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CHAPITRE 4 Famille Brisée

Je délaisse mon cheeseburger, intriguée par la une de Nice Matin, le journal que Bella vient de me prêter. D'habitude, je m'occupe en discutant avec elle, mais le snack est bondé aujourd'hui. « On se croirait en plein été » avait-elle déclaré en me servant mon apport en graisse quotidien. Et la pauvre gérante-cuisinière-serveuse est bien débordée avec tout ce monde ! Assez pour remplacer sa présence avec du papier.

Je ne lis pas le journal ; en temps normal, je préfère m'évader dans des romans fantastiques, mais ce titre m'intrigue : Un malheureux accident.

 Hier soir, à 22h53, une coupure de courant générale a plongé Nice Etoile dans le noir. Ce qui aurait pu passer pour un simple inconvénient du quotidien s'est transformé en tragédie. En effet, une jeune femme de seulement 25 ans a trouvé la mort dans le centre commercial.

Je plains le gérant de Nice Etoile.

Alexandra Blinov s'apprêtait à rejoindre son petit ami quand la coupure est survenue. Elle se trouvait d'après témoins, dans un des escalators. Personne ne sait précisément ce qu'il s'est passé, mais Alexandra serait tombé et se serait empalé sur la statue représentant l'emblème du centre commercial.

J'évite de m'imaginer la scène et continue la lecture.

L'étude des caméras de surveillance n'a pas permis de résoudre l'affaire, étant donné que ces dernières seraient tombés en panne peu de temps avant le drame. Une enquête est actuellement en cours, mais la piste de l'accident dû aux récentes intempéries est privilégiée.

C'est vrai qu'il a bien plu dernièrement, même si il fait grand soleil aujourd'hui...

Monique, 63 ans, retraitée, a accepté de nous confier ce qu'elle a ressenti lorsque la coupure de courant a cessé : « C'était horrible, la pauvre fille était transpercée de part en part par la branche de l'étoile ! Y'avait du sang de partout ! En plus la petite a eu quelques convulsions avant de mourir ! Son corps bougeait encore...

Désolé Monique, mais je vais arrêter ma lecture maintenant, je voudrais pas vomir mon repas.

- Bah qu'est-ce qu'il t'arrive ma chérie ? me lance Bella entre deux services.

Je préfère lui montrer directement le journal plutôt que de lui expliquer ce que je viens de lire ; je ne sais pas si mon estomac tiendra le coup.

- Oh oui un client m'a raconté tout à l'heure.

Mon amie retourne à son travail et me laisse avec mon imagination. Je me vois facilement à la place de cette Alexandra, prônant au milieu du centre commercial, à la vue de tous. Je pense que ça serait la première fois qu'on m'accorderait autant d'attention.

Comme pour faire écho à cette pensée, mon portable se met à vibrer dans ma poche droite. Je regarde rapidement le nom de mon correspondant. Malia. « Merde ». C'est ma sœur, à qui je n'ai toujours pas répondu.

- Allô Malia ? Je suis désolée de ne pas avoir répondu à ton message...

Elle doit être étonnée d'une apologie si soudaine, puisqu'elle ne répond pas tout de suite.

- Ne t'inquiète pas... Tu dois avoir été très occupée avec ton boulot, et puis, je t'envoie pas de message très souvent non plus, il faut dire, alors... c'est pas grave si tu réponds pas tout de suite, t'en fais pas.

Je crois bien que c'est la première fois que ma sœur aînée s'excuse comme ça... Ou du moins, fais en sorte de me faire comprendre qu'elle s'excuse, mais sans le dire vraiment.

- C'est vrai que ça fait longtemps que j'ai pas entendu ta voix, dis-je en rigolant.

Même si je ne plaisante pas. C'est long une année. Je l'avais bien appelée pour lui annoncer que j'avais trouvé un job, mais elle avait jamais répondu. Juste un message le jour de la rentrée...

- Alors, je continue. Qu'est-ce qui me vaut le plaisir d'entendre ta voix ?

Un regard sur le journal me permet de connaitre la réponse : Numéro du Samedi 12 septembre 2020. Demain, c'est mon anniversaire, mais aussi celui de la mort de ma mère.

*****

Je me réveille à midi. C'est bien la première fois que ça m'arrive depuis des années. C'est d'ailleurs la première chose que Leila me fait remarquer quand je débarque dans le salon.

- Nous sommes le samedi 12 septembre 2020, commence-t-elle d'une voix solennelle. C'est un jour exceptionnel ! Que dis-je ? Un jour historique ! Ewen Migi ici présent, adepte du réveil à cinq heures du matin, et dont seulement quatre heures de sommeil suffisent, vient de se réveiller à midi ! Oui, à midi ! Sommes-nous à la veille d'une révolution planétaire ? L'inspectrice spéciale Leila Migi, la dévouée cousine de la personne interviewée, va se faire un plaisir de lui poser directement la question !

Pour toute réponse, je me jette sur le canapé en grognant. Comment fait-elle pour être aussi bruyante dès le matin ? Cette dernière vient se placer à côté de moi, et continue son histoire :

- Alors, monsieur, pourquoi une si soudaine hibernation ?

Je la regarde droit dans les yeux, et préfère glisser ma tête entre mes bras plutôt que lui répondre.

- Alors comme ça, on fait la sourde oreille ? Tu sais pourtant que je sais comment te faire parler...

Je comprends vite où elle veut en venir, mais elle m'écrase sous son poids avant que je ne puisse m'enfuir.

Elle entreprend ensuite de me bloquer les bras d'une main, tandis que sa deuxième vient me chatouiller à la taille. Je me retiens de rigoler (et de lui balancer un coup de tête), avant qu'elle ne s'exclame :

- Alors ! Tu fais moins le malin ! Tu t'avoues...

Elle s'arrête. Je la sens rapprocher sa tête de mon cou. Elle le scrute un instant et éclate de rire.

- Alors là ! Je savais que t'étais petit ! Mais pas à ce point !

Je comprends alors qu'elle ne regardait pas mon cou mais l'étiquette de mon haut de pyjama, avant qu'elle ne continue son « enquête» :

- Des nouvelles du terrain : il s'avère qu'Ewen Migi, 16 ans depuis le 23 août 2020, porte encore des habits de taille 14 ans ! Serait-ce la raison de son hibernation ?

Je lui jette un des coussins du canapé dessus pour la faire taire, puis rétorque :

- Et alors, ça te fait quoi que j'aie l'air plus petit que les autres garçons de mon âge ? Et puis c'est quoi le rapport avec ton histoire d'hibernation ?

- Tu as l'air beaucoup plus petit que les autres garçons de ton âge...

Un deuxième coussin dans la tête et je me jette sur elle.

Comme après la plupart de nos nombreuses bagarres enfantines et sans grands intérêts sportif, c'est une égalité. Je vais ensuite prendre une douche plus-vraiment-matinale pendant que Leila part préparer le dîner.

Je me retrouve à soupirer en sortant de la salle de bains devant mon armoire. Tous mes vêtements sont du 14 ans... Je suis pourtant pas si petit ! Bon, en fait, si. C'est vrai que c'est pas très grand 1 m 60 pour un garçon de 16 ans. On dirait plutôt que j'en ai 13, voir 12... Mais bon, je m'en fiche, ça me rend moins suspicieux pour le boulot.

Je redescends après m'être habillé pour manger mon déjeuner.

- Je paris que c'est du 14 ans ! rigole Leila en observant mon t-shirt.

Je l'ignore encore en grognant et m'installe en face d'elle autour de la table.

- Ah oui, au fait, recommence-t-elle. Ta tante a appelé.

- Ah bon ?

- Yep ! Elle va pas tarder à rentrer !

- Ça fait pourtant même pas un mois qu'elle est partie...

- Elle m'a dit qu'elle voulait te ramener un cadeau d'anniversaire, vu qu'elle l'a loupé cet été.

- Elle devrait pas se déplacer juste pour ça...

Je me sers de la salade avant que Leila ne rajoute :

- Si ça se trouve, elle te ramènera un joli pull... En 14 ans...

Je me retiens de lui balancer le plat sur la tête et continue tranquillement de manger en regardant la télé. Miss météo annonce du beau temps pour demain.

*****

Je regarde les gouttes s'écraser sur la fenêtre du côté passager de la voiture de ma sœur. Contrairement à cette dernière, je n'ai pas écouté la météo, et ai apporté mon parapluie, et j'ai bien fait.

- On est bientôt arrivées, me dit Malia, clope à la bouche.

Le panneau autoroutier illustre ses propos : Marseille : 10 km

- Tu penses qu'on sera rentrées vers quelle heure ?

- Je sais pas, répond sèchement ma sœur.

- Ça va, je demandais juste.

- Excuse-moi, je suis un peu sur les nerfs en ce moment...

Cette fois, elle s'est excusée ouvertement. Il y a quelque chose qui cloche avec Malia, définitivement.

- C'est pas grave, je m'inquiétais juste de savoir si je pourrai aller bosser demain matin.

- T'inquiète pas dans ce cas. Moi aussi je dois travailler demain, on sera rentrées à temps.

- Ah bah ça va alors... Et comment ça se passe du coup pour toi ?

Je ne me souviens absolument pas quel travail elle fait. En même temps, j'ai rarement de nouvelles, et ma sœur change de boulot relativement souvent...

- Je suis en fight avec un gars pour une promotion, c'est sûrement pour ça que je suis sur les nerfs.

Même si elle a dix ans de plus que moi, je vois qu'elle parle toujours comme une « jeuns ».

- Ah ouais et au fait, continue-t-elle. Joyeux Anniversaire.

En 21 ans, c'est bien la première fois que quelqu'un de ma famille me souhaite un bon anniversaire. Etant morte à l'accouchement, ce n'est sûrement pas ma mère qui me l'aurait souhaité. Ni Malia, qui m'en a tenue pour responsable. Et encore moins mon père, gros dépressif ayant sombré dans l'alcool peu de temps après. Je ne pense d'ailleurs pas qu'il sera devant la tombe de maman cette année.

La voiture quitte l'autoroute et se lance dans la plus grande ville de la région. Je me dis en regardant les immeubles défiler que j'aurais peut-être habité dans l'un-deux. En effet, peu après le « meurtre dont tu es responsable », la petite famille Lumen délaissa Marseille pour Nice. Mon père et ma sœur étaient sûrement mal de vivre dans la ville de leur défunte mère/épouse.

Après ce déménagement, et d'aussi loin que je m'en souvienne, c'est ma sœur qui s'occupait de la maison. Mon père passait le plus clair de ses journées affalé sur le canapé, une bière à la main. Mon quotidien était fait d'insultes envers moi, (la plupart à propos de la mort de ma mère) et de corvées à réaliser.

Lorsque Malia a fini le lycée, elle est partie travailler je ne sais plus trop où, m'abandonnant à mon père. Contrairement à ma sœur qui me dirigeait avec des mots, mon père le faisait avec ses poings. J'avais alors 8 ans.

Je suis restée dans cette situation dix ans de plus. Je me suis empressée de louer un appartement, et ai fait des études pour être professeure de français. Malheureusement, mes notes n'étaient pas assez satisfaisantes, et j'ai fini par trouver un boulot au CDI du lycée. Beaucoup moins glorieux.

Nous sommes maintenant dans les petites rues de Marseille. Je reconnais enfin le chemin nous menant au (tout petit) cimetière Saint-Jérôme, où maman est enterrée.

Malia se gare à quelques mètres du portail. J'ouvre mon parapluie en sortant, et ma sœur vient se coller à moi, pour s'abriter de la pluie. On croirait qu'elle se retient de ne pas le prendre pour elle seule. Nous pénétrons côte à côte dans le cimetière alors que l'orage s'intensifie au-dessus de nos têtes.

On ne met qu'une ou deux minutes pour retrouver la tombe de maman.

Ci-gît Manon Lumen, née Vrolia.

16 juin 1969 - 13 septembre 1999

Malia lâche le parapluie et vient s'agenouiller dans la boue devant le bout de marbre. Elle dépose une rose (ses préférées m'a-t-elle dit), et se met à pleurer toutes les larmes de son corps.

Cette année non plus, je n'arrive pas à pleurer ma mère. Mais je me dis que c'est normal après tout, je ne l'ai pas connue.

Au bout d'une quinzaine de minutes, ma sœur se relève et se tourne vers moi. Avec son maquillage dégringolant le long de son visage et son expression désespérée, on dirait presque qu'elle a envie de me tuer.

Cette année aussi, j'attends à recevoir son coup de poing, celui qu'elle me met à chaque fois qu'on vient se recueillir. Ce poing qui semble dire « c'est de ta faute si elle est morte, si seulement tu n'étais pas née... ».

Cependant, ce n'est pas un coup que je reçois. A la place, Malia fond de nouveau en larme dans mes bras. C'est la première fois qu'elle me fait un câlin. La chaleur de son corps me prouve que, malgré ce qu'elle m'a fait, elle reste humaine. J'ai presque envie de la pardonner.

Je l'entends marmonner quelque chose, mais je ne comprends rien à ce qu'elle essaie de dire.

- Tu peux répéter s'il te plaît ?

Et pour répéter, elle répète ! Elle crie même, dorénavant.

- Je suis désolée Sasha ! Je suis désolée !

- Mais de quoi ? (j'essaie de la calmer en même temps)

- Mais de tout ce que je t'ai fait ! De tout ce que j'ai pu te dire ! J'ai été une horrible sœur pendant toute ma vie ! Tout ça parce que je n'acceptais pas la mort de maman... Désolée...

Elle pleure encore plus fort maintenant qu'elle a vidé son sac. Je ramasse le parapluie à nos pieds et sort un mouchoir de ma poche. J'essuie le maquillage de Malia et lui donne un petit bisou sur le front.

- C'est pas grave... Tu es pardonnée.

Franchement, on devrait me donner le prix Nobel de la paix...

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