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Quand Bill leur exposa son plan, tous le regardèrent avec de grands yeux ahuris et
Eddie fut le premier à reculer tout en secouant les mains et la tête pour exprimer son avis négatif.
- Jamais de la vie Bill ! s'exclama t-il dans un rire nerveux. C'est vraiment trop dégueulasse !
- Je préfère encore rester ici et patienter, murmura Ben.
L'idée de passer au travers de la horde en se recouvrant de tripes et de boyaux pour cacher leur odeur n'était pas au goût de tout le monde. Après tout, au delà de l'aspect répugnant, ils avaient toujours évité le danger et savoir qu'ici ils allaient le côtoyer d'aussi près les rendaient quelque peu nerveux. Les Losers affichaient une mine dubitative en réfléchissant, tandis que Bill, presque implorant, tentait de les mettre d'accord.
- Je sais que ça peut paraître complètement fou mais... Réfléchissez c'est le seul moyen pour arriver à sortir de cette ville.
- Ça pour être fou, ça l'est Big Bill ! s'exclama Richie. Même moi je n'y aurais pas pensé.
Parmi toute la bande c'était peut-être lui le plus enclin à accepter le premier, suivit de Mike. Ils finirent par procéder au vote. Tous acceptèrent finalement, bien qu'avec un léger contre cœur pour Ben er Beverly. Eddie était le seul à ne pas s'être prononcé, mais à la vue de sa première réaction, ils n'avaient pas besoin de lui redemander. Malheureusement pour lui il allait devoir accepter et suivre les autres.
Ils descendirent au rez-de-chaussée. Pour ne pas salir leurs vêtements, ils avaient revêtu les bâches utilisées pour les travaux qui recouvraient certains meubles et les avaient transformé en sorte de poncho sans manche. Bill et Mike, eux, avaient attiré deux rôdeurs de la salle informatique avant de les tuer. Mike planta un couteau dans le premier corps en décomposition et s'apprêta à l'ouvrir, sous le regard de Bill, soudain plus très certain.
- Mais qu'est-ce que nous sommes en train de faire ? dit-il en passant une main dans ses mèches argentés.
- C'était ton idée, lui rappela Mike avec un léger sourire qui s'effaça rapidement quand il rebaissa la tête pour continuer sa tâche.
Bien que les cadavres étaient dans la pièce d'à coté, Eddie avait la désagréable impression que l'odeur lui montait déjà au nez. Que cela soit dû à son imagination ou non, il sentait déjà son estomac se soulever. Il s'était placé loin de la porte, le bas du dos appuyé contre une table. Richie partit rejoindre les garçons et revint quelques instants plus tard avec des sauts.
- Appétissant ! C'est l'heure du dînez, s'exclama t-il en les levant devant lui.
- Beep beep Richie, lui lancèrent les autres en même temps.
Ils se séparent en duo pour se préparer. Sachant que le bouclé ne pouvait compter sur Eddie pour le recouvrir d'entrailles, c'est Bill qui lui fit. Beverly s'était assise sur une chaise, son teint étant devenue soudain pâle et livide. Sur le moment, elle n'était plus certaine d'être capable de pouvoir faire ça. Ben vint rapidement s'asseoir à ses côtés en la rassura tendrement et elle finit par hocher la tête. Eddie n'en menait pas large non plus, comme si on allait bientôt le torturer. Il souhaitait repousser ce moment le plus longtemps possible. Il tourna alors la tête quand il sentit la présence de Richie à ses côtés. Ses yeux s'arrondirent comme des soucoupes à sa vue et il s'empressa de détourner le regard en émettant un bruit écœuré, portant une main devant sa bouche et son nez.
- À ton tour, déclara posément le bouclé.
- Non Richie je ne veux pas.
- Bien sûr que si, tu peux le faire. Tu n'es plus un enfant Eds.
- Ça n'a rien à voir, contre le brun furieusement. Je vais te vomir dessus c'est tout ce que tu vas gagner !
Son compagnon semblait n'en avoir rien à faire et, comme toujours, possédait son éternel petit air amusé sur le visage. Il posa le saut sur la table à côté d'eux et plongea la main dedans sans aucune gêne. Eddie s'avait bien qu'il était obligé et il finit par capituler. Il y jeta un bref regard et manquant de tourner de l'œil.
- Oh seigneur, balbutia t-il en fermant les yeux.
Il laissa Richie faire son travail et ne rouvrit les paupières que quand il eut terminé. Il ne descendit pas son regard sur son corps et le garda fixé sur le visage de son compagnon. En guise de dernière étape, avec deux doigts, le binoclard s'amusa à tracer deux lignes horizontales de sang sur ses joues comme pour un maquillage de guerre. Il se recula ensuite, admirant ce qu'il avait fait, comme un artiste après avoir achevé son œuvre.
- L'odeur va rester dans mon nez pendant quatre jours, gémit Mike derrière eux.
Peut-être juste par envie d'effacer ce sourire moqueur de son visage ou pour essayer de relativiser face à la situation, Eddie prit sur lui et décora à son tour le visage du binoclard. Rapidement ils firent tous la même chose à son partenaire puis se regardèrent silencieusement avant d'éclater de rire en même temps. C'était peut-être de la folie, mais ils la partageaient ensemble.
Le torse et le dos peint d'entrailles, agrémenté d'un morceau de boyaux autour du cou, ils empestaient la pourriture, la putréfaction et l'odeur âcre du sang frais.
- Nous sommes magnifiques les gars, commenta Richie. Comme déguisement pour Halloween on aurait déchiré.
Mais ce petit moment d'humour était terminé, il était maintenant temps d'y aller. Mike prit la tête du groupe et Richie décida de veiller leur arrière en fermant la marche.
- Avancez lentement et n'essayez pas d'attirer l'attention sur vous. Et quoiqu'il advienne ne parlez pas et ne tirez pas au pistolet, les prévient Bill même si tous savaient quoi faire.
Eddie avait soudainement disparu du champ de vision du binoclard. Il se retourna pour le voir se tenir en retrait du groupe, de nouveau incertain. Il s'approcha de lui et posa ses deux mains sur le haut de ses bras.
- Tu t'en sens capable ? Tu ne vas pas me faire une crise de panique au milieu de la route hein ?
- Honnêtement ? Je n'en sais rien, mais je vais tout faire pour ne pas m'évanouir.
- Reste près de moi Eddie, lui dit Beverly en lui attrapant sa main.
Le bouclé remercia la jeune femme et le brun lui lança un dernier regard en arrière avant de se placer près d'elle. Mike inspira longuement et ouvrit enfin la porte d'entrée en faisant le moins de bruit possible. Ils sortirent alors silencieusement un par un à l'extérieur.
Aucun d'entre eux n'étaient réellement serein. Bill, plus que tout, était particulièrement anxieux. C'était lui qui avait entrainé ces amis là dedans et si ça ne marchait pas comme prévu cela reviendrait à les condamner tous. Se retrouver ainsi propulsé au milieu de nombreux rôdeurs les rendaient tous mal à l'aise.
Ils profitèrent d'un espace moins encombré pour s'y faufiler en fil indienne. Pour ne pas alerter les rôdeurs ils devaient marcher à leur vitesse. Ils n'avaient encore fait que quelques mètres quand un mort vivant s'approcha dangereusement d'eux. Mike leur fit signe de s'arrêter et de ne pas bouger malgré tout. Alors qu'ils pensaient qu'il allait se jeter sur l'un d'entre eux, il dévia d'un coup sa trajectoire et poursuivant son chemin en zigzaguant plus loin. Poussant des soupirs de soulagement, ils continuèrent leur avancée, leurs cœurs continuant malgré tout de battre rapidement.
Certains rôdeurs s'attardaient parfois vers eux, tournant autour en grognant plus fort comme s'ils tentaient de démasquer la ruse mais ils finissaient toujours pas partir. Malgré l'énorme stress de la situation, les Losers faisaient de leur mieux pour garder leur calme. Dans ces moments là ils s'obligeaient à ne pas bouger brusquement et à ne pas émettre le moindre son qui pourraient les trahir.
Profitant d'un espace libéré, ils y allèrent avant de s'accroupirent derrière une voiture pour s'octroyer une légère pause. Ce fut en même temps qu'ils découvrirent avec horreur que le temps était en train de changer. Quand ils étaient sortis, le ciel était parfaitement dégagé, hors en à peine un quart d'heure le vent s'était légèrement levé et des nuages grisâtres avançaient dangereusement dans le ciel en leur direction.
- On ne va jamais arriver de l'autre côté, gémit alors Eddie.
- On ne peut pas abandonner maintenant, dit Bill en essayant de garder son calme.
- Il va bientôt pleuvoir on ne peut pas faire ça ! angoissa la rousse.
La pluie allait estomper leur couverture, si ce n'était l'effacer complètement. Le sang et l'odeur allaient se dissiper et les rôdeurs allaient rapidement les sentir. Rien que la légère brise les mettait déjà en danger.
- Retournons à la bibliothèque ! dit Ben. Nous serions plus en sécurité.
- Non nous avons fait plus de la moitié du chemin ça serait idiot de tout recommencer, répondit Richie.
- Il faut trouver un abri en attendant que ça passe, déclara Bill.
Mais autour d'eux il n'y avait que des devantures de boutiques à moitié détruites et rien de bien concret pour trouver un refuge avant la pluie. Richie, en pleine réflexion, finit par se redresser.
- Attendez-moi ici je crois que j'ai une idée !
Il n'attendit pas leur réponse et leur avis, il partit. Impuissant Eddie regarda son compagnon s'éloigner en se jetant de nouveau au milieu du danger.
- Non Richie reviens ! s'exclama Beverly.
Elle plaqua subitement ses mains contre sa bouche en se rendant compte qu'elle avait élever la voix. Certains morts-vivants se tournèrent vers eux.
- Vite Bev viens par ici, murmura Ben en passant une main autour de sa taille.
Eddie sentait de nouveau son pouls s'affoler tandis qu'il ne pouvait s'empêcher d'être effrayé. Il ne pouvait pas laisser Richie tout seul. Ses amis l'appelaient derrière lui mais il n'était focalisé que sur une seul chose. Il se releva soudainement à son tour et décida de rejoindre Richie.
Avec rage et force, sans savoir s'avoir d'où lui était venu ce soudain élan de courage, il enfonçait le pique de sa barre en fer dans chaque tête de morts vivants qui s'approchaient trop près de lui.
Tout s'était obscurci d'un coup et il n'arrivait pas à le trouver. Finalement il entendit un bruit plus élevé d'un côté et il l'aperçu enfin au moment où les premières gouttes de pluie se mettaient à tomber du ciel. Richie n'arrivait pas à ouvrir la porte sur laquelle il avait tout misé et il était en train de repousser comme il pouvait les rôdeurs qui se jetaient sur lui. Le sang d'Eddie ne fit qu'un tour et il s'empressa de le rejoindre pour l'aider. Il abattit leurs ennemis en quelques secondes et Richie releva sa tête vers lui, repoussant une mèche humide de son front.
- Qu'est-ce que tu fais là ? s'exclama t-il surpris.
Il n'eut pas le temps de répondre. Un mort-vivant s'était accroché subitement à son sac à dos et il bascula en arrière, tombant douloureusement au sol. Bientôt il se retrouva submergé et il n'arrivait même plus à distinguer le ciel, la pluie lui tombait dans les yeux. Il ne voyait plus rien et frappait à l'aveuglette en espérant les atteindre.
Richie faisait de mieux qu'il pu pour l'aider, criant à plusieurs reprises son nom avec panique.
- Eddie ! Attrape ma main ! hurla de nouveau Richie par dessus le vacarme des grognements et de la pluie qui s'était accentuée.
Avec difficulté le brun réussit enfin à se redresser et attrapa la main du binoclard qui l'aida à le hisser sur le conteneur sur lequel il était monté, pendant que les bras décharnés se tendaient dans leur direction. Un rôdeur avait réussi à attraper la jambe d'Eddie et Richie s'acharna sur le bras avec sa batte jusqu'à qu'il arrive à le couper en deux. Il aida Eddie à se mettre debout près de lui. Le conteneur se mit à trembler sous la pression des morts vivants qui s'agglutinnaient sur les bords en essayant de les attraper.
- Où sont les autres ?
- Je ne sais pas, je ne vois rien !
- Bon sang qu'est ce qu'on va faire ?!
Ils se plaquèrent contre le mur en brique derrière eux, s'accrochant au bras de l'autre. Les verres des lunettes de Richie étaient embués, et l'eau dégoulinait sur leurs visages et leurs vêtements. Ils enlevèrent leurs "déguisements" qui ne servaient maintenant plus à rien et décidèrent finalement de prendre les armes à feu que Bill leur avait donné. Ils tirèrent, du mieux qu'ils le pouvaient, sur la majorité des zombies devant eux puis sur ceux qui arrivaient plus loin. Le conteneur finit par se stabiliser au bout de quelques instants.
Soudainement une violente explosion retentit quelques mètres plus loin. Une gigantesque flamme s'éleva, devenant le seul point lumineux de ce paysage terne, pendant que plusieurs déjections volaient dans les airs de tous les côtés. Les rôdeurs qui étaient encore là ne tardèrent pas à s'éloigner en direction de la détonation. Richie et Eddie purent descendre et partirent en courant vers le dernier endroit où le brun avaient quitté leurs amis. Mais bien évidemment ils n'étaient plus là. Ils continuèrent leur chemin vers la sortie.
Au tournant d'une rue, ils se tombèrent dessus et poussèrent un cri d'effroi en même temps.
- C'est nous ! C'est nous ! s'exclama Beverly qui était en pleurs.
Ben et Bill soutenaient difficilement Mike qui se trouvait à demi inconscient, sa tête balotant à droite et à gauche contre son torse. Toute une partie de son visage et de son cuir chevelu étaient ensanglanté.
- Il faut partir d'ici !
Ils quittèrent la ville, remplis de poussière, de sang et trempés jusqu'au os. Ils trouvèrent refuge dans une maison dans un quartier qu'ils jugèrent calme, mais barricadèrent tout de même l'habitat par précaution. Qu'aucun d'eux ne soit mort ou gravement blessé, fut une chance inouïe. Mike avait quelques blessures certes, mais pas aussi importante qu'ils l'avaient pensé au début, il allait s'en rapidement s'en remettre. Il fut soigné et se retrouva allongé dans un des lits. Richie et Bill se tenaient debout près de lui.
- Mec tu t'es pris pour Rambo ou quoi ? s'exclama Richie, presque fasciné.
Mike commença à rire face à cette remarque mais cela lui fit mal à la gorge et à la poitrine et son sourire se transforma en une grimace de douleur.
- Avant que nous partions de notre zone de sécurité, répondit-il tout de même, j'ai volé du matériel militaire. Je n'avais jamais eu l'occasion d'utiliser une grenade. C'était plutôt chouette.
- Tu aurais pu te tuer..., le sermonna Bill.
- C'était le seul moyen pour créer une diversion.
Bill resta encore quelques instants auprès de son ami et Richie rejoignit les autres qui étaient assis sur le canapé, silencieux. Ils s'étaient lavés mais les traces de fatigue et de la peur qu'ils avaient éprouvé aujourd'hui, elles, ne partaient pas. Beverly essayait tant bien que mal de lire un livre qu'elle avait pris à la bibliothèque, mais n'arrivait pas à se concentrer. Ben était en train de manipuler les boutons de sa radio et son nouvel émetteur. Quelque peu dépité de n'obtenir rien de concret, il décida d'abandonner pour ce soir. Eddie, lui, était assis contre l'accoudoir à droite. Les jambes repliés contre sa poitrine, il frottait ses bras comme s'il grelottait de froid, tout un fixant un point au sol d'un air maussade.
Richie vint immédiatement prendre place à coté de lui mais il n'émit aucune réaction auquel il s'était attendu. Il attrapa alors doucement son menton entre ses doigts et releva son visage vers le sien. Le binoclard le dévisagea d'abord tendrement avant de venir déposer un chaste baiser sur ses lèvres et de l'attirer contre lui. Eddie sembla reprendre ses esprits et il posa sa tête contre son épaule tout en profitant quelque peu de sa chaleur.
- Tu es bien silencieux. À quoi tu penses ?
- A rien de particulier, répondit-il seulement.
Le bouclé n'insista pas et passa seulement un bras autour de ses épaules. Bill arriva à son tour quelques minutes plus tard, une bouteille de whisky dans les mains. Personne ne demanda où il l'avait trouvé, l'acceptant seulement avec joie. Chacun prit un verre et profita de la boisson pour accompagné leur maigre repas.
- J'avais quasiment oublié le goût de l'alcool, soupira Richie en basculant sa tête en arrière.
- Fait attention, s'amusa la jeune femme, ne picole pas trop.
Du bruit dans l'escalier ne tarda pas à attirer leur attention. Mike fit son apparition dans le salon et s'avança vers eux malgré leurs protestations. Dans sa démarche et son visage blafard il avait tout l'air d'un rôdeur.
- Mec c'est pas sérieux, retourne t'allonger.
- Pour que vous en profitiez pour faire la fête et boire sans moi ? Jamais.
Il esquissa un sourire et se laissa tomber difficilement dans le canapé à côté de ses amis. La nuit était maintenant presque tombée et Ben alluma quelques bougies qui se trouvaient sur la table basse.
- C'est sûr que tu étais en train de rater la fête du siècle Mickey, répondit le binoclard d'un ton sarcastique en lui donnant la bouteille.
- J'ai entendu que vous parliez de certaines anecdotes de notre enfance.
- C'est exact, répondit doucement Bill. Tu en as à partager ? Nous venons de commencer.
Ils levèrent tout d'abord leurs verres pour porter un toast silencieux à Stanley, puis commencèrent à parler chacun leurs tours.
Ils étaient éreintés mais pourtant ils passèrent la moitié de la nuit à discuter, jusqu'à que les bougies ne se consument presque entièrement. Mike fut le premier à s'endormir d'un coup, suivit d'Eddie, bercé par la voix de Richie, puis tous tombèrent petit à petit dans un sommeil calme mais sans rêve.
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vous avez été plusieurs à trouver le plan de Bill 👏
j'espère que ce chapitre vous a plu ♡
il n'en reste donc plus qu'un, c'est passé tellement vite je trouve ;_;
j'ai hésité mais finalement je préfère vous le dire maintenant. préparez-vous pour la fin parce que j'ai été méchante et je vais certainement vous briser le cœur
(certains d'entre vous s'en doute déjà depuis un moment)
non plus sérieusement mon choix a été fait dès le début de la fanfic. alors merci de le respecter et de ne pas trop me détester :')
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