Chapitre 10.1 - Rencontre inattendue
ALTHEA
Je posai délicatement la bourse que Darius m'avait remise, sur la table ronde où mes compagnons étaient réunis en cercle l'air tendu.
— A qui le tour aujourd'hui ? Demandais je en dénouant le cordon de la bourse pour révéler son contenu. Un à un, les visages se tournèrent vers le plus jeune d'entre eux. Un garçon qui avait perdu sa sœur. Il était habillé simplement. Il portait un bandeau élimé autour du front. Il fit un pas en avant le poing serré :
— Moi, Monsieur, dit-il d'une voix claire mais empreinte d'une douleur contenue.
Je fronçai les sourcils, mon attention entièrement tournée vers lui, je lui demandai, la voix chargée d'une inquiétude sincère :
— Où ont-ils emmené ta sœur ?
— Dans une maison de courtisanes, près de Dravos.
Je jetai un coup d'œil à la somme d'argent devant moi, puis à ses yeux pleins d'espoir.
— Malheureusement, ce que nous avons là n'est pas suffisant pour la sortir de là. Nous irons à Dravos dès que nous aurons rassemblé la recette du mois prochain. Le jeune homme hocha la tête, une étincelle de gratitude dans son regard.
— Merci, maître, murmura-t-il
Je balayai l'assemblée du regard, captant l'attention de chaque personne présente :
— N'oubliez jamais la raison pour laquelle nous faisons tout cela. Nous devons nous faire confiance et travailler main dans la main. Il faut que la confiance mutuelle et la collaboration soient nos plus grandes forces et alliés. Nous ne cesserons de lutter que lorsque toutes nos familles, arrachées à nos foyers et envoyées en tribut à Drevania, seront de retour parmi nous. Est-ce bien clair ?
— Oui, Maître. S'écrièrent t'ils tous en chœur. Chacun d'eux, animé par une détermination commune, était prêt à suivre la voie que nous nous étions tracée, peu importe les obstacles à venir.
Soudain, Nolan arriva en courant, haletant :
— Venez vite Monsieur. Un messager à déposé une lettre anonyme.
Je pris la lettre et la lus. La personne qui l'avait envoyé nous disait que des informations cruciales concernant les mouvements des troupes de Darius peuvent nous être donné. Le rendez-vous avait lieu maintenant dans la forêt à côté d'une cabane abandonnée. Ce message peut venir d'un allié secret ou d'un informateur ennemi, ne pus-je m'empêcher de penser. Cependant j'étais intrigué, si cette lettre disait vrai, voilà une occasion qu'il ne fallait pas rater. Ces informations peuvent s'avérer importante pour notre cause. Consciente du danger je décide quand même de me rendre dans la forêt. Je dis à mes hommes de se préparer et de s'armer.
***
Le crépitement des feuilles sous nos pas était le seul son qui accompagnait notre marche. Mes hommes, silencieux et vigilants, suivaient mes pas avec une confiance indéfectible. Chaque ombre, chaque bruissement dans les buissons était scruté avec une attention minutieuse.
Soudain, un fracas assourdissant déchira le silence, suivi du sifflement aigu des lames d'épées sortant de leurs fourreaux. Je pus l'entendre de loin, mais n'en dit rien à mes hommes qui ignoraient tout de mes pouvoirs. Des silhouettes surgirent devant moi avec une rapidité et une coordination qui ne laissaient aucun doute sur leur entraînement.
Au milieu de ces hommes il y en avait un qui attira mon attention. Ses cheveux ébouriffés flottaient autour d'un visage marqué par une assurance triomphante. Il brandissait son épée avec une allure décontractée et un sourire victorieux aux lèvres trahissant un mélange de défi et de malice. Je me raidis instinctivement, évaluant rapidement la situation. Mes hommes bien que surpris, se préparèrent à réagir, leurs mains serrant fermement leurs propres armes.
Le meneur me fixa d'un regard malicieux et me lança :
— Alors c'est toi le jeune Alden dont tout le monde parle ? Moi c'est Ivar, l'épéiste le plus redouté de Valeria.
Je le dévisageai calmement, ma voix ne trahissant aucune émotion :
— Qu'est ce qui vous amène sur notre chemin ?
Sa réponse fut accompagnée d'un sourire provocateur :
— Maintenant que tu sais qui je suis, pourquoi ne pas t'approcher afin de me rendre hommage ?
Je répliquai, mon arc déjà en main, une flèche prête à être décochée :
— Etes-vous en train de nous demander à mes hommes et moi de nous prosterner devant vous ? Au risque de vous surprendre, cela ne fait pas partie de nos coutumes.
— Je ne suis pas connu pour ma patience...approche, avant que j'attrape mon épée et que je te donne une bonne leçon.
Ma réponse fut ferme et dénuée de toute crainte :
— Dégagez de notre chemin.
Il parut interloqué, mais reprit rapidement ses esprits :
— Pardon ?
— Brandissez votre épée devant moi et vous êtes un homme mort.
En entendant cela ses hommes posèrent leurs mains sur leurs armes et s'avancèrent d'un pas pendant que lui ne sourcilla pas d'un poil et me répondit en me pointant du doigts :
— Vraiment ? tu vas voir espèce de...
Ne lui laissant pas l'opportunité de finir sa phrase, d'un geste rapide et précis, je libérai la flèche, la dirigeant droit vers sa main. Avec une précision chirurgicale, elle transperça le centre de sa paume.
Un cri strident de douleur s'échappa de ses lèvres alors que la flèche traversait sa main. Son visage se crispa, ses traits se tordant dans une grimace de souffrance aiguë.
La surprise initiale laissa rapidement place à un mélange de colère et de choc. Ses yeux écarquillés reflétaient une douleur intense tandis que sa bouche, entrouverte, libérait des gémissements de souffrance. Le sang commençait à suinter autour de la flèche, tachant sa peau et son gant.
Je n'éprouvais aucune pitié envers cet Ivar. Ce comportement hautain et cette agression non provoquée méritaient une leçon qu'il ne serait pas près d'oublier. De plus, on ne manque pas de respect à mes compagnons. Je suis intransigeante là-dessus.
Malgré la douleur évidente, il tentait vaillamment de maintenir une contenance, serrant et desserrant ses poings dans un effort désespéré. Ses soldats, témoins de la scène, s'agitaient nerveusement, leurs mains flottant près de leurs armes.
Quant à moi je tenais mon arc fermement, une nouvelle flèche encochée et prête à être décochée. Mes yeux parcouraient rapidement les rangs des soldats :
— Le premier qui bouge reçoit une flèche dans la tête. Lançais-je avec autorité. Mon ton était ferme et ma voix aussi tranchante que l'acier. Et vous, Ivar, considérez vous comme chanceux. C'était juste votre main cette fois. Mais ne teste plus jamais ma patience, car comme tu as pu le constater, elle a des limites. La prochaine fois, ce ne sera pas seulement un avertissement. Cette flèche trouvera sa cible entre tes deux sourcils.
Le cœur battant, je réalisai avec clarté que nous étions tombés dans un piège. Le message anonyme n'était qu'un leurre, une ruse calculée pour nous attirer ici.
Ivar et ses hommes, leur orgueil blessé, mais leur rage contenue, se relevèrent lentement. Sans un mot supplémentaire, ils se retournèrent et disparurent silencieusement entre les arbres, se fondant dans la forêt par laquelle ils étaient venues.
Je me tournai vers mes compagnons, le visage fermé d'inquiétude et de culpabilité car j'avais mis mes soldats en danger :
— Retournons à la taverne, nous devons nous assurer que notre cher Nolan va bien et qu'il n'a pas été pris dans d'autres pièges pendant notre absence. Il est resté là-bas pour surveiller le flux d'informations et les va et vient.
Mes hommes acquiescèrent, leurs visages tendus reflétant mon propre sentiment d'urgence. Ensemble, nous prîmes rapidement le chemin du retour, nos sens en alerte, prêts à affronter d'autres menaces potentielles. La tension de la confrontation avec Ivar avait laissé une empreinte palpable, nous rappelant la fragilité de notre situation et la nécessité constante de vigilance et de discrétion. Je ne pus quand même m'empêcher de sourire à ma victoire. Si seulement j'étais aussi courageuse et solide à l'époque. Je n'aurais jamais perdu ma mère. Mais il fallait que je transforme cette douleur sourde et lancinante en force.
**********
Mes compagnons et moi sommes retournés à la taverne afin de retrouver Nolan. Cette dernière était inhabituellement silencieuse. La lourdeur de l'air me frappa immédiatement. Quelque chose n'allait pas, je le ressentais. La pièce était habituellement remplie de rires et de bavardages mais cette fois on aurait dit un établissement abandonné.
Je parcourus du regard la salle principale, remarquant rapidement l'absence de Nolan. Son poste habituel à l'entrée était vide et son tabouret renversé sur le sol. Un verre brisé gisait à côté, son contenu éparpillé sur le plancher. Le cœur battant, je m'approchai pour examiner la scène de plus près. Le verre n'était pas juste tombé ; il avait été jeté avec force comme en témoignaient les petits éclats dispersés sur une large zone. Une nappe blanche normalement soigneusement disposée sur la table, était partiellement arrachée et déchirée.
Sur le sol, une trace de lutte se dessinait ; des marques de pas, un mélange de boue et de vin formant un chemin à travers la pièce.
Nolan était un combattant habile, il ne se serait jamais laissé emmener sans résister. Et ces traces de lutte en témoignent.
Mon esprit analysait chaque détail, chaque indice laissé. Quelqu'un était venu ici avec une intention malveillante. J'inspectai la pièce à la recherche d'autres indices ; quelque chose qui pourrait me dire où il avait été emmené. C'est alors que mon regard se posa sur un morceau de tissu accroché à une chaise cassée. Un fragment de la chemise que Nolan portait toujours, reconnaissable à son motif pourpre particulier.
Les pièces du puzzle s'assemblaient dans mon esprit. Nolan avait été enlevé, et il ne fait aucun doute que c'était l'œuvre de quelqu'un qui connaissait nos mouvements, nos habitudes. Quelqu'un qui voulait nous atteindre. Je me demandais si ce n'était pas la bande qui a essayé nous faire en vain une démonstration de force et qui nous avait tendu un piège.
Une colère brûlante monta en moi. Ils avaient pris l'un des nôtres, et je n'allais pas les laisser s'en tirer si facilement.
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