Chapitre 48. En coulisses
Chapitre 48. En coulisses
Maxime
« Ça marche. Maintenant se pose la question de Mattias.
Lorsque j'ai réalisé que j'allais devenir le directeur d'une entreprise, je n'imaginais pas que mon travail ressemblerait à ça. À quoi sert un patron, puisqu'il paie déjà des gens pour s'occuper de la communication, du design, des réseaux sociaux, de la trésorerie et de l'administratif ? Si on m'avait posé la question avant, j'aurais répondu « faire la sieste ».
En réalité, il s'agit de former les nouveaux employés au mode de fonctionnement de l'entreprise, de coordonner toutes ses équipes, de gérer les ressources humaines et de porter toutes les responsabilités sur ses épaules. Si Akaji venait à faire faillite ou à être victime de la culture de l'annulation, je n'aurais pas des dizaines de milliers d'euros à débourser, puisqu'officiellement, Akaji est un sous-groupe de Sourire Immobilier. Mais cet échec serait très dommageable aux yeux d'Ibarra, et je serais celui qui passerait à la casserole. Dans une société traditionnelle, les employés ne font rien sinon obéir aux ordres de leur supérieur.
– Question compliquée...
– Mets tes sentiments de côté. Ses capacités se limitent à la comptabilité, alors qu'André jongle avec nos comptes et le code du travail. J'ai pu discuter avec lui, il était là lorsque la première pierre de Sourire Immobilier a été posée. Tu les sens, ces dizaines d'années d'expérience ? Désolé, mais garder Mattias ne servira qu'à foutre une mauvaise ambiance quand ils devront travailler ensemble, ce qui arrivera tout le temps !
– Ouais mais voir leur pote viré juste parce qu'il était pas le meilleur, ça va plomber le moral de tous les autres...
– Arrête ton char. Akaji est une entreprise, pas un p'tit projet entre copains. Personne ne t'en voudra pour avoir refusé de te tirer une balle dans le pied. Rester dans cette situation aurait juste tout foutu en l'air, t'as fait un choix difficile mais nécessaire. Grâce au temps qu'on a déjà passé avec, ils ne voient plus André comme un inconnu mais comme un papy dont l'expérience leur est putain de précieuse, donc aucun souci de ce côté là. Et puis, je pense pas qu'ils auront peur de perdre leur poste s'ils sont pas assez productifs : André nous est tombé dessus sans qu'on vienne le chercher, et il a décidé de rester à nos côtés parce qu'il le souhaitait. Ils savent que t'es pas un tyran, ils ont pas magiquement oublié toutes les fois où tu les as laissés partir une ou deux heures plus tôt sans exiger qu'ils rattrapent leur retard. Regarde cette « réunion » qu'on fait pour régler les problèmes internes de l'entreprise : on est tous les deux chez nous, j'suis en caleçon et je joue à la console en même temps. Si ton objectif était vraiment la productivité, le cadre serait bien différent. Et puis merde, ils sont grands, ils pourront toujours le voir autant qu'ils veulent en dehors du taf.
– T'as raison. Je vais demander à André de m'aider pour la rupture du contrat. Merci pour tes précieux conseils Thomas.
– Y a pas de quoi, j'suis là pour ça.
– Je crois pas qu'il reste d'autres gros problèmes, mais vu que t'as pas l'air pressé, on peut se tourner sur les choses qu'on peut améliorer dans l'ambiance interne d'Akaji.
– Ça me va. Ça te dérange si j'ajoute Essaim à notre appel ? C'est un peu son domaine, et puis il pourrait nous apporter de bonnes idées.
– C'est vrai. Vas-y t'as mon feu vert. D'ailleurs ça va bientôt faire deux semaines qu'il travaille avec nous, t'as retiré combien au distributeur sur les 500 qu'on va lui filer pour son mois d'essai ?
– 270. J'y vais petit à petit. T'imagines si Akaji était accusé de trafic de drogue ou de blanchissement d'argent vu qu'on retire la masse de billets ?
– Ça ferait très film de mafieux, mais avoir les autorités au cul n'est jamais une bonne chose. Ça doit être un secret pour personne, mais je compte bien l'engager pour de bon et lui filer une paie décente. Mais je nous vois mal remplir une nouvelle mallette en billets de 50 euros chaque mois, va falloir qu'on s'arrange avec ses parents. Quel merdier, pourquoi c'est interdit d'employer des enfants de 14 ans ?
– Parce que tous les patrons ne sont pas aussi bons que toi. On est d'accord qu'il fait du bon travail, c'est en grande partie parce qu'il a organisé le nouvel an d'Akaji qu'André s'est intégré si vite. Mais est-ce que t'aurais choisi de l'engager avec si peu d'hésitations si c'était pas Eythan qui l'avait pistonné ?
– Mmh... J'aurais sûrement réfléchi cinq secondes de-
– Salut, il se passe quoi ?
– On fait une réunion en coulisses d'Akaji.
– Ça explique pourquoi on n'est que trois ! Et ça consiste en quoi, exactement ?
– On cherche des idées pour qu'être un membre de l'équipage d'Akaji soit encore plus plaisant.
Cet appel n'est pas aussi innocent qu'il paraît. Plus un travailleur se sent épanoui, plus il sera productif.
– On m'a dit qu'elle devrait attendre un peu, mais créer un uniforme pour Akaji me paraît bien.
– Cette tenue ressemblerait à quoi selon toi ?
– Je sais pas, je vois bien un polo jaune avec le logo de la Jeunesse sur la poitrine. Après ça sert pas à grand-chose de se prendre la tête sur son design si on ne l'adoptera que dans plusieurs mois.
– On s'y penchera dès la prochaine réunion. Maxime s'est décidé à retirer Mattias de l'équipage Akaji.
Thomas essaie de me coincer. Si je commence à rendre l'information publique, je ne pourrais plus changer d'avis.
– Ah ?
– Ouais. Mais du coup, je me demande s'il faudra imposer le port de l'uniforme, parce que ça n'a aucun intérêt si on est deux à le porter. Mais si on l'impose, il n'aura pas du tout l'effet escompté.
– Bof, c'est un faux problème ça. Si on le crée tous ensemble, ils seront même fiers de le porter. Non, l'important n'est pas là. Avec les messages d'Eythan il y a deux jours, l'idée de produire des collections va revenir sur la table.
J'espère vraiment que cette idée de tenue Akaji va se concrétiser. Ma petite Anna n'est jamais autant sexy qu'avec un uniforme.
– Et alors ?
– Il y a de fortes chances que ce soit accepté, et les propositions vont fuser. Il nous faut un système qui dictera quelle proposition choisir en priorité. Par exemple, est-ce qu'on donne un droit de veto à tout le monde ?
– Sûrement pas, on est bien trop nombreux. Pour deux ou trois personnes à la limite.
– Ouais mais seul toi as une position hiérarchique supérieure, ce serait injuste de donner un droit à certains et pas à d'autres.
– C'est vrai... Mais en même temps, personne n'a envie de bosser des mois sur un thème qui ne lui plaît pas.
– Je peux ?
– Vas-y Essaim.
– Honnêtement, même si je suis pas passionné de vikings, ça me dérangerait pas de travailler sur une collection viking. Et je suis sûr que c'est vrai pour tout le monde. Je pense qu'il faudrait juste définir que les collections peuvent être sur des thèmes très variés, mais pas sur certains combats de la jeunesse, comme les féminicides, la corruption... Ça pourrait mal finir si le vote pour définir la première collection devient un vote pour élire la cause la plus importante.
– Je vois. Effectivement, on devrait faire comme ça. T'en penses quoi Maxime ?
– Je sais pas... Si au final on se décide pour une collection, je sais pas, sur l'espace, quel rapport avec la Jeunesse, avec nos valeurs ?
– Je pense justement que c'est une bonne chose. Une collection, c'est des vêtements premiums. Leur but est d'être de bonne qualité et magnifiques. Tous les bénéfices de leurs ventes atterriront en dehors des caisses d'Akaji, c'est qu'un projet annexe qui ne va rien nous rapporter. Pas besoin que tous nos produits défendent à chaque fois toutes nos valeurs. Si vous voulez faire un projet entièrement sur la Jeunesse, qui prône le courage individuel, trouvez une personne LGBTQ+ rejetée par sa famille et payez lui son appart, ses études, que sais-je !
– Un génie. Tu veux pas prendre ma place Essaim ?
– Même si je voulais je pourrais pas, annonce-t-il, intimidé.
– Détends-toi, on plaisante. Quelque chose d'autre à rajouter ?
– Alors je sais qu'on l'a déjà validé et qu'Anna est en train de se prendre la tête dessus, mais je suis vraiment pas sûr que créer un Discord pour Akaji soit une bonne idée.
– C'est trop tard pour faire machine arrière de toute façon Thomas. On verra bien ce que ça donne. S'il n'y a plus rien à dire, excellent travail à vous deux. J'vous laisse tranquille pour le reste de la journée. Vous pouvez déjà réfléchir au thème que vous aimeriez voir pour la première collection, ça vous laisse plusieurs jours pour préparer vos arguments alors que les autres auront quelques minutes. On se voit à la prochaine réunion. »
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