CHAPITRE 107 - Vivants 🌶️
‼️scène adulte ‼️
ALERIS
Quelques jours s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Léandre. Son état n'était plus critique, mais il était encore bien loin de sa supposée gloire passée. Sa fièvre avait diminué, la plaie infectée à l'épaule avait cessé de suinter, mais la chair restait livide et nécrosée, tiraillée par les efforts prématurés qu'il s'imposait. Il arrivait désormais à se lever, à marcher, même à manier son épée... mais avec la prestance d'un vieillard usé par le temps.
Et ce matin, fidèle à son entêtement royal, il s'était levé avant l'aube. Il avait saisi son épée d'une poigne vacillante et s'était aventuré dans les bois, déterminé à retrouver Althea.
Lykos dormait encore, son souffle lourd et profond résonnant doucement dans la quiétude du village. Mais quand il apprendrait que nous étions partis sans lui, ou que nous avions laissé Léandre se lever tout court, il nous passerait un savon dont nous nous souviendrions.
Léandre marchait devant nous, le dos raide, l'épée traînant presque dans la terre. Ivar et moi suivions derrière, ses pas bruyants contrastant avec les miens. Il n'avait de cesse de bavarder, râlant et commentant à tout-va.
— Il va finir par partir à la recherche d'Althea avec ou sans nous, grommela Ivar, les bras croisés derrière sa tête. A-t-il totalement récupéré ? Bien sûr que non. Regarde son épaule... on dirait un jambon oublié en cave.
Je soupirai, ralentissant légèrement mon pas. Ses paroles me heurtaient autant qu'elles m'agaçaient.
— C'est précisément pourquoi il a besoin de quelqu'un pour veiller sur lui, poursuivit-il. Sinon, il va finir en brochette quelque part dans cette forêt.
Son ton désinvolte et moqueur me mit hors de moi. Je m'arrêtai brusquement, pivotai sur mes talons et lui agrippai les poignets, serrant plus fort que je ne l'aurais voulu. Mes yeux plongèrent dans les siens avec une dureté glaciale.
— Tu n'as rien d'un ami. Tu n'es qu'un vautour qui rôde, attendant de voir s'il va tomber, prêt à te repaître de ce qu'il reste de lui... Ou peut-être est-ce simplement plus facile de rire quand on n'a pas le courage de porter l'épée jusqu'au bout ?
Un silence pesant tomba.
Ivar me fixa, ses pupilles marron sombres brillantes d'une surprise mêlée de colère. D'un geste brusque, il arracha ses mains de mon emprise et accéléra le pas, me laissant derrière.
— Comment oses-tu ? gronda-t-il sans se retourner.
Je restai là, les mains tremblantes de rage. Le souffle court, j'essayai de calmer l'orage qui grondait en moi. Pourquoi ce crétin m'agaçait-il autant ?
Je rattrapai Léandre, qui avançait toujours, implacable malgré ses jambes vacillantes.
— Tu n'arriveras à rien. Et ce crétin d'épéiste, encore moins. Vous n'aiderez pas cette fille en vous faisant tuer tous les deux.
Léandre s'arrêta un instant, puis tourna lentement la tête vers moi. Son regard brûlait de cette détermination qui le caractérisait tant.
— Chaque jour ici est un jour de plus où Althea est en danger, grogna-t-il. Ce n'est pas parce que tu préfères te terrer dans les bois que je dois en faire autant.
Ses mots me frappèrent en plein cœur.
Il reprit sa marche, me laissant plantée là. Je sentis mes yeux me brûler.
Comment osait-il ? Il ne savait rien de moi, rien de ce que j'avais vécu. Les cicatrices qui marquaient mon âme, les nuits passées à lutter contre mes propres démons. La peur de devenir celle que j'avais fui.
Je serrai les poings, mes ongles s'enfonçant dans ma paume.
— Bien ! Allez-vous-en ! criai-je, pivotant sur mes pieds.
Mais à peine avais-je tourné les talons qu'un bruit sourd me fit me retourner.
Léandre venait de s'effondrer.
— Votre Majesté ! hurla Ivar, accourant déjà vers lui.
Je me précipitai derrière lui, et ensemble, nous l'aidâmes à s'asseoir, adossé contre un arbre. Son souffle était court, ses yeux mi-clos. Il détourna la tête, boudant comme un enfant capricieux.
— Je ne veux rien entendre, murmura-t-il d'un ton bourru.
Je l'observai, et malgré la colère qui brûlait encore en moi, je ne pus m'empêcher de ressentir de la peine. Ce roi, si fier, si déterminé... était désormais un homme brisé, luttant contre sa propre faiblesse.
Je me relevai lentement et m'assis près de lui.
— Tu as tort. Ce n'est pas partir qui me terrifie. C'est ce que je pourrais faire si j'y allais. La vengeance, Roi. Ce que je ferais aux hommes qui m'ont blessée, ce que je deviendrais. Voilà ce qui me retient.
Il tourna faiblement la tête vers moi. Un éclat de compréhension traversa ses yeux.
— Je connais cette peur. Elle me ronge aussi.
Un silence s'installa, lourd de sens. Le vent soufflait doucement entre les arbres, comme pour emporter nos paroles.
— Être ici, dans la forêt, à boire votre fameuse eau bienfaisante, reprit-il, la voix amère, devrait m'apaiser. Mais ce lieu n'efface rien. Ni mes douleurs, ni les tiennes visiblement.
Je détournai le regard. Il disait vrai. Ce village, malgré sa quiétude et sa magie, n'était qu'un havre temporaire. La douleur restait, tenace.
— Alors, que faisons-nous ? murmurai-je.
Il ferma les yeux, sa respiration plus calme.
— On se relève. Et on continue.
Et, pour la première fois depuis longtemps, je crus entendre non pas un roi, mais un homme qui refusait de se briser.
Et cela, je pouvais le comprendre.
***********
Pendant qu'on discutait, Léandre triturait distraitement une broche entre ses doigts. Le métal terni glissait entre ses paumes, usé par le temps et les regrets. L'objet semblait lourd de souvenirs, bien plus qu'il n'y paraissait. Un éclat d'or pâli, sobre mais noble.
Je tendis la main sans réfléchir et la lui pris des doigts. Il ne protesta pas.
— Ça te rappelle quelqu'un que tu as perdu autrefois ? soufflai-je, scrutant les gravures délicates sur le métal.
Léandre détourna les yeux, son regard se perdant dans les ombres mouvantes de la forêt.
— Non. Cela me rappelle surtout une personne que j'ai fait souffrir... par mon manque d'action.
Sa voix était basse, chargée de remords. Je fixai la broche un instant, pesant ses paroles. Elle semblait d'une grande valeur, pas par sa matière, mais par ce qu'elle représentait.
— Elle a l'air importante, cette broche.
Je la lui tendis lentement. Il la reprit sans un mot, ses doigts tremblant à peine.
— Oui. J'ai toujours essayé de ne pas trop m'impliquer... de garder mes distances. Mais la vie ne te laisse jamais ce luxe bien longtemps. Elle finit toujours par te forcer à choisir.
Ses mots résonnèrent en moi comme un écho lointain. Ce poids d'être forcé de faire des choix qu'on préférerait fuir.
— Je connais ça...murmurai-je.
Il tourna lentement la tête vers moi, ses yeux brillants d'un éclat que je ne lui connaissais pas.
— Quoi qu'ils t'aient fait subir... ces hommes... j'espère qu'ils paieront. Tous.
Un rire bref, amer, s'échappa de mes lèvres.
— Comme si le monde marchait ainsi. La vengeance n'apporte rien. Ni justice, ni paix.
Un silence lourd s'installa entre nous. Pas de réponse, pas d'argument. Peut-être savait-il que j'avais raison. Ou peut-être s'en moquait-il.
Le bruissement soudain de feuillages brisés me fit sursauter. Des pas lourds, rapides. Je me redressai d'un bond, les sens en alerte.
Lykos.
Il déboula d'entre les arbres, les épaules raides, le regard dur. Son manteau battait derrière lui, et sa main serrait la garde de son arme d'un air menaçant.
« Oups, je crois qu'il n'est pas d'humeur. »
— Par les cieux, mais qu'est-ce que vous foutez-là ! gronda-t-il, sa voix portant entre les troncs.
Je vis son regard balayer la scène. Léandre, adossé à un arbre, pâle et essoufflé. Moi, debout, les bras croisés. Et Ivar, qui s'était discrètement éclipsé derrière un tronc, préférant ne pas attirer l'attention.
Lykos avança, ses bottes raclant la terre.
— Votre Majesté ! Vous êtes à peine capable de tenir debout, et vous voilà en vadrouille dans cette forêt !
Il se tourna vers moi, les sourcils froncés.
— Et toi ! Toi, tu es censée le surveiller ! Pas le suivre dans ses lubies suicidaires !
Je me raidis.
— Il aurait de toute façon tenté de partir, répliquai-je, les dents serrées. Au moins, je suis là pour l'empêcher de mourir comme un idiot.
Lykos plissa les yeux, furieux.
— Ah, bravo !
Il se tourna vers Ivar, qui essayait de se fondre dans l'arrière-plan.
— Et toi, imbécile ! Pas un mot ? Pas de remarque, pour changer ?
Ivar leva les mains en l'air.
— Oh non, je me tiens hors de ça. Je ne suis qu'un pauvre soldat, moi. Juste ici pour porter les sacs et compter les cadavres.
Lykos serra les mâchoires, l'air d'être à deux doigts d'exploser.
— Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cette bande de têtes brûlées ?! rugit-il.
Puis, il planta son regard dans celui de Léandre.
— Vous voulez retrouver Althea, je le comprends. Mais si vous mourrez ici, elle sera seule et vous ne lui serez d'aucune aide dans cet état.
Léandre ne répondit pas. Il détourna simplement les yeux, serrant la broche entre ses doigts blanchis.
Lykos poussa un long soupir, fatigué, exaspéré.
— Rentrez au village. Maintenant.
Il fit volte-face sans attendre de réponse.
Je croisai les bras, défiant son autorité d'un regard, mais Léandre esquissa un mouvement pour se relever. Ivar haussa les épaules et lui prêta main-forte.
Lykos s'arrêta et lança par-dessus son épaule :
— Et si quelqu'un tente encore de jouer les héros, je vous jure que je vous assomme moi-même avant que la forêt ne le fasse.
Un silence. Puis Ivar gloussa.
— Aleris t'as vu comme il est charmant mon chef ?
Et sans un mot de plus, nous reprîmes le chemin du retour. Un peu plus las, un peu plus brisés, mais vivants.
**********
ALTHEA
Je me réveillai doucement, mes paupières lourdes, comme si un voile obscur m'avait enveloppée depuis des jours. L'air était différent. Fini le parfum suffocant du désert. Ici, tout respirait la sérénité : le bois humide, la résine d'arbre, et une légère note florale dans l'air. Une lumière tamisée dansait à travers les interstices d'une cabane simple mais solidement bâtie.
Je n'étais pas seule.
Une silhouette imposante, presque surnaturelle, se tenait à mes côtés. Une femme-arbre, avec une présence à la fois douce et écrasante. Ses traits semblaient taillés dans le bois, avec des courbes gracieuses et des lignes marquées qui trahissaient sa puissance. Ses yeux vairons, un mélange d'émeraude et de topaze, me scrutaient, pleins de sagesse.
Elle parlait avant même que je ne comprenne où je me trouvais.
— Bois, mon enfant, dit-elle, me tendant une coupe.
Le liquide qu'elle me présentait scintillait légèrement, comme une étoile capturée dans l'eau. Je pris la coupe entre mes mains tremblantes, mes doigts effleurant la texture rugueuse et chaude de l'écorce.
— Il s'agit de notre eau bienfaisante, souffla-t-elle.
J'en avais entendu parler dans les légendes. Une eau capable de guérir et de raviver. Je bus une petite gorgée, hésitante.
La chaleur douce de l'eau se répandit dans mon corps, effaçant doucement la douleur et la fatigue. Chaque gorgée semblait raviver une partie oubliée de moi-même, me reconnectant à mon être.
— Tes amis sont ici, dit-elle doucement, sa voix vibrant comme le vent dans les feuilles. Ils se sont fait un sang d'encre pour toi. Ton roi, Lykos, Ivar et Tomas t'attendent.
Mon cœur se serra. Léandre était vivant.
— Et Aymeric ?
Elle baissa les yeux, et ce silence lourd fut plus terrible que toutes les réponses.
— Introuvable, murmura-t-elle finalement.
La douleur me transperça, mais je me forçai à ne rien laisser paraître.
**********
La nuit était désormais tombée.
Le village des Nimianes baignait dans une lueur argentée, chaque feuille brillant doucement sous la lumière des étoiles. Le silence régnait, paisible, mais chargé de mystère.
Je trouvai Mère Arwyna assise près d'un feu de camp central.
— Conduisez-moi à lui, murmurai-je.
Elle hocha la tête sans un mot et m'indiqua une petite cabane nichée dans un coin reculé du village. Je pris une profonde inspiration devant la porte, mes doigts effleurant le bois rugueux. Puis je la poussai doucement.
Il était là.
Allongé sur un lit simple recouvert de fourrures, pâle comme un spectre. Ses cheveux sombres collaient à son front perlé de sueur. Sa poitrine se soulevait faiblement, comme si chaque souffle était un combat.
— Althea ? murmura-t-il, la voix rauque, en levant légèrement la tête.
— Oui, c'est moi.
Je m'approchai doucement, m'agenouillant à côté de lui. Mes mains, encore tremblantes, se posèrent délicatement sur ses joues mal rasées. Son regard vert acier, affaibli mais toujours intense, chercha le mien. Il était là devant moi, et pourtant je sentais qu'il pouvait m'échapper à tout moment.
— Je suis désolé, dit-il faiblement. Je suis vraiment désolé... pour tout.
— Non, répondis-je d'une voix cassée. C'est moi. Tout est ma faute.
Je baissai les yeux, la gorge serrée.
— J'ai laissé le Grand Conseiller me battre. Je n'ai pas pu vous protéger... ni protéger mon peuple. Encore une fois, dit-il.
Je me penchai, posant mon front contre le sien, espérant qu'il ressente à travers ce contact tout ce que je ne pouvais dire à voix haute.
— Et il a détruit tout ce que j'aimais, murmurai-je.
Léandre tenta de se redresser, mais son corps trahi par la fatigue s'affaissa.
— Ma mère, mon père... Ils sont tous morts. Ma voix se brisa, un murmure à peine audible. Je sais que ce n'est pas juste, mais je suis en colère contre eux. Qui ai-je maintenant ?
Sa main glacée chercha la mienne.
— Tu nous as nous, Althea. Et nous t'avons toi.
Ses mots, simples mais pleins de conviction, réchauffèrent mon cœur meurtri.
— Nous retrouverons Aymeric. Et nous irons à Valthura dès que je serai rétabli. Il est grand temps que nous apprenions à maîtriser nos dons. Ces mages ne pourront rien faire sans toi.
Les larmes que je retenais coulèrent, libres et incontrôlées. Je posai ma tête sur son torse, écoutant son souffle laborieux et le battement faible mais constant de son cœur.
Soudain je levai les yeux vers lui, sentant son regard fixé sur moi.
— Dites-moi que je ne vous vois pas pour la dernière fois, Majesté.
Il resta silencieux.
— Dites-le... insistai-je, la voix tremblante. J'ai besoin de vous, Votre Majesté.
Il posa enfin son regard sur moi, et dans ses yeux, je lus une émotion brute, désarmante.
— Moi aussi, Althea, murmura-t-il. J'ai besoin de toi.
Mon souffle se coupa. Les mots résonnèrent en moi, déclenchant une vague de chaleur que je ne pouvais plus ignorer.
Je me rapprochai doucement, mon cœur battant à tout rompre. Puis, guidée par une force que je ne comprenais pas, je déposai mes lèvres sur les siennes.
D'abord timidement, hésitantes, comme si l'un ou l'autre pouvait se dérober à tout moment. Mais bientôt, le doute s'effaça.
Son souffle chaud glissa sur ma peau, et je me sentis happée par la douceur et l'intensité de cet instant. Ses lèvres étaient à la fois fermes et délicates, pleines d'une passion contenue depuis trop longtemps.
Sa main glissa lentement dans mes cheveux, ses doigts s'y mêlant avec une tendresse que je n'aurais jamais cru possible venant de lui. Il me tira légèrement vers lui, réduisant la distance entre nos corps, et une chaleur intense s'empara de moi, je senti son autre main effleurer le creux de ma taille.
Le monde disparut autour de nous.
Chaque douleur, chaque peur, tout s'évapora.
Il n'y avait plus ni guerre, ni trahison, ni douleur. Il n'y avait que nous, dans cette cabane, éclairée par la lumière pâle de la lune et les bougies.
Mon cœur battait à tout rompre, et pourtant, dans ce chaos, il y avait une étrange harmonie. Je me sentais vivante, pour la première fois depuis des années.
Quand nos lèvres se séparèrent enfin, je posai mon front contre le sien, les yeux clos, essayant de graver cet instant dans ma mémoire.
— Ne me quitte jamais, murmurai-je, à peine audible.
Il ne répondit pas, mais je sentis ses doigts dans mes cheveux, sa main sur ma taille. Et cela me suffit.
C'était un moment volé, fragile mais d'une intensité qui m'avait coupé le souffle.
Je me perdis dans cet instant, laissant ma fureur et ma douleur être balayées par cette vague d'émotion pure.
Plus rien d'autre n'avait d'importance.
Juste lui et moi.
************
LEANDRE
Le monde autour de moi semblait flou, brumeux. Ma respiration était encore rauque, et chaque mouvement me rappelait à quel point mon corps était meurtri. Pourtant, rien de tout cela n'avait d'importance. Pas maintenant. Pas avec elle à mes côtés.
Althea était là, agenouillée près de moi. Ses mains fines, tremblantes, mais d'une douceur inégalée, effleuraient mon visage. Ce simple contact était suffisant pour réveiller une chaleur diffuse dans mon être, une chaleur qui n'avait rien à voir avec la fièvre qui me consumait auparavant.
Ses yeux croisaient les miens, ces yeux profonds, violets comme un crépuscule mourant, et je me sentis submergé par une vague d'émotions que je ne pouvais nommer. Elle était si proche, si présente, et pourtant, une part de moi craignait qu'elle ne disparaisse, qu'elle s'évapore comme un rêve que l'on voudrait retenir.
— Moi aussi j'ai besoin de toi, Althea, murmurai-je, ma voix rauque et cassée.
Elle se figea un instant, ses lèvres s'entrouvrant comme si elle cherchait à répondre, mais aucun mot ne vint. Au lieu de cela, je la vis se pencher doucement vers moi.
Quand ses lèvres effleurèrent les miennes, je fus saisi d'une décharge électrique. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, éveillant chaque fibre de mon corps meurtri. Ce baiser était doux, hésitant au début, mais il ne tarda pas à se transformer en quelque chose de plus insatiable.
Ma main, comme guidée par une volonté propre, glissa dans ses cheveux, s'enroulant dans les mèches soyeuses qui tombaient en cascade autour de son visage. Elle était là, toute entière, et pourtant, j'en voulais davantage. Un désir que je n'avais jamais ressenti avec autant de force, me consumait.
Althea recula légèrement, juste assez pour rompre le contact, mais je n'étais pas prêt à la laisser partir. Mes doigts effleurèrent sa joue, traçant une ligne invisible jusqu'à sa nuque, l'incitant à revenir vers moi.
Et elle revint.
Elle descendit lentement, avec une intention qui me fit perdre le souffle. Sa bouche effleura ma peau, d'abord timidement, puis avec plus de confiance. Chaque baiser, chaque frôlement de ses lèvres envoyait une onde de chaleur à travers mon corps.
Je fermai les yeux, me laissant emporter par les sensations. Mon souffle devint plus saccadé, mon esprit incapable de se concentrer sur autre chose que le plaisir qu'elle éveillait en moi.
Ses gestes étaient mesurés, empreints d'une douceur presque déchirante. Ses mains effleuraient ma peau avec une telle précaution qu'elles semblaient porter une prière.
Je m'accrochais aux draps sous moi, essayant de garder un semblant de contrôle, mais c'était peine perdue. Elle me désarmait totalement.
— Althea, soufflai-je, incapable de trouver les mots pour décrire ce que je ressentais.
Elle releva la tête, ses yeux plongeant dans les miens, et à cet instant, je compris. Ce n'était pas seulement physique. C'était bien plus que cela. Un échange, une promesse.
Elle revint doucement, et cette fois, je laissai tout contrôle m'échapper. Je n'étais plus un roi, ni un guerrier. J'étais simplement un homme, à sa merci, totalement conquis par cette femme qui, dans un monde en ruines, était la seule à pouvoir me ramener à la vie.
Quand elle releva enfin la tête, ses lèvres légèrement rougies, un sourire discret flottait sur son visage. Un sourire à la fois timide et empli de fierté.
Je posai ma main sur sa joue, mes doigts traçant doucement la ligne de sa mâchoire.
— Tu es incroyable, murmurai-je, ma voix à peine audible.
Elle baissa les yeux, presque gênée, mais je la fis relever la tête.
— Ne détourne pas les yeux de moi, Althea. Jamais.
Elle hocha doucement la tête, et à cet instant, je sus que rien ni personne ne pourrait nous séparer.
C'était le début de quelque chose d'indescriptible, quelque chose qui nous appartenait entièrement.
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