Chapitre 32 - Nouveaux décrets royaux
LEANDRE
Alors que je marchais vers la grande salle du conseil, les échos de voix et de rires parvenaient à mes oreilles. Ces sons, autrefois symboles d'union et de sagesse, semblaient maintenant teintés d'une hypocrisie sous-jacente, une dissonance qui me mettait mal à l'aise. Mon cœur battait d'un rythme régulier, mais avec une lourdeur nouvelle : la responsabilité du pouvoir.
En me rapprochant, je discernai la voix de mon oncle, Darius. Il fanfaronnait, comme à son habitude, entouré par les membres du conseil qui gloussaient et acquiesçaient à ses moindres mots. Imaginer la scène suffit à me donner la nausée. Si ça ne tenait qu'à moi, sa tête serait actuellement au bout d'une pique à l'entrée de la ville et servirait d'exemple à quiconque oserait trahir le royaume. Mais je n'avais eu de choix que d'obéir à mon Père pour sa dernière volonté en tant que souverain. Malgré la grâce qu'il lui avait accordée, je ne pouvais m'empêcher de voir en lui l'architecte de tant de trahisons et de douleurs. C'était à cause de lui qu'Alden et ses hommes se tuaient à la tache nuit et jour afin de récupérer leurs familles envoyé en tribut. C'était en partie à cause de lui que des personnes souffraient dans l'empire Drevanien. Et c'était encore à cause de lui que de nombreuses personnes sont mortes avant l'heure.
Je fis signe discrètement à l'harmonnanceur, un homme fidèle discret et loyal, qui connaissait les intrications et les rouages du conseil mieux que quiconque. D'un geste de tête, je lui indiquai que j'étais prêt à faire mon entrée.
Lorsque les portes de la salle s'ouvrirent avec un grondement solennel, un silence s'abattit soudainement sur l'assemblée. L'un des conseiller chuchota :
— Sa majesté arrive. Il est là.
Tout les regards se tournèrent vers moi, certains empreints de respect, d'autres de crainte, et quelques-uns, dont celui de Darius, dissimulait mal leur mécontentement. L'harmonnanceur annonça :
— Entendez et révérez, nobles seigneurs de ce conseil auguste ! L'aurore de notre royaume, la lumière qui guide notre destin, Sa Majesté Royale, le Roi Léandre III de Valeria, souverain des terres anciennes et gardien des Héritages Éternels, petit-fils de Léandre le 2nd, fils d'Eldred IV, descendant de la lignée de feu, du fer, des quatre éléments et protecteur du royaume, Maître et Seigneur des sang-mêlées et des premiers Hommes, fait son entrée. Que son ascension marque l'aube d'une ère nouvelle de sagesse et de décisions éclairées. Que tout visage s'incline et que tout cœur s'ouvre à la majesté de notre souverain.
Je m'avançai alors, ma cape flottant derrière moi. Une couronne était dignement posée sur ma tête. Forgée d'un métal précieux d'éclat doré. Elle était lourde, non seulement par sa composition mais aussi par le poids de la responsabilité qu'elle représentait. Sur l'arc gracieusement courbé de la couronne, serties avec une précision méticuleuse, brillaient des pierres amplificatrices, des gemmes rares et puissantes. Chaque pierre, unique dans sa couleur et sa brillance, semblait capturer et refléter la moindre lueur, créant un jeu de lumière qui illuminait mon visage. Ces gemmes n'étaient pas seulement des ornements ; elles étaient réputées pour renforcer et canaliser les énergies, symbolisant la puissance et la sagesse du porteur. La couronne, avec ses motifs complexes et ses pierres enchâssés, était plus qu'un simple ornement royal. Elle décuplait mon aura et mon énergie.
Je ne savais pas encore si certains membres du conseil étaient au courant de la présence de dons et de pouvoir chez certaines personnes. Une chose était sûre, en ce qui concerne mon sujet, jamais je ne le leur apprendrait.
Je ne savais pas également si Alden avait un quelconque don. Son expertise et sa maîtrise de l'arc ainsi que son instinct redoutable m'en faisait douter.
Je ne pouvait m'empêcher de penser systématiquement à Alden. Je ressentais envers lui une connexion profonde et dangereuse. Même ici, je pensais à lui, et ne pouvait m'empêcher de me demander s'il savait des choses, ou ce qu'il aurait pensé ou dit s'il avait été là. Je ressentais envers lui une attirance étrange. Pourtant jamais je n'avais été attiré par un homme.
De toute manière, un roi avait l'obligation d'épouser une femme. Donc la question ne se posait même pas. Cependant cela me perturbait. Je commençais à déraper et décidai de couper court à mes pensées divaguantes.
En arrivant au conseil, chaque pas résonnait avec autorité sur le sol de marbre. Mon regard balaya la salle, s'attardant un instant sur mon oncle, avant de se fixer sur le trône qui m'attendait. Ce trône, symbole de pouvoir et de responsabilité, semblait à la fois être un honneur et un fardeau.
Je pris place, sentant le poids de l'histoire et des attentes peser sur mes épaules. Aujourd'hui, les premières décisions que je prendrais façonneraient l'avenir de Valeria.
C'est alors que Darius s'avança, s'inclinant sournoisement devant moi :
— Votre majesté, mes félicitations pour votre couronnement.
— Félicitations, votre majesté, Félicitations votre majesté, félicitation votre majesté, suivirent les autres, en s'inclinant également devant moi.
Je ne pus m'empêcher de lui lancer un regard noir empreint de froideur, mais il semblait se complaire dans son ignorance, levant un verre avec une assurance et une jovialité feinte :
— Un verre à votre santé, Majesté, et à un règne long et prospère, proclama-t-il avec un sourire forcée.
Je restai de marbre, conscient du jeu hypocrite qui se déroulait sous mes yeux.
— Avant cela, j'ai des annonces importantes à faire, déclarai-je d'une voix ferme, coupant court à ses simagrées.
Un murmure parcourut la salle, les conseillers échangèrent des regards interrogateurs.
— De quoi s'agit-il, Votre majesté ? demanda le secrétaire d'état Charles, intrigué.
Je me levai, sentant le poids de chaque regard sur moi ;
C'est le moment de commencer à changer le cours de notre histoire, pensai-je.
— Mes chers conseillers, commençai-je, ma voix emplie d'une autorité nouvelle. Nous nous tenons à l'aube d'une ère nouvelle. Les décisions que nous prendrons aujourd'hui façonneront l'avenir de notre royaume, annonçai-je, ma voix empreinte d'une autorité inébranlable.
Je fis une pause, laissant mes mots imprégner l'air chargé d'une tension palpable. Puis mon regard se posa sur Darius, une étincelle de détermination dans les yeux, afin de lui faire comprendre que le message lui serait en parti destiné :
— Soyez assurés que chaque décision sera prise avec la sagesse et la justice qui conviennent à notre rang. Valeria mérite la vérité, mais aussi la justice équitable.
La salle demeura suspendue à mes paroles. Aujourd'hui, je n'étais plus seulement Léandre. J'étais leur roi, le porteur d'un nouvel espoir et le gardien de leur destinée.
— Quelles sont ces mesures majesté ? reprit le même conseiller, son visage trahissant appréhension et curiosité.
Je ne pris la peine de lui répondre et fis signe à l'harmonnanceur, lui indiquant qu'il était temps de révéler les décrets.
— Annoncez les décrets ! Lui ordonnai-je cette fois oralement.
Il s'avança, s'inclina respectueusement devant moi, un parchemin à la main, qu'il déroula :
— Nobles seigneurs, écoutez et obéissez. Prêtez l'oreille et adhérez. En vue de renforcer la prospérité et l'intégrité de notre pays, tous, nobles comme citoyens, haut fonctionnaires comme servants, riches comme pauvres, de sang royale ou non, devront se conformer aux dix décrets suivants :
1- La corruption des nobles au sujet des impôts et des tributs doit cesser.
2- Les biens acquis illégalement doivent être rendus au trésor public.
3- La taille des armées privées sera réduite de moitié.
4- Les élus et les hauts fonctionnaires devront déclarer publiquement leurs actifs, leurs revenus et leurs intérêts financiers avec leur registre du code des ombres afin de prévenir les conflits d'intérêts. Chaque registre du code de l'ombre sera en ma possession.
5- Les peines pour actes de corruption seront augmentées et alourdit, une agence indépendante anti-corruption sera ainsi créé avec entrée sur concours d'État.
6- Formation obligatoire et régulière sur l'Ethique et l'intégrité pour tous les fonctionnaires.
7- Garantir le droit des citoyens d'accéder à l'information publique, ce qui permettra une plus grande transparence et responsabilisation des actions gouvernementales.
8- Les impôts récoltés des nobles seront reversés aux sujets qui on en le plus besoin, et cette taxe sera augmenté de 5%.
9- Ne pas se conformer à l'un des 10 décrets cités sera considéré comme un acte de trahison.
10- Le système qui assurait des titres et des postes de fonctionnaires aux fils des nobles par pistonnage sera désormais aboli. Et l'entrée à ces postes sera soumis a concours d'état.
Darius se leva brusquement de sa chaise, avant que l'harmonnanceur ne puisse finir d'annoncer le dernier décret, l'indignation peinte sur son visage macabre :
— Votre majesté, quelle est la signification de ceci ? Vous ne pouvez pas instaurer de tel règles !
— Et pourquoi donc Prince Darius? Éclairez nous donc de votre lanterne ! Je serais curieux de connaître vos raisons.
Pris au piège il fit une grimace.
Les conseillers pris de panique, se joignirent à ses protestations :
— Abrogez ces 10 décrets s'il vous plaît ! s'écria l'un d'eux, tandis qu'un autre ajoutait avec véhémence :
— Reconsidérez cette décision majesté !
— Revenez sur votre décision s'exclamèrent en chœur tous les autres conseiller en s'inclinant.
Je restai imperturbable, conscient de l'ampleur du défi qui m'attendait. Leur corruption n'était un secret pour personne, et naturellement, ces nouvelles lois les mettaient mal à l'aise. Mais en tant que souverain, je ne pouvais me dérober à ma responsabilité.
Sans un mot, je fis un geste discret. En réponse, les portes de la salle s'ouvrirent, et ma garde royale fit son entrée, imposante et silencieuse. Leurs armes dégainées créaient une atmosphère lourde et menaçante.
Ignorant leurs plaintes, je fis signe à Lykos et Tomas de se positionner près de moi. Les autres garde se placèrent derrière chaque conseiller, leurs lames scintillants dangereusement.
— Que faites-vous votre majesté ! La garde royale et les armes sont interdites en salle de conseil !
— Assez ! m'écriai-je, ma voix résonnant dans la salle, assez de vos machinations. Je suis ici pour mettre fin à ces jeux malsains. Ce temps passé dans les maisons closes et avec les voyous, m'a renseigné sur votre corruption et vos écarts de conduite.
Je fis signe à l'harmonnanceur de me donner le parchemin en haut de la pile et le déroulai afin de le lire moi-même cette fois-ci :
— Le secrétaire d'état en Chef Charles et gouverneur de la province de Dragny, est impliqué dans des affaires de favoritisme au sein de sa province et en a profité.
Ma voix était calme, mais ferme, chaque mot frappant comme un coup de fouet.
Je vis le gouverneur Charles baisser la tête de honte et de surprise. J'ouvris alors un autre parchemin que l'harmonnanceur m'avait déjà fait parvenir et continuai à dévoiler les méfaits de chaque conseiller, détaillant leur corruption et leurs transgressions. A chaque révélation, un frisson parcourait l'assemblée, certains baissant la tête de honte, d'autres tentaient de protester :
— Le sous-secrétaire d'état Park a profité de son influence afin de faire d'une femme mariée sa concubine et a tué son mari ; Le premier ministre Bilal a bénéficié illégalement de recettes fiscales ; Le ministre de la Guerre a couvert ses hommes qui ont fait sortir des armes en secret, qu'il a vendu à Drevania et en a tiré des profits ; le ministres des finances à engrossé une femme qui était sa concubine et l'a faite assassiné elle et son bébé avant que sa femme ne découvre son infidélité ; Les trois chanceliers, le gouverneur des marches du nord, les ministres ici présents, et tous les membres du conseil, j'ai la preuve de votre corruption et de vos méfaits.
— Je suis innocent votre majesté ! s'écria le secrétaire d'état en chef Charles. Exécutez-moi si vous êtes persuadé du contraire ! Je vous offre ma tête ! C'était toujours le premier à ouvrir sa bouche, et pourtant il faisait partie des pires en dehors de Darius.
Je le fixai d'un regard implacable et décidai de rendre justice :
— Très bien. Cela ne sera que justice, répondis-je simplement.
La garde compris immédiatement le message et resserra son étau sur les conseillers de manière synchrone, leurs armes effleurant la peau de chaque conseiller. Darius, malgré son apparente assurance, ne put dissimuler un frisson et n'échappa pas à l'épée posé sur sa nuque.
— Prenez garde, les avertis-je, la moindre entorse à la loi, et vous subirez le châtiment mérité. Je vous tuerai moi-même de mes propres mains. N'oubliez pas que tant que je possède le registre des codes de l'ombres de chacun d'entre vous et la preuve de vos méfaits, votre sort est entre mes mains. Je peux vous poursuivre pour vos écarts et vous punir conformément à la loi ! Alors tâchez de vous en rappeler quotidiennement. Votre vie est entre vos mains. Obéissez et tout se passera bien.
Darius me dévisagea, la haine évidente dans son regard. Un sifflement méprisant s'échappa de ses lèvres, mais je ne me laissai pas démonter.
Cela fait des années que j'attends le moment de pouvoir agir. Mon père n'avait plus la force de le faire, mais moi j'ai de l'énergie à revendre ! Et je compte bien l'utiliser et profiter de mon influence de souverain. J'aurais tellement aimé qu'Alden soit à mes côtés. Mais il a décidé de poursuivre son propre chemin pour le moment. Il me manque tellement, mais je suis persuadé que nos chemins vont se recroiser. Pour l'instant j'avais tant à faire pour remettre le pays sur pied. J'ai besoin de l'aide de la province de Lylh Serine. Notre allié de toujours. Il faut que j'organise une réunion rapidement avec le gouverneur Lorncrest afin de voir comment nous pouvons unir nos forces.
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