusement ? La sonnerie n'a même pas le temps de retentir qu'il a déjà décroché.
— Un problème ?
La voix d'Azrah est beaucoup plus grave au téléphone.
— J'ai été acceptée.
Un silence.
— Et donc ? Tu ne m'apprends rien.
— On ne va pas se briefer avant ?
— Je comptais t'envoyer un message la veille, mais comme tu es stressée, on pourra en discuter un peu avant. Tu n'auras qu'à me rejoindre au Ministère du Scorpion une heure avant le début. Une voiture viendra te chercher après les cours.
Ce n'est pas en discuter une heure avant qui va me rassurer. Je vais paniquer pendant trois jours encore !
— Mes pouvoirs ne se sont pas manifestés. Si c'est une blague, ça ne me fait pas rire du tout.
— Crois-moi, j'aimerais aussi que tout ça soit une blague. Tu te souviens des types qui t'ont agressée la dernière fois ? La tête de lampadaire, et le mec skinny avec trois poils sur le menton ?
— O-oui, et alors ?
— Ce n'était pas moi qui ai donné un coup de froid.
Je me remémore la scène où une sensation étrange a glacé tout mon corps. Comme Azrah a déjà fait une démonstration de ses pouvoirs pendant la soirée d'intégration où il m'a sauvé du blondinet, je connais parfaitement cette sensation qui vous paralyse les entrailles. Alors, c'est moi qui l'ai manifestée ?
— Tes pouvoirs se manifestent en fonction de tes émotions, poursuit-il. Comme tu n'en as jamais eu, tu auras plus de mal que les autres. Tu ne contrôleras rien du tout. C'est pour ça qu'en plus de la formation aux Arcanes Royales, je dois te former personnellement. Tu es mon assistante maintenant, et tout le monde saura qui tu es.
Super, merci de me mettre autant la pression !
— Alors, si je me foire...
— Oui, le monde entier le saura. Tu passeras à la télévision, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, et tu auras même des comptes Instagram avec ton meme qui passera en boucle. Je serai le premier à liker, évidemment.
Un silence s'installe.
— Si tu n'as pas d'autres questions, je te laisse.
Il raccroche aussitôt sans attendre ma réponse. J'éteins mon téléphone et le jette sur le lit. Mes pensées tourbillonnent dans ma tête comme une tempête. Trois jours... Trois jours pour me préparer à une nouvelle vie pour laquelle je ne me sens absolument pas prête. Mes mains tremblent et je me prends la tête entre les mains. Chaque battement de mon cœur résonne dans mes oreilles comme un tambour assourdissant.
Pourquoi ai-je été choisie pour ce rôle que je ne comprends même pas ? Je me lève et me dirige vers la fenêtre, regardant le monde extérieur sans vraiment le voir. Les passants se pressent dans la rue à vive allure. Tout le monde est pressé dans cette ville, pourtant, nous sommes samedi. Mes pensées s'égarent vers cette soirée avec Azrah, où tout a basculé. Le souvenir de l'agression, ce moment où j'ai ressenti une attraction étrange en moi, m'envahit à nouveau. C'était terrifiant et fascinant à la fois. Que se passera-t-il dans la prochaine vision ?
Mon téléphone sonne. C'est un message de ma mère, inquiète comme d'habitude. Elle veut savoir comment se passe ma recherche de stage, et si j'ai besoin de quoi que ce soit. Je ne peux pas lui dire la vérité. Pas encore. Je lui réponds rapidement que tout va bien, que j'ai une piste prometteuse et que je la tiendrai au courant. Ce mensonge me pèse, mais je ne veux pas l'inquiéter davantage. Il faudra bien que je lui dise pour l'Émissaire du Scorpion, mais je ne sais même pas encore à quelle sauce je serai mangée. La liberté est quelque chose d'important pour un Verseau... pour moi. J'ai quitté ma campagne pour un avenir meilleur dans une grande ville. Tout ce que je veux, c'est réussir mon année à l'université et mettre suffisamment de côté pour voyager.
Je retourne m'asseoir sur le lit, rongeant mes ongles par habitude. Enfin non, je ne suis pas stressée d'habitude, mais là, c'est différent. Je pense à Azrah et à ce qu'il a dit. Être son assistante, c'est une opportunité unique, mais c'est aussi une immense responsabilité. Je ne sais pas si je suis prête à porter ce fardeau. Et s'il se trompe ? Et si mes pouvoirs ne se manifestent pas comme prévu ? Peut-être que je devrais m'entraîner ? Mais comment s'entraîner à utiliser des pouvoirs qui ne sont même pas là ?
Je laisse tomber cette idée farfelue et secoue la tête. Moment présent, Ève. Ce qui est important, c'est l'université. Alors, je m'assois à mon bureau et ouvre mon ordinateur. Je travaille toute l'après-midi sans lever le nez de mes notes. J'ai passé au moins une heure à faire des fiches qui sont tellement belles à regarder que je ne râlerai plus jamais pendant mes révisions.
On frappe à ma porte, une odeur de McDonald's se fait sentir.
— Surprise ! s'exclame Mia en levant trois sacs. Je t'ai pris un menu McChicken, potatoes, coca, crème Deluxe, une boîte de nuggets de six et un sundae caramel !
Mon estomac crie famine. Je remercie ma colocataire en lui envoyant un cœur.
— Merci, c'est exactement ce dont j'avais besoin.
Je sors de ma chambre pour la rejoindre dans le salon. À cette heure-ci, son émission va bientôt être diffusée. Je ne loupe plus une miette des épisodes depuis que je les ai découverts. Je comprends pourquoi Mia est accro. C'est vrai que c'est prenant de voir la vie d'un Émissaire au quotidien. Drissa N'goran, l'Émissaire du Lion, est en déplacement à Abidjan. C'est sa ville natale, et il tient à montrer les merveilles de son pays à son audience. La générosité des Ivoiriens fait briller nos yeux.
— Ils sont tous Cancer là-bas, c'est pas possible, marmonne Mia en engloutissant un nugget entier.
— Il a le droit d'être en déplacement alors qu'il y a la formation qui débute dans trois jours ?
— Drissa a déjà un assistant, plutôt doué d'ailleurs. La formation n'est qu'une formalité, même si certains disent que ça va envoyer du lourd.
Super, et je me retrouve au milieu de ces prodiges qui ont des années d'expérience.
— Comment se comporte un assistant au juste ?
Oui, Mia n'est pas la mieux placée pour tout m'expliquer, mais cet imbécile d'Azrah se fiche éperdument de mon état psychologique. Mia rabat son gilet en laine et pose un doigt sur son menton.
— Ils sont... polyvalents. Enfin, c'est ce qu'on leur demande. Les Émissaires s'occupent des gros morceaux comme les captures de criminels, les négociations à l'étranger et toutes les apparitions publiques importantes. L'assistant s'occupe de tout le reste. Il veille à la coordination administrative en supervisant les dossiers des naissances, il organise aussi tout l'emploi du temps de l'Émissaire. Je ne te parle pas non plus des rapports réguliers sur les performances des citoyens du signe, les tendances et les besoins émergents. Il fournit une aide personnalisée aux citoyens en fonction de leurs besoins spécifiques, que ce soit dans les domaines de l'emploi, de l'éducation ou de la santé. Oh, et tu seras sûrement amenée à développer et à coordonner des initiatives visant à améliorer la qualité de vie des citoyens, comme des programmes de formation, des événements culturels et des services sociaux. La communication aussi, c'est toi qui géreras les relations de presse. Si l'Émissaire est absent, tu devras parler en son nom. Bon, j'ai oublié une centaine d'autres trucs, et je t'épargne les jugements des tribunaux aussi.
C'est une blague ? Je devrais gérer tout ça pour mon premier stage, tout en suivant les cours et la formation ?!
— C'est mort, j'y arriverai pas.
Mia balaye d'un revers de la main ma remarque.
— Bien sûr que si, t'es une bosseuse. Tu auras du mal au début, c'est sûr, mais tu n'es pas seule non plus. Il y a les personnes qui travaillent au Ministère toute l'année qui t'aideront. Puis ce n'est que temporaire.
— Ouais, j'espère qu'il me donnera vite sa mission pour que je me barre le plus vite possible.
— Imagine la gueule des profs quand ils vont savoir qu'une étudiante est assistante d'un Émissaire. Ils t'auront à la bonne, c'est certain !
— Je n'ai pas envie d'avoir un traitement de faveur, je lui réponds en grimaçant. Mais bon, j'imagine que j'aurais certains avantages. Genre... me laisser partir plus tôt si j'en ai envie, me laisser dormir au fond de l'amphi, être plus concilient sur des erreurs d'inattention. Bon, je retire carrément ce que je viens de dire, ça serait ouf.
Mia bondit sur le canapé, ce qui fait tomber sa glace.
— C'est pas tout ! Tu vas avoir une carte gold en illimité, meuf ! Tu sais ce que ça veut dire ?
— Shopping illimité ! crions-nous en cœur.
Nous éclatons de rire en nous imaginant dévaliser les boutiques avec une carte en or. L'idée est si surréaliste qu'elle semble être tirée d'un film. Je prends une frite et la trempe dans la crème Deluxe en essayant de calmer mes pensées.
— N'empêche, tu sais que ça va être intense, Mia, dis-je en soupirant. Je me demande si je suis prête à affronter tout ça.
Mia me regarde avec un sourire rassurant.
— Ève, tu es plus forte que tu ne le penses. Tu as toujours relevé les défis, et celui-ci ne fera pas exception. Ca c'est ce qu'une amie lambda te dirait, mais je sais que t'as clairement pas les capacités pour rivaliser avec les autres Émissaires qui se sont préparés toute leur vie pour ça.
— Eh, t'es pas cool !
— Je suis juste réaliste. Mais ça n'empêchera pas ta réussite. Tu es maligne et débrouillarde. Azrah sera là pour t'aider, je ne me fais pas de soucis. Même s'il est un peu... spécial. Et sexy. Surtout sexy.
Je hoche la tête en silence. Peut-être qu'elle a raison. Peut-être que je suis capable de surmonter cette épreuve avec le mec sexy ... euh spécial, pardon. Après tout, c'est une opportunité unique et je ne veux pas laisser passer ma chance. Mais une petite voix au fond de moi continue de douter.
— Bon, reprenons notre programme, propose Mia en s'installant confortablement devant la télévision.
L'émission commence et je me laisse absorber par les images de Drissa N'goran explorant Abidjan. Ses interactions chaleureuses avec les habitants et sa passion pour sa ville natale sont contagieuses. Malgré tout, mon esprit continue de vagabonder vers mes propres soucis.
Après quelques épisodes et des discussions animées avec Mia, je retourne dans ma chambre, bien décidée à me préparer du mieux que je peux. J'ouvre mon ordinateur et commence à faire des recherches sur les assistants d'Émissaires, lisant des articles et des témoignages de ceux qui ont occupé cette position avant moi. Chaque nouvelle information me fait prendre conscience de l'ampleur de la tâche qui m'attend.
Je me couche tard cette nuit-là, les yeux fatigués mais l'esprit déterminé. Je sais que je dois trouver un équilibre entre mes études et mes nouvelles responsabilités. Il me reste trois jours pour établir un planning. Je dois me préparer au mieux pour pouvoir gérer mes nouvelles fonctions, et ça passe forcément par l'accumulation de connaissances. Je serai un boulet en combat, alors ça ne sert à rien de s'y pencher. Non, je vais me concentrer sur ce que je sais faire le mieux, à ma manière.
Le lendemain matin, je me lève tôt et me plonge immédiatement dans mes révisions. Les jours passent plus vite que je ne l'aurais imaginé, rythmés par les cours, les révisions et les moments d'angoisse. J'ai du visionner toutes les apparitions publiques des assistants de l'année écoulées en seulement une journée. J'ai également trouvé un super site qui les montre dans leur quotidien. Le boulot est vachement intéressant, je ne m'y attendais pas. Je pensais être sous la coupe d'Azrah, mais c'est complètement faux. Les assistants font ce qu'ils veulent, les Émissaires ont une confiance aveugle en eux ! J'avoue que ça colle vachement bien avec ma soif de liberté digne d'une Verseau. J'ai horreur qu'on me dise quoi faire ou comment. Moi, ce que je veux, c'est pouvoir faire parler mon esprit créatif sans que mon boss râle. Bon j'aurais un gars relou à supporter, mais pour peu de temps.
Une voiture viendra me chercher après les cours pour m'emmener au Ministère du Scorpion. La journée semble s'étirer à l'infini alors que je lutte pour me concentrer en classe.
Le jour fatidique arrive enfin. Je me réveille avec une boule au ventre, l'estomac noué par le stress. J'essaie de me calmer en prenant une douche froide et en m'habillant soigneusement. J'opte pour une tenue professionnelle et élégante, espérant faire bonne impression. Je choisis un chemisier en soie blanc, classique mais chic, qui contraste parfaitement avec une jupe crayon noire, ajustée et arrivant juste au-dessus des genoux. Pour compléter le look, j'enfile une paire de collants noirs fins et des escarpins noirs en cuir verni, à talons modérés pour un confort optimal tout en gardant une allure sophistiquée. Je me coiffe simplement, attachant mes cheveux en un chignon bas et élégant.
Lorsque mon réveil sonne, je me dirige vers la sortie, les mains moites. La voiture est déjà là, une berline noire qui a dû couter la peau des fesses. Mia est toujours à l'université, elle avait cours très tôt ce matin. Pour ma part, les cours sont banalisés pour cette première journée de formation. C'est le secrétariat qui m'a appelé la veille pour me prévenir. J'ai un peu râlé, mais ils m'ont assuré que tous les cours me seront transmis en visio d'ici la fin d'après-midi. Je prends une profonde inspiration avant d'ouvrir la portière et de m'installer à l'arrière. Le chauffeur me salue poliment et nous partons en direction du ministère. Le trajet se fait en silence, mon esprit tournant à plein régime. Il y a des bonbons dans le petit compartiment. Je me serai ruée dessus si ma gorge n'était pas aussi nouée.
En arrivant, je suis accueillie par un bâtiment imposant et moderne, tout en verre, avec des lignes épurées et des angles audacieux qui reflètent le ciel bleu. La constellation du Scorpion est gravée avec élégance sur les portes en verre, illuminée par une lumière douce qui lui donne un aspect presque céleste. Le bâtiment, tout en transparence et en hauteur, respire le prestige et l'autorité.
Je descends de la voiture, les jambes tremblantes, et entre dans le hall. Je pensais être la première vu que je suis à l'avance d'une heure, mais déjà une dizaine d'autres personnes attendent devant les affiches. Le hall est spacieux et lumineux, avec des sols en marbre blanc poli et des colonnes majestueuses.
Azrah m'attend, appuyé contre une de ces colonnes, l'air décontracté. L'Émissaire du Scorpion est vêtu entièrement de noir, comme à son habitude. Il porte une chemise en lin, légèrement déboutonnée au col, révélant une pointe de sa peau bronzée et des colliers en argent. Ses manches sont retroussées jusqu'aux coudes, dévoilant ses avant-bras musclés. Un pantalon noir ajusté complète sa tenue, épousant parfaitement sa silhouette athlétique. Azrah est grand et bien bâti, ses muscles se dessinent sous le tissu de ses vêtements avec une précision presque artistique. Il a des traits ciselés, un visage harmonieux qui attire naturellement les regards, complétés par une mâchoire carrée et des pommettes hautes. Je ne l'ai pas encore regardé dans les yeux à cause de sa casquette vissée sur sa tête.
Lorsqu'il me voit approcher, un sourire en coin se dessine sur ses lèvres.
— Prête ?
— Autant que je peux l'être, dis-je en haussant les épaules.
Il m'offre un sourire mince et me fait signe de le suivre. Nous traversons plusieurs couloirs jusqu'à arriver devant une imposante porte en bois sombre, ornée de motifs complexes. Les murs des couloirs sont décorés de tableaux et de sculptures mettant en vedette des constellations.
Lorsque nous entrons dans le bureau d'Azrah, je suis frappée par l'atmosphère qui y règne. La pièce est spacieuse mais chaleureuse, éclairée par une lumière tamisée provenant de lampes posées stratégiquement autour de la pièce. Les meubles sont en bois foncé, ornés de détails complexes et de motifs subtils inspirés de l'art ancien. Des étagères remplies de livres anciens et de parchemins occupent un mur entier, témoignant de la richesse de la connaissance accumulée au fil des siècles par les Émissaires du Scorpion.
Au centre de la pièce, un bureau en bois massif trône majestueusement, couvert de papiers et de dossiers. Derrière le bureau, une grande fenêtre offre une vue imprenable sur la ville, illuminée par un soleil de plomb. Le bureau d'Azrah est à la fois un sanctuaire de travail et un reflet de son caractère : sérieux, mystérieux et imprégné d'une aura de pouvoir.
Azrah ferme la porte à clé et se tourne vers moi, plaçant une main sur mon poignée.
— Un problème ? je lui demande.
Il ne dit rien et me plaque contre la porte. Azrah pose son doigt sur mon menton pour me faire face, tandis qu'il enlève sa casquette. Son regard intense me transperce, captant toute mon attention. Le monde alentour semble s'effacer, ne laissant que nous deux dans cette bulle d'intimité.
Soudain, je sens comme un tourbillon m'entraînant dans une vision. Je me retrouve dans une pièce sombre, où une voix résonne avec une autorité incontestable. C'est la voix d'un homme, forte et impérieuse.
— Tu es pathétique ! Ton petit-frère est un véritable Emissaire, et toi, tu n'es qu'un moins que rien ! L'étoile ne ment jamais, tu entends ? Tu n'es pas digne de porter notre héritage !
Un homme qui ressemble comme deux gouttes d'eaux à Azrah baisse les yeux, une expression de douleur et de résignation passant sur son visage. La voix continue de tonner dans la pièce, lançant des reproches et des accusations cinglantes. Je sens toute la tension qui émane de cette pièce sombre, où règne une atmosphère pesante chargée de reproches et de regrets.
Azrah, dont le visage reflète un mélange de tristesse et de colère contenue, tente de défendre son frère contre les attaques de leur père. Il ouvre la bouche pour protester, pour prendre la défense de ce dernier, mais il est immédiatement coupé par le ton implacable de son grand-frère.
— Ne dis rien ! hurle-t-il, sa voix résonnant comme un coup de tonnerre dans la pièce. C'est déjà assez humiliant comme ça, alors ferme-là !
Azrah se tait, sa mâchoire serrée, ses poings crispés à ses côtés. Je peux sentir toute la frustration qui monte en lui, mais il se retient. Son propre frère vient de le rejeter et le blâme pour quelque chose qu'il n'a pas choisi.
La vision se dissipe lentement, me ramenant à la réalité. Je suis toujours contre la porte, le souffle court, tandis qu'Azrah me regarde avec une intensité troublante. Nos regards se croisent, et je peux lire dans ses yeux toute la force de sa résolution. En cet instant, je comprends que derrière son apparence calme et mystérieuse se cache un homme tourmenté par sa famille. Ouais, je me doutais bien que les Emissaires n'avaient pas la vie facile, mais je n'avais pas imaginé que leur propre famille pouvait leur mettre des bâtons dans les roues. "*L'étoile ne ment jamais*", les propos de son père ne me sont pas totalement familier. Qu'est-ce qu'il voulait dire exactement ?
— Et maintenant, on partage les souvenirs de famille. Si c'est pas beau ça.
Azrah recule et visse à nouveau sa casquette avant de lâcher un soupire. Je peux enfin respirer normalement.
— Je n'ai pas envie que tu voies des scènes de mon passé.
— Moi non plus, mon ange, surtout si c'est pour te voir ramasser la bouse de tes vaches. Mais on a pas vraiment le choix. Bon. C'est ici que nous allons travailler ensemble, déclare-t-il d'une voix calme mais chargée de gravité. Je t'apprendrai tout ce que tu as besoin de savoir pour devenir une assistante... digne de ce nom. Pour le digne, je suis pas encore sûr, mais pour le reste, je suis confiant.
— Ahah très drôle, sauf que ce n'est pas moi qui ai mauvaise réputation. J'ai entendu ce qu'on dit de toi à la télévision et les journaux. Tu as ...
Le corps d'Azrah n'est plus qu'à quelques centimètres du mien. Il penche la tête et me regarde avec un sourire espiègle.
— Oui, j'ai ?
— Tu n'as pas été formé comme les autres Emissaires. Tu es l'un des plus jeunes, et celui qui a les interventions avec le plus de dégâts matériel.
L'Emissaire du Scorpion hoche la tête.
— Et élu le plus sexy dans le Zod', tu as oublié de le dire.
— On s'en fiche, ce n'est pas ton physique qui va faire baisser le taux de criminalité.
Azrah éclate de rire.
— Parce que tu crois que le gouvernement cherche à baisser la criminalité ? Ce que tu es naïve.
— Pourquoi l'Académie a été créée alors ?
— Il leur fallait un prétexte pour réunir les Emissaires au même endroit. Nous n'avons jamais vraiment travaillé ensemble à cause de nos incompatibilités. Nous n'avons affaire qu'à de la petite criminalité qui peut largement être gérée par les policiers. Alors certains Emissaires se sont relâchés, et en ont profité pour faire des conneries. Mais ce n'est pas ça qui inquiète notre petit Roi et ses conseillers.
— Qu'est-ce que c'est alors ? Vu que Monsieur connait tout sur tout.
Un silence grave s'installe.
— Il y a un traitre chez les Emissaires, et le gouvernement veut le coincer.
___
Hello !
J'espère que vous allez tous bien. Perso je pete la forme. Avec 2h d'entraînement par jour + le boulot, pas évident de trouver le temps d'écrire mais je fais en sorte que les chapitres soient super long. La vous avez l'équivalent de presque 4 chapitres en 1 seule publication. 4000 mots 🥰
Bref, j'espère que le chapitre vous aura plu. Vos retours me font trop plaisir !
À bientôt ! ❤️
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