Chapitre 16.2 - Sous les étoiles jumelles
ALTHEA
Je me promenais dans l'effervescence du festival des Etoiles Jumelles, baignée dans l'atmosphère festive et lumineuse qui y régnait. A mes côtés, Léandre dégageait une aura de charme et d'aisance, me faisant rire avec ses blagues piquantes et son esprit vif. Il était indéniablement séduisant, et je me surprenais à l'admirer plus que je ne l'aurais voulu. C'est la raison pour laquelle j'étais partie si précipitamment la dernière fois. Mais je me devais de suivre le plan de Darius.
Nous déambulions parmi les étals colorés, nos rires se mêlant aux mélodies joyeuses et aux éclats des lanternes qui scintillaient autour de nous. Léandre avait cette capacité à rendre chaque instant léger et agréable, et je me laissais emporter par cette douce euphorie, même si une partie de moi restait sur ses gardes.
— Tu sais Alden, dit-il pointant du doigt une lanterne particulièrement ornée, chaque lanterne ici raconte une histoire. Que raconterait la tienne ?
Je souris, amusée par sa question :
— Elle raconterait l'histoire d'un garçon qui s'est battu pour changer son destin, répondis-je un brin de nostalgie dans la voix.
— C'est une très belle histoire.
Je le regardais, son profil éclairé par la lumière des lanternes, et je sentais cette attraction dangereuse, ce frisson que je ne devais pas laisser s'épanouir. Mais je ne pouvais pas me dérober comme la dernière fois. Cette fois j'avais des instructions à suivre.
Tomber amoureuse de Léandre nuirait à mes plans, brouillerait ma vision et ma mission. Je devais rester concentrée, ne pas me laisser détourner par des sentiments qui n'avaient pas leur place.
Mais pour cette soirée, juste pour un instant, je décidai de mettre de côté ces pensées lourdes et de simplement profiter de la compagnie de cet homme qui, malgré tout, avait réussi à percer un peu de la carapace que j'avais bâtie autour de moi.
Nous continuons notre promenade, riant et échangeant des anecdotes, les étoiles jumelles brillant au-dessus de nous, témoins silencieuses de ce moment de paix dans un monde autrement chaotique.
Un sentiment d'inquiétude commença soudain à s'insinuer en moi. Mon instinct, aiguisé par des années de survie et de luttes me criait que quelque chose n'allait pas. Je scrutais les alentours, cherchant à identifier la source de ce malaise grandissant. Léandre, absorbé par la beauté du festival, ne semblait guère partager mes appréhensions.
Puis, sans avertissement, tout bascula en un éclair. Le sifflement d'une lame fendit l'air, filant droit vers Léandre. Sans réfléchir, je me jetai devant lui, interceptant le coup. Une douleur fulgurante me traversa le dos, la lame ressortant de l'autre côté de mon corps.
Léandre criait mon nom, mais ses paroles me parvenaient comme à travers un voile. Je me retournai tant bien que mal pour apercevoir notre agresseur, mais il s'éloignait déjà, disparaissant dans la foule, une silhouette cagoulée et vêtue de noir, impossible à identifier.
La douleur était intense, mais je devais rester consciente, ne pas montrer ma faiblesse. Je sentais ma force me quitter peu à peu, mon sang coulant abondamment. Les visages autour de nous exprimaient la panique et la confusion. Léandre me soutenait, son visage empreint d'une peur et d'une inquiétude palpable :
— Alden, reste avec moi ! Ne t'évanouis pas ! Hurlait-il, essayant désespérément de stopper l'hémorragie avec ses mains.
Dans ce moment de chaos, ma seule pensée était de protéger Léandre. Malgré la douleur lancinante et le voile noir qui menaçait de recouvrir mes yeux, je m'accrochais à la conscience, refusant de laisser Léandre seul dans la rue face au danger.
Les gens autour de nous commençaient à réaliser ce qui se passait et à s'agiter en s'éloignant en criant, cherchant à se mettre en sécurité. Les lanternes flottant sur l'eau semblaient danser dans une macabre représentation de notre situation.
Léandre, son visage à quelques centimètres du mien, me regardait avec une intensité qui trahissait une profonde émotion :
— Qui a fait ça ? Pourquoi ? murmurait-il, plus pour lui même que pour moi.
Il fallait absolument que nous quittions cet endroit, trouver un abri et traiter ma blessure avant qu'elle ne s'infecte. Si je restai là, exposée et vulnérable, l'assaillant ou d'autres pourraient revenir finir le travail. Avec un effort surhumain, je me forçai à rester alerte, soutenant le poids de mon propre corps et de ma tête pour ne pas tomber dans l'inconscience.
— Léandre, réussis-je à articuler d'une voix faible, il faut partir d'ici... maintenant. Mon regard croisa le sien, plein de détermination et de douleur, un appel silencieux à l'action et à la survie.
Soudain, je sentis Léandre me soutenir fermement, ses bras me maintenant contre lui et me portant. Mon esprit, embrouillé par la souffrance luttait contre deux forces contradictoires : le besoin de son aide et la peur de succomber à son charme.
— Que faites-vous ? Déposez-moi ! réussis-je à articuler avec difficulté. Je me débattais faiblement, consciente que chaque mouvement aggraverait ma blessure, mais incapable de céder à la proximité de Léandre.
Il me regarda, ses yeux emplis d'une inquiétude profonde, ne comprenant pas ma résistance soudaine.
— Alden tu as été blessé gravement par ma faute en me sauvant la vie. Je ne peux pas te laisser comme ça, insista-il, sa voix résonnant avec sincérité.
Je le repoussai de nouveau, mettant toute l'énergie qui me restait dans cet acte.
— Non, tu ne comprends pas. Je... je ne peux pas... Mes mots étaient entrecoupés de halètements douloureux. L'air semblait s'épaissir autour de moi, chaque respiration devenait une lutte.
Léandre finit par me poser délicatement contre le mur le plus proche, veillant à ne pas aggraver ma blessure. Il resta à mes côtés, ses yeux scrutant mon visage, cherchant à comprendre mon comportement.
Ma vision commençait à se troubler, la scène autour de moi se brouillait dans une danse de lumière et d'ombre. Le festival des Etoiles Jumelles, autrefois un spectacle de beauté et de paix, s'était transformé en un cauchemar.
— Alden, reste avec moi, murmurait Léandre, mais ses mots semblaient venir de loin, flottant vers moi à travers les eaux troubles de la conscience.
Je tentais de rassembler mes pensées, de me concentrer sur la survie. Il fallait que je reste éveillé, que je lutte contre l'obscurité qui menaçait de m'engloutir. Pour mes hommes, pour la mission qui m'attendait.
Malgré la douleur et la faiblesse qui m'envahissaient, je savais une chose avec certitude : je ne pouvais me permettre de faiblir, ni de laisser mes sentiments pour Léandre m'égarer. Ma mission, ma vengeance contre ceux qui avaient détruit ma vie et celle de tant d'autres, était tout ce qui comptait.
Dans un dernier effort de volonté, je fixai Léandre du regard, cherchant à y puiser la force nécessaire pour tenir bon.
— Je dois... survivre, murmurai-je, avant que l'obscurité ne m'entraîne dans ses profondeurs.
***
SILAS
J'observai la scène se dérouler avec une précision glaciale. Le corps d'Alden s'effondrant, soutenu par Léandre, formait un tableau d'une intensité dramatique. Mais au-delà de l'urgence de la situation, une part de moi admirait la performance d'Alden. Il avait pris le coup d'épée exprès ; une blessure réelle, pour renforcer sa couverture et se rapprocher de Léandre. Cela va lui permettre de gagner sa confiance. C'était un acte de dévotion à sa mission, un acte qui méritait la reconnaissance.
L'assaillant, vêtu d'un noir intégral était méconnaissable. Il s'éloigna rapidement de la scène se fondant dans les ténèbres tel un spectre et me rejoignit. Je m'assurais que personne ne nous avait suivis ou observés et lui dit :
— Alden a même pris ton coup de sabre exprès pour se rapprocher de lui et donner encore plus de crédit à sa mission. Tu aurais pu y aller moins fort toutefois, j'ai vu l'épée traverser son corps et ressortir de l'autre côté. Mais c'est un dur à cuire, je ne m'inquiète pas pour lui, il s'en sortira. Vous avez fait du bon travail. J'en informerai son altesse. Il sera satisfait de savoir que le plan se déroule mieux que prévu. Et bien sûr, il vous récompensera grassement pour vos services. Vous pouvez disposer.
L'homme un mercenaire engagé pour cette tâche précise, hocha la tête, son visage caché sous sa capuche, et disparu dans l'obscurité.
En rentrant au palais, je savais que cette nuit marquait un tournant décisif dans notre stratégie. Alden, dans son rôle d'espion double, venait de franchir une ligne, s'engageant encore plus profondément dans ce jeu dangereux d'alliances et de trahisons. Et moi, en tant qu'exécutant des ordres de Darius, je devais veiller à ce que chaque pièce de ce puzzle complexe reste à sa place, servant les desseins de celui qui, bientôt, allait s'emparer du pouvoir.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro