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CHAPITRE 103 - La forêt des secrets



ALERIS (Nimiane qui a trouvé Léandre)

Perchée sur la branche robuste d'un vieux chêne aux feuilles épaisses, je scrutais l'horizon. L'arc était posé en travers de mes genoux, et mes doigts s'affairaient à affûter une flèche, le bout de silex grattant doucement contre la lame de mon couteau. Ce genre de tâche mécanique permettait à mes pensées de vagabonder, de m'égarer là où je ne voulais pourtant pas aller. Vers lui.

Je soupirai, baissant les yeux vers l'arc que j'avais confectionné moi-même. Les souvenirs de nos échanges me hantaient encore. Léandre, le roi de Valeria. Je me moquai intérieurement de l'ironie de la situation. Un roi, ici, dans notre village caché, dissimulé parmi les arbres séculaires et les protections tissées par Mère. Qui l'aurait cru ?

Quand il était arrivé, blessé, brisé, à demi-mort, je ne l'avais vu que comme un homme égaré, un inconnu en quête de secours. Ce n'est que plus tard que j'avais compris.

Le Roi.

Lui et ses compagnons, s'il en avait encore, recherchaient désespérément un moyen de survivre dans ce monde cruel, tout comme nous. Comme quoi, la cruauté de la vie n'épargnait personne, quel que soit son statut social.

Cependant, ses compagnons n'étaient jamais parvenus jusqu'ici. Valeria... Drevania... Ces noms, bien qu'étrangers pour la plupart des jeunes Nimianes, résonnaient pour moi comme des échos d'un monde extérieur auquel je n'avais jamais appartenu. Un monde que j'avais fui, ou plutôt, qui m'avait abandonnée. Je m'arrêtai un instant dans mon travail, levant les yeux vers le ciel à travers les branches feuillues.

Léandre.

Il était têtu, impulsif, parfois même insupportable. Et pourtant, il avait quelque chose. Une détermination, une fougue qui attirait l'attention malgré soi. Il ne pliait pas, même face à la souffrance.

Mère avait utilisé la source de vie pour le soigner, mais cela ne marchait pas des masses. Pourtant, la source de vie était un don rare et précieux que seules les Nimianes possédaient. La source... un ruisseau caché, niché au cœur de notre sanctuaire. Ses eaux n'étaient pas ordinaires. Elles étaient imprégnées d'une ancienne magie, une énergie qui revitalisait le corps, mais exigeait de celui qui buvait qu'il soit fort d'esprit et de cœur, sinon il en mourrait, sauf pour les Nimianes.

Mère avait hésité à l'utiliser pour un étranger, comme elle l'avait fait pour moi, mais ses blessures étaient si graves qu'elle n'avait eu d'autre choix. Grâce à cela, Léandre avait survécu, mais il était toujours très mal en point. Il parlait, bougeait, retrouvait lentement ses forces même s'il n'était pas sorti d'affaire pour autant.

Les blessures physiques finiraient pas guérir, mais celles de l'esprit resteraient béantes à tout jamais.

Je me surpris soudain à penser à ses yeux. Clairs et perçants, comme s'ils cherchaient toujours quelque chose au-delà de ce qu'ils voyaient. Le pouvoir de la malachite.

Mais ils pouvaient aussi se plisser avec mépris, devenir froids et distants, comme si rien ni personne ne méritait vraiment son attention. Je secouai la tête, agacée par mes propres pensées.

— Cesse de t'attacher à lui, Aleris, murmurai-je pour moi-même. Il en aime une autre. Cela se voit comme la lumière du jour.

Et pourtant, il était impossible de l'ignorer. Je ne savais pas si c'était son charisme ou simplement sa présence... mais il y avait quelque chose en lui. Un magnétisme déroutant qui m'agaçait autant qu'il me fascinait. Et, par moments, je le détestais.

Son ingratitude, son arrogance. Il parlait parfois comme si ce village, nos soins, nos sacrifices, étaient de simples étapes sur son chemin.

Mais il était aussi un homme brisé. Un homme en quête de ses compagnons, de ses terres, de son avenir. Peut-être que cette arrogance était simplement une façade, une manière de masquer la douleur et la perte.

Je me redressai sur ma branche, mon regard fixant la ligne d'arbres au loin. Je ne devais pas me laisser distraire. J'étais de garde. Léandre n'était qu'un passant dans notre monde comme tout les autres. Il repartirait dès qu'il serait prêt, et je devais m'en réjouir.

Mais au fond de moi, je savais que son départ laisserait un vide.

Une fois ma flèche affûtée, je la glissai dans mon carquois, puis descendis de l'arbre avec l'agilité que seules les Nimianes possédaient. Mes pieds touchèrent le sol sans un bruit, et je me dirigeai vers le cœur du village. Les ombres s'allongeaient à mesure que le jour déclinait, et un calme étrange régnait parmi les arbres.

La chambre de Léandre n'était pas loin de l'entrée du village. Une modeste hutte de bois et de lierre, protégée par les branches tissées qui formaient presque une seconde peau. J'entrai sans frapper. À quoi bon ?

— Tu es réveillé ? Et toujours aussi aimable et plus avenant que jamais, à ce que je vois, lançai-je en entrant.

Il était allongé sur le lit de fortune que nous avions préparé. Sa silhouette imposante contrastait avec sa vulnérabilité évidente. Sa chemise ouverte révélait la blessure encore suintante, une plaie sombre et infectée malgré les soins prodigués. La sueur perlait sur son front et dégoulinait le long de ses tempes, ses cheveux gras collant à sa peau. Sa barbe, plus épaisse chaque jour, lui donnait un air sauvage, presque animal.

Un roi déchu.

— Non, Roi, aucune nouvelle de Drevania, ou de Valeria, ou de cette fille, ajoutai-je avant qu'il ne pose la question. Et non, je n'ai pas pris la peine de demander.

Je déposai mon sac sur une table basse et en sortis un lapin que j'avais chassé quelques heures plus tôt. Un beau gibier, fraîchement tué.

— Tiens. Un lapin. Spécialement chassé pour toi, dis-je en le lui tendant.

Il tourna la tête lentement, son regard fiévreux croisant le mien. Un regard dur, mais las.

— Je n'en veux pas, de ton lapin, répondit-il d'un ton sec.

— Évidemment. Espèce de connard ingrat, crachai-je, mes mots pleins de venin.

Je tournai les talons, laissant le lapin sur la table, et sortis brusquement de la pièce. Ma patience avait des limites.

Dehors, je tombai sur Mère, qui semblait m'attendre. Ses longs cheveux verts encadraient son visage, et ses yeux vairons luisaient d'une sagesse insondable.

— Il refuse toujours de manger ? demanda-t-elle calmement.

— Il ferait mieux de mourir de sa propre foutue obstination, rétorquai-je avec frustration. Es-tu bien sûre que cet homme mérite ton aide Mère ?

Mère croisa les bras, une lueur douce mais ferme dans le regard.

— Ce n'est pas une question de mérite, Aleris. Lorsque nous t'avons trouvée, brisée et perdue, nous ne t'avons pas demandé si tu étais digne de notre protection. Nous avons simplement décidé de t'aider, comme nous le faisons pour toutes les âmes égarées qui trouvent leur chemin jusqu'ici.

Ses paroles firent vibrer quelque chose en moi, une corde sensible que je préférais ignorer. Mon passé était un sujet que je n'abordais jamais.

— Je ne te forcerai jamais à quoi que ce soit, Aleris, et je ne t'abandonnerai jamais à ces horreurs que tu fuis. À ton passé... Mais...

Elle posa une main légère sur mon épaule, sa voix se faisant plus douce.

—    Tu as une dette envers ce village, envers ceux qui t'ont tendu la main. Et cette dette, tu peux la payer en le maintenant en vie.

Je baissai les yeux, mordant l'intérieur de ma joue.

—    Pourquoi est-il si important, Mère ? Pourquoi lui ?

Elle me regarda longuement, un sourire triste effleurant ses lèvres.

—    Parce que nous ne protégeons pas que les dignes. Nous protégeons aussi ceux qui portent des fardeaux si lourds qu'ils en deviennent des protecteurs eux-mêmes. Et les protecteurs... sont souvent les plus brisés.

Ses mots s'enfoncèrent dans mon esprit comme des racines. Brisé. Oui, Léandre l'était, autant que moi. Peut-être même davantage. Mais cela justifiait-il mon acharnement à l'aider ? Peut-être que oui. Peut-être que non. Mais je n'avais plus le luxe de m'interroger.

Je pris une grande inspiration, redressant les épaules. Mère avait raison. Peu importaient mes sentiments ou mes frustrations. Léandre devait vivre. Pas seulement pour lui, mais pour ce que cela signifiait pour moi, pour ce village. Je retournai dans la chambre. Il était toujours là, aussi immobile qu'une statue, le regard rivé au plafond. Je m'approchai lentement, reprenant le lapin sur la table.

— Tu vas manger, que tu le veuilles ou non.

Il détourna les yeux, un sourire narquois jouant sur ses lèvres.

— Tu es plus têtue que je ne le pensais, Aleris.

— Et toi plus exécrable que je ne l'imaginais. Mais cette fois, je ne partirai pas

**********

IVAR

Après la tempête nous nous sommes échoués sur la plage, ensemble avec Tomas sans les autres. Sans Sa Majesté, qui plus est était gravement blessé. Je ne sais pas combien d'heures nous avons passé sur cette maudite plage. Le sable collait à ma peau comme une seconde couche de crasse, et l'air marin semblait vouloir ronger mes os. Tomas et moi avions attendu toute la nuit, espérant, priant presque, qu'un signe des autres nous parvienne. Mais à mesure que les étoiles pâlissaient et que l'aube se levait, il devint évident que personne ne viendrait. Pourtant il y avait des débris de notre passage en mer et la tempête avait eu lieu pas loin de cette plage. Ils étaient forcément dans les parages également.

—    Ils ne sont toujours pas là, avais-je murmuré, brisant le silence du matin.

Tomas avait hoché la tête en silence, son visage grave. Le regard d'un homme qui n'aime pas accepter la réalité, mais qui sait qu'il le doit.

Nous avions décidé de bouger. Attendre ne servait à rien, pas dans un endroit comme celui-ci. L'idée de rester immobiles, à la merci de la mer ou de toute créature tapie dans les dunes, me rendait fou. Alors, nous avions marché. Le sable semblait sans fin, mais au bout d'un moment, des arbres commencèrent à surgir devant nous. Une forêt. Elle était dense, presque oppressante. Les arbres semblaient se resserrer à mesure que nous progressions, leurs branches formant une voûte qui filtrait à peine la lumière du jour. C'était le genre de lieu où l'on sent que l'on n'était pas vraiment seul. Mais nous avions continué, le silence entre Tomas et moi n'étant troublé que par le bruissement de nos pas sur le sol jonché de feuilles. Je n'aimais pas le silence mais avec Tomas il fallait malheureusement s'y habituer.

Et puis, nous les avons vues.

Elles étaient éparpillées au sol, leurs pointes plantées dans la terre comme des témoins d'un événement récent. Leurs tiges étaient encore intactes, les plumes propres, comme si elles avaient été tirées à peine quelques heures plus tôt. Je m'accroupis pour en ramasser une, la faisant tourner entre mes doigts. La finition était soignée, artisanale, mais elle ne ressemblait pas aux flèches que nous utilisions à Valeria ou Drevania. Non, celles-ci avaient une qualité différente, plus primitive peut-être, mais étrangement élégante.

— Tu as vu ces flèches ? demandai-je en regardant Tomas.

Il acquiesça, son visage fermé.

— Oui, je les vois.

Je me redressai, jetant un regard circulaire autour de nous. Les arbres semblaient soudain plus menaçants, leurs ombres s'étirant comme des griffes.

— Ça veut dire qu'il y a une présence ici, murmurai-je, mon ton plus sérieux qu'à l'accoutumée. Peut-être que les autres sont ici avec eux ?

Tomas haussa légèrement les épaules, mais je voyais dans son regard qu'il n'était pas aussi sûr que moi.

— S'ils se sont échoués sur la même plage que nous, ils ont forcément avancé comme nous, répondit-il. Alors oui, peut-être.

Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Ce n'était pas de la peur, je n'étais pas un enfant effrayé par une forêt sombre, mais une intuition, un instinct de soldat. Quelque chose nous observait.

— Tu le sens, toi aussi ? demandai-je à Tomas, baissant légèrement la voix.

Il me lança un regard en coin. Nous n'avions plus nos armes.

— Je le sens.

— Alors prépare-toi, mon ami. Si nous ne sommes pas seuls, il vaut mieux qu'on soit prêts.

Je m'avançai un peu plus, mon regard scrutant les ombres entre les arbres. Le silence autour de nous devenait presque étouffant. La lumière qui filtrait à travers le feuillage créait des jeux d'ombres mouvantes, et chaque craquement sous mes bottes semblait résonner comme un coup de tonnerre.

— He ho ! Il y a quelqu'un ? lançai-je, ma voix brisant le calme oppressant.

À peine avais-je parlé que des figures émergèrent des troncs et du feuillage. Des femmes, ou du moins quelque chose qui leur ressemblait, se détachaient des arbres comme si elles en étaient une extension vivante de la forêt. Leurs corps, veiné de lignes sombres, semblaient faits d'écorce et de chair mêlées. Elles brandissaient leurs arcs, les flèches déjà encochées et tendues, prêtes à fendre l'air.

— Attendez ! m'écriai-je en levant les mains. Nous sommes ici en paix. Nous sommes des amis de Léandre, Lykos, Aymeric et Althea. Les auriez-vous vus ? Nous étions en mer quand une tempête a frappé notre bateau. Nous nous sommes échoués sur votre plage, mais nous avons perdu nos amis.

Pas de réponse. Elles resserrèrent la tension sur leurs arcs, leurs regards perçants fixés sur Tomas et moi. Chaque muscle de leur posture indiquait qu'elles étaient prêtes à tirer sans la moindre hésitation.

— S'il vous plaît..., murmurai-je, suppliant, mon ton laissant transparaître une vulnérabilité inhabituelle.

Rien. Pas un mot, pas un geste d'apaisement. Leur silence était plus intimidant que n'importe quelle menace.

Je jetai un coup d'œil à Tomas, qui me rendit un regard incertain. Je fis un signe de tête pour qu'il suive mon exemple, puis je m'assis lentement sur le sol, les mains bien en vue. Il fit de même, à contrecœur. Les femmes-arbres échangèrent des regards, visiblement intriguées, mais ne baissèrent pas immédiatement leurs armes. Leurs yeux perçaient mon âme comme des aiguilles.

—    Nous n'avons pas d'armes et nous garderons les mains bien en évidence assis ici jusqu'à que vous nous laissiez rejoindre nos amis.

Après ce qui me sembla une éternité, une autre femme apparut. Elle n'avait pas l'apparence boisée des autres. Ses traits, bien que marqués par une dureté évidente, étaient totalement humains. Elle était même très belle. Sa démarche était calme, mais son autorité était indiscutable. Les autres s'écartèrent pour lui faire place.

— Le roi a besoin de vous. Ne traînez pas, dit-elle simplement.

Elle n'attendit aucune réponse, tournant les talons pour s'enfoncer dans le chemin par lequel elle était venue. Tomas et moi nous levâmes précipitamment et la suivîmes sans poser de questions.

Nous marchâmes longtemps, assez pour que le silence devienne insupportable à mes oreilles. Je n'ai jamais été du genre à apprécier les silences prolongés, encore moins ceux qui semblaient chargés de jugement. Alors, naturellement, comme à mon habitude, je décidai d'ouvrir la bouche.

— Vous êtes des sortes d'amazones, n'est-ce pas ? lançai-je, tentant de briser la glace. J'ai entendu parler de vous et de votre fameuse source de vie. Mais je croyais que vous étiez plutôt... exclusives. Comment faites-vous pour vous reproduire, dans ce cas ?

Tomas tourna immédiatement la tête vers moi, ses yeux s'écarquillant de stupéfaction. Il me donna un coup de coude discret mais ferme dans les côtes, un avertissement silencieux. La femme devant nous continua de marcher sans se retourner, ignorant totalement ma question.

— Charmantes, ces Nimianes, murmurai-je à Tomas, qui me lança un regard de reproche.

Après quelques minutes supplémentaires de marche, nous débouchâmes sur leur village. C'était un endroit qui semblait tout droit sorti d'une légende, un sanctuaire presque irréel dissimulé dans la profondeur de la forêt. Les huttes étaient construites en parfaite harmonie avec les arbres. Leurs murs semblaient se fondre avec le tronc, et leurs toits étaient faits de feuillage vivant qui changeait légèrement de teinte sous la lumière.

Des ponts suspendus reliaient les niveaux supérieurs, formant un réseau complexe qui s'étendait dans les hauteurs. À chaque coin, des femmes allaient et venaient, certaines portant des paniers remplis de fruits ou d'herbes, d'autres s'occupant de diverses tâches. Une rivière claire traversait le centre du village, son eau scintillant sous les rayons filtrés de la lumière.

Alors que je regardais autour de moi, un garçon passa devant nous, portant une pile de bûches. Il n'avait rien d'un guerrier, mais il semblait à sa place ici.

— Oh, il y a des hommes, murmurai-je, un sourire moqueur étirant mes lèvres. Voilà donc la réponse à ma question. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis ?

Cette fois, la femme s'arrêta net et se retourna. Son regard me foudroya, glacial et impitoyable.

— La guerre, répondit-elle, son ton chargé d'une gravité qui me fit immédiatement ravaler mon sourire.

Je fronçai les sourcils, intrigué.

— Oh, vous leur offrez un refuge, alors, hasardai-je, cherchant à comprendre.

Elle me fixa un moment, comme si elle jaugeait si je méritais une réponse. Enfin, elle hocha lentement la tête.

— Nous offrons un refuge à ceux que le monde a brisés, mais cela n'est pas par bonté. La guerre n'épargne personne, et nous ne sommes plus assez nombreuses pour la mener seules, ni pour nous protéger.

Ses mots pesaient lourd, empreints de résignation et de colère. Tomas et moi échangeâmes un regard. Ce village, malgré sa beauté, portait en lui une douleur cachée, un poids que je ne comprenais pas encore entièrement. Je décidai de me taire pour le reste du trajet. Il y avait des histoires ici, des histoires que je ne saisirais qu'en écoutant davantage.

Nous approchâmes d'une hutte en bois qui semblait s'élever naturellement parmi les racines des arbres environnants. Les murs étaient faits de larges plaques d'écorce tissées ensemble, laissant passer des filaments de lumière à travers leurs interstices. La toiture était recouverte de feuillage dense et vivant, formant une sorte de protection naturelle contre les intempéries. Des gravures anciennes, des motifs sinueux ressemblant à des racines entrelacées, ornaient l'entrée, témoignant de l'art et du savoir-faire des Nimianes. L'air autour de la hutte semblait vibrer légèrement, comme si une magie l'imprégnait. La femme qui nous guidait s'arrêta devant la porte, nous désignant d'un mouvement de tête.

— Il ne va vraiment pas bien, dit-elle d'un ton neutre, bien que son regard trahisse une certaine inquiétude.

Je fronçai les sourcils, échangeant un regard avec Tomas. Cette phrase, si simple, portait un poids qui me fit craindre le pire.

Nous nous avançâmes prudemment jusqu'à l'entrée. La porte de bois s'ouvrait légèrement sur une pièce sombre. Un silence oppressant régnait à l'intérieur.

— Votre Majesté ! appelai-je, un peu trop fort, ma voix résonnant dans l'espace. C'est nous, Tomas et Ivar. Vous êtes décent ? Nous pouvons entrer ?

Pas de réponse.

— Tant pis, murmurai-je en haussant les épaules. Nous vous avons rarement vue décent de toute manière.

Tomas secoua légèrement la tête et me redonna un coup de coude, mais je poussai doucement la porte.

En entrant, l'air lourd et moite de la pièce m'enveloppa immédiatement. Une odeur âcre, mélange de sueur, de fièvre et de plantes médicinales, flottait dans l'air. La lumière tamisée, filtrée par des voiles de tissu suspendus, laissait juste assez de clarté pour distinguer la silhouette étendue sur le lit.

Notre souverain était là, allongé sur une couche modeste faite de bois et de mousse. Sa peau, d'ordinaire hâlée, était d'une pâleur inquiétante. De larges gouttes de sueur roulaient sur son front, et ses cheveux, collés à son visage, étaient gras et en désordre. Une barbe naissante assombrissait ses joues creusées. Son torse, à peine couvert d'un linge humide, se soulevait péniblement sous l'effort de respirer.

Il grogna légèrement, un son rauque et guttural qui trahissait sa douleur. Je restai figé un instant, stupéfait par l'état dans lequel je le trouvais.

— Oh merde..., laissai-je échapper, mes mots franchissant mes lèvres avant que je ne puisse les retenir.

Tomas, toujours derrière moi, resta silencieux, mais je sentais sa tension.

— Heureux de vous voir en vie les amis. Quelles sont les nouvelles ? Ou sont les autres ? murmura Léandre, sa voix faible et hachée, chaque mot semblant être un effort immense.

Je repris mes esprits, m'approchant de lui. Je m'inclinai légèrement, adoptant une expression plus respectueuse malgré mon inquiétude.

— Bonjour, Votre Majesté, dis-je enfin, essayant de paraître plus calme que je ne l'étais. Je pensais qu'on vous avait soigné. Comment allez-vous ? Avez-vous mangé ?

Il ne répondit pas immédiatement, et je continuai, mes pensées se bousculant dans ma tête.

— Je n'ai pas de nouvelles d'Althea, Lykos et Aymeric. Nous pensions qu'ils seraient avec vous. Je suis vraiment navré, Votre Majesté. Les mots devinrent plus difficiles à articuler alors que ma gorge se serrait. Les autres ont disparu..., ajoutai-je, les larmes menaçant de couler. Nous sommes vraiment désolés.

Je ne savais pas si c'était la fatigue ou la douleur, mais il tendit lentement une main vers moi. Ses doigts froids et tremblants saisirent faiblement les miens.

Nous les retrouverons, murmurai-je, bien que je n'en sois pas sûr moi-même.

Léandre ferma les yeux, son souffle ralenti, et il sombra à nouveau dans un sommeil agité. Je restai là un moment, à genoux près de son lit, sentant l'immense poids de son état et des responsabilités qui nous incombaient désormais. Un Roi si fort en apparence, mais si fragile à cet instant.

Tomas posa une main ferme sur mon épaule, me tirant doucement de mes pensées.

— Il a besoin de temps, murmura-t-il. Et nous devons rester vigilants.

Je hochai la tête, mais au fond de moi, une inquiétude grandissante me rongeait. Le Roi de Valeria, celui que nous avions juré de protéger, gisait là, entre la vie et la mort. Et nous étions seuls, dans un village étrange avec des femmes étranges, entourés de secrets que je ne comprenais pas encore.

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