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Avec son pied droit, Richie repoussait mollement les divers produits renversés et les saletés qui jongeaient le sol. La plupart des aliments restants étaient nombreux à être périmés depuis belle lurette. Le bouclé inspectait alors attentivement les rayons qui possédaient encore de la nourriture qui semblait correct.
Eddie s'était faufilé au fond du magasin, plus précisément vers le coin pharmacie. S'était son domaine et il était le seul des trois à savoir ce qui était le plus utile à prendre. Il passa derrière un autre comptoir qui était à moitié brisé et ses yeux se mirent à parcourir à vitesse grand v les boîtes et les flacons encore disponibles. Rapidement il prit divers médicaments et du matériel médical qu'il jugeait les plus importants en cas de maladie et de blessures graves et les rangea dans son sac.
Derrière lui, il entendait Richie parler tout seul, marmonnant ou insultant il ne savait quoi. Il ajustait sans cesse ses lunettes comme si sa mauvaise vision était la cause des dates de péremption qu'il n'arrêtait pas de déchiffrer depuis plusieurs minutes sur tous les paquets.
- Bienvenue dans notre nouveau monde, comment voulez-vous mourir : bouffé par un zombie ou à cause d'une intoxication alimentaire ? déclara t-il en prenant la voix enthousiaste d'un présentateur télé.
- Beep Beep Richie, lui lança Beverly non loin de lui. Regarde les aliments qui sont les plus susceptibles de se conserver plus longtemps.
- Tu sais quoi je crois que je vais d'abord aller jeter un coup d'œil au rayon papeterie, peut-être qu'il y a le dernier numéro de mon magazine que je n'avais pas eu le temps d'acheter.
Il croisa alors le regard mécontent de son compagnon et il haussa seulement les épaules avec un moue innocente.
- Bin quoi ? questionna t-il avant de heurter légèrement un présentoir sur pieds. Oh tu veux une carte postale souvenir ? lança t-il alors avec un grand sourire en lui en montrant une du doigt.
- Concentre toi, le réprimanda seulement Eddie d'un air désespéré.
Il s'apprêtait à le rejoindre, pour l'empêcher de faire l'idiot, quand son regard fut soudain attiré par une porte sur la droite. Cela devait être certainement une réserve, peut être encore remplie. Eddie s'y dirigea avec cette espoir et, prudemment, tourna la poignée rouillée. Par chance la porte n'était pas fermée à clef, elle s'entrebailla dans un craquement sinistre et il finit de la pousser complètement avec l'extrémité de sa barre en fer.
Il rangea cette dernière dans son dos et attrapa sa lampe torche accrochée à sa ceinture. Quand la lumière apparut, il inspecta attentivement la pièce qui semblait être relativement petite. À première vue il n'y avait que de vieux cartons à moitié éventrés par des rats et une lourde lampe à néons rectangulaire qui s'était décrochée du plafond et qui pendait en plein milieu.
Il ne put s'empêcher d'émettre une grimace de dégoût en voyant poussière et toiles d'araignée qui envahissaient le lieu ainsi que la forte odeur de renfermée et de moisis qui lui monta subitement au nez. La manche de son sweat posée contre sa bouche, il s'avança de quelques pas à l'intérieur en illuminant tour à tour les deux côtés de la pièce.
C'est alors que son faisceau lumineux se posa sur plusieurs boîtes de conserves qui étaient posées sur les planches d'une étagère en fer comme si elles l'attendaient patiemment. Il passa prudemment sous la lumière pour arriver devant. Sans perdre de temps il posa son sac à ses pieds et s'empressa de le remplir avec ses trouvailles. Il se recula ensuite de quelques pas pour arriver à mieux distinguer celles qui se trouvaient tout en haut. Il pointa sa lumière dessus et déchiffra l'étiquette.
Du pudding au chocolat.
L'inexplorable envie de faire plaisir à Richie lui prit. Il souhaitait lui faire plaisir et voir son stupide sourire qu'il aimait tant et sa joie enfantine quand il lui présenterait sa découverte. Il esquissa un bref rictus à cette pensée.
Se mettant alors sur la pointe des pieds, il étendit son bras avec difficulté pour tenter d'en attraper une. Il finit enfin par réussir à en avoir, non sans grimacer sous l'effort et la légère douleur qui parcourut son bras qu'il avait trop étendu. Il la rangea dans son sac et décida d'en attraper finalement une deuxième. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait trouver ce genre de denrée.
Mais son sang se glaça subitement dans ses veines quand il entendit alors, non loin de lui, un horrible grognement mêlé à d'ignobles gargouillis. Son rythme cardiaque augmenta en sachant parfaitement de quoi il s'agissait. Il s'empressa, dans un dernier effort d'attraper la dernière boîte.
Mais il renonça en percevant les sons devenir de plus en plus net et plus proche. Il se retourna juste à temps pour voir un rôdeur, une moitié du visage en lambeaux sanglants, sortir soudainement de derrière une pile de carton et lui tomber dessus sans qu'il ne s'y attende.
Instinctivement Eddie avait lâché sa lampe et brandit sa barre devant lui horizontalement et in extremis les dents de la créature se refermèrent autour.
Le dos du brun heurta violemment l'étagère, qui s'ébranla avant que diverses boîtes ne se mettent à pleuvoir autour de lui, manquant presque de l'assommer.
Le cœur battant, il tenta de faire reculer de toute ses forces ce corps putride qui empestait loin de lui. Mais il était complètement pris au piège entre les étagères et le mur et il avait beau continuer de pousser en avant, en tentant d'éviter les mains du mort vivant qui essayaient par tous les moyens de l'aggriper, rien à faire ce dernier semblait plus fort que lui. Le manque de nourriture les avait tous affaibli et il s'en rendait parfaitement compte. De plus sa gorge était tellement sèche qu'aucun son n'arrivait à sortir et il avait l'impression d'être comme paralysé.
À l'entente des conserves tombant bruyamment au sol, Beverly et Richie relevèrent en même temps la tête en se questionnant rapidement du regard.
- Eddie ? Ça va au fond ? questionna le bouclé avec soupçon.
Le silence lui répondit, rapidement suivit de grognements que seul un mort vivant pouvait émettre, et Richie s'affola immédiatement. Il lâcha tout ce qu'il avait dans ses mains et empoigna sa batte avant de courir vers la réserve entrouverte, Beverly sur ses talons, en train de recharger en vitesse son pistolet.
Eddie entendit le binoclard crier son prénom à mainte reprise plus loin. Il avait fermé ses yeux, sentant ses forces qui commençaient à l'abandonner au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient et il se voyait déjà être déchiqueté vivant juste avant que ses amis n'arrivent à le sauver.
Mais heureusement Richie arriva à temps. Il leva sa batte et s'acharna avec fureur sur le crâne du rôdeur. Du sang éclaboussa violemment son visage et celui du brun qui avait de nouveau fermé ses paupières. Quand il sentit enfin la pression de la créature se relâcher et son corps s'écrouler à ses pieds, il ouvrit lentement ses yeux embués de larmes brûlantes.
- Eddie tu vas bien ?! Tu n'es pas blessé ?! paniqua Richie en posant ses deux mains de par et d'autre de ses épaules.
Encore sous le choc, Eddie ne répondit rien, son corps toujours secoué de léger tremblements. pendant que le bouclé inspectait son cou et son visage. Ce n'était pas la première fois que les trois amis avaient eu à faire à ce genre de situation. Chacun avait déjà été attaqué et avait manqué d'y passer de la sorte. Mais cette fois-ci avait bousculé le brun plus que d'ordinaire.
- C'est fini, lui murmura Beverly en lui frottant doucement l'épaule.
- Tu ne risques plus rien, ajouta Richie.
Mais Eddie ne les entendait pas, il tenait toujours sa barre en fer entre ses deux mains. Sa gorge s'était subitement resserrée comme une tête d'épingle, un sifflement aigu sortait maintenant de sa bouche et il peinait à respirer normalement. Son cerveau lui envoyait des signaux de panique, lui criant qu'il était en train de faire une crise d'asthme et qu'il avait besoin de son inhalateur.
Le problème ne réside pas dans tes poumons, mais dans ta tête. Tout est dans ta tête, lui avait-on dit un jour alors qu'il n'était qu'un petit garçon de treize ans. Il n'avait pas voulu y croire. Sa mère lui avait toujours répété qu'il était fragile et qu'il avait besoin de ces médicaments. Les mères n'étaient pas censées dire la vérité et vouloir le bien de leur enfant ? Pourtant il avait fini par comprendre et réaliser qu'il n'était absolument pas asthmatique et que ce qu'il prenait lors de ses crises n'étaient qu'un placebo. Un foutu placebo.
Malgré tout, en grandissant, quand il était trop stressé, ou pris d'une panique subite, il y avait parfois recours. Il savait que c'était ridicule mais pourtant ça l'aidait, alors il continuait. Il en avait pris l'habitude et dieu seul sait que se détacher d'une habitude, d'un médicament, bien qu'il soit un placebo, est une affaire plus compliquée qu'il n'y paraît. Malheureusement en ces temps compliqués, les recharges s'étaient amenuie jusqu'à disparaître complètement. Eddie avait tout de même gardé son inhalateur dans son sac à dos. Dorénavant c'était Richie qui avait trouvé un moyen de calmer ses crises de panique et de stress. Depuis le début de leur périple il en avait déjà eu deux et il avait bien crû y passer stupidement à cause de sa nervosité maladive s'il n'avait pas été là pour l'aider.
Sous le regard inquiet de Beverly qui avait ramassé la lampe, Richie s'approcha lentement de lui et voulu lui enlever son arme des mains. Mais il dû s'y prendre plusieurs fois car le brun refusait de la lâcher, s'y accrochant presque furieusement. Quand enfin il réussit il la posa doucement sur le côté. Les deux mains d'Eddie se retrouvèrent alors dans celles de Richie. Ce dernier exerça une légère pression dessus pour lui faire comprendre qu'il était là. Malgré l'obscurité, il chercha ensuite à capter son regard, que le brun persistait à garder fixer sur le cadavre au sol.
- Regarde moi, lui ordonna t-il en douceur. Eddie regarde moi.
Richie posa sa main gauche sur la joue droite, et recouverte de sang m, d'Eddie qui finit par obéir. Il releva un regard hagard vers le visage de son compagnon qui avait maintenant posé sa main gauche sur le haut de sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait avec une extrême rapidité. Paume proche de son cœur, le bouclé ressentait les pulsions et les battements frénétiques de son cœur affolé.
- Inspire et expire en même temps que moi d'accord ?
Eddie secoua alors vivement la tête et répéta ce que faisait Richie. Quelques minutes, ses yeux foncés ancrés dans les clairs du bouclé, suffirent pour que son organe vital finisse par reprendre un tempo normal, que sa respiration sifflante s'atténue et que la douleur quitte lentement sa poitrine. Il respirait de nouveau et reprit pleinement ses esprits. Beverly vint tendrement lui nettoyer le visage et fit la même chose pour Richie, lui rendant par ailleurs une vision plus nette quand les verres de ses lunettes retrouvèrent leur propreté.
- Je...je vais bien, dit alors Eddie d'une petite voix en passant une main sur son visage, l'air honteux. Excusez-moi.
Beverly lui offrit un petit sourire réconfortant et quitta la réserve pour aller vérifier l'extérieur.
Richie s'assuraune dernière fois qu'Eddie allait bien et il lui donna son sac avant de lui tendre ensuite gentiment sa main que le brun s'empressa d'attraper. Ils enjambèrent le corps et sortirent rapidement de la réserve. Beverly revint rapidement vers eux, avec une expression quelque peu paniqué.
- Les gars il faut partir d'ici très vite ! Il y a une horde qui arrive au nord du quartier !
Il n'y avait pas qu'une seule horde, mais deux. Une qui arrivait chacune d'un côté de la ville, comme si les morts vivants s'étaient passés le mot de ce réunir à l'endroit où ils se trouvaient. Sans perdre une minute de plus, le trio sortit par la vitre brisée et longea rapidement le mur en brique du bâtiment. Derrière eux les grognements s'intensifiaient, devenant un bourdonnement quasi assourdissant. Le groupe d'en face était plus loin, il s'approchait lentement et sûrement. Il ne leur restait plus beaucoup de temps pour trouver un moyen de les éviter.
Le binoclard partit en avant et disparu du champ de vision de Beverly et Eddie en tournant sur la droite. Il ressortit quelque minutes plus tard en leur faisant de grands signes en direction d'une ruelle vide.
- Vite dépêchez-vous !
Ils s'empressèrent de le rejoindre. Au milieu se trouvaient deux pans de haut grillage en fer, joints et attachés avec un cadenas et des chaînes rouillées. Ce chemin était le seul moyen qui s'offrait à eux pour sortir facilement du centre ville sans devoir croiser tout un groupe de mort vivant ou s'aventurer dans un bâtiment inconnu.
- Je passe en premier, je vais vous aider.
Beverly posa ses mains sur le grillage et commença à escalader. Bien heureusement les interstices en forme de losange étaient assez grands pour pouvoir s'accrocher avec les mains et poser le bout de leurs chaussures dessus. Eddie suivit rapidement. Avec son imposant sac à dos maintenant presque remplit à ras bord, il manqua de partir rapidement en arrière à cause du poids. Mais Richie le rattrapa à temps, les mains posées sur son postérieur.
- Hé n'en profite pas !
- J'essaie de t'aider andouille ! répliqua le binoclard avec un demi sourire à moitié dissimulé en voyant qu'il était redevenu fidèle à lui même.
Il le poussa en avant et Eddie se raccrocha correctement au grillage. Après s'être stabilisé, il souffla un coup pour se donner du courage et entreprit de recommencer son ascension en prenant le plus de précautions possible. Quand il arriva en haut où la rousse l'attendait, en lui tendant une main, il passa une à une ses jambes de l'autre côté avec son aide. Le binoclard grimpa à son tour avec une agilité presque déconcertante, pendant que les deux autres mettait pied à terre de l'autre côté.
- C'était moins une, constata Richie en sautant à son tour sur le sol, faisant voler de la poussière.
Lui et Eddie s'approchèrent du grillage pour voir arriver un nombre impressionnant de zombies, tous rassemblés, marchant ensemble comme si une manifestation était en train de se dérouler.
Beverly était partie quelque peu en avant pour vérifier l'état de l'étroite ruelle. Il y régnait la même puanteur de détritus et d'humidité qui englobait toute une partie de la ville. Divers morceaux de bois, toiles et poubelles étaient renversés et éparpillés un peu partout,
Elle vit que le chemin bifurquait vers la gauche, continuant certainement derrière les bâtiments qui abritaient un ancien complexe de boutique. Elle s'apprêtait à se retourner vers ses amis pour leur annoncer.
Mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un, lui fonça dessus et l'agrippa avec force sans aucune délicatesse. Une main se referma sur sa bouche et la première chose qu'elle vit fut un éclat argenté qui passa près de son visage.
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bon et bien voilà, terminé les moments chill hehe
je n'ai pas grand chose à dire alors je vous fais des bisous, en espérant que vous avez aimé ce chapitre ♡
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