Chapitre 11.2 - Le défi de la plaine
LYKOS
Notre prince vêtu non pas comme une personne de sang royale, mais plutôt comme un simple noble ouvrait la marche. Son allure reflétait à la fois la résolution et une gravité inhabituelle. Il était concentré sur le duel à venir. Nous étions en route pour une rencontre stratégique avec Alden, qui, nous l'espérions, serait en train de quitter la taverne après avoir découvert la disparition de Nolan. Nous avions planifié de l'aborder dans une ruelle centrale de la ville, un endroit propice pour une embuscade discrète. Une rue par laquelle il allait forcément passer.
Derrière Léandre, nous avancions en silence, chacun concentré sur la tâche à venir. L'air frais enveloppait les rues, formant un contraste saisissant avec la tension qui montait en nous. Tomas et Ivar étaient à mes côté et derrière nous quelques hommes qui nous sont fidèles.
Je suivais Léandre, mais une part de moi restait empreinte de doutes quant à la sagesse de cette décision. Cette embuscade, même minutieusement planifiée, comportait des risques que nous ne pouvions ignorer. En tant que conseiller et protecteur de longue date de Léandre, il m'était difficile de dissimuler ma réticence face à ce plan qui semblait imprudent. Un affrontement direct avec Alden, un adversaire dont les compétences et l'astuce étaient déjà légendaires ; n'étaient pas une entreprise à prendre à la légère.
Cependant mon rôle était de soutenir notre prince dans ses décisions, même celles que je remettais en question. Mon devoir était de veiller à sa sécurité avant tout. Tout en marchant derrière lui, je repassais dans ma tête toutes les mesures de précaution que nous avions prises, espérant qu'elles seraient suffisantes pour protéger Léandre. Je me disais que rien que la capture de Nolan nous assurait un minimum de sécurité et Léandre ne craignait rien si Alden ne voulait pas qu'il arrive du mal à son petit protégé.
Une partie de moi admirait le courage et la détermination de Léandre, mais l'autre ne pouvait s'empêcher de craindre pour sa sécurité dans ce jeu dangereux.
Son altesse paraissait absorbé par la perspective du duel. Nous ses fidèles serviteurs, restions alertes, prêts à agir à son signal. Bien que Léandre dissimulât sa véritable identité, et que Alden ignorait qu'il était le prince héritier de Valeria, nous étions pleinement conscients que les événements imminents pourraient redéfinir le cours de notre histoire, dans un royaume où le pouvoir et les secrets se cachaient souvent sous les apparences les plus trompeuses.
***
Nous étions en train d'attendre dans une ruelle cachée lorsque Ivar, l'œil vif et alerte, s'approcha du prince, pointant du doigts en direction d'une figure qui émergeait :
— Par-là votre altesse ! regardez ! cria-il avec certitude, celui qui s'avance avec l'arc, c'est Alden.
Léandre concentré, suivit le regard d'Ivar. Nous pouvions voir Alden, marcher avec une assurance qui ne laissait aucun doute sur son identité. Sa démarche était empreinte de confiance, un arc porté avec une aisance naturelle. Derrière lui, une garde compacte et vigilante se mouvait comme une ombre fidèle à son maître. Dans cette atmosphère tendue, chaque détail semblait amplifié, et notre anticipation de la confrontation à venir nous tenait en haleine.
Léandre s'avança d'un pas décidé, se dressant en travers du chemin d'Alden :
— Pour un voyou célèbre, tu n'es pas très intimidant, lança-t-il d'une voix teintée de défi.
— Je ne suis pas ici pour discuter de mon apparence. Où est Nolan ? rétorqua Alden avec une fermeté glaciale.
— Petit impertinent ! s'indigna Tomas, mais un geste apaisant de Léandre le stoppa net.
— On dit que tu es un archer hors pair. Alors prouve le. Bats moi et nous partirons chacun de notre côté en toute quiétude.
— Je n'ai pas de temps à perdre avec vos jeux. Rendez moi Nolan et partez, si vous tenez un tant soi peu à la vie.
— Comment ose-tu s'exclama de nouveau Tomas. Outré il dégaina son épée, imité par les soldats autour de lui. Cette action déclencha une réaction en chaîne, les hommes d'Alden dégainant également leurs armes, se préparant au combat.
— Si vous ne souhaitez pas que le sang coule inutilement, je vous conseil d'accepter mes conditions, déclara Léandre avec une assurance inébranlable.
— Vous partirez si je gagne ?
— La parole d'un homme est sacrée.
— Bien, alors dans ce cas, j'ajoute deux conditions. Si je gagne, je récupère Nolan et vous me servirez pendant semaines. Si je perds, je serai à votre service pendant deux mois et mes hommes seront les tiens pendant cette période.
— Marché conclut.
***
Dans une plaine dégagée, où les oiseaux survolaient fréquemment l'espace ouvert, Léandre et Alden se préparaient pour leur duel inhabituel. Les règles étaient claires et le défi audacieux : à tour de rôle, ils devaient abattre un oiseau en plein vol, à une distance d'au moins 200 mètres. Mais il y avait un élément supplémentaire qui rehaussait la difficulté : chaque flèche devait passer à travers un cerceau avant d'atteindre sa cible. Les deux camps s'étaient positionnés de part et d'autre de la plaine. Les partisans d'Alden et de Léandre observaient avec tension.
Léandre s'approcha d'Alden, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres :
— Savez-vous, tirer à l'arc peut s'avérer monotone. Que diriez-vous d'une calebasse de vin après chaque tir ?
Je ne pus réprimer un rire devant cette proposition inattendue du prince.
— Boire puis tirer ? Interrogea Alden un brin provocateur.
— A la fin il s'agira d'une bataille d'esprit autant que d'adresse, répondit-il en pointant son front du doigts.
Nolan, qui nous avait rejoint pour assister au duel s'avança inquiet vers Alden :
— Maître, vous n'avez pas l'habitude de boire beaucoup. Alden le stoppa d'un geste de la main, concentré sur Léandre.
— Vous reculez déjà ? lui demanda ce dernier d'un ton moqueur. N'allez vous-même pas essayer ?
Alden impassible répondit :
— Si vous ajoutez une règle, permettez moi d'en faire autant.
— A ta guise.
— Un de nos hommes lancera le cerceau au-dessus de sa tête dès qu'il apercevra la cible. La flèche devra passer à travers. Les yeux de Léandre s'agrandirent, surpris par cette difficulté supplémentaire. Qui se portera volontaire pour être ma cible ? demanda Alden à ses hommes.
Plusieurs mains se levèrent.
— Moi
— Moi
— Moi
Nolan s'écria :
— Laissez moi être votre cible, maître ! Alden lui adressa un sourire chaleureux et acquiesça.
— A votre tour lança Alden avec un sourire narquois.
Léandre se tourna vers nous cherchant un volontaire, mais chacun évita son regard, feignant l'ignorance.
— Il semblerait qu'ils doutent de vos talents d'archer, railla Alden.
Je donnai un coup de coude discret à Tomas, l'incitant à se proposer.
— Moi, je serai votre cible, dit-il en s'avançant.
Léandre, non sans un certain panache, retira sa veste et la jeta au sol.
— Voyons donc, Alden, si vous êtes aussi doué que vous le prétendez. Montrez nous votre talent.
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