Chapitre 53 - Renforcement
Léandre (Roi de Valeria)
Le silence retomba dans la salle du trône comme une chape de plomb dès que la porte se referma derrière Darius. Je restai un moment immobile, les yeux fixés sur le bois massif de cette porte qui venait de se clore sur une menace à peine voilée. Mon esprit, quant à lui, tournait à plein régime. La trahison et les complots semblaient tisser leur toile autour de Valeria, et chaque décision que je prenais désormais portait le poids de l'avenir de mon royaume. Je me levai, quittant le trône pour me diriger vers la fenêtre. De là, je pouvais voir les vastes terres de Valeria s'étendre sous un ciel teinté des dernières lueurs du crépuscule. La beauté paisible du paysage contrastait cruellement avec la tempête qui grondait dans mon cœur.
« Comment protéger un royaume quand les menaces viennent de l'intérieur autant que de l'extérieur ? »
Alors que je contemplais les terres de Valeria, une autre pensée s'insinua dans mon esprit, celle de l'Académie de Valthura, qu'il fallait que je prévienne de la tournures des événements. J'avais appris son existence peu après mon accession au trône, un secret bien gardé que mon père et Lykos avaient choisi de ne pas partager avec moi pendant longtemps. Valthura, un lieu de puissance et de mystère, formait les esprits les plus brillants et les guerriers les plus puissants.
— Votre Majesté ? la voix de Lykos me tira de mes pensées.
Il était resté, discret, observant la scène avec une préoccupation évidente.
— Lykos, commençais-je, me tournant vers lui, son regard sage se posant sur moi. J'étais en train de penser à Valthura. Je regrette de ne pas avoir eu la chance de m'entraîner là-bas, de découvrir et de maîtriser mes pouvoirs dans un lieu conçu pour révéler le véritable potentiel de ses élèves.
Lykos rougit, gêné et acquiesça, une lueur de nostalgie dans les yeux :
— Valthura est un lieu unique, Sire. J'y ai passé une partie de ma jeunesse, apprenant à canaliser et à utiliser mes pouvoirs. C'est un endroit où les limites sont constamment repoussées et où l'on enseigne non seulement la magie, mais aussi la stratégie, la diplomatie et l'art de la guerre. Cependant, si nous vous avons caché son existence c'était pour vous protéger, vous et Valeria. Mais vous aurez l'occasion de vous y entraîner, je vous en fait la promesse.
La mention de Valthura raviva en moi un désir ardent de découvrir ce que j'aurais pu devenir si j'avais été formé là-bas.
— Peut-être qu'un jour, j'aurai l'opportunité de tester mon potentiel à Valthura, murmurai-je plus pour moi-même que pour Lykos.
Reprenant mon sérieux je rajoutai :
— Lykos, revenant en au présent. J'ai eu une discussion avec Darius qui me fait penser que le danger arrive plus vite que nous le pensons. Prépare une réunion du conseil pour demain matin. Il est temps de rassembler nos alliés et de réaffirmer notre position. Nous devons aussi renforcer la sécurité du prince Aurélian et doubler sa garde, que ça lui plaise ou non.
— Bien sûr, Votre Majesté. Je m'en occupe immédiatement.
— J'ai aussi besoin que tu envoies un message par dragon messager à Valthura. Informe-les de la situation actuelle et de la menace qui pèse sur Valeria. Il est crucial que nous ayons le plein soutien de l'Académie face aux sombres jours qui s'annoncent.
Lykos hocha la tête, son expression devenant plus sombre et déterminée.
— Je m'en occuperai personnellement, Sire. Valthura doit être mise au courant. Leur savoir et leur puissance pourraient être d'une aide précieuse dans les temps à venir.
Alors que Lykos s'éloignait pour exécuter mes ordres, je restai un moment de plus à la fenêtre, pensant à l'Académie de Valthura. Malgré les défis et les dangers qui nous attendaient, l'idée qu'il existait un lieu capable de transformer les individus en versions plus fortes d'eux-mêmes me donnait espoir. Espoir que, quelles que soient les épreuves à venir, nous trouverions en nous la force de les surmonter.
Continuant à regarder vers l'horizon, mes pensées se tournèrent vers Alden, ce protecteur inattendu du prince. Son courage et sa loyauté représentaient un rayon de lumière dans l'obscurité qui menaçait de tout engloutir. J'avais besoin de plus d'alliés comme lui, des personnes prêtes à tout pour défendre notre cause. Mais au-delà des stratégies et des plans de bataille, une question plus personnelle me tourmentait. Le poids de la couronne avait toujours été lourd à porter, mais jamais autant que maintenant. La solitude de la royauté, la distance qu'elle imposait entre moi et ceux que je désirais tenir proches... Tout cela m'était soudainement insupportable.
« Peut-être était-il temps de révéler des vérités cachées, de prendre des risques non seulement pour le royaume mais aussi pour le cœur. La bataille pour Valeria ne se gagnerait pas seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les liens que nous tissons, dans l'amour et la loyauté qui nous unissent... Non je divague. Je deviens fou, qu'est ce qui m'arrive ? J'ai si soif d'un coup. Pourquoi j'ai si soif ces derniers jours ? »
Ne voulant plus penser à cela je décide de rentrer vers mon palais personnel. En marchant une soif inextinguible me saisit, pas celle qui peut être étanchée par de l'eau, mais une soif de présence, celle d'Alden. Distrait par cette pensée, je pris instinctivement le chemin passant par le palais d'Aurelian. À travers la grande fenêtre, je les aperçus, dînant ensemble. Alden riait, une joie pure émanant de son visage, un spectacle qui me tiraillait entre jalousie et bonheur. Le voir si épanoui était à la fois un réconfort et une torture pour mon cœur. Je restai là, à contempler Alden pendant de longues minutes, absorbé par sa beauté. Il possédait des traits délicats, féminins, un regard violet envoûtant, des cheveux longs et soyeux, une posture et une prestance qui défiaient les conventions de la masculinité. C'était cette énigme, cette androgynie, qui m'attirait inexorablement vers lui, bien que je ne me sois jamais senti attiré par d'autres hommes. Mon esprit était un tourbillon de confusion, ne sachant comment démêler ces sentiments contradictoires. Il ressemblait tellement à une femme, je n'arrivais pas à le voir autrement, et pourtant... s'en est pas une. Me voilà complètement perdue.
Soudain, Aurelian fit une espièglerie, se jetant sur Alden qui, dans un élan de vivacité, le repoussa avant de lui étaler son dessert sur le nez. Leurs rires clairs remplirent l'air, une harmonie qui alimentait ma colère intérieure. C'est à ce moment précis que Lykos apparut à mes côtés, un sourire entendu sur les lèvres, comme s'il lisait en moi à livre ouvert. Son regard malicieux semblait me dire "Petit coquin", ajoutant une couche supplémentaire de complexité à mes tourments.
Le contraste entre la scène de complicité devant moi et le tumulte dans mon cœur était saisissant. Alden, avec sa beauté indéfinissable, et moi, un roi déchiré entre son devoir et ses désirs les plus profonds. La présence de Lykos, à la fois rassurante et taquine, me rappelait que je n'étais pas seul dans mes pensées, mais cela ne faisait qu'accentuer mon sentiment d'isolement face à mes propres émotions. Finalement, incapable de supporter davantage cette torture visuelle et émotionnelle, je me détournai, laissant derrière moi la scène qui continuait de me hanter. Le retour à la solitude de mon palais ne m'offrait aucun réconfort, seulement l'écho de mes pensées et le poids d'un amour peut-être impossible.
Arrivé chez moi, mon valet de chambre me vêtit de ma robe de chambre et je m'allongeai dans mon lit, les pensées tournées vers le péril menaçant Valeria. Darius semblait disposé à tout pour satisfaire ses ambitions démesurées, y compris à trahir son propre royaume. Le conseiller Raymund, quant à lui, avait manifesté à plusieurs reprises son intention d'envahir notre territoire. Je devais veiller à ce que cela n'arrive jamais. Cette journée avait encore une fois été harassante, me faisant petit à petit sombrer dans le sommeil.
**********
Soudain la porte de ma chambre s'ouvrit doucement, révélant une silhouette que je connaissais bien, mais sous une forme totalement inattendue. Alden, d'habitude si discret dans ses habits de serviteur, se tenait là, transformé. Sa présence était celle d'une femme d'une beauté saisissante, vêtue d'une robe de couleur pastel qui captait la lumière de la lune se faufilant à travers la fenêtre. Une tresse ornée de gemmes précieuses descendait jusqu'au milieu de son dos, scintillant à chaque mouvement. Elle s'avança vers moi, un sourire espiègle aux lèvres, et demanda d'une voix douce :
— Bonsoir Votre Majesté, je m'excuse de vous avoir réveillé.
— Ce n'est rien, entre je t'en prie. Tu m'avais tellement manqué... mais qu'est-ce donc que ce déguisement qui vous sciait à ravir ?
— Oh, ça, j'avais envie de vous plaire, dit-elle, enfin il, de sa voix mielleuse.
— Je suis venue vous poser une question, Votre Majesté. Me l'accordez-vous ?
— Bien sûr, je suis tous ouïe.
— Pourquoi êtes-vous toujours si irrité a la vue du prince ? questionna-elle la voix et le regard malicieux.
Je me retrouvai à bégayer, surpris par sa question et encore plus par sa présence.
— Euh, non, pas du tout, réussis-je à articuler, tentant de dissimuler mon trouble derrière une réponse maladroite.
Son rire, cristallin et joyeux, emplit la pièce, apaisant immédiatement mes tensions. Puis, comme si l'idée lui était soudain venue, elle me proposa :
— Voulez-vous bien continuer à m'apprendre à jouer du piano ? Comme autrefois ?
Surpris mais charmé par l'offre, j'acceptai sans hésiter. Nous nous dirigeâmes vers l'instrument, et sous ma guidance, ses doigts commencèrent à glisser sur les touches, produisant des mélodies que je n'aurais jamais cru possibles.
« Elle, enfin il avait appris ça quand ? la dernière fois que je l'ai entendu jouer c'était une catastrophe qui c'était fini en catastrophe d'ailleurs. Moi le cœur brisé et lui les pieds attachés tête en bas. Mais il me surprenait toujours par sa vivacité d'esprit. »
Sa patience et sa douceur dans mon enseignement étaient envoûtantes, et je me laissai emporter par la musique que nous créions ensemble. Le temps sembla s'arrêter, tandis que nous partagions ce moment, loin des soucis et des tensions de la cour. Alden n'était pas seulement un serviteur, ni même un simple ami, mais ma muse, une inspiratrice, me révélant des facettes de moi-même que je n'avais jamais explorées.
Soudain, elle... se retourna vers moi et se mit à me sourire, se rapprochant de plus en plus. Mon esprit était un champ de bataille où s'affrontaient des émotions contradictoires, teinté d'une excitation frénétique à l'idée de ce qui pourrait advenir. Cette dualité d'émotions me tient éveillé et me pousse vers l'avant tout en menaçant de me briser. Mon cœur bat au rythme de cette mélodie discordante, chaque pulsation amplifiant le tumulte intérieur qui s'agite sous ma poitrine. Je navigue sur ce fil ténu, tentant désespérément de canaliser cette énergie en quelque chose de constructif, tout en sachant qu'à tout moment, je pourrais soit m'envoler vers les sommets, soit m'écraser dans les abîmes de ma propre tempête émotionnelle. J'ai presque une attaque de la voir ainsi, légèrement penché au-dessus de moi, dans cette belle robe couleur pastel. Chaque courbe de son corps, est offerte à ma vue. Ces courbes tellement féminines. Quelqu'un me veut du mal, et a jeté un sort à mon destin, j'en suis plus que persuadé maintenant.
Tandis que je m'efforce de conserver une façade de calme et de contrôle, Alden me lance un de ces sourires. Ce n'est pas juste un sourire ; c'est un rayon de lumière, une étincelle qui semble illuminer toute la pièce et chasser les ombres de mes pensées. Ce sourire me touche d'une manière que je ne saurais expliquer, faisant fondre les barrières que j'ai minutieusement érigées autour de mon cœur. Et alors, sans même y penser, les mots s'échappent de mes lèvres :
— Arrête de me sourire comme ça... Alden.
C'est un murmure, presque un souffle, porté par un mélange de supplication et de désarroi. Dans cet instant, je me rends compte de l'absurdité de ma demande. Comment puis-je demander à Alden de cesser d'être la source de lumière dans ma journée, la brise douce dans la chaleur de mes tourments ? Son sourire est un rappel constant de ce que j'essaie de garder à distance, de ce désir profond et troublant que je refuse d'admettre, même à moi-même. Mais il continue de sourire, ignorant ma requête ou choisissant de l'ignorer. Et dans ce sourire, je vois une promesse non dite, un défi peut-être, ou simplement l'expression pure de sa joie d'être là, avec moi. Cela m'exaspère autant que cela m'attire, me laissant dans un état d'ambivalence où je ne sais plus si je dois fuir ou me rapprocher encore plus. Dans la complexité de ce moment, je réalise à quel point Alden, avec juste un sourire, détient le pouvoir de bouleverser mon monde, de m'inciter à remettre en question tout ce que je croyais savoir sur moi-même et sur ce que je désire véritablement. Mais il fallait que je stop ce sourire avant qu'il ne fasse basculer la situation dans quelque chose que nous regretterons tous les deux, je me mets alors à crier :
— Arrête de sourire Alden ! Arrête de me sourire comme ça ! Tu me perturbe, arrête ! Ne souris plus !
Soudain, la réalité reprit brusquement ses droits. Je me réveillais à l'aube, le cœur battant, pour trouver à mon chevet, Lykos et Tomas. Leurs regards écarquillés, emplis d'une stupeur mêlée d'inquiétude, me fit réaliser l'étrangeté de la situation. Je me raclais alors la gorge en me grattant la nuque.
« Avais-je parlé en dormant ? Avais-je révélé mes rêves à voix haute ? »
Leur expression, quelque part entre l'amusement et la confusion me laissait perplexe.
— Tous va bien, Votre Majesté ? tenta Lykos, luttant visiblement pour garder son sérieux.
— Oui, je... Hum, allez-vous reposer encore un peu, la journée promet d'être éprouvante, répondis-je.
— Votre Majesté... nous sommes profondément désolés pour notre déloyauté, balbutia Lykos, les yeux brillants d'une lueur de regret. Je voyais les larmes lui monter aux yeux.
— Je le regrette également sincèrement. Notre manque de perspicacité nous a empêché de remarquer les tourments de Votre Majesté, ajouta Tomas avec une gravité qui frôlait le comique.
— Que voulez-vous dire ? leur demandai-je les regardant à tour de rôle.
— On parle de vos euh... préférences.
— Mes quoi ?! fis-je, complètement perdu.
— Alden est un homme, se lamenta Lykos. Me rappelant cette information comme si elle expliquait tous.
— Et ? insistai-je, ne voyant toujours pas où ils voulaient en venir.
— Nous pouvons vous trouver une dame, jeune, belle et surtout féminine, tenta Lykos, visiblement convaincu que cela réglerait tous mes problèmes.
Tomas lui couvrit la bouche avec ses mains, choqué par son audace, tandis que Lykos nous fixait chacun notre tour, éberlué, comme s'il venait de franchir une ligne invisible. Finalement, Lykos me regarda comme un enfant prêt à récolter sa punition, attendant sa sentence. Mais j'étais abasourdi par ce que j'entendais. Me voyant rien dire Lykos retrouva son audace :
— Comment pouvez-vous désirer un homme ? Votre Majesté ! Vous risquez votre vie et celle du peuple !
— Quoi ? Désirer ?
— N'ayez aucune honte, Votre Majesté, dit Tomas. Ce n'est pas de votre faute. Nous sommes les uniques responsables.
— Mais enfin ! De quoi parlez-vous ? Attendez ! vous croyez vraiment que j'ai des vues de cette nature envers Alden ? m'exclamai-je, à la fois amusé et irrité par leur erreur.
— Ce n'est pas le cas ? demanda Lykos, l'espoir teintant sa voix d'une note suppliante.
— Quelle soulagement de savoir que nous nous trompions, s'écria Tomas, une lueur de joie dansant dans ses yeux.
— Hors de ma vue, tous les deux ! ordonnai-je, en me levant brusquement afin de les chasser de la chambre, leur donnant des tapes et des coups de pieds ferme. Allez ! Ouste ! Sortez-d 'ici !
— Mais Votre Majesté !
— Déguerpissez, immédiatement !
Ils prirent la fuite, me laissant seul avec mes pensées embrouillées et me parlant a moi-même tous en vidant ma carafe d'eau qui se trouvait sur ma table de nuit :
— Incroyable...Comment ont-ils pu imaginer une telle chose ?
Sans faire appel à mon valet de chambre, je m'habillai en vitesse, décidant de pas prendre le petit-déjeuner pour me diriger directement vers la salle du conseil, encore secoué par cette conversation des plus surréalistes.
En m'approchant de la salle du conseil, l'atmosphère était déjà lourde d'anticipation. L'harmonnanceur, d'un geste solennel, m'informa que les participants étaient tous déjà arrivés et prêts. Avec une courtoisie qui masquait à peine l'urgence de la situation, il me fit signe que je pouvais entrer. Les portes monumentales s'écartèrent devant moi, révélant une scène à la fois familière et étrangement formelle. Alden, le gouverneur Lorncrest, Emeric, Darel, Ivar, Tomas, et Lykos étaient tous là, rassemblés dans la vaste salle habituellement réservée aux conseillers du royaume. C'était un spectacle étrange, ces hommes de confiance occupant les sièges destinés à ceux qui, en théorie, devraient m'aider à gouverner. Théoriquement je n'avais pas le droit de les faire venir à la salle du conseil, ni même les faire participer à ce type de décision mais la réalité était amère. Les chaises du conseil, censées être occupées par les sages et les fidèles serviteurs du royaume, étaient devenues des trônes de complaisance pour les marionnettes de Darius. Ce dernier avait tissé sa toile de corruption si habilement que les véritables conseillers étaient écartés, leurs voix étouffées par les promesses vaines et les ambitions personnelles. Je ne pouvais compter que sur ceux présents dans cette salle : des hommes et des femmes qui avaient choisi de rester loyaux non pas à l'illusion du pouvoir, mais à la vérité du devoir.
« Des femme ? qu'est-ce que je raconte ! Il n'y a aucune femme ici. Je crois que je commence à devenir sénile... »
Dans leurs yeux, je lisais la même détermination qui animait mon cœur. Ils savaient, tout comme moi, que les décisions cruciales pour l'avenir de Valeria se prenaient ici et maintenant, loin des intrigues et des complots qui gangrenaient les rangs officiels de mon conseil. Prenant place avec une gravité qui trahissait l'importance de l'instant, je me préparais à discuter de l'avenir du royaume avec mes véritables alliés. C'était dans cette salle, avec ces personnes de confiance, que le destin de Valeria serait scellé, loin des regards avides et des oreilles corrompues.
— Si je vous ai tous réuni aussi tôt ce matin c'est pour vous annoncer que hier j'ai eu une conversation assez complexe avec Darius qui n'a fait qu'exacerber mes craintes les plus sombres. Valeria est en grand danger et le Prince Aurélian également. Il est impératif de renforcer la garde de surveillance et de protection autour de lui. Je me demande même s'il ne serait pas judicieux de l'envoyer dans un endroit plus sécurisé. Avez-vous des suggestions ? ma voix résonna, portant l'écho de mes inquiétudes dans la salle du conseil.
Lykos, l'expérience gravée dans le regard, proposa d'emblée :
— En effet, nous pourrions l'exiler sur l'île d'Havenrock. Néanmoins, le danger guettera a chaque étape du voyage.
Mon regard se posa alors sur Alden :
— Alden, pensez-vous être a la hauteur pour le conduire en sûreté jusqu'à cette île ?
— Sans l'ombre d'un doute, Votre Majesté affirma Alden.
— Pourquoi ne pas envoyer avec lui Ivar et Tomas ? Je peux également envoyer Emeric en renfort. Plus ils sont nombreux plus le trajet sera sécurisé, lança le Gouverneur Lorncrest.
L'idée d'accompagner Alden par Ivar, Tomas et Emeric avait aussi effleuré mon esprit, mais je me ravisai aussitôt car il fallait de la discrétion dans cette mission.
— Hélas, une troupe risquerait d'éveiller les soupçons. La discrétion est de mise. Alden à l'agilité d'un dragon solitaire ; une escorte trop nombreuse pourrait le contraindre et le gêner plutôt que de l'aider. Je me trompe ?
— Non, Votre Majesté. Alden se redressa, une lueur de résolution dans les yeux, je vous promets de le mener à bon port.
— Dès que votre mission sera fini et qu'il sera là-bas vous rentrerez immédiatement et me rejoindrez sans tarder.
— Entendu, Votre Majesté.
— Et n'oubliez pas, Alden, vous êtes là pour accomplir une mission, pas pour vous plier aux caprices princiers. Vous ne devez pas faire plus que votre devoir. Ne cède a aucun des caprices du Prince. Tu ne lui doit aucune gentillesse et votre rôle n'est surtout pas de lui faire plaisir.
— Bien, Votre Majesté.
Tomas et Lykos échangèrent un regard qui n'échappa pas à mon attention, un air de confirmation muette sur ce qu'ils avaient imaginé à l'aube. Je sentais qu'une nouvelle série de corrections s'imposait. Pendant ce temps, le gouverneur Lorncrest observait Alden avec une intensité déconcertante. Sans un mot de plus, je me retournai, suivi fidèlement par Tomas, Lykos, et Ivar. Alden prit une direction différente, probablement vers le prince, tandis que Lorncrest, suivi de près par Emeric et Darel, se dirigea vers un destin que je ne pouvais que deviner.
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