Chapitre 41. Partie 2. Celui que je ne peux battre
Chapitre 41. Partie 2. Celui que je ne peux battre
Léa
Je sors du salon en titubant. Je m'engage dans un couloir en quête d'une nouvelle bière. Une lumière apparaît et me force à plisser les yeux. Je vois Eythan, de dos, franchir la porte de la cuisine. Un frisson déchire tout mon corps. Il a l'aura d'un démon. Je dessoûle aussitôt.
Sans même que je le décide, mes pieds se mettent à le suivre. Mon cœur accélère comme s'il fuyait un prédateur. L'instinct de survie dicte mon comportement. Je m'arrête à l'encadrement de la porte. Il ne semble même pas m'avoir remarqué. Je pousse un soupir de soulagement. Il saisit une bouteille dans le frigo et dépose son sac de sport sur la table. Ses yeux plongent à travers une vitre à sa gauche.
Dans la partie droite de la salle, Dorian se tient droit, torse nu. La sueur présente sur ses muscles développés reflète la lumière du lustre. Face à lui, Manon est accroupie, l'air apeuré. Elle a tendu ses bras devant Julien, comme pour le protéger. Ce dernier est dans un sale état : écroulé sur le sol, une lèvre fendue et un œil au beurre noir.
« C'est bon, il a eu son compte !
– Son compte ? Ce bâtard a osé dire que je devais plus t'approcher et que vous étiez ensemble maintenant !
– Je sais pas ce qui lui est passé par la tête, il est sûrement jaloux de savoir que je n'aimerais jamais que toi ! Je m'en fous de lui, tu peux me croire ! Mais si tu l'envoies à l'hôpital, mon père voudra plus qu'on se voit et je serai obligée de fuguer...
Il affiche une mine satisfait. Je connais Manon depuis nos 5 ans. On s'est toujours tout raconté. Sa relation avec Dorian était une erreur, elle s'est laissée séduire par son corps musclé, son appartenance à un gang et la peur qu'il inspire aux professeurs. Quand elle a ouvert les yeux dessus, elle s'est aussi rendu compte des sentiments qu'elle éprouve pour Julien. Il lui a toujours été loyal, l'a toujours soutenue et l'a toujours rendu heureuse. En ce moment, tout ce qui sort de sa bouche n'est que mensonge.
– Moi ça me v... »
Le bruit du rire d'Eythan résonne dans la pièce. Dorian se retourne vers lui, un sourcil levé.
« Un problème ?
– Vous êtes tellement pathétiques. Toi, connard numéro un. Faible et impuissant au point de laisser te faire voler ta copine. Toi, salope numéro une. Ton copain a au moins le courage d'affronter l'adversité. Dis-moi, tu sers à quoi, à part à rien ? Incapable d'assumer ce que tu ressens et ce que tu es pour survivre. Être soumise à ce point, c'est ce que j'appelle la mort. Et toi, connard numéro deux... Ces deux-là ont beau être de sacrés fils de pute, tu réussis à être pire qu'eux. Tu sais un peu taper fort et tu te crois le plus puissant. Tout ce que tu fais de ton pouvoir, c'est assumer tes pulsions de domination. Je préférerai me chier dessus chaque minute de ma putain de vie plutôt que d'être toi.
Eythan m'a souvent dit qu'on reconnaît la vraie nature de quelqu'un à ce qu'il fait de son pouvoir. Il garde un regard noir, même quand une veine apparaît sur le front de Dorian, ou quand il se met en position de le frapper. Seule une chaise en bout de table les sépare. Il la soulève avec une facilité déconcertante et la jette contre un mur. Elle s'éclate dans un bruit assourdissant.
– Je sais qui tu es, Eythan. Mais ne crois pas que tu me fasses peur, tu es tout petit, tout frêle. Tu n'as aucune chance contre moi.
Un sourire cruel s'empare de Dorian. Il s'apprête à le dévorer. Eythan n'a jamais pris de cours de boxe ou d'art martial...
– En effet, je ne suis pas un abruti comme toi. Je ne m'engage jamais dans une bataille contre un ennemi que je ne saurai vaincre.
Sans transition, il plonge une main dans une petite ouverture de son sac de sport noir. Il en retire un sourire et un Glock qu'il plaque contre la gorge de Dorian. Celui-ci recule, surpris. Son étonnement se mue peu à peu en peur. Ses pieds ne cessent de l'amener vers l'arrière. Jusqu'à ce qu'ils heurtent un sac à dos. Une scène irréaliste se produit : Dorian s'assoit lentement et ses yeux deviennent obnubilés par son sac, comme si son agresseur n'existait plus. Ni le regard ni l'arme à feu d'Eythan ne le quittent. Dorian pourrait sortir un couteau et planter mon Caahlo en une demi-seconde. Pourtant, celui-ci ne fait rien pour l'en empêcher.
Il n'est même pas surpris quand son ennemi le braque avec un revolver.
– Apparemment on a eu la même idée.
Eythan n'a pour d'autre réaction que de bailler. Il maintient simplement un doigt sur la gâchette. Tous les deux visent la tête. Caahlo a juste arrêté de bouger alors que Dorian s'est relevé et recule sans le quitter du regard. À force de se déplacer sans voir où il va, il se prend les pieds dans le cadavre de la chaise et manque de tomber.
– Ça veut me défier et ça sait même pas rester debout, pff...
Loin de rougir, Dorian s'assoit sur une chaise en face de lui. Il secoue son arme de façon à intimer son adversaire à faire de même. Eythan ne le calcule pas et jette un regard méprisant vers la porte.
M'aurait-il vu ? Si c'est le cas, je ne sais pas pourquoi il semble me détester. J'ai toujours son téléphone dans ma poche. À moins que quelqu'un m'ait vu effacer son contact « Hélène <3 » et m'ait dénoncé... Ça fait deux ans qu'on se connaît, deux ans de conversations intéressantes, deux ans à collectionner chacune de ses pensées qu'il me livre au compte-goutte et à les chérir comme des trésors. C'est sûrement une chouette fille, sinon il ne l'aurait pas choisie. Mais cela fait plus d'un an que j'attends l'occasion parfaite de lui révéler mes sentiments ! Avec Manon, on a passé plus de deux heures à choisir ma tenue et mon maquillage de ce soir...
Soudain, je sens quelque chose me cogner l'épaule. C'est seulement en me retournant que je comprends tout. Absorbée par le spectacle qui se déroulait devant mes yeux, je n'ai pas senti la foule attirée par le boucan se former dans mon dos.
– Si on reste comme ça, celui qui va perdre sera juste le moins rapide à presser la détente. Pas très drôle tu ne trouves pas ?
Dorian sourit comme un prédateur se préparant à piéger sa proie. Il ne le prend pas du tout au sérieux. Il ne le voit que comme un gosse qui s'est retrouvé célèbre grâce à un coup du sort. Vaincre Eythan n'est pour lui qu'un jeu lui permettant de gagner en statut. Il sous-estime les risques qui planent au-dessus de lui. S'il y a une chose que j'admire chez Eythan, c'est son sens infaillible de la Justice. Son regard est dur comme du diamant. S'il considère tout le mal qu'il cause à Julien et Manon comme une injustice, et il n'y a pas de raisons que ce ne soit pas le cas, il ne perdra pas.
– Tu proposes quoi ?
– D'abord, n'ayez pas peur, venez tous voir ! Vous vouliez finir l'année en apothéose non ? »
Leurs regards se tournent vers nous. Une main finit par pousser la porte. Nous envahissons la cuisine. À part Hélèna qui fonce au chevet de Julien, nous nous mettons tous à encercler la table.
« Que diriez-vous... D'une roulette russe ? Qu'en dis-tu, Eythan ? Ce jeu est assez bien pour toi ?
Il regarde derrière lui d'un air préoccupé. Une fois Julien soutenu par Hélèna sorti de la pièce, ses traits s'apaisent. Il devait avoir peur que Dorian s'acharne sur le mec de Manon. Il lance un sourire amusé à son adversaire :
– Avec ton arme ou la mienne ?
– La mienne évidemment. Les règles sont simples : chacun son tour, on appuie sur la détente avec le canon sur notre crâne. Oh et on insère autant de munitions qu'on veut dans le barillet, au minimum une, bien sûr.
– C'est bon, j'suis pas teubé. Et accélère, j'ai pas toute la nuit. Qui commence ?
– Moi, puisque j'ai proposé ce jeu.
Il vide le barillet au-dessus de la table. Il saisit une des balles et la fait passer devant les yeux de tous. Il la glisse dans une des six chambres avant de remettre en place le barillet. Dorian pointe le flingue vers Eythan. Il décoche un sourire amusé.
Le barillet tourne à un rythme infernal. Impossible de suivre les déplacements de la balle à l'œil nu. Avant même que le suspense s'installe, Dorian a déjà retourné l'arme vers lui et a déjà pressé la détente. Rien n'est sorti.
Il tient le revolver par le canon et le tend à Caahlo. Lorsque son adversaire le saisit, il affiche un sourire insolent. Loin d'avoir pris peur, Eythan ouvre l'arme tel un chirurgien. Il retire la munition non-utilisée pour en mettre trois autres, en prenant soin de séparer chaque balle par une chambre vide. Il fait voir à tout le monde l'intérieur du revolver.
– La règle permettant de mettre autant de balles qu'on veut n'est pas là par hasard. Tu pensais que j'allais te suivre en ne mettant qu'une seule munition dans le barillet. Tu aurais surenchéri avec deux balles, je n'aurais pas eu le courage d'en rajouter une, ce qui équivaudrait à jouer ma vie à pile ou face. Donc je n'aurais pu que t'imiter, avouer ma défaite en n'en mettant qu'une seule ou carrément abandonner. Tu aurais gagné le jeu en plus de me dominer devant tout le monde. Désolé, je n'ai pas ta lâcheté. Je ne sais pas dans quelle bouteille tes « amis » ont oublié leur cerveau, mais en ne mettant qu'une seule munition sur six emplacements, tu as moins d'une chance sur six de te la prendre. Me braquer pendant que tu faisais tourner le barillet n'était pas que de la provocation. Avec le barillet tenu à l'horizontale, la gravité augmente les chances que la balle s'arrête en bas. Tu pourrais sûrement faire le même coup avec deux munitions. Je ne suis pas si faible. J'ai chargé le revolver de manière parfaitement équilibrée. J'ai une chance sur deux. Je ne cherche pas à fuir avec des techniques minables. Tss... Au final, aucune mère ne saurait me vaincre.
Personne ne comprend ce que veut dire cette dernière phrase. Mais personne n'y réfléchit. Dorian a perdu toute sa confiance. L'ambiance est devenue brûlante en trente secondes. Eythan a braqué l'arme au milieu de sa poitrine. Un silence troublant règne. Seuls les battements de son cœur le défie. Le doigt sur la détente. L'assemblée cesse de respirer. Il l'enfonce. Rien ne sort.
Il sourit et jette l'arme sur la table.
– Allez, porte tes couilles ou meurs. »
Dorian devient livide. Il pourrait aisément ne jouer qu'avec une seule balle et user de subterfuges pour s'en tirer facilement. Si les tours s'enchaînent, son adversaire a bien plus de chances de perdre. Mais pour quelqu'un comme lui, perdre son honneur est pire que mourir. Mais il n'est pas non plus un surhomme : lui aussi est soumis à la peur de la mort.
« Allez, on sait tous que t'as pas les couilles. Surenchérir ? Et avoir 2 chances sur 3 d'y passer ? Tu as trop de projets, trop envie de vivre pour essayer. M'égaliser ? T'es incapable. T'aurais proposé un pile ou face si c'était le cas. Allez, joue ! »
Dorian est une montagne de muscles. Une armoire à glace capable de rivaliser avec des gardes du corps professionnels. On a beau être né le même jour, on n'a pas le même âge. Pour un inconnu, on a quelques années et des dizaines de kilos de muscles de différence. Mais là, il n'est plus qu'une frêle créature en sueur, luttant pour conserver sa vie et son honneur. Il n'a plus aucune solution. C'est un échec et mat. À moins que...
« N'y pense même pas. J'ai été assez gentil pour un connard dans ton genre, grouille-toi. Crois pas que j'ai oublié pourquoi on est là, gronde Eythan.
Une lueur d'espoir a illuminé le regard de Dorian pendant une demi-seconde. L'idée de charger à fond le revolver puis de le braquer sur Eythan a dû lui traverser. Caahlo l'a instantanément calmé en saisissant son Glock. Je ne sais pas comment Dorian a pu penser qu'il préserverait son honneur en détruisant les règles du jeu. Il n'est plus qu'un lapin sur l'autoroute, figé par la peur.
– Je... Je vais mettre deux balles.
– À croire que tu viens seulement de comprendre que ce jeu peut tuer...
Contrairement au premier tour, Dorian n'exhibe pas fièrement le contenu du barillet. Plutôt, il le cache contre lui. Les yeux d'Eythan jaillissent de leurs orbites. Il lui arrache l'arme des mains.
« Seulement deux balles, et tu les colles en plus ?! Tu veux pas non plus ne pas tourner le barillet, histoire d'être sûr de survivre ? J'avais prévu d'attendre que tu te suicides ou que tu te pisses dessus, mais t'as encore moins de fierté que ce que je pensais. Je préfère encore jouer tout seul. »
Une lueur d'espoir envahit ses yeux. Malheureusement, c'était les phares d'un véhicule conduit par Caahlo. La route de ce petit lapin s'arrête là. Eythan fait tourner le barillet plus vite qu'un éclair et braque le revolver sur Dorian.
« Qu'est-ce que tu croyais ? Quand je disais que j'allais jouer seul, c'est que je vais être le seul à choisir le nombre de balles, annonce-t-il d'un sourire cruel.
– N-
Seule la munition qui part empêche Dorian d'annoncer son abandon. Tous les regards se figent sur le trou dans le mur.
– Dommage, c'est pas passé loin. Je pisse allégrement sur la Mort. Jouer à la roulette russe m'intéresse autant qu'un action ou vérité. Par contre, tes réactions sont ultra drôles. Fils de pute. »
Sans attendre, Caahlo presse cinq fois de suite la détente, histoire que la deuxième munition sorte aussi. Il ricane en fourrant les quatre balles restantes dans le barillet. L'instinct de survie a pris le dessus sur l'honneur. Conscient que partir en courant ferait de lui une cible facile, Dorian s'est réfugié sous sa chaise.
Eythan soupire, lassé. Il grimpe debout sur la table et fourre le revolver et son Glock dans sa poche. Dorian est trop terrifié pour essayer de se battre contre lui. Sa main glisse dans la poche droite de son jean. Il s'accroupit sans un bruit. Sans crier gare, il balance son bras et attrape la main de Dorian. De par l'effet de surprise et la terreur qui règne sur son cœur, il ne pense pas tout de suite à retirer sa main. Caahlo profite largement de ces quelques secondes : il plante la main de son ennemi dans le mur. Un filet de sang coule de son couteau. Un hurlement déchire le silence.
Eythan quitte la table pour se tenir debout derrière lui. D'un coup de pied, il envoie valser la chaise à quelques mètres. Il a le visage rouge, une mine sévère et l'air de vouloir crier plus fort que lui.
« Putain de fils de pute ! Vous, les soi-disant bad boys, vous êtes vraiment qu'un tas de merde ! Vous vous prétendez forts, vous en profitez pour tabasser ceux dont la gueule vous revient pas, vous utilisez l'aura que vous dégagez pour briser des hymens et des cœurs en laissant l'autre espérer, parce que vous avez pas les couilles d'assumer ce que vous voulez, parce que vous savez que sinon vous n'auriez rien ! Malheureusement, la roue a tourné. Je suis là maintenant. Écoute-moi bien sombre merde, si tu t'approches encore de l'autre salope, si t'essayes d'intimider l'autre victime, si l'idée même de dominer quelqu'un te retraverse l'esprit, je reviendrai faire de ta vie un Enfer. »
Sans transition, il se tourne vers moi avec un regard plein de fureur.
« Rends-moi mon téléphone toi. D'ailleurs vous devriez vous tirer, les flics devraient pas tarder à se pointer. »
Je fais glisser son smartphone sur la table, la main tremblante. Il ne lui prête pas un regard. Caahlo descend sa braguette. Sans aucune gêne, il se met à lui uriner dessus. Eythan ne joue plus. Il n'y a plus que de la haine dans ses yeux. Le jet jaunâtre ne cesse de brutaliser le visage de son adversaire. Caahlo vise les yeux, la partie la plus douloureuse.
L'honneur de Dorian a complètement disparu. S'il essayait quoique ce soit, il se prendrait une balle à coup sûr. Il se prenait pour un mâle alpha qui n'a que l'embarras du choix pour l'empêcher de se servir. Il était fier de terroriser ses professeurs, de casser les couples les plus solides, d'être autant craint qu'adulé. Il n'est plus qu'un esprit brisé.
Les vœux de Julien ont été largement exaucé. J'aimerais arrêter Caahlo si je m'en croyais capable. Je pense qu'à ce moment, personne au monde ne le pourrait.
La sirène d'une ambulance vient me percer les tympans. Eythan referme sa braguette. Il arme le revolver. Le braque sur un homme à terre qui baigne dans la sueur, l'urine et le sang. Vire le couteau de sa main. Vise ses jambes. Vide le barillet.
***
« Je sais que t'es là, Léa.
– P-pourquoi t'as pris une photo de lui ?
– Ce n'est pas le seul connard qui existe. Je veux que tout le monde sache qu'il ne faut pas emmerder les innocents. Enfin, les innocents que j'ai choisi de protéger. Il me faudrait un système pour ça...
Caahlo est sorti par la porte de derrière. Le temps que la police débarque, il sera déjà revenu chez moi. Il ne sera pas arrêté ce soir. Ça lui laisse du temps pour s'expliquer. S'il savait autant que moi tout le mal que Dorian a fait, il serait sûrement allé encore plus loin. Mais il est quand même allé trop loin.
Il est celui qui a conquis mon cœur. Il doit avoir de bonnes explications. Je ne sais pas, j'ai peut-être mal vu : il a peut-être tiré à blanc, il a peut-être planté son couteau dans un bout de peau, il lui a peut-être vidé une bouteille d'eau dessus.
Ses traits se sont apaisés au fil du temps. Il nettoie la lame de son couteau sur son sweat avec un air concentré. Je m'éclaircis la gorge :
« Ça y est, il est minuit trois. Bonne année deux-mille...
– RAF. Par contre, j'veux bien connaître le nom d'Hélèna.
– On se connaît pas trop, ça commence par un A en tout cas. Pourquoi, tu t'intéresses à elle ? »
Eythan ignore royalement ma question. Il fait passer son sac de sport devant lui, l'ouvre un peu, y glisse son couteau et en ressors son Glock.
« Mais range ça, t'es malade ?! Y a des maisons avec des familles juste à côté !
Là encore, il ne m'écoute pas. Il retire le chargeur de son arme, y jette un coup d'œil avant de se mettre à rire.
– J'm'en doutais, mon Glock est vide. Avant qu'il ne me prête son revolver, il était le prédateur. Cette soirée n'était qu'un immense coup de bluff au final.
Il braque le ciel et fait mine de tirer. En réponse, le tonnerre gronde. Son visage affiche un énorme sourire. Une fois l'arme et le chargeur rangé dans son sac, son air ravi s'est habillé de sérieux.
« Tu savais toi, pour l'autre connasse et le mec blessé ?
La colère monte un peu en moi. Je pensais qu'il allait s'excuser pour son comportement, me trouver l'excuse ultime et qu'on finirait la soirée en tête à tête.
– Ben évidemment ! L'autre connasse comme tu dis, c'est ma meilleure amie depuis l'enfance ! Tu le saurais si tu m'écoutais...
– Leur couple ne durera pas.
– Comment ça ? Ils se connaissent depuis des années, ils s'aiment en secret depuis des mois !
– Quand le loup est parti, les souris dansent ? N'importe quoi. Quand le loup est parti, les souris se lassent. En plus, cette salope s'est réfugié dans ses bras juste pour avoir de la tendresse après l'horreur qu'elle a vécu. Elle n'aime que se sentir spéciale, elle ne l'aime pas lui. J'aurais dû profiter de la soirée pour tuer cette connasse. Ce mec est condamné à souffrir encore un moment.
Ce salaud de Dorian mérite peut-être son sort. Mais rien ne justifie de s'en prendre à Manon ! Il l'insulte sans la connaître ! Cette fois-ci, la goutte d'eau a brisé le vase.
Il m'a félicité de ne pas avoir fait fuité des photos de lui, lui permettant de garder le contrôle de son image. Eh ben il sait quoi ? Je vais le filmer, histoire que le monde entier le voit sous son vrai jour !
– T'es sérieux là ?! C'est de ma meilleure pote que tu parles j'te rappelle ! Retire tout de suite ce que t'as dit sinon-
– La mort, l'amour, le pouvoir, le bonheur, la Justice... Au final- »
Il n'a pas le temps de finir sa phrase. Un éclair l'a foudroyé.
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