2e désASTRE
Cette personne est mauvaise.
Qui est-elle ? Que veut-elle ? Pourquoi a-t-elle fait cela ?
Nul ne le sait. Et même s'ils savaient, ils ne comprendraient pas.
Parce qu'on ne peut pas comprendre le mal.
Méfiez-vous de ceux qui se cachent. Ou de ceux qui se montrent trop. Plus il y a de lumière, plus il y a de ténèbres.
Ce jour-là, tout brillait. Les enseignes des magasins, les décorations de Noël, les sapins enguirlandés, les yeux des enfants, les étoiles... et son couteau.
Cette personne cherchait. Elle avait finit par trouver.
Devant un supermarché, un enfant coiffé d'un bonnet à pompon pleurait, seul. Il avait perdu ses parents dans la foule, ou dans l'excitation de Noël. Il avait couru joyeusement, et voilà qu'il ne savait plus quoi faire. Il ne connaissait pas bien la ville, il avait peur. Elle s'approcha sans bruit et lui parla doucement, gentiment. Pour ne pas l'effrayer. Il sécha ses larmes et hocha sa tête joufflu pour montrer qu'il acceptait que cet inconnu sympathique l'aide à retrouver sa maman. Il se prirent par la main.
L'enfant fut surpris que son nouvel ami serre si fort sa toute petite main gelée.
L'adulte lui murmura des paroles réconfortantes et l'entraîna lentement vers sa voiture. Elle était grise terne, un peu éraflée, aux vitres teintes, qui plongeaient l'intérieur dans des ténèbres opaques. Le petit n'aima pas cette voiture, il lui trouva un air méchant avec ses phares de travers, et sur le devant de la carrosserie, il y avait comme un sourire cruel. Mais il monta quand même, par crainte de la nuit qui enveloppait les rues.
Le visage de l'inconnu se tordit en une grimace proche d'un rictus démoniaque.
Il emmena l'enfant chez lui. Celui-ci commença à redouter son soi-disant sauveur. Il voyait bien que cet endroit ce n'était pas chez lui. De plus, il trouva étrange l'absence de décorations de Noël. Il n'y avait pas de sapin, pas d'odeurs alléchantes, pas de chaussettes décorées, pas de chocolats, pas de guirlandes, rien. C'était triste à voir, pour un enfant.
– Vous n'aimez pas Noël ?
Il ne répondit pas. Il fit glisser le couteau dans sa main.
L'enfant ouvrit de grands yeux surpris. Une phrase d'une importance capitale retentit alors dans son esprit :''Ne parle pas aux inconnus !". Il avait fait une grosse erreur. Ses parents allaient lui en vouloir. Mais outre cela, il était en danger. Tout son petit corps se mit à trembler. Il voulu demander pourquoi, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge serrée par l'angoisse.
Mais l'effrayant hôte ne voulait pas le tuer tout de suite.
Il le menaça de son arme blanche et le força à se rendre dans la cave.
Ainsi, personne ne pourra entendre ses cris.
Il lui attacha les poignets au dessus de la tête et et recouvrit son corps dénudé de petites coupures superficielles, mais suffisantes pour le faire hurler de douleur. Les larmes noyèrent son visage pâlissant.
La nuit de Noël devint la nuit de l'horreur.
Le criminel se délectait de cette souffrance. Il voulait le voir avoir mal, il voulait le voir s'effondrer, perdre tout espoir et le supplier de l'achever. Il poignarda l'enfant sans retenue, pendant un temps qui sembla infiniment long.
C'était inhumain.
Des tréfonds de la folie, une idée surgit. N'était-ce pas Noël ?
– Petit, comme je suis gentil, je vais te laisser une chance de t'en sortir.
Assommé par la douleur, l'enfant entendit à peine cette voix suave et monstrueuse.
–Ce sera toi le papa Noël. Nous allons bien nous amuser, tu verras.
Il le jeta sur son épaule et remonta dans la pièce principale de sa maison. Ensuite, il laissa le garçon tomber à terre.
– Tu vois, j'ai une cheminée. Si tu arrive à remonter jusqu'au toit, je te laisserai partir.
L'espoir renaquit dans le cœur de l'enfant. Il allait pouvoir retrouver ses parents, il allait se réveiller et tout cela n'aura été qu'un cauchemar. Un affreux cauchemar au goût trop réel. Le goût du sang dans sa bouche.
– Je suis embêté. Il fait très froid ici. Je vais allumer un feu. Ne fais pas cette tête ! Je te laisse cinq minutes d'avance.
Le kidnappeur sortit un minuteur de cuisine et un briquet.
– Vas-y ! Qu'est-ce que tu attends ?
Le petit garçon grimpa. Il y avait quelques aspérités dans cette vielle cheminée en briques. Il montait vite, aidé par la peur. Il voyait les étoiles. Elles semblaient si proches. Peut-être avait-il une chance ?
Le minuteur sonna.
– Alors, tu es déjà en haut ?
Un feu fut allumé. La fumée fit tousser l'enfant. La cheminée était trop haute, et le ciel, impossible à atteindre. Les bords devinrent glissants. Une chaleur insoutenable lui brûlait les pieds. Ses mains, recouvertes de sang, ripèrent sur la paroi devenue glissante à cause de la sueur.
Depuis le début, il n'avait aucune chance de s'en sortir vivant.
Il glissa.
La fumée le fit s'évanouir.
Le feu le brûla.
Celui qui l'avait berné referma la grille de la cheminée.
Une pensée affreuse traversa l'esprit de l'enfant.
''C'est mon dernier Noël."
Il fut assassiné par immolation.
– Mon poulet est cuit à point, on dirait.
Le tueur sortit le cadavre quand le feu fut éteint. Des os et de la poussière. Il dispersa les cendres dans son jardin.
– Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver ! Qui s'en va, en emportant, les cendres de cet enfant, hé !
Il rangea délicatement les os jaunis dans une boîte en bois, décorée de flocons de neige et de pères Noël souriants. Il la déposa avec les autre.
Cette année encore, Noël avait été à la hauteur de ses attentes.
Vivement l'année prochaine.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro