CHAPITRE 13 Par une après-midi d'Hiver
Alors le mouton rendit justice, encore et encore. Grâce à lui, le troupeau était plus heureux, il le voyait bien ; ils étaient tous plus resplendissants les uns que les autres. Mais il ne s'en vanta jamais. Il ne voulait pas se faire remarquer, sinon, les moutons qui noircissaient se méfieraient de lui. Il serait un héros silencieux, travaillant dans l'ombre.
Cependant, un jour, alors qu'il partait remettre un mouton noir dans le droit chemin, il fut surpris de constater qu'un autre l'avait devancé dans ses projets. En effet, l'individu qu'il avait pris pour cible reprenait déjà une teinte blanche, pure. Il entreprit donc de chercher qui était responsable. Et quand il le trouva manger la portion d'un autre mouton noir, il lui proposa : « Nous avons un but commun, pourquoi ne pas nous allier ? ».
- Tu es bien matinal dis-donc, Ewen ! me lance Karen alors que je pénètre dans la cuisine.
- J'ai jamais eu besoin de beaucoup dormir, je réplique.
Leila débarque à son tour et se rajoute à la conversation :
- Pourtant, je me rappelle qu'un certain 12 septembre 2020, monsieur Ewen Migi ne s'était pas réveillé avant midi...
- Alors comme ça, il t'arrive quand même de te comporter en ado de ton âge, réagit ma tante en délaissant ses pancakes.
J'ignore la réplique et préfère m'atteler à mettre la table. Ça me fait encore bizarre de préparer quatre couverts... jusqu'à peu, on n'était que deux, et depuis que Sasha est arrivée, Karen n'est pas repartie.
- Bonjour tout le monde, déclare justement Sasha en entrant, fatiguée.
- Tu as l'air épuisée ma chérie, décrit Leila en la voyant.
- C'est que j'ai pas vraiment l'habitude de me lever si tôt.
Elle s'assoit autour de la table, se sert un verre de lait, et manque de s'effondrer de fatigue dans son assiette.
- Et puis, la mission d'hier avait l'air plutôt tendue, admet Karen en servant le nouveau membre d'Astrea Messengers un pancake.
- C'est vrai que pour une première mission, c'était peut-être un peu difficile, rigole Leila.
- Enfin j'ai pas fait grand-chose, soutient Sasha. C'est Ewen qui a tout fait.
Trois paires d'yeux viennent se poser sur moi, attendant visiblement une réaction de mon côté.
- Le plan n'a pas fonctionné, c'est tout. Tu l'as peut-être pas tué, mais tu as réussi à assez bien jouer la comédie pour ne pas alerter la police, non ?
- Mouais... répond-elle dépitée.
Un silence s'installe, rapidement brisé par ma cousine :
- Enfin, en tout cas, on va surement en entendre parler dans les journaux de la région !
Ça je veux bien le croire. Même si l'affaire s'était tassée, Bernard Crovach restait quelqu'un d'assez « célèbre ».
- Ah, tant que j'y pense ! lance soudain Karen.
Elle retire de son sac une enveloppe, d'où elle sort des liasses de billets.
- Tiens, voilà ta première paye, sourit-elle à Sasha, avant de faire de même à mon égard.
Je range directement les sous dans ma poche (je les monterai tout à l'heure), tandis que l'employée du CDI écarquille de plus en plus ses yeux en les comptant. Après quelques secondes à regarder les trois autres personnes autour de la table, elle finit par prononcer :
- Deux... deux-mille euros ?
- Vous avez fait du bon boulot, explique alors ma tante. Et le neveu de la cible est plutôt riche, il faut l'avouer.
La sonnerie retentit ; la première matinée de cours de l'année 2021 est finie. Comme d'habitude, la majorité de la première L 3 se dirige vers la cantine, sans même dire au revoir à la pauvre mademoiselle Salamanca. Si les élèves ont sûrement oublié les leçons pendant les vacances, la routine, elle, est toujours bien ancrée dans leurs esprits.
- Tu viens manger Ewen ? me demande Karl, lui aussi impatient d'aller se remplir l'estomac.
En temps normal, j'aurai répondu à ce psychopathe que j'avais autre chose à faire (si je ne l'avais pas insulté d'abord bien sûr). Cependant, depuis ma discussion avec Claire, quand elle m'a révélé que l'énergumène en face de moi m' « appréciais vraiment », je tâche de faire un effort.
Pas pour Karl, pour Amy. Parce qu'elle aurait voulu que je sois heureux, c'est ce que Claire m'a dit.
Un rapide coup d'œil à la fenêtre m'indique qu'il neige encore.
- Désolé Karl, pas aujourd'hui... J'ai quelque chose à faire dehors, je feins, l'air dépité.
- Bon tant pis, alors, répond-il quasiment immédiatement. A plus mec !
Et il s'élance avec ses amis à l'assaut du réfectoire.
Pour ma part, après avoir dit au revoir à ma professeure, je me dirige vers la cafétéria pour m'acheter un panini. J'adore la neige, alors je mangerai dans le mini-bois, au calme.
Après avoir effectué mon achat, je me retrouve devant la porte du CDI. J'ouvre, et me fais accueillir d'une manière plutôt violente :
- PAS DE BOUFFE AU... Ah ! C'est toi Ewen, rentre, justement je voudrais que tu me dises un truc.
- Je t'écoute, je réponds calmement, pénétrant dans le CDI complètement vide.
Sasha s'assoit ensuite sur un bureau, puis m'explique :
- Je t'ai vu plusieurs fois assis dans le mini-bois, derrière là.
Elle pointe son doigt en direction des petites fenêtres, au cas où je ne saurais pas où il est.
- Comment tu fais pour y accéder ? J'aimerais bien y aller moi aussi. C'est calme, et puis, je voudrais y manger le midi.
Enfin quelqu'un qui préfère être au calme. Moi qui pensais que c'était en voie d'extinction à notre époque...
- Suis-moi, je lui ordonne gentiment.
Quelques minutes plus tard, nous nous asseyons enfin sur le banc du mini-bois.
- Je pensais pas que ça serait aussi simple, rigole Sasha en ouvrant son panier repas.
C'est juste que tu n'es pas très observatrice. En effet, dans la réserve du CDI, une fenêtre donnant sur le bois est assez grande pour y passer. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
- T'es sûre que ça ne pose pas de problèmes qu'il n'y ait personne à l'intérieur ?
- Oh tu sais, y'a jamais personne là-dedans. Bouya y est presque jamais non plus. Je me demande même à quoi elle sert franchement.
J'étouffe un rire en croquant un bout de mon panini.
- Lily se plaignait déjà de ça quand elle était encore ici.
- L'ancienne stagiaire ? demande Sasha, agacée.
Connaissant Bouya, ce n'est pas étonnant qu'elle ait cette réaction. La vieille à sûrement dû lui dire un nombre incalculable de fois à quel point Lily était géniale, extraordinaire, etc...
J'hoche la tête en guise de réponse. L'actuelle stagiaire du CDI mord à plaie dents dans son sandwich, terminant la discussion.
Pendant un temps, nous restons là, sans échanger une seule parole, un seul regard. Nous observons l'endroit dans lequel nous sommes. On pourrait se croire dans une boîte. Le mini-bois est entouré par quatre murs du lycée, et les seuls fenêtres qui donnent dessus sont celles du CDI.
Tout l'espace est recouvert d'une fine couche de neige, et le ciel est gris, comme le banc et le chêne ayant perdu ses feuilles. A vrai dire, la seule touche de couleur dans cette « boîte » provient de l'épaisse veste de Sasha, rouge, tranchant complètement avec le reste du paysage.
Elle frissonne, et quelques secondes plus tard, éternue, avant de se retourner vers moi :
- T'as pas froid ?
Elle semble choquée que je parvienne à survivre avec une veste qui paraît si maigre comparée à sa doudoune.
- J'ai jamais froid, souris-je d'un air supérieur.
- Ah bon ? réplique-t-elle. Pourtant, je paris que t'es pas capable de t'allonger dans la neige.
J'étouffe un rire et me lève. Je retire ma veste devant Sasha, abasourdie, et me jette sur le sol, en T-Shirt.
Quelle agréable sensation. Je commençais à avoir trop chaud avec cette veste.
- Mais t'es malade ? s'écrie-t-elle.
Mais je ne l'écoute pas. Je préfère observer le ciel et les flocons qu'il déverse sur le monde. C'est reposant, j'ai même envie de m'endormir là. Mais je sais que je me ferai réveiller par la sonnerie. Je me risque quand même à fermer les yeux, sentant chaque morceau de glace se déposer sur mon corps.
Quand je les rouvre, Sasha se trouve au-dessus de moi.
- Ça fait dix minutes que t'es comme ça ! Ca va pas ou quoi ?
J'ignore sa question et me relève, je veux éviter d'attraper froid quand même.
Je me rassois tranquillement sur le banc, puis vois son regard inquisiteur posé sur moi. Je décide donc de lui expliquer :
- Je suis bien habitué à la fraîcheur.
- Jusque-là j'avais compris... soupire-t-elle.
Elle se rassoit à côté de moi, et m'incite à continuer.
- J'habitais à Hell avant.
- Je sais bien qu' « Hell » veut dire « enfer » en anglais, mais je doute que t'y habitais...
- C'est un petit village en Norvège, je comprends que t'en ai jamais entendu parler.
- Je ne savais que la famille Migi était d'origine norvégienne.
- C'est mon père qui était norvégien, mais ma mère, et tout le reste de la famille Migi est française.
Plus je m'enfonçais dans mes explications, plus des souvenirs plus ou moins désagréables me revenaient en mémoire. Mais bon, c'est comme tout, de temps en temps, on a besoin d'en parler, ça fait du bien. On sait pas forcément pourquoi, mais ça fait du bien.
- Ah d'accord. Ca explique pourquoi tu résiste au froid... Moi je n'aurais pas supporté. Déjà que j'ai du mal aujourd'hui, alors qu'on est dans le sud et qu'il fait même pas des températures négatives...
- Pour te donner une idée, la température moyenne à Hell est de – 6 degrés Celsius. Et tout est gelé un tiers de l'année, de Décembre à Mars à peu près.
La mâchoire de Sasha semble être défectueuse, tellement son inclinaison est peu probable lorsque je prononce cette phrase. Après quelques secondes à me dévisager, comme on dévisagerait une bête de foire, elle parvient tout de même à articuler quelques mots – sa mâchoire n'était donc pas cassée !
- Comment tu as fait ?
- L'habitude je pense ? Et puis je n'avais pas le choix de toute façon. Ma mère était raide dingue du paysage, en plus de mon père. Elle n'aurait en aucun cas voulu redescendre sur la Côte d'Azur.
- Alors pouqu...
Sasha s'arrête, comprenant probablement la raison pourtant évidente de sa question. Néanmoins, je prends quand même la peine d'y répondre :
- Accident de voiture. J'avais huit ans, on revenait du cinéma pour mon anniversaire. On avait vu Le Hobbit. C'était le soir, et malheureusement, mon père n'a pas vu le camion arriver. Ils sont morts sur le coup. J'ai survécu car les urgences sont arrivées rapidement. Mon père était orphelin, je me suis donc retrouvé chez Karen, la sœur de ma mère, et à vrai dire le seul membre de ma famille restant. Elle venait d'adopter Leila d'ailleurs.
- Je suis désolé Ewen, j'aurais pas dû poser la question.
Combien de fois j'ai entendu ça ? Enfin, je ne vois même pas ce que moi, je pourrais dire à sa place.
- Mais comment se fait-il que tu te souviennes de tout ça ?
- Eh bien, je suppose que dans ces situations, y'a deux possibilités : soit t'oublies tout. Soit tu te souviens de tout. Enfin je ne saurais pas te dire lequel est le pire. Mais dans mon cas, il y a l'hypermnésie à prendre en compte. Certes, je ne me souviens pas de tout depuis le jour de ma naissance, mais je n'oublie plus rien depuis, disons, mes sept ans.
Rien. Aussi fort que je puisse essayer.
*****
Le mercredi a toujours été mon jour de la semaine préféré. Peut-être parce que je ne bosse que le matin. Non, sûrement parce que je ne bosse que le matin. Même si depuis que je suis rentrée dans les Astrea Messengers, le mercredi après-midi rime plus avec entraînement qu'autre chose.
- Tiens, Leila n'est pas là ? je demande en entrant dans la cuisine.
Je sens l'odeur des crêpes s'échapper de la poêle de Karen. Parfait, j'adore ça.
- Non, me répond cette dernière. Elle est partie en mission solo à Marseille cette nuit, elle rentrera ce soir.
- Comment on fait pour le lycée alors ? s'interroge Ewen.
Pour ma part, un jour de congé me dérangerais pas, mais bon...
- N'oublie pas que ta tante sait conduire, elle aussi, lance Karen. Enfin Sasha aussi, même si elle n'a pas encore de voiture. Alors je vous emmène ce matin, et je pars à Nice ensuite, donc ne comptez pas sur moi pour venir à midi. Je t'enverrai un SMS quand je remonte à Vence, je vous rejoindrai sur le parking du lycée.
- Et qu'est-ce qu'on fera en attendant ?
Repos peut-être ? Enfin je doute que la chef des Astrea Messengers nous laisse sans rien faire.
- Ce que vous voulez, finit-elle par répondre. Baladez-vous dans la ville par exemple !
Eh bien ! C'est un mercredi parfait qui s'annonce !
La dernière sonnerie de la journée -du moins pour moi- sonne, et je suis enfin libérée. J'appréhende déjà cette après-midi de libre. Le premier sans boulot, ni entraînement. Quel bonheur ! Maintenant que j'y pense, c'est vrai que ça fait longtemps que je n'ai pas mon mercredi après-midi. En même temps, j'ai plutôt été occupée avec les Astrea Messengers.
Je me demande ce que voudra faire Ewen. Personnellement, j'aimerais bien aller faire du shopping au centre commercial qui a ouvert près de (l'ancienne) maison de mon père. Mais je ne pense pas que le lycéen sera d'accord. Il a peut-être déjà quelque chose de prévu...
- Saha ! m'appelle-t-il justement alors que je sors de l'enceinte de l'établissement.
A chaque fois que je le vois comme ça, avec son sac sur le dos, et devant le lycée, je ne peux pas m'empêcher de me dire à quel point il a l'air normal. Complètement impossible d'être responsable de tant de meurtres. Enfin, moi aussi je dois avoir l'air d'une stagiaire banale.
- T'as faim ? je lui demande lorsque je le rejoins.
- Pas trop et toi ?
- Non plus.
- Milk-shake ?
- Parfait !
Ce qui est bien avec Ewen, c'est qu'on va droit au but dans les conversations. Je suis sûre que ça doit déplaire à beaucoup de gens, mais moi, je trouve ça bien. Un peu de diversité, merde !
Après avoir fini nos boissons (vanille-fraise pour moi, nutella-pastèque pour Ewen), nous tuons le temps en faisant un tour des boutiques. Tout y passe ; fringues, livres, multimédia... faut dire qu'on a à dépenser avec l'argent de la mission ! Ewen en profite même pour me montrer (dans le rayon cuisine du Monoprix) ses couteaux préférés. Pas pour faire à manger, comprenez bien, et me promet de m'initier au lancé de couteau, un jour ou l'autre.
- Va falloir que j'y aille, me lance-t-il après avoir regardé son portable.
- T'avais quelque chose de prévu ?
- J'ai rendez-vous avec Lily, l'ancienne stagiaire, à la médiathèque. Tu veux venir ?
- Non ça ira, je soupire. Je vais continuer mon shopping. Préviens-moi juste quand ta tante veut venir nous chercher.
- Ça marche, à tout à l'heure.
Et il s'en va.
Je n'ai absolument rien contre cette Lily ; je ne la connais même pas de toute façon. Mais des mois que Bouya m'harcèlent en me comptant ses indénombrables talents. Alors je pense que je suis vaccinée de l'envie de la voir. Ça a l'air d'être une chic fille mais bon, y'a des gens comme ça, tu sais pas forcément pourquoi, mais tu sais que tu pourras jamais entretenir une relation avec eux.
Et puis y'en a, c'est l'inverse. T'as rien en commun avec cette personne, et pourtant, tu sors avec elle pendant un an, sans vraiment savoir pourquoi votre relation est allée aussi loin.
- Sasha ? s'exclame justement cette personne en me reconnaissant.
Et dix minutes plus tard, on se retrouve Chez Bella, en train de siroter un coca, l'un en face de l'autre, à se raconter ce qu'on s'est pas dit depuis la fin de la terminale. En même temps, c'est pas vraiment étonnant qu'on se soit pas reparlé depuis ; quand un couple se brise, c'est toujours compliqué de savoir comment se comporter avec l'autre.
- Alors ? commence-t-il. Sasha Lumen est enfin prof ?
- Malheureusement non, je soupire. Stagiaire dans le CDI du bahut... enfin c'est mieux que rien. Et toi ? Quentin Forradeli est enfin pilote d'avion de chasse ?
Il éclate de rire. Je ne pensais pas que son sourire m'avait autant manqué...
- Stagiaire aussi. A la médiathèque de la ville. En même temps, j'ai été un peu con de croire que je passerai le concours alors que je suis myope.
- On est tous con au lycée je pense.
Sauf peut-être Ewen.
- Surtout en juin, rajoute-t-il. Le stress du BAC peut-être...
Je comprends la référence très rapidement. Il a cassé en juin, juste avant le BAC. Alors comme ça tu regrettes ? Pfff... Et tu crois que je vais te retomber dans les bras comme ça ? Après presque quatre ans ? Peut-être que si en fait... ce serait agréable j'imagine.
C'est fou comme les sentiments se ravivent rapidement quand on y pense. Juste une supposition suffit ; si ça se trouve, il pensait même pas notre rupture en fait.
Il reprend la parole, ne trouvant aucune réaction de ma part :
- Désolé d'ailleurs...
Donc tu pensais bien à ça finalement !
- T'en fais pas, ça fait quatre ans quand même ! De l'eau a coulé sous les ponts, et puis je suis sûre que t'as trouvé quelqu'un depuis !
Allez, vas-y, enfonce-toi un peu plus dans tes explications ! C'est pas comme si tu t'endormais sans jamais penser à lui de toute façon ! Je me donne une baffe mentale, espérant faire taire cette petite voix provenant tout droit du fond de ma conscience.
- Eh bien justement, répond-il enfin. Je voulais te demander...
- Un autre Coca ma belle ?
La réplique de Bella vient complètement détruire l'ambiance de la conversation.
- Non Sasha ? Parce que t'as fini le tien... s'explique-t-elle.
- Ça ira, merci Bella, mais faut que je m'en aille. Je reviens te payer demain.
- Attends un peu ma chérie ! réplique-t-elle en m'attrapant le bras. Viens avec moi dans l'arrière-boutique.
Après avoir vérifié que Quentin ne nous espionne pas, mon amie commence son explication :
- Ecoute moi bien ma chérie. Je n'ai jamais vu ce type quand vous étiez en couple, étant donné que j'avais quitté le lycée un an avant. Mais d'après le portrait que tu m'en as fait, ce mec est un connard. Un véritable connard. Tu m'entends ? C O N N A R D. Alors un conseil, bon je suis peut-être pas psy, mais je peux au moins te dire ça : surtout, n'aie plus rien à faire avec lui sur le plan amoureux. OK ? Et t'inquiète pour le Coca, c'est cadeau de la maison.
Mais c'est trop tard, moi, j'ai entendu le reste de sa phrase, et j'ai déjà succombée.
Je voulais te demander si tu accepterais de revenir en couple avec moi.
- OK Bella. Merci de te soucier de moi.
Une rue de Vence, peu importe laquelle, peu importe à quelle heure. Deux jeunes gens s'embrassent devant un immeuble. « Peu importe quels jeunes gens », c'est ce que j'aurais dit normalement. Sauf que là, c'est moi qu'embrasse l'autre jeune gens, Quentin.
- T'es sûre que tu veux pas monter ? me demande-t-il après m'avoir libérer de son étreinte.
- Je suis désolée, mais je dois vraiment y aller, cette fois.
- Bon...
Il m'embrasse une deuxième fois. Plus rapidement.
- A bientôt ma princesse.
Vraiment, quel mercredi parfait !
*****
- Votre pause est finie, Lily.
- C'est pas la peine de me vouvoyer, rétorque-t-elle à une stagiaire de la médiathèque. Tu es plus âgée que moi.
- Mais je ne suis qu'une stagiaire.
Je me lève donc, la suite des aventures du mouton dans ma main droite.
- A bientôt alors, Lily.
- Désolée que ce soit si cours à chaque fois. A bientôt Ewen.
Avant de quitter la pièce, je regarde une dernière fois l'étiquette de la nouvelle stagiaire. Je n'ai pas forcément besoin de connaître son nom, c'est juste une habitude. Des années à accumuler des informations pour les missions, c'est sûrement ce qui a développé ce côté de ma personnalité.
La nouvelle collègue de Lily se prénomme donc Malia.
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