Chapitre 5
Hello!
J'espère que ce chapitre vous plaira,
Bonne lecture!!
Une douce odeur de pains chauds et d'amande arriva aux narines de la jeune rescapée, qui émergeait doucement de sa courte nuit.
— Tu veux manger ?
Astia se redressa d'un bond en jetant un regard apeuré autour d'elle. Une femme âgée se tenait assise au bord de son lit. Très maigre, elle ne devait pas mesurer plus d'un mètre cinquante-cinq et possédait une chevelure vert pâle très épaisse, semblable à celle de Sirria et du jeune homme, coiffée en une large tresse, qui lui descendait jusqu'aux fesses.
Elle recula légèrement.
— Je ne voulais pas t'effrayer mon enfant, désolée, lui dit-elle d'une voix douce et posée. J'aurais sans doute dû te laisser le temps de te réveiller avant, excuse-moi. Je suis Osma, la mère de Sirria.
— Bon... bonjour.
La vieille dame posa sa main sur son cœur.
— Enchantée, jeune fille. Astia, c'est ça ?
La jeune rescapée acquiesça d'un hochement de la tête en cherchant Sirria ou le garçon du regard.
— Sirria s'est réveillée tôt ce matin. Elle a beaucoup de choses à préparer. Mais ne t'inquiète pas, je suis sûre qu'elle va vite revenir. Tu dois avoir faim, non ?
Astia la regarda se diriger lentement, le dos voûté, vers un plateau posé sur la petite table de bois, au centre de la pièce.
Maintenant qu'il faisait jour, elle comprit mieux les propos de son hôte : une forteresse de roche. L'habitation, très spartiate, faisait en effet davantage penser à une grande cellule qu'à une habitation à proprement parler. Il s'agissait d'une pièce creusée dans la roche, grande d'une vingtaine de mètres carrés. Elle comprenait pour tous meuble, trois lits, la table sur laquelle reposée un panier de petits pains et un récipient, ainsi que trois malles en bois disposées au pied des lits. La tenture chatoyante, dissimulant l'entrée de l'alcôve, permettait sûrement à ses habitants de préserver un minimum d'intimité.
La mère de Sirria lui tendit un pain chaud à la douce senteur d'amande.
— Tiens, mange, tu en as bien besoin pour reprendre des forces.
— Merci, ça a l'air délicieux confia Astia, morte de faim, en mordant à pleine bouche dedans.
Une saveur, inconnue et délicieusement sucrée, ressemblant au miel, envahit son palais et ses papilles.
La voyant engloutir la pâtisserie en deux secondes, la vieille femme ravie, se releva et alla chercher le panier entier ainsi qu'une tasse remplie d'un liquide clair.
— Prends, jeune fille. Bois, c'est du cali, une tisane chaude aux épices dont j'ai le secret. C'est délicieux et revigorant, cela te fera le plus grand bien.
La jeune fille, affamée, allait saisir la nourriture quand elle suspendit son geste, interdite, regardant avec insistance son hôte. La tasse qui paraissait froide quelques secondes auparavant, s'était soudainement mise à fumer au contact des mains de la vieille dame.
Cette dernière, espiègle, sourit de toutes ses dents.
— Ce n'est pas parce que je suis âgée, que je suis incapable de faire un peu de magie, mon enfant !
Astia ouvrit des yeux ronds.
— Comment avez-vous... ?
Un mouvement dans la tenture d'entrée l'interrompit : Sirria, le teint grisâtre et d'énormes cernes violets sous les yeux, entra dans la pièce. Bien qu'elle ne la connaisse pas vraiment, Astia se réjouit de revoir la magicienne, son seul repère dans ce monde étrange.
— Vous allez bien ?
Sirria lui adressa un sourire bienveillant puis remit un peu d'ordre dans ses cheveux.
— Oui, j'ai passé une partie de la nuit à faire des recherches. Tu as pu récupérer un peu de force ?
La mage fixa Osma et le panier de petits pains avec amusement.
— Je vois que tu as fait connaissance avec ma mère et qu'elle essaie déjà de te faire manger plus que de raison !
Cette dernière, faussement outrée par ces insinuations, lui adressa un sourire, et s'installa tranquillement à table pour commencer à boire son cali.
Astia, amusée, ne put réprimer un sourire.
— Non, non, c'est moi qui suis affamée ! Et ces petits pains sont vraiment délicieux. Je ne sens pratiquement plus la douleur assura-t-elle en faisant bouger ses jambes.
Sirria ne preta pas attention aux paroles de la jeune fille. Du coin de l'œil, elle regardait la tenture sans répondre.
Astia fronça les sourcils, inquiète, en remarquant son visage fermé et ses yeux fixant l'entrée. Elle était anxieuse, cela ne faisait aucun doute. Sirria hésita un bref instant puis avança d'un pas, s'approchant suffisamment d'Astia, pour lui murmurer.
— Nos dirigeants aimeraient te voir. Ne t'inquiète pas, ce ne sera pas long. Réponds juste à leurs questions honnêtement et tout se passera bien.
Mais la jeune fille sentit que ce n'était qu'une partie de la vérité. Sa nouvelle amie semblait bien trop nerveuse pour que cette présentation ne soit qu'une simple formalité. La foule vindicative de la veille lui revint en mémoire. Il s'agissait de faire bonne impression, son avenir ici en dépendait, elle le sentait.
La guérisseuse s'écarta, laissant entrer quatre personnes à la démarche hautaine : deux femmes et deux hommes.
— Je te présente les représentants de mon peuple : le conseiller Altir, la conseillère Marween, et la conseillère Isil ainsi que Gardir le chef de nos guerriers.
Les trois premiers individus, contrairement aux habitants d'hier, étaient parés d'étoffes richement décorés, ressemblant à ceux de la magicienne : de grandes toges grises et bleu sombre, brodées de fins fils d'or.
Plus grand que le conseiller Altir d'au moins quinze centimètres et extrêmement musclé, le chef militaire, était le seul à être habillé comme le reste de la population, d'une simple chemise et d'un pantalon. Le pommeau d'une épée dépassait de son fourreau de cuir fixé à la taille. Il se tourna vers Astia et la dévisagea de son regard perçant.
Il ne cacha pas sa stupeur en remarquant ses oreilles arrondies.
—Oui, elle leur ressemble mais je vous jure qu'elle n'est pas l'une des leurs, lui déclara Sirria, en voyant son étonnement.
Le conseiller Altir déglutit avec difficulté. Il recula d'un pas.
— Mais alors d'où vient-elle ?
—D'un monde qu'elle appelle la Terre déclara Sirria dans un souffle.
Le conseiller la dévisagea, troublé et fit deux pas en direction de la jeune fille.
— Le portail, comment l'avez-vous activé ?
Astia commença à s'agiter dans son lit. Elle se mordit nerveusement l'ongle.
— Je ne sais pas. Il est apparu dans mon sommeil... Je ne savais même pas ce que c'était, ajouta Astia en triturant nerveusement sa couverture.
—Vraiment ? insista le conseiller sur un ton sévère. Vous n'en aviez aucune idée ?
Astia toucha machinalement son pendentif argenté.
—Le pendentif s'exclama-t-elle en le sortant de sa chemise. Il doit y avoir un rapport avec lui. Il a littéralement explosé quand la lumière du vortex s'est intensifiée. Il était comme attiré par elle.
Le conseiller Altir s'avança pour mieux observer l'objet en question. Il pâlit instantanément, réfrénant du mieux qu'il put, un mouvement de recul. Visiblement, il ne voulait pas que l'on se rende compte de son trouble.
—Où avez-vous trouvé ça ? demanda-t-il de la façon la plus détachée possible.
—Une amie me l'a offert, pourquoi ? Vous savez ce que c'est ?
—Non, sûrement une babiole sans importance répondit-il nonchalamment en continuant de fixer l'objet.
Pourtant, il avait pâli en le voyant. Astia en était persuadée. Alors pourquoi mentir ? Osma et Sirria avaient l'air aussi perplexe qu'elle. Le chef des guerriers la fixait toujours. En colère, il semblait clair qu'il ne la croyait pas le moins du monde.
— Dans ce cas, tu aurais réussi à survivre dans la zone fantôme sans aucune magie ? questionna-t-il, incrédule, en la dévisageant. Plusieurs de mes meilleurs guerriers y sont morts et toi, tu y aurais survécu seule ?
Astia hésita un moment à révéler ses pouvoirs, mais la prudence lui intimait de ne pas le faire.
— Survécu ? Au moment où vous m'avez trouvée, j'étais quand même sur le point de me faire dévorer par une plante carnivore fit-elle remarquer, irritée par le ton condescendant de l'homme.
La guérisseuse s'assit à côté d'Astia sur son lit et posa sa main sur son épaule en signe d'apaisement.
—Elle dit vrai. Elle a failli mourir.
— Désolée de m'être emportée, se reprit Astia adoucie, en regardant les conseillers. Je suis encore fatiguée et déboussolée.
— Nous comprenons cela, jeune fille, concéda la conseillère Isil. Tu dois comprendre que nous devons assurer la sécurité de notre peuple. Et ta venue, impromptue, nous questionne.
Gardir se pinça les lèvres.
— Tout ceci est fort étrange. Nous devons absolument savoir ce qui s'est passé.
Se tournant vers les conseillers, il leur murmura quelque chose d'inaudible. Seul le mot Atchmi parvint aux oreilles d'Astia.
— Je suis d'accord confirma le conseiller Altir, en regardant Astia intensément. Quelqu'un a forcément créé ce portail. Un tel pouvoir pourrait s'avérer primordial dans cette période troublée...
La jeune fille frissonna. Qu'adviendra-t-il s'ils comprenaient qu'elle avait menti ? Et que signifiait le terme « Atchmi » ?
— Avec un peu de chance, nous parviendrons à te renvoyer chez toi et à trouver un moyen pour lutter contre notre ennemi dit Sirria doucement.
Les conseillers se levèrent d'un bloc ainsi que le chef militaire qui fixait toujours Astia. La conseillère Isil s'approcha de la jeune rescapée et posa sa main sur la sienne.
— Oui, Sirria a raison. Nous avons intérêt à nous entraider. Dans cette optique, nous l'autorisons à t'accueillir chez elle, tant que tu en auras besoin. Elle et sa famille t'aideront et t'apprendront ce que tu dois savoir.
Ils allaient prendre congé quand le conseiller Altir ajouta, juste avant de franchir la tenture :
— Elle s'est portée garante pour toi, tâche d'en être digne. Tu peux aller où tu le désires mais ne t'éloignes pas trop. C'est un vrai labyrinthe ici, on se perd très facilement.
Astia le dévisagea. S'agissait-il d'une menace ou devenait-elle paranoïaque ? Elle n'aurait su le dire avec certitude mais elle fut soulagée en voyant la tenture se refermer. Elle respira de nouveau librement.
Le tissu bougea de nouveau. Astia sursauta, s'attendant à voir revenir le conseiller Altir.
Mais à sa place, un jeune homme entra et lui sourit timidement, une balafre violette au visage.
—Vous !
Sirria et Osma se jetèrent dans les bras du jeune garçon, qui éclata de rire.
—Doucement !
—Comment vas-tu mon fils ? demanda Sirria préoccupée en s'écartant prestement.
Les deux femmes regardèrent le jeune homme, inquiètes. Osma leva doucement la tunique de son petit-fils : un large bandage couvrait entièrement son torse.
—Tes côtes te font encore souffrir ?
Il fit pivoter sa main de droite à gauche avec une petite grimace. Astia, incapable de prononcer un mot, resta bouche bée. Il lui fallut une minute pour enregistrer l'information.
—C'est votre fils ?
Sirria approuva d'un hochement de tête
—Désolé, j'aurai dû te le dire mais avec tout ce qui s'est passé, j'ai totalement oublié. Je te présente mon fils Helvius.
Il devait avoir son âge et possédait de superbes yeux vert émeraude qui lui donnaient un charme fou, malgré l'énorme balafre sur sa joue. Astia sentit son cœur pulser plus vite quand leurs regards se croisèrent.
—Désolé pour ta blessure aux côtes. Je te dois beaucoup, je ne sais comment te remercier.
Le jeune homme passa nerveusement la main dans sa chevelure indisciplinée. Il la regarda intensément. Sa voix douce tremblait.
— Non, tu... tu ne dois rien, c'est moi qui m'excuse... Je suis désolé de n'avoir... pas pu réagir mieux... Ta blessure cicatrise bien, au moins ?
Elle n'avait donc pas rêvé. Il était responsable de son étrange perte d'énergie. Il avait failli la tuer, sans même en être conscient. Comment était-ce possible ?
—C'est oublié, tu n'as pas hésité à m'aider au péril de ta vie, c'est ça l'important.
Un large sourire illumina le visage du jeune guerrier.
Osma leur fit signe de s'installer à table et servit un cali fumant. Sirria, le regard plongé dans sa boisson, lança sur un ton de défi à son fils.
—À propos, qu'est-ce que tu faisais précisément là-bas ?
Helvius répondit précipitamment.
— Je cherchais des plantes rares, c'est tout.
Il lança un regard implorant à Astia. Il était clair qu'il ne voulait pas qu'elle révèle ce qu'elle avait surpris dans la zone fantôme. Qu'avait-elle vu d'ailleurs ? Elle devait bien le reconnaître, elle n'en avait aucune idée ! Une cérémonie ? Un rituel ? Quoi qu'il ait pu se passer, elle lui devait bien ça.
—Oui, il ramassait des herbes quand je l'ai vu.
Mal à l'aise de mentir, elle regarda sa tasse. Osma, pas dupe, haussa un sourcil en les fixant. Seule Sirria parut soulagée.
— Puisque tu es là, je t'informe que tu vas devoir encore prêter ton lit ! Les conseillers nous autorisent à héberger Astia quelque temps.
La jeune fille rougit jusqu'aux oreilles, provoquant l'hilarité d'Osma.
— Je suis désolée, je ne savais pas, si tu...
Helvius l'interrompit d'un geste de la main.
— Pas de problème, les prochaines semaines, je dors à l'école de toute façon. Tu peux occuper mon lit aussi longtemps que tu le désires.
Sirria se tourna vers son fils.
— Les entraînements, ça va ? Le grand moment approche.
Helvius blêmit d'un seul coup, puis hurla en bondissant de sa chaise.
— Le cours de magie ! Je n'ai pas vu le temps passer ! On se voit à la récolte, à bientôt tout le monde.
Astia eut à peine le temps d'esquisser un geste, que le jeune homme avait disparu en courant. Elle se surprit à espérer qu'il revienne rapidement la voir. Elle avait envie d'apprendre à le connaître. Elle regarda les deux femmes, pleine de reconnaissance.
— Merci beaucoup, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous.
— Ce n'est rien, mon enfant la rassura Osma en posant sa main sur son épaule, rapidement imitée par sa fille.
Prenant un peu de courage, Astia se résolut à poser la question qui lui brûlait les lèvres.
— Atchmi, que signifie ce mot ? J'ai cru entendre le conseiller le prononcer en parlant de moi.
Sirria se renfrogna légèrement :
— C'est un sage qui communique avec les esprits. La dernière vivante s'appelle Sucua. Ils pensent sans doute qu'elle pourra nous aider à y voir plus clair.
— Le conseiller Altir... Il est comme ça avec tout le monde ou ma présence le contrarie ?
Astia avait formulé la question d'une voix à peine audible. Sirria hésita avant de répondre en soupirant.
— Un peu des deux, je le crains. Il déteste les surprises. Et comme il n'arrive pas à expliquer ta venue, cela l'inquiète.
Elle haussa les épaules.
— Il espère toujours trouver un moyen d'inverser le cours des choses. Il n'est pas mauvais, mais il serait prêt à tout pour nous sauver.
— Vous sauver de quoi ? demanda Astia, la boule au ventre, en fixant les deux femmes.
Sirria ne répondit pas et jeta un regard gêné à Osma.
— Il serait temps que tu lui parles, je pense. Une visite guidée de la forteresse, ça te dit Astia ? s'enquit la vieille dame en souriant.
Sirria fusilla sa mère du regard puis capitula.
— Oui, tu as sûrement raison. Si tu dois rester un peu de temps avec nous, il te faut un minimum d'affaires. Te sens-tu suffisamment en forme pour marcher un peu, Astia ? Yourni devrait avoir ce qu'il nous faut.
Astia confirma d'un mouvement de tête.
— Aimerais-tu voir notre marché ?
De nouveaux personnages apparaissent ainsi que la culture d'un nouveau monde! Vous en pensez quoi? Les perso sont attachants?
N'hésitez pas à me donner votre impression sur ce que vous aimez ou pas.
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