Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 35


Les bruits de la foule terrorisée avaient laissé place à un silence angoissant.

Seul le cri de quelques lémurs résonnait le long des parois des tunnels. Avançant prudemment, ils approchaient d'une intersection quand des voix attirèrent leur attention dans le couloir situé sur leur droite.

Irfric se plaqua contre le mur, aussitôt imité par ses deux amis. Il pencha la tête quelques secondes pour observer ce qu'il se passait.

— Artos a des ennuis chuchota-t-il. Deux Otras sont là.

Helvius sembla hésiter un instant puis soupira.

— Bon, je suppose que nous devons l'aider dit-il en dégainant son épée et en sortant de leur cachette.

En effet, à quelques mètres de là, Artos assit contre le mur, désarmé et pleurant, avait perdu son arrogance. Il se trouvait en fâcheuse posture. L'un des Otras, brandissant sa hache, s'apprêtait à lui porter le coup fatal.

Une flèche atteignit l'Otras dans le dos. Il s'écroula.

Son compatriote, sursauta et fit volt face, instantanément, en hurlant. Son cri de surprise alerta cinq combattants qui sortirent précipitamment de la pièce voisine et se retrouvèrent nez à nez avec Astia et ses amis.

Helvius soupira.

— Je savais qu'on aurait dû le laisser ! laissa-t-il échapper avec humour avant de se lancer dans la bataille.

Mais déjà, un guerrier Otras se précipitait sur lui, sa hache en l'air. L'homme était vêtu d'une armure de métal, brillant dans la pénombre de l'étroit couloir. Helvius para son premier coup et attaqua à une vitesse hallucinante, de toutes ses forces. Son adversaire ralentit par sa lourde protection, n'eut pas le temps de parer et la lame s'enfonça sans difficulté dans la chair tendre.

Astia fut prise d'un haut-le-cœur. Elle se força à détourner les yeux du soldat mort et courut vers Artos pour l'aider à se relever. Le jeune homme, choqué, n'avait pas bougé. Il regardait dans le vide, sans réagir.

— Artos, lève-toi ! lui ordonna Astia en lui prenant les mains, vite, tu dois fuir.

Le jeune homme la regarda sans comprendre. Un éclair de lucidité passa dans ses yeux.

— La nouvelle ! arriva-t-il à articuler difficilement. Qu'est-ce que...

— Pas le temps de t'expliquer, viens ! coupa sèchement Astia en l'aidant à se relever.

Voyant Irfric aux prises avec trois guerriers lourdement armés, elle aida Artos à s'appuyer contre le mur puis se tourna vers son ami. Concentrée, elle sentit son pouvoir montait en elle.

— Irfric, à terre ! hurla-t-elle au moment où elle déchaîna son pouvoir.

Ce dernier eut juste le temps de se jeter au sol. Une vague invisible déferla sur lui et ses trois adversaires, les projetant brusquement contre le mur dans un bruit sec. Perdant sa concentration, le soldat se battant avec Helvius ne put esquiver l'attaque et tomba à genoux, mort. Astia, soulagée, se rendit compte qu'il n'y avait plus d'opposant.

Helvius se jeta dans ses bras.

— Tu vas bien ?

— Oui souffla-t-elle, mais lui, ne va pas bien fort remarqua-t-elle en désignant Artos, qui n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement depuis qu'elle l'avait laissé.

Elle se dirigea vers lui, s'assurant au passage qu'Irfric allait bien. Elle s'accroupit calmement près du jeune blessé, qui la regarda comme un enfant déboussolé.

— La population est en train de fuir vers les grottes, tu... tu devrais aller l'aider, cela nous rendrait un grand service.

Il la regarda, troublé par la gentillesse dont elle faisait preuve. Il baissa la tête, honteux.

— J'ai agi de façon pitoyable avec toi. Pardonne-moi, je ne te remercierai jamais assez. Je ne vous décevrai pas ajouta-t-il avant de disparaître.

— C'était très prévenant de ta part, fit Helvius.

Astia le fixa longuement puis sourit tristement.

— Il n'aurait pas supporté une autre bataille, il fallait qu'il s'éloigne.

* * *

— Nous ne sommes plus très loin, assura Irfric en nettoyant son arme et en replaçant son arc dans son dos, mais nous avons perdu pas mal de temps, dépêchons-nous.

Ils montaient les marches prudemment, prenant garde de ne faire aucun bruit. Arrivé le premier en haut, Helvius fit un geste du bras pour arrêter ses amis pendant qu'il inspectait le palier et le couloir.

— C'est bon chuchota-t-il en revenant sur ses pas, la voie est libre. J'entends du bruit vers la salle de commandement. Je pense que ma mère a dû se diriger par là. Astia, tu restes en retrait, si cela tourne mal, tu fonces vers les souterrains, on est d'accord ?

— Je... Non ! Je veux vous aider ! À trois, ça me paraît déjà compliqué alors à deux...

— Helvius te dit ça pour te protéger dit Irfric doucement. Il ne veut pas que tu sois en danger. Mais je suis d'accord avec toi. Nous avons besoin de tes pouvoirs, et puis, dorénavant, personne n'est plus en sécurité mon ami, tu dois en être conscient. La prise de la forteresse de roche change tout, nous n'aurons plus de lieux où nous réfugier si nous la perdons.

— Je sais bien reconnut tristement Helvius, à regret.

— Vu notre insuffisance numérique, nous ne pouvons pas entrer en force, nous n'aurions aucune chance. Il nous faut une stratégie efficace pour espérer délivrer Sirria expliqua Irfric.

Helvius scruta les murs, pensif.

— Attends, j'ai peut-être une idée. Je me souviens qu'il existe un passage secret dans la salle de commandement. En l'empruntant, nous pourrions entrer sans nous faire repérer pendant que l'un de nous provoque une diversion à l'entrée principale, non ? L'effet de surprise nous donnerait momentanément l'avantage, qu'en dites-vous ?

— Oui, avec beaucoup de chance, cela pourrait marcher. À condition de pouvoir libérer Sirria et les autres et de s'enfuir rapidement car ils ne mettront pas longtemps à se rendre compte que nous ne sommes que trois. Je vais détourner leur attention. Vous devrez être rapides, vous n'aurez que quelques minutes pour entrer, trouver les otages et sortir. Astia, tu t'en sens capable ? demanda Irfric en scrutant son amie.

— Je... Je suis morte de peur mais, j'en suis !

Irfric posa sa main sur son épaule.

— C'est normal. Sois attentive à ce qui t'entoure, c'est primordial dans un combat. Ne fonce pas tête baissée, analyse la situation et réagis vite. Et surtout, reste en vie.

— Je serais à tes côtés durant toute l'attaque assura Helvius, espérons qu'Osma est en sécurité...

— Merci mes amis dit Astia la gorge nouée par l'émotion, je suis heureuse d'être à vos côtés. Allons délivrer Sirria !

Se séparant de nouveau, Helvius emmena Astia dans une partie de la forteresse qu'elle n'avait encore jamais visitée pendant qu'Irfric alla se préparer pour exécuter sa partie du plan.

L'étroit couloir secondaire qu'ils empruntèrent les mena à un bureau meublé de façon assez austère : il ne comprenait qu'une table, une chaise et une étagère quasiment vide à l'exception de trois livres poussiéreux.

À l'opposé de l'entrée, derrière le bureau, une immense tenture de couleur pourpre, décrivant une épique scène de combat, occupait l'ensemble de mur.

Helvius se dirigea sans hésiter vers cette dernière et souleva un pan du tissu en prenant garde de ne pas faire de bruit : un souterrain sombre apparut.

— Voici l'entrée du tunnel qui nous mènera à la salle de commandement. Il débouche sur une tenture identique à celle-là, dissimulée derrière une imposante bibliothèque. Nous devrions ainsi pouvoir rester dissimulés assez de temps pour évaluer la situation et trouver ma mère. En espérant que la majorité des envahisseurs se précipiteront dans le couloir quand Irfric commencera la diversion, nous avons peut-être un espoir nuança le jeune guerrier.

— S'ils nous bloquent l'accès au tunnel, nous serons piégés nous aussi, remarqua Astia blême en tentant de discerner le fond du passage secret.

Le jeune homme se tourna vers son amie, l'air grave.

— Tu es sûre de toi ? Je comprendrais si tu renonçais, nous ne sommes que trois contre une armée. Ma mère, elle-même, n'approuverait sûrement pas que nous prenions autant de risques.

— Je refuse de la laisser sans tenter de la libérer. Je connais les risques mais elle aussi en a pris pour moi. Je ne me le pardonnerais jamais si je fuyais maintenant confia la jeune fille doucement. Et je ne veux pas que tu perdes ta mère comme moi, avoua-t-elle après une hésitation. Il faut réussir, absolument.

— Je ne doute pas de toi. J'aimerais juste ne pas t'exposer au danger. Irfric à raison, j'ai peur pour toi. Je... Je ne supporterais pas, s'il t'arrivait quelque chose avoua-t-il en effleurant son visage tendrement.

— Moi aussi, j'ai peur pour toi mais nous n'avons pas le choix murmura-t-elle en se penchant et en l'embrassant délicatement.

Ils s'enlacèrent tendrement, les yeux fermés.

— Il est temps de bouger, Irfric va bientôt déclencher la diversion lui rappela Astia en ouvrant les yeux, nous devons nous tenir prêts.

— Oui, acquiesça son ami, dégainant son épée et entrant dans le tunnel.

Il saisit une petite boîte se trouvant dans un renfoncement de roche, en sortit un champignon fluorescent qui éclaira quelques mètres autour d'eux.

— Maintenant, plus de bruit. Marche derrière moi, une dernière chose, ajouta-t-il en l'embrassant, un sourire aux lèvres, fait attention à toi.

La jeune fille, surprise, lui décocha une petite tape à l'épaule en esquissant un sourire et ajouta :

— Toi aussi, tu as intérêt à rester entier.

Reprenant leur sérieux, ils progressèrent rapidement dans le minuscule passage. Au bout de vingt mètres, Helvius lui fit signe de s'arrêter en désignant le mur : une tenture pourpre bloquait le passage.

— Il nous faut attendre la diversion, dès que l'on entend le signal, on entre discrètement. Tu restes derrière la bibliothèque pendant que je ferai un repérage rapide. Tu te rappelles ce que nous a dit Irfric, nous n'aurons que quelques minutes, si ça tourne mal, tu repars et tu fuis par les souterrains, tu as compris ?

Astia opina en soulevant légèrement sa canne. D'un geste vif, elle fit apparaître la lame d'argent. Rassurée, elle la rétracta et vérifia la bonne position de son épée dans son fourreau. Elle était techniquement prête mais psychologiquement c'était autre chose. La peur la pétrifiait. Sentant son cœur s'emballer, elle se concentra sur sa respiration, expirant et inspirant profondément, se préparant à l'attaque imminente.

Un bruit sourd résonna soudain, suivi de près par des hurlements ainsi que des grognements d'animaux effrayés. Des bruits de pas précipités résonnèrent de l'autre côté du mince tissu, qui les dissimulait : le plan semblait fonctionner, des soldats quittaient le poste de commandement.

Regardant une dernière fois Astia, Helvius ouvrit courageusement la tenture en la soulevant le moins possible, suivi de près par sa complice.

Ils se retrouvèrent derrière une imposante bibliothèque de bois clair.

Un homme excédé hurlait :

— Mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir ! Qu'est-ce que ces animaux font dans le couloir ?

Helvius alla à l'extrémité de l'imposant meuble et inclina discrètement la tête de côté quelques secondes pour observer la scène.

Au centre de la pièce d'une centaine de mètres carrés, il dénombra dix guerriers lourdement armés de haches et d'épées, qui semblaient surveiller un groupe de prisonniers, assis à même le sol.

Helvius y reconnut sa mère et Osma ainsi que plusieurs civils et les deux autres conseillères. Mais il fut frappé d'y voir aussi une autre personne.

Sucua comptait parmi les prisonniers, attachée près de sa grand-mère.

Exceptée sa mère, blessée au bras et au visage, tous paraissaient en bonne santé. La pièce n'offrait que peu d'espaces où se dissimuler, il était impossible de s'approcher davantage des otages sans être repéré.

Heureusement pour eux, le vacarme dans le couloir intriguait suffisamment les soldats restants et la plupart, leur chef en tête, s'étaient attroupé non loin de l'entrée, pour voir de quoi il s'agissait. Se pensant en sécurité dans cette salle solidement gardée, ils avaient remis leurs armes dans leurs fourreaux pour la majorité et ne prêtaient que peu d'attention aux prisonniers, ligotés à quelques dizaines de mètres derrière eux.

— Tu ne vas jamais me croire, Sucua est prisonnière avec ma mère et ma grand-mère ! murmura Helvius, en se retournant vers Astia.

La jeune fille fit une drôle de tête, perplexe.

— On se serait trompé ?

Helvius haussa les épaules, incertain. Astia était pourtant sûre de la culpabilité de Sucua. Le jeune homme s'apprêtait à sortir quand elle le retint par le bras

— Attends, je crois que j'ai une meilleure idée. Tu as un petit couteau ?

Helvius, intrigué, lui tendit l'objet. Elle le posa à terre sans un bruit et se concentra en tendant une main vers l'objet. Ce dernier se mit à frémir imperceptiblement, puis finit par avancer doucement vers Sirria.

Vingt mètres le séparaient de son objectif.

Des gouttes de sueur perlaient du front de l'apprentie magicienne.

Astia n'avait jamais déplacé d'objet si loin. Le lien commençait à être de plus en plus dur à maintenir et la gardienne, qui n'avait rien remarqué, fixait malheureusement la direction opposée.

Plus que dix mètres. Plus que cinq.

La lame effleura doucement la jambe de la magicienne qui se retourna et baissa la tête. Astia la vit analyser discrètement la pièce tout en dissimulant le couteau. Leurs regards se croisèrent. Sirria lui fit un rapide signe de remerciement de la tête, saisit le couteau et entreprit de couper ses liens ainsi que ceux de ses compagnons d'infortune. Osma, qui avait compris, se rapprocha discrètement de sa fille et se plaça devant elle, dissimulant astucieusement le couteau aux yeux des gardes.

Helvius surveillait la libération des otages pendant qu'Astia, nerveuse, guettait les gardes. Vu leur proximité, le moindre bruit suspect les alerterait et ce serait la fin. Sirria semblait gravement blessée et Astia doutait qu'Osma soit capable de courir ou de se défendre efficacement. Ils devaient fuir le plus rapidement possible.

Helvius donna un léger coup d'épaule à son amie. Astia se retourna et suivit son regard.

— Regarde l'attitude de Sucua ! Quelque chose cloche.

La jeune fille observa attentivement la sage.

Assise à côté de la grand-mère d'Helvius, elle semblait attendre sereinement. Une attitude qui contrastait énormément avec celle des autres prisonniers. Ces derniers, visage tendu et apeuré, s'agitaient avec l'énergie du désespoir pour se défaire de leurs liens ou gisaient, complètement abattus et hagards, au sol.

— Tu as raison. Elle n'est même pas effrayée ! C'est un piège !

Helvius s'approcha du bord. Astia, affolée, le saisit par la manche.

— Qu'est-ce que tu fais ? glapit-elle en le fixant.

— Je dois les prévenir ! Il ne faut pas qu'elles la libèrent ou elles sont mortes gémit-il en se retournant. Lâche-moi !

Ignorant son ordre, Astia attrapa son bras solidement.

— Calme-toi. Si tu sors maintenant, aucun de nous ne survivra ! Laisse-moi attirer leur attention discrètement.

Helvius arrêta de se débattre sur-le-champ et serra les poings de rage.

— Vas-y.

Astia lui sourit tendrement et se pencha discrètement hors de la protection de la bibliothèque.

Sirria avait pratiquement détaché l'ensemble des prisonniers mais Sucua, attirée par les mouvements d'Osma, la fixait maintenant avec insistance. Elle devait se douter de quelque chose. Le temps pressait.

La jeune Terrienne se concentra et fit bouger un livre à quelques centimètres de la vieille femme. Elle vit Osma lever la tête vers elle. Elles se fixèrent un court instant. Astia lui fit un signe de la tête en direction de Sucua. Elle vit dans le regard de la vieille femme une lueur de panique et de rage. Elle venait de comprendre.

Astia la vit se tourner, horrifiée, vers la sage des montagnes, au moment où l'ensemble des prisonniers se levèrent pour fuir. Un objet brillait dans la main de Sucua.

— Ma fille, attention ! hurla Osma en plongeant vers Sirria.

Un projectile vola en direction de Sirria. Helvius sortit de leur cachette en hurlant mais il était déjà trop tard.

Personne n'eut le temps d'esquisser le moindre mouvement. Astia, impuissante, vit le poignard en argent, percuter Osma de plein fouet au niveau du cœur.

Elle s'écroula, inerte.

Sirria poussa un cri déchirant en tombant à genoux. Elle prit sa mère dans ses bras en sanglotant, essayant vainement de la guérir mais la vie avait déjà déserté le corps de la vieille femme. Helvius arriva quelques secondes plus tard. Il fixa, tremblant, le corps de sa grand-mère morte.

Sucua les fixait d'un air méprisant.

— Alors la grande Sirria ! Même ta mère était plus perspicace que toi ! vociféra la traîtresse d'une voix étrangement grave.

Helvius, les poings crispés, ivre de rage se tourna vers la sage. Astia ne le reconnut pas. Ses yeux avaient entièrement viré au rouge sang. Une aura violette l'entourait.

— Je vais te tuer !

Les gardes accoururent. Astia leva les bras. Les trois premiers s'envolèrent et se fracassèrent contre le mur mais beaucoup d'autres affluaient.

Les prisonniers, perdus, restaient figés. Il fallait fuir.

— Vite ! Par ici ! leur cria-t-elle.

Les conseillères Isil et Marween la regardèrent un court instant puis elles saisirent le bras de deux blessés pour les forcer à se relever et accoururent. Certains prisonniers, des guerriers, en profitèrent pour ramasser les armes des soldats tués par Astia et foncèrent vers les gardes, permettant aux autres prisonniers de fuir. Mais Astia le savait, ils ne tiendraient pas longtemps contre une escouade entière.

— Vite ! Empruntez le tunnel et rejoignez les autres aux cavernes ordonna la jeune fille.

Dame Isil lui prit le bras, inquiète.

— Et vous ?

Astia jeta un coup d'œil à Helvius et à sa mère, toujours près de Sucua puis regarda la conseillère.

— J'arrive, prenez soin des autres. Je dois les aider.

Astia se mit à courir. Sirria était toujours prostrée. Helvius, lui, venait de saisir Sucua à la gorge et déchaînait sur elle la fureur de son pouvoir, la privant progressivement de toute sa force vitale. Affaiblie, elle tressaillit soudain, beaucoup moins sûre d'elle.

Les yeux écarquillés d'horreur, Astia vit sa peau se plisser et onduler, modifiant l'ensemble de ses traits et de son apparence physique. Toute sa morphologie s'épaissit soudainement pour prendre les traits d'un jeune garçon.

— Marius ! s'écria Helvius, stupéfait en laissant échapper sa prise.

Le jeune Artémos, afficha un sourire triomphal, en se relevant difficilement.

— Monstre ! clama Helvius en se jetant sur lui.

Il lui asséna plusieurs coups de poing au visage. Marius, voulant se protéger, essaya de lui saisir les mains. Helvius, enragé, libéra son pouvoir et fixa haineusement le traître, qui commença à hurler de terreur en sentant de nouveau sa force vitale quitter son corps. Il tenta bien de créer un bouclier d'air protecteur autour de lui mais le pouvoir d'Helvius le traversa sans aucune difficulté et continua à le vider de ses forces. Ses cheveux d'un vert si vif, commencèrent à perdre leur couleur et se mirent à blanchir. Ses joues se creusèrent de plus en plus.

Astia se mit à hurler.

— Helvius ! Stop, arrête !

Le jeune homme suspendit son geste quelques secondes, puis secoua la tête, comme pour émerger d'un abominable cauchemar. Il regarda, horrifié ses mains puis Marius à genoux, dépourvu de la moindre vitalité, des cheveux blancs encadrant son visage émacié.

— Je... je, balbutia-t-il au bord des larmes.

Astia se blottit contre lui, saisissant son visage entre ses mains. Elle essuya ses larmes, tendrement.

— Occupe-toi de ta mère et des derniers prisonniers, lui souffla-t-elle doucement, en faisant face à leurs assaillants.

Les gardes, stupéfiés, restaient comme pétrifiés de peur. Voyant les capacités du jeune homme, le chef des soldats prit soudain peur et hurla un ordre à un de ses subalternes qui sortit immédiatement un cor et souffla de toutes ses forces dedans.

Helvius, encore sous le choc, aida sa mère en larmes, à se relever ainsi que les trois derniers prisonniers. D'un seul bloc, ils se mirent à courir vers la bibliothèque.

Un jet d'arbalètes en atteignit deux dans le dos.

Ils s'écroulèrent morts. Siria et Helvius se réfugièrent in extremis derrière de gros fauteuils.

Astia sentit la colère monter en elle en regardant ces nouvelles victimes.

Elle fixa froidement les gardes responsables de ce carnage et leva les bras. Ils s'envolèrent instantanément pour aller s'écraser dans un bruit horrible d'os brisés, contre le mur d'entrée. Commençant à faiblir, elle tituba, et se retourna vers Marius mais elle ne le trouva pas.

Il avait disparu.

— Les renforts ne vont pas tarder, il faut fuir, maintenant !

Sirria, sérieusement blessée, réussit à récupérer son sceptre et elle l'abattit sur un garde qui s'écroula. Mais au moment où elle se redressa, elle sentit un métal froid dans son dos.

— Ne bougez pas ! somma une voix familière.

— Marius, laisse-la ! lui hurla Astia d'un ton dur. Nous t'avons épargné, c'est comme cela que tu nous remercies ?

Marius saisit Sirria, la relevant d'un mouvement sec en lui arrachant un cri de douleur.

Il lui plaqua la lame de son épée contre la gorge.

— Tu crois être en mesure de négocier ? Rends-toi ou elle subira le même sort que sa mère !

Astia, impuissante, sentit la haine flamboyer en elle. Il était hors de question qu'il tue de nouveau un de ses amis.

Elle se mit à irradier une énergie surpuissante. Ses cheveux se mirent à flotter au-dessus de ses épaules. La jeune fille douce et fragile, qu'elle avait pu être en arrivant sur Imia, avait disparu.

Se concentrant sur Helvius, elle lui fit un léger signe. Rapidement une aura blanche les enveloppa tous les deux alors que le jeune homme tendait la main vers son ennemi.

Marius se mit à hurler de douleur. Sa peau se plissa sur son corps décharné. Privé de pratiquement toute son énergie vitale, il se mit à trembler et desserra légèrement sa prise sur Sirria.

Elle lui envoya un violent coup de coude dans l'estomac.

Sous la violence du choc, il se plia en deux et lâcha la magicienne, qui plongea par terre. D'un mouvement rapide de la main, Astia le souleva dans les airs et le plaqua contre le mur, lui interdisant le moindre mouvement.

— Où est Sucua ?

Marius fit un rictus étrange avec sa bouche. Il fit un mouvement de tête vers un coin de la salle. D'où elle était, Astia ne pouvait pas voir grand-chose, mais derrière les chaises fracassées, elle crut discerner une forme allongée.

La main invisible se resserra sur Marius qui commençait à suffoquer.

— Pourquoi Marius ? Pourquoi ? Nous avions confiance en toi ! hurla la jeune fille, rouge de colère.

— Regarde autour de toi ! Tu viens d'arriver ici. Moi je supporte cet enfermement depuis ma naissance ! Que pouvais-je faire d'autre ? Vivre comme ça, toute ma vie ? s'écria-t-il avec le peu de force qui lui restait. Hors de question ! Chez eux au moins, j'aurais pu être libre.

— En sacrifiant tous ceux qui croyaient en toi ? En sacrifiant ton peuple ? Tu me dégoûtes !

La jeune fille, ulcérée, fit légèrement pivoter sa main. La tête de Marius tapa légèrement la paroi de roche. Il s'écroula, inconscient.

D'autres guerriers Otras accoururent à l'appel du cor. Nombreux, ils coupaient toute possibilité de retraite par l'entrée principale. Un homme, en armure richement décorée, pénétra dans la salle de commandement. Quatre subalternes traînaient derrière eux un prisonnier, ensanglanté et ligoté.

Astia et Helvius ne purent retenir un hurlement désespéré.

— Irfric !

— Rendez-vous ou nous tuons votre ami ! ordonna l'homme, en relevant la tête du prisonnier par les cheveux, et en plaçant une épée sous sa gorge.

Astia et Helvius se regardèrent, tremblants.

Astia comprit qu'ils allaient mourir là. Jamais ils n'arriveraient à battre autant de guerriers. Ils avaient été fous de croire qu'ils pourraient fuir.

Irfric croisa son regard désespéré. Refusant de renoncer, il donna un énorme coup de coude à l'homme qui le maintenait. Ce dernier sous le coup de la surprise, lâcha son épée et tomba. Irfric plongea au sol où moment où Astia envoya voler les deux plus proches gardes. Sirria, incapable d'utiliser la magie à cause de sa blessure, ramassa une épée et tua le guerrier le plus proche d'elle.

Mais leur joie fut de courte durée, la patrouille entière s'engouffra dans le poste de commandement, les menaçant. Irfric débarrassé de ses liens, rejoignit ses amis et s'arma d'une épée ramassée au sol. Astia et Helvius se jetèrent dans ses bras : de l'autre côté de la pièce, cinquante soldats leur faisaient face.

Astia regarda ses amis et sut ce qu'elle devait faire.

Rassemblant ses dernières forces, elle se concentra et sentit de nouveau le pouvoir couler dans ses veines.

Voyant les cheveux de son amie flotter de nouveau au-dessus de ses épaules, Helvius comprit et hurla en la secouant :

— Non, Astia, c'est de la folie ! Arrête !

L'ignorant, elle leva ses mains menaçantes en direction de leurs adversaires.

Une vague invisible balaya la moitié de la patrouille dans des hurlements effroyables. Les corps disloqués jonchaient l'entrée, s'entassant sur plusieurs mètres. Mais la seconde partie des guerriers, légèrement en retrait, n'avait pas été atteinte.

Les archers bandèrent leurs arcs et firent un pas en avant. Les guerriers dégainèrent leurs épées en hurlant.

Astia, épuisée, se tourna vers Helvius, tremblante :

— Désolée, murmura-t-elle en tentant de faire un pas.

Mais son corps épuisé, ne lui obéit pas, elle s'écroula et sombra dans le néant.

La seconde vague de guerriers s'enhardit en la voyant à terre et attaqua massivement.

Une pluie de flèches s'abattit sur les survivants. Helvius s'accroupit au-dessus d'Astia, inconsciente, pour la protéger.

Se relevant, il vit Irfric luttant au corps à corps avec deux soldats. Sa mère, épuisée, en avait déjà tué trois autres mais peinait maintenant à soulever son arme, devenue bien trop lourde.

Ils étaient débordés par le nombre, pour chaque soldat qu'ils tuaient, deux autres revenaient à la charge.

Sirria poussa un cri, Helvius se retourna et la vit à terre, le bras levé pour tenter de se protéger d'un soldat qui menaçait de la transpercer avec son épée.

— Non ! hurla-t-il en lâchant son épée, je me rends, arrêtez !

Helvius lança un regard suppliant à Irfric, qui laissa tomber son arme.

Les soldats les encerclèrent. Helvius se plaça devant Astia toujours inconsciente pendant qu'Irfric aidait Sirria à se relever.

Le soldat à la somptueuse armure, leur chef, s'approcha, exultant.

— Tu as vraiment cru que nous allions vous épargner, jeune naïf ? questionna-t-il hautain, en brandissant son épée.

Mais avant qu'il n'ait pu abattre son coup, une flèche vint lui transpercer la gorge. Il tomba à genoux, mort.

Ses soldats, atterrés, se retournèrent d'un bloc et se retrouvèrent face à une armée d'une trentaine d'individus lourdement armés. Parmi les guerriers Imiens, Irfric reconnut avec soulagement son père, Gardir, ainsi qu'Altir, Bjinnie et une vingtaine de soldats de son peuple.

Les soldats Otras les plus proches, formèrent une ligne de défense devant les prisonniers et le reste des soldats, et attaquèrent en hurlant.

Altir en première ligne, l'épaule droite ensanglantée, leva son bras valide dans leur direction, dans un geste de défense. Une bourrasque fit tomber le premier homme mais l'ancien conseiller, amoindri par sa blessure, fut incapable d'atteindre les autres.

Gardir le saisit par le bras et le mit à l'abri.

— À vos armes ! Pour Imia ! hurla-t-il brandissant son épée.

Ses guerriers acquiescèrent en hurlant. Il fonça sur les Otras, suivi par ses guerriers ainsi que ceux des fées. Un corps à corps acharné s'engagea.

— Les prisonniers, ne les laissez pas s'échapper ! ordonna un soldat en posant une épée sous la gorge d'Helvius impuissant. Elle, désigna-t-il à deux autres soldats, en tapant du pied dans la jambe d'Astia, portez-la ! Nous devons absolument la ramener.

Les Otras saisirent les prisonniers, se servant de leurs corps comme d'un rempart.

— Il doit y avoir une autre sortie là-bas, vite ! hurla le soldat aux autres en se dirigeant ainsi protégé vers la bibliothèque.

Altir, les traits tendus, fit un pas.

— Vous êtes encerclés ! Vous ne pourrez fuir, rendez-vous maintenant !

Le soldat le toisa d'un air méprisant.

— Vous me croyez aussi naïf que vos congénères ? Hors de question ! Soit, vous nous laissez partir avec eux, soit je les tue ! annonça-t-il enfonçant davantage encore la lame sur le cou d'Helvius.

Un mince filet de sang s'écoula.

Irfric, une main sur son torse en sang, essayait d'analyser la situation. Son regard croisa celui de son père horrifié. Il tenta de lui sourire faiblement. Un soldat le poussa violemment pour l'inciter à avancer, lui arrachant une grimace de douleur. Sirria, à ses côtés, au bord de l'évanouissement, tenait à peine debout.

Ils allaient atteindre la bibliothèque. Le temps pressait.

Helvius jeta un regard désespéré à Astia, inaccessible, à quatre mètres de lui, puis à sa mère. Jamais elle ne survivrait à la détention dans son état. Irfric le regarda, tout aussi préoccupé. Il fixa Altir, qui inclina imperceptiblement la tête.

— Irfric, Altir ! hurla-t-il soudain, maintenant !

Le colosse poussa le garde de toutes ses forces. Altir apparut du côté de Sirria, la saisit délicatement et disparut instantanément.

Les Otras les poussèrent de force dans le tunnel.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro