Chapitre 21
Dans l'après-midi, Astia accompagnée d'Helvius, alla rendre visite à Irfric, toujours en salle de soins. Un homme d'âge mûr, tout aussi imposant que le jeune garde du corps, discutait avec lui ainsi que deux petites filles.
— Astia, Helvius s'écrièrent Thalis et Taris en se jetant dans leurs bras.
Astia, heureuse de revoir les fillettes, se mit à genoux pour les serrer dans ses bras.
— Vous allez bien les filles ?
Les sœurs d'Irfric, acquiescèrent avec un large sourire.
— Irfric a dit que tu avais battu le méchant et que tu l'avais sauvé ! déclara Thalis, toute fière, en lui prenant la main.
— T'es drôlement forte ! ajouta sa sœur avec un large sourire.
Le père d'Irfric s'avança vers la jeune fille, qui se raidit instinctivement. Il s'inclina devant elle respectueusement.
— Mes filles ont raison. Je vous remercie profondément pour ce que vous avez fait pour lui et pour mon peuple.
Il sembla hésiter puis reprit, la regardant droit dans les yeux.
— Veuillez m'excuser pour mon attitude envers vous. J'ai affreusement honte de la manière dont je vous ai traitée.
— Ce n'est rien, oublions tout cela. L'important est qu'Irfric aille mieux.
De profonds cernes violacés étaient encore visibles sur le visage du blessé. Mais malgré une fatigue intense, Astia ne s'attendait pas à le voir en aussi bonne forme, étant donné la gravité de ses blessures quelques heures auparavant. C'était tout simplement miraculeux. Même sa peau, entièrement cicatrisée, avait retrouvé son aspect initial.
Il se redressa et s'assit en s'appuyant contre le mur.
— Mes sauveurs !
Astia, ravie, l'embrassa sur la joue. Le jeune guerrier rougit.
Thalis et Taris éclatèrent de rire.
— Il rougit ! Il rougit ! se mirent-elles à crier à tue-tête.
Irfric lança un regard désespéré à Helvius.
— Elles t'avaient manqué, hein ? objecta ce dernier en riant.
Le père d'Irfric poussa ses deux petites filles vers la sortie.
— Bon, j'ai pitié de vous. On reviendra bientôt fit-il en sortant.
Reprenant son sérieux, Irfric fixa ses amis, les yeux brillants d'émotion.
— Sirria m'a dit ce que vous aviez fait pour me guérir. Je ne sais comment vous remercier. Surtout toi, Astia murmura-t-il en regardant les jambes de la jeune fille. Je suis si désolé pour toi... Je ne sais quoi dire.
Astia s'assit au bord du lit et lui prit la main.
— Alors, ne dit rien. Ne t'inquiète pas pour moi, mes jambes me conviennent parfaitement comme elles sont. Je suis née ainsi, cela fait partie de moi. Ta vie est bien plus importante.
Irfric, ému, la serra dans ses bras.
— Et puis grâce à toi, plus personne ne pense à ma chute de l'arbre ! rétorqua la jeune fille avec humour, en se dégageant doucement.
Irfric leva les yeux au ciel en esquissant un sourire.
— Et honnêtement, tu devrais plutôt remercier le conseiller Altir. Sans son cours, jamais je n'aurais su quoi faire !
— Si je m'attendais à lui devoir la vie, à celui-là ! Alors maintenant, c'est un allié, si j'ai bien compris ? Il a dû s'en passer des choses pendant que je dormais !
— Je n'arrive pas à trancher le concernant, avoua la jeune fille. Peut-être...
— Il lui a conseillé d'aller voir Sucua intervint Helvius. Si ça peut te rassurer, je n'ai pas confiance non plus. Mais c'est la seule piste que nous ayons alors...
Le guerrier se dégagea de son lit, l'air faussement courroucé.
— Vous partez à l'aventure et personne n'a pensé à me prévenir ? Je vous accompagne !
Astia baissa les yeux et ne put retenir un fou rire, aussitôt imitée par Helvius.
— Tu comptes vraiment partir comment ça ? questionna-t-elle en baissant la tête.
Le jeune malade ne comprenant pas, baissa à son tour les yeux : dans sa précipitation, il n'avait pas remarqué qu'il ne portait pour tout habit qu'un minuscule slip vert.
Honteux, il se glissa à la vitesse de la lumière dans son lit.
— Vous ne perdrez rien pour attendre ! murmura-t-il les joues en feu pendant que ses amis riaient de plus belle. Mais je vous accompagne quand même !
— N'oublie pas ton pantalon alors pouffa Astia, les larmes aux yeux.
— Heureuse de vous entendre rire les enfants. Cela faisait longtemps !
Les trois compères se retournèrent. Sirria, les bras chargés de paquets, les regardait tendrement. Astia et Helvius l'aidèrent à poser son chargement sur la table.
— En prévision de votre voyage, je vous ai concocté plusieurs baumes guérisseurs et des potions fortifiantes. J'ai bien entendu Irfric, tu les accompagnes ?
Le géant confirma d'un hochement de la tête.
— Très bien, ta connaissance du milieu et des plantes les aidera sûrement.
La gardienne sembla soudain pensive.
— Veux-tu que je parle à ton père ? S'il pense que cela vient de moi, il n'osera pas s'interposer.
Le visage du jeune garde s'illumina.
— Oui, j'apprécierais grandement, merci.
Sirria se tourna vers son fils.
— Tu devrais aller chercher un stock de galettes et de champignons éclairants ainsi que des fruits séchés.
Astia se leva spontanément.
— Je t'accompagne !
— J'espère que nous trouverons autre chose à manger que des champignons sur la route, pas toi ? lâcha Helvius en descendant les escaliers menant à la grotte réserve.
Astia ne répondit pas. Elle cherchait la formulation adéquate pour lui révéler son secret.
Helvius, interpellé par son silence, se tourna vers son amie.
— Astia ? Tu rêves ?
La jeune fille leva les yeux, hésitante, très mal à l'aise.
— Quelque chose ne va pas ?
Elle se mordit l'ongle du pouce.
— Astia ?
— Je dois t'avouer une chose mais je ne sais pas comment...
Le jeune homme voyant l'air grave de son amie, arrêta de marcher et lui prit la main.
— Vas-y, n'aie pas peur.
Elle prit une profonde inspiration.
— Altir m'a appris l'identité de la femme qui m'a offert le pendentif...
— C'est génial ! Tu avances un peu ! Mais quel est le rapport avec moi ?
Astia serra ses mains tremblantes contre celles du jeune homme.
— Cette femme c'est... ta mère Helvius.
Le visage du jeune homme se figea. Il lâcha les mains d'Astia en reculant.
— Co... comment ça, ma mère ? Tu dois te tromper, elle est morte il y a des années ! C'est impossible !
Astia voulut se rapprocher mais il l'évita.
— Elle faisait partie de l'ordre. Altir croyait qu'elle avait péri lors de la destruction de l'arbre jusqu'à ce que je lui décrive Mariana.
La vision d'Helvius se voila. Il essuya d'un revers de la main des larmes qui coulaient le long de ses joues.
— Elle... elle était vivante toutes ces années et elle a décidé de rester là-bas ? répéta-t-il sous le choc. Et toi, tu le savais depuis plusieurs heures et tu ne m'as rien dit ?
— Je ne savais pas comment te l'avouer, pardonne-moi. J'ai eu peur de te faire souffrir bégaya-t-elle désemparée en lui touchant la main.
Il s'écarta d'elle pour la deuxième fois. Astia reçut ce refus comme un coup de poignard.
— Et, tu crois que je ne souffre pas, là ? Laisse-moi ! hurla-t-il totalement anéanti.
La jeune fille, les larmes aux yeux, fit demi-tour et disparut dans l'escalier.
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