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Chapitre 2

Dans ce chapitre, Astia va se découvrir..

bonne lecture,





Astia, sidérée, regarda l'immense rocher lui arriver dessus sans comprendre. Jamais elle ne pourrait survivre à cela.

Dans un réflexe de survie, elle leva les mains pour se protéger. Une sensation inhabituelle, sorte de décharge électrique de faible intensité, se propagea de son buste à l'ensemble de son corps. La vague d'énergie se projeta telle une main invisible, à l'extérieur d'elle. Elle frappa de plein fouet la roche qui fut brutalement projetée en arrière et pénétra de nouveau dans le vortex qui se referma brusquement et disparut.

Étrangement, la tempête baissa instantanément en intensité, les nuages se dissipèrent et un ciel paisible se profila à l'horizon.

Astia, blême et tremblante, fixa ses mains et tomba à genoux, épuisée.

- Astia....

La jeune fille se retourna, interdite, et constata avec soulagement que Léo ouvrait enfin les yeux.

- Je suis là, ne t'inquiète pas chuchota-t-elle en se rapprochant.

- Que s'est-il passé ? demanda ce dernier, désorienté, en tentant de s'asseoir.

- Ne... ne bouge pas, lâcha- t-elle d'une voix tremblante en le repoussant doucement au sol. Tu... tu t'es blessé en tombant, ne bouge pas. Je dois comprimer la plaie que tu as sur le front.

Elle se demanda comment lui raconter ce qu'elle avait vu sans qu'il ne se mette à rire. Elle-même n'était plus sûre de croire ses propres souvenirs.

À son grand soulagement, leur professeur totalement paniqué, accourait déjà, suivi de près par l'infirmière scolaire et une partie des élèves.


                                                                 *                       *                    *


Depuis près d'une heure, Astia faisait les cent pas dans le couloir, jetant des regards inquiets vers la porte de l'infirmerie. Elle s'ouvrit enfin et le médecin du SAMU sortit, chargé de son matériel d'intervention.

Voyant la mine déconfite de la jeune fille, il lui fit un large sourire.

- Ne t'inquiète plus, il va très bien, grâce à toi. Il lui faudra juste un peu de repos. Tu peux aller le voir ajouta -t-il en partant.

Astia entra timidement dans la pièce. Mme Larue, l'infirmière, lui fit un signe de la main et l'invita à s'asseoir près du lit. Léo, un impressionnant bandage autour de la tête, paraissait en bien meilleure forme, malgré son teint encore pâle.

- Je tiens à te remercier lui dit-il doucement. M. Blanpain m'a dit que tu avais veillé sur moi, je te dois beaucoup.

- Tu m'as fait si peur, chuchota son amie en le serrant dans ses bras.

Émus, les deux jeunes gens se mirent à rougir légèrement et jetèrent un coup d'œil à l'infirmière qui les regardait, attendrie.

- Heu... J'ai oublié d'aller chercher un papier en salle des professeurs. J'en ai pour cinq minutes inventa-t-elle, leur faisant un clin d'œil en sortant.

- Ce n'est rien, toi aussi tu es resté alors que tu aurais pu fuir comme les autres, chuchota la jeune fille en n'osant pas le regarder dans les yeux. Tu m'as fait une grosse frayeur.

Elle se mit à triturer le bas de son pull.

- Quelque chose ne va pas ? Tu as l'air nerveuse.

- Heu... non... ce n'est rien, éluda Astia.

- Allez, arrête ! Depuis le temps qu'on se connaît, je vois bien que quelque chose te préoccupe, insista son ami en lui prenant la main.

La jeune lycéenne posa ses yeux sur lui en prenant une forte inspiration. Elle tremblait légèrement.

- Tu... tu te rappelles ce qui nous est arrivé ?

- Non, le seul souvenir que j'ai, c'est toi penché sur moi qui me dis de ne pas bouger. Pourquoi ?

- Je ne sais pas... sans doute l'après coup du choc esquiva sa camarade mal à l'aise. J'ai du mal à rassembler mes souvenirs. J'ai dû aussi me taper la tête.

Astia n'osait pas lui dire réellement ce qu'elle avait vu : qui croirait en l'existence d'un vortex magique qui transporte des immenses rochers ? Il allait la traiter de folle ! Elle-même, doutait de plus en plus.

- Au moins, la bonne nouvelle, c'est que je dois rester allongé toute la journée ! Pas de cours pour moi aujourd'hui ! déclara le malade radieux.

Astia lui sourit, ravie de retrouver son ami de toujours.

- Tes parents ne viennent pas te chercher ?

Le regard de l'adolescent se figea. Astia crut y discerner une pointe de colère. Elle regretta aussitôt de les avoir mentionnés. Monsieur et Madame Ritol, accaparés par leur travail respectif, n'avaient que très peu de temps à accorder à leur progéniture. Léo, comme sa petite sœur, devait faire avec depuis leur plus jeune âge mais sous son masque d'éternel plaisantin, Astia savait que cela le peinait beaucoup.

- Non, tu penses bien, trop occupés ! Le médecin a conclu que c'était bénin. Je peux rentrer seul ce soir, à la fin des cours. Maryse se charge d'Olivia donc on va même pouvoir aller au Story café, comme prévu ! Tu croyais que j'avais oublié ?

Astia pouffa de rire.

- J'espérais... Allez, je sais bien qu'il est inutile d'essayer de te raisonner. Je passe te chercher après la fin des cours. En attendant, repose toi bien pendant que les autres travaillent ajouta-t-elle en lui tirant la langue.

                                                                   *                     *                    *

Cela faisait un bon quart d'heure qu'Astia et Léo venaient de quitter le lycée. Ils longeaient les rues pavées paisibles du centre-ville de Besançon pour rejoindre leur endroit favori : Story café, un café librairie très ancien, véritable repaire des inconditionnels de romans fantastiques et fantasy.

Traversant une petite esplanade, ils arrivèrent devant une imposante bâtisse de pierres : une ancienne Abbaye Bénédictine restaurée pour accueillir la faculté de lettres et de sciences humaines. Plusieurs groupes d'étudiants se pressaient vers l'immense porche de pierre qui permettait d'entrevoir le parc intérieur et les nombreux bâtiments anciens, pendant que d'autres discutaient, plein d'entrain, dans la rue, une tasse de café à la main. Astia ralentit malgré elle. La douleur de ses jambes devenait trop intense. Elle marqua une courte pause en expirant profondément.

- Ca va, Astia ?

-Tu sais comme j'aime admirer cet endroit. Cette superbe porte, ces étudiants habillés n'importe comment, en train de siroter leur éternel café, répondit la jeune fille avec un large sourire en faisant bouger ses jambes pour les détendre un peu.

-C'est ça, je te crois ! répondit Léo, loin d'être dupe.

Sa lycéenne, espiègle lui tira la langue et reprit sa marche. Heureusement pour elle, leur destination n'était plus qu'à quelques mètres.

Astia, soulagée d'être arrivée, poussa la lourde porte de bois avec enthousiasme. Le tintement familier de la clochette résonna. Ils s'engouffrèrent avec une joie non dissimulée dans la boutique, une échoppe biscornue à la lumière tamisée, regorgeant de mystérieux recoins et composée d'une succession de trois pièces.

Dans la première, un coin bar proposait une impressionnante variété de thés, cafés et chocolats chauds ainsi que quelques délicieuses pâtisseries maison.

- Bonjour Mariana, vous allez bien ?

Une femme brune, aux cheveux extrêmement épais, d'une quarantaine d'années, occupée à nettoyer des tasses à café, leva les yeux du bar en bois sculpté et fit un large sourire, en reconnaissant les nouveaux venus.

- Astia ! Léo ! Bienvenue ! Je crois que vous êtes déjà attendus, les renseigna-t-elle en désignant, d'un mouvement de tête, la seconde pièce. Comme d'habitude, un grand chocolat chaud à la cannelle ?

Les deux jeunes gens acquiescèrent en se dirigeant vers le fond du café. Ils empruntèrent machinalement le petit couloir, permettant d'accéder à la salle principale, qui possédait une ravissante cour intérieure envahie d'une végétation luxuriante, et un minuscule escalier en colimaçon desservant l'étage.

Chaque espace libre avait été colonisé par d'immenses bibliothèques de bois, remplies d'ouvrages d'aventure et de fantasy de toutes tailles, ainsi que par de confortables fauteuils où Astia pouvait s'adonner à son passe-temps favori en toute quiétude : la lecture.

Deux adolescents de leur âge, installés près de la baie vitrée donnant sur la cour intérieure, leur firent signe.

- Ben Léo, tu t'es encore pris un poteau ? lança, amusé, le jeune garçon blond décoloré au visage enfantin en voyant l'impressionnant bandage de son ami.

La jeune fille aux cheveux courts et violet, assise à côté de lui, se leva pour les accueillir chaleureusement.

- C'est vrai ça, qu'est-ce que tu as encore fabriqué ? demanda-t-elle perplexe, en fixant son front avec étonnement.

- Clément, Louna, c'est une longue histoire ! Mais en gros, j'ai essayé de battre la tempête et comme vous pouvez vous en douter, j'ai perdu ! avoua leur ami avec humour en regardant Astia lever les yeux au ciel.

Mariana arriva les bras chargés d'un plateau où reposaient deux énormes chocolats chauds recouverts de chantilly. Au centre de l'un d'eux, une bougie scintillante avait été plantée.

- Joyeux anniversaire ! s'exclamèrent- ils tous ensemble en applaudissant.

Léo sortit de son sac un paquet.

- C'est de notre part à tous précisa-t-il.

Astia, rougissante, avait pratiquement les larmes aux yeux.

- Merci beaucoup les amis, remercia-t-elle émue en se levant et en allant embrasser chacun des convives.

Elle déballa le paquet multicolore et ne put s'empêcher de sourire : c'était un exemplaire collector du « Seigneur Des Anneaux », son livre préféré, entièrement relié de cuir.

- Pour ma meilleure cliente, déclara doucement la barmaid, en lui tendant une petite boîte en bois précieux, finement sculptée.

Astia la regarda avec étonnement.

Bien qu'elle la connaissait depuis de longues années, cette dernière avait toujours été très discrète, gardant une certaine distance avec eux. Astia ne s'attendait pas à ce geste de sa part. Ouvrant délicatement le couvercle, elle trouva à l'intérieur, une pierre lisse de couleur verte semblable à du jade, montée en pendentif à un cordon de cuir.

Ravie, la jeune fille le passa aussitôt à son cou.

- Merci beaucoup, Mariana lui souffla-t-elle en la prenant dans ses bras.

La commerçante, un peu étonnée par cet élan de tendresse, n'osa plus bouger mais son visage s'illumina d'un large sourire.

- Il te portera chance, lui assura- t- elle les yeux rougis par l'émotion.

La sonnerie du téléphone d'Astia retentit, rapidement imitée par l'ensemble des portables présents dans le café.

Le groupe d'amis se dévisagea, vaguement inquiet.

- Oh non, pas ça ! maugréa Léo en fouillant dans son sac à dos à la recherche de son smartphone.

Mais Clément fut plus rapide. Voyant son écran clignoter rouge, il s'affaissa encore davantage sur son siège, l'air blasé.

- Et si ! Encore une alerte tempête pour demain ! On est de nouveau confiné jusqu'à vendredi soupira - t-il en donnant un coup de pied à son sac.

Plus personne ne parla. Chacun avait en tête les précédentes tempêtes et les nombreuses pertes, tant matérielles qu'humaines, qu'elles avaient engendrées. L'inquiétude se lisait sur leurs visages.

- Vous devriez rentrer vite les jeunes, on ne sait jamais conseilla Mariana les traits tendus. Je vais fermer et barricader les fenêtres. Désolée pour votre petite fête mais il va falloir la reporter.


                                                               *                             *                       *


La chute brutale de la température fit frissonner Astia. Après un rapide geste de la main à ses amis, elle se mit à marcher d'un pas assez vif, le long de la petite rue. Le vent qui s'engouffrait entre les bâtiments la fit trembler. D'un geste rapide, elle rabattit les pans de son manteau sur son corps tremblant et noua fermement sa ceinture.

Une voiture noire ralentit à sa hauteur. Sur la défensive, la jeune fille s'écarta rapidement et observa à bonne distance. La vitre avant passager s'ouvrit :

- Astia ! appela une voix féminine.

- Tata Cassandre ! s'écria Astia, étonnée, en se penchant pour discerner l'intérieur de l'habitacle. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu ne revenais pas avant la semaine prochaine !

- Surprise ! J'ai appelé ta mère pour savoir où tu étais, et vu le temps, j'ai préféré venir te chercher.

- Bonne idée ! Je suis épuisée ! confirma la jeune lycéenne en s'engouffrant dans la voiture. Alors le Mexique, tu as pu visiter un peu ? Voir les pyramides mayas ?

Cassandre, sourit et la serra dans ses bras.

- Bonjour, ma belle, je vois que tu es toujours en forme.

Astia, regardant sa marraine, fut intriguée par son teint, tout aussi pâle qu'à son départ :

- Tu n'as pas beaucoup bronzé pour dire que tu as passé un mois au soleil !

Sa tante se fendit d'un sourire légèrement crispé, en regardant sa nièce.

En réalité Cassandre n'était pas la tante d'Astia. C'était sa marraine, mais elle la connaissait depuis son plus jeune âge et la considérait comme un membre à part entière de sa famille. Une réelle complicité les liait. Dans les moments de doute et les difficultés, Cassandre avait toujours été présente auprès de la jeune fille pour la soutenir et l'encourager.

- Tu restes un peu plus longtemps, cette fois-ci ? interrogea Astia, pleine d'espoir. Parce qu'à force, tu vas vivre plus de temps dans l'avion et les hôtels que chez toi fit-elle remarquer.

La quadragénaire déposa un baiser maternel sur la joue de la lycéenne. Cette dernière, un peu gênée mais heureuse à la fois de ce moment de complicité rare, se blottit quelques secondes contre sa marraine.

- Tu sais bien que mon boulot me prend énormément de temps, mais j'espère pouvoir t'emmener au ciné la semaine prochaine. Et puis on doit se rattraper, cela fait quelque temps que nous n'avons pas papoté ! Alors, raconte -moi un peu ce qui t'est arrivé depuis mon départ ? Quoi de neuf ?

La jeune fille ouvrit la bouche, s'apprêtant à lui confier ce qu'il s'était passé au lycée, mais fixant sa marraine, elle se ravisa. Une petite voix intérieure lui murmurait de se taire.

- Heu... non, bredouilla-t-elle confuse, rien de bien nouveau ici.

Le vent de face ne faiblissait pas, Astia observait les feuilles virevolter dans tous les sens le long de la route, pour finir leur course folle contre le pare-brise. Elle se félicita de n'avoir pas à batailler à pied contre ces bourrasques et savoura le confort de la voiture. Sa maison, un pavillon récent au crépi ocre que ses parents avaient construit une dizaine d'années auparavant, serait bientôt visible.

Le portail en bois grinça lorsque les deux complices le franchirent.

En passant les limites de la propriété, elles eurent l'impression, comme à chaque fois, de pénétrer dans un autre monde : des buissons touffus ainsi que des framboisiers débordaient sur une importante partie de l'allée de pierres, pratiquement entièrement recouverte de fleurs multicolores.

Plus loin, en retrait, dans le jardin à proprement parler, une variété impressionnante de petits arbres fruitiers croulant sous le poids de leurs productions se tenaient fièrement, donnant leur ombre bienfaitrice aux lys et aux autres innombrables espèces de fleurs.

Un magnifique bananier, aux larges feuilles vert clair, trônait non loin de là, affichant fièrement ses deux énormes régimes de bananes.

Cassandre ne se lassait jamais de l'admirer, chaque fois qu'elle rendait visite à ses amis, et restait souvent pensive en le regardant.

Comme à son habitude, elle marqua une pause devant.

- Il me parait encore plus grand que la dernière fois !

Cette végétation luxuriante envahissait chaque centimètre carré de l'espace, jusqu'aux marches menant à la porte d'entrée, qui commençait à être colonisée par de minuscules fleurs violettes.

Sortant d'un bosquet, un matou bicolore, mince et haut sur pattes, les accueillit en se frottant contre leurs jambes pour quémander des caresses.

Se baissant, Cassandre allait s'exécuter lorsque l'animal la regardant droit dans les yeux, se mit à émettre un grognement sourd, en retroussant des babines.

- Bambou, ça ne va pas ou quoi de faire ça ! le disputa Astia en colère en mimant un coup de pied dans sa direction. Je suis désolée, tu le connais, il est toujours fidèle à lui-même ajouta-t-elle en esquissant un petit rire crispé.

- Oui, à ce que je vois, certaines choses ne changent pas ! Il ne peut toujours pas me supporter ! déclara la tante sur un ton contrarié, en lançant un regard dur à l'animal, qui s'enfuit à toute hâte.

La vieille Citroën bleue attendait dans l'allée de gravillons. La jeune fille s'étonna de la voir là. On était pourtant jeudi et sa mère aurait encore dû travailler plusieurs heures à la maison de retraite.

Lise était effectivement dans le salon, assise sur le canapé, absorbée par un flash information qui tournait en boucle.

Au contraire de sa fille à la chevelure flamboyante qui rappelait les feuilles d'automne, elle possédait des cheveux d'un blond clair, comme le reste de la famille, coupés courts juste au niveau des oreilles.

Elle sursauta en les entendant entrer et leur fit un signe de la main, tout en continuant d'écouter les nouvelles :

« Nous appelons à la plus grande prudence à partir de 20 heures ce soir. Toute la région passera en vigilance rouge pour risque maximum de tornades et de forte tempête. Nous craignons une ampleur similaire à la tempête de septembre. Ne sortez pas de chez vous, les habitants ne possédant pas une pièce sécurisée sont invités à évacuer leur logement pour la nuit. Si personne ne peut vous accueillir, la mairie met à votre disposition le bunker municipal ainsi qu'un repas chaud » annonçait la journaliste.

Lise, contrariée, accourut vers sa vieille amie et sa fille, affairées à retirer leurs manteaux et leurs chaussures.

- Ah, enfin vous êtes là ! Je commençais à m'inquiéter. Ça va, ma puce ? s'enquit-elle en regardant avec attention le visage de l'adolescente pour déceler un éventuel problème. Les cours se sont bien passés ?

Astia grimaça. Elle comprenait la sollicitude excessive de sa mère. Elle avait longtemps été fragile mais maintenant, malgré des années sans hospitalisation, sa mère n'arrivait toujours pas à être sereine et cela l'énervait, voire lui pesait, à certains moments.

Elle l'embrassa sur la joue avec un large sourire aux lèvres, préférant éluder le passage du gymnase, pour ne pas l'angoisser.

- Oui, maman, pas de problème ! Déjà là ?

- La maison de retraite a dû fermer momentanément. Nous avons encore évacué le personnel ainsi que les résidents vers une autre commune. Ils annoncent la même série de tornades qu'au début de l'année soupira-t-elle angoissée.

- Aussi forte que celle de septembre ? répéta Astia soudain préoccupée. Mais c'est déjà la troisième fois cette année. Ils ne peuvent donc rien faire pour les éviter ?

- Tu sais bien que non répondit doucement sa mère. Nous avons encore la chance d'être relativement préservés, pense à ceux qui habitaient sur le littoral, ma chérie.

Astia, rouge de honte, baissa la tête.

- Désolée ma puce, je n'aurais pas dû te dire ça, dit doucement sa mère en la prenant dans ses bras un moment. Contre la nature, nous ne pouvons pas faire grand-chose soupira-t-elle. Nous sommes impuissants face à ces phénomènes climatiques.

- Mais quand est-ce que cela va s'arrêter ? souffla Astia une boule au ventre.

Caressant le visage de son enfant, doucement, Lise avoua inquiète :

- Je ne sais pas, ma chérie.

La journaliste reprenait son flash info :

« L'ONU, inquiète par la multiplication et l'aggravation de ces phénomènes climatiques, va bientôt se réunir de nouveau pour tenter de coordonner une action mondiale ».

Soupirant, Lise éteignit la télévision.

- Cassandre, je serais plus rassurée si tu restais avec nous ce soir et demain, soirée pizza, ça vous dit ? proposa-t-elle en essayant de faire bonne figure. Astia, va vérifier s'il y a assez d'eau et de nourriture, ainsi que des couvertures à la cave et essaie de récupérer Bambou, s'il te plaît. Lui, qui a déjà peur d'un coup de vent, il va nous faire une crise cardiaque s'il reste dehors cette nuit ajouta-t-elle avec malice.


                                                        *                                         *                                        *


Après une course poursuite infernale et quelques griffures, Astia réussit enfin à enfermer l'animal récalcitrant dans la maison et décida de profiter de ces derniers instants de liberté, en allant lire un peu dans sa chambre.

Son refuge, comme elle l'appelait souvent, était dans son fouillis habituel, comme si un ouragan avait déjà dévasté l'endroit : des dizaines d'habits, plus ou moins sales, reposaient à même le sol et le bureau débordait des livres, de cahiers, et de feuilles.

Seule la collection de photos accrochées au mur, contre son lit, semblait correctement ordonnée. Une chambre d'ado dans toute sa splendeur aurait déclaré sa mère, pensa la jeune fille en jetant un regard circulaire à la pièce. Heureusement pour elle, cette dernière, trop occupée avec les préparatifs du confinement, ne risquait pas de venir inspecter les lieux. Après avoir enjambé une pile d'habits, elle s'écroula sur son lit avec bonheur.

Elle se mit à observer le plafond quelques instants, songeuse.

D'ordinaire si lumineuse grâce à la baie vitrée donnant sur le balcon, la pièce était plongée aujourd'hui dans une pénombre angoissante. Des éclairs zébrant le ciel au loin, illuminaient la pièce par intermittence. Le vent, de plus en plus fort, grondait en s'engouffrant dans l'appentis en bois du voisin, soulevant une partie de la toiture métallique dans un bruit infernal de tôle tordue. La pluie s'intensifiait aussi, et l'évacuation de l'eau dans les caniveaux fut rapidement saturée, provoquant progressivement des inondations dans les rues adjacentes du lotissement.

Les propos de la journaliste et l'air angoissé de sa mère tournaient en boucle dans la tête de la lycéenne encore sous le choc de l'accident. Même si elle était habituée à ces phénomènes météorologiques devenus récurrents, leur multiplication et leur dangerosité lui faisaient craindre le pire pour l'avenir et commençaient à la stresser plus qu'elle ne l'aurait voulu.

Elle décida de faire le vide en elle pour retrouver un semblant de calme et de sérénité. Mais son esprit, chamboulé et préoccupé, se fixa sur l'incident du lycée. Des flashs lui revenaient sans cesse en mémoire : la tempête, l'apparition de cet étrange vortex, et surtout, le rocher lui tombant dessus. Elle se remémora ce qu'elle avait ressenti au moment où l'étrange énergie était montée en elle, juste avant que le rocher ne la percute. Tout semblait si réel.

Mais cela n'avait aucun sens. Serait-ce possible qu'un choc lui ait fait imaginer tout ça ?

Elle toucha l'arrière de son crâne pour chercher la confirmation de son hypothèse mais ne décela aucune bosse ou douleur pouvant expliquer des hallucinations.

Son esprit, incapable d'intégrer ces faits, vagabonda durant de longues minutes, en contemplant son impressionnante bibliothèque de deux mètres de haut, emplie de romans fantastiques et de carnets de croquis.

Elle se leva finalement et se résolut à préparer des affaires pour s'occuper pendant le confinement. Elle saisit son sac à dos préféré, aux multiples poches, posé sur la chaise et y enfourna pèle mêle quelques habits de rechange, des stylos, un carnet et compléta le tout avec le livre qu'elle venait de recevoir à son anniversaire et une photo de sa famille. Jetant un regard en haut de la bibliothèque, la jeune fille se rendit compte qu'elle avait oublié son carnet de croquis. Elle leva le bras mais il lui manquait dix bon centimètres pour s'en saisir.

_ Saleté! Tu vas venir! pesta-t-elle en se mettant sur la pointe des pieds.

Elle arriva à effleurer le carnet mais ne put l'attraper. Il ne manquait que quelques centimètres. Fixée sur son objectif, elle crut rêver quand elle vit l'objet se mettre à trembler étrangement et à glisser jusqu'à sa main.

Hébétée, la jeune fille se laissa tomber sur son lit , le regard fixé sur le carnet . Astia, tremblante, avait envie de hurler. Devenait- elle folle? Que lui arrivait -il donc? Devait -elle en parler? Elle secoua la tête au moment où cette pensée traversa son esprit.

Non. Impossible. Au mieux on ne la prendrait pas au sérieux. Au pire, on l'enfermerait . Elle devait se taire et en apprendre davantage.

Pensive et préoccupée, elle se décida néanmoins après un long moment à descendre pour manger. La porte d'entrée s'ouvrit, son père était là et une bonne odeur de pizza emplissait déjà le couloir et le salon.

                                                                          *                                 *                              *





Moment décisif: Que lui arrive t-il? des théories?? 

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