8. Mercy
J'avais bien sûr tout raconté à Emma après être rentrée. Mon portable n'avait cessé de vibrer, et je voyais les messages de Thomas défiler. Je n'avais pas du tout le cœur à répondre.
« On n'est pas ami. »
Ça me frappait, telle une enclume qui me tombait pile poil dessus. Ou une merde de pigeon, au choix.
Comment avait-il pu ? Cette sortie... Il m'avait même payé mon Bubble Tea ! Je m'étais même – en quelque sorte – confiée à lui. C'est pas être ami ça ? Idiot.
Je regarde l'heure, bientôt 23 heures et Emma dort déjà comme un bébé. Moi, je bouillonnais trop pour ça. Trop de choses me travaillaient la tête, et j'avais surtout envie de tout casser. Je me retenais surtout de ne pas incendier Sangster par message, et de lui dire à quel point ça avait été idiot d'avoir pu croire en lui l'espace de quelques heures.
- Bobbie !
Je plisse les yeux. Quelqu'un venait de m'appeler ? Puis trois légers coups à la porte me firent sursauter.
- Bobbie, ouvre la porte !
Mais qui, à une heure pareille, venait nous déranger dans notre répit ? Surtout que c'était le couvre feu.
Je me levai sur la pointe des pieds, et vérifiai si Emma n'était pas réveillée de son côté. Nous étions séparées par un léger mur ouvert qui n'atteignait pas le plafond, mais assez haut pour que l'on ne se voit pas. Et apparemment, elle avait un sommeil profond.
- Merde, quelqu'un arrive, entendis-je derrière la porte.
- C'est qui ? demandai-je en collant mon oreille au bois.
Pas le temps d'avoir ma réponse que la porte s'ouvre sur un Thomas paniqué. Il se dépêche de refermer derrière lui, sans faire de bruit, avant de se tourner vers moi.
Oh mon Dieu. Il me voit toute démaquillée, et en pyjamas. Mon pire cauchemar venait de se réaliser.
Je le DETESTE.
- Qu'est-ce que tu foues là ?! m'indignai-je en chuchotant fortement.
On ne devait tout de même pas réveiller Emma.
- Tu réponds pas à mes messages putain, je suis venu !
- Quoi ? Mais... Tu pouvais pas attendre demain ? Et comment t'es rentré ?
Malgré ma mauvaise humeur, je réajustai mes cheveux discrètement pour garder belle allure. C'était quand même Thomas que j'avais devant moi.
- Il y a toujours une fenêtre ouverte dans votre bâtiment, pour que les garçons entre le soir voir leurs copines. T'étais pas au courant ? expliqua-t-il en souriant faiblement.
En voilà une nouvelle.
- Pas du tout, répondis-je froidement.
Il m'observa de longues secondes après ça. Je ne me sentais plus trop à l'aise quand ses yeux me fixaient. Je n'étais pas du tout au top niveau apparence, et il me regardait d'une façon sérieuse. Lui, il était vêtu simplement d'un léger pull clair, d'un jogging gris et de vans Old Skool noirs.
Et il était toujours aussi canon.
- Écoute, commença-t-il après un temps d'attente, je suis désolé pour tout à l'heure. Je te jure que je ne le pensais pas. J'ai paniqué...
- T'as paniqué ? Pourtant, on avait passé une super journée. Je pensais que... Que je pouvais te faire confiance moi, qu'on était ami maintenant. Et en même pas deux minutes t'as tout niqué ! lâchai-je en me retenant de parler trop fort.
Son air coupable voulait tout dire. Il s'en voulait vraiment, mais je ne devais pas me laisser attendrir.
Tu ne m'auras pas, Sangster !
- Je sais, pardonne-moi. Je ferais des efforts, je ne voulais pas tout gâcher.
Thomas s'approcha alors, et sous la crainte je me reculai faiblement, mais il continua malgré ça. Il attrapa ma main dans la sienne pour me rapprocher de lui. Ses yeux brillaient, comme s'il allait pleurer, mais il n'en était rien. C'était la lumière de ma veilleuse qui contrastée avec ses yeux sombres.
Ok, il va m'avoir.
Impossible d'en détacher mes yeux. Tout semblait si différent quand je les regardais. Comme si le temps était suspendu autour de nous. Qu'il n'y avait que nous. Que nous étions seul, rien que lui et moi.
- Ne me fuis pas, Bie...
Je frisonne à l'entente du surnom que venaient de prononcer ses lèvres.
- Je ne fuis pas, dis-je d'une voix tremblante.
- Si. Mais tu peux me faire confiance. Je te le promets, je ne ferais plus la même erreur, continua-t-il, toujours plus proche de moi.
Je sentais désormais la chaleur qui émanait de son corps par notre proximité.
- Pourquoi, Thomas ? murmurai-je sans pouvoir détacher mon regard du sien. On ne se parle que depuis... Quoi... Quatre jours ? Pourquoi tu fais ça ?
Il ne s'attendait pas à cette question, et finalement baissa les yeux.
Non, je voulais qu'il me regarde encore...
Cette fois, il fixait nos mains liées. De son pouce, il caressa le dos de la mienne, et je priai pour ne pas avoir la chaire de poule.
- Je te l'ai dis. Tu es différente. Tu l'as toujours été à mes yeux. Depuis ce fameux jour, à l'enterrement.
Je ne me sentais même plus honteuse qu'il sache dans quel état je m'étais mise ce jour là.
- Tout était si sombre. Et maintenant, tu es si... Rayonnante. J'aimerai avoir ta force. Surmonter les obstacles, mais regarde... Je ne suis même pas capable de dire que nous sommes amis à mes propres amis, juste pour ne pas qu'il m'embête. Je suis faible, moi, Bobbie.
- Thomas...
Je ne pouvais pas supporter de le voir se rabaisser ainsi. Il m'avait fait mal en faisant ça, mais il semblait avoir si peu confiance en lui. Il releva enfin la tête pour me regarder à nouveau dans les yeux. Je n'y voyais que de la tristesse.
- Tu es différente, et je le suis aussi quand je suis avec toi, même dans le simple fait de te parler. T'es si... Franche, et pétillante ! Comment ne peut-on pas vouloir être ton ami ? Je veux être ton ami. J'ai fais le con. Mais je sens que... Je sens que tu peux m'apporter cette force qu'il me manque. Bobbie, je t'en supplie, laisse-moi une autre chance...
Je ne comprenais pas. Comment pouvais-je être celle qui allait lui apporter ça ? Lui donner de la force ? Genre, en mode fusion Dragon Ball ? J'étais confuse, mais il avait l'air si mal, si sincère dans ses paroles, comme dans son regard.
Après un court instant de réflexion, je resserre ma main autour de sa paume chaude, et il semble instantanément soulagé.
- Ok Sangster, déclarai-je finalement dans un faible sourire. Mais je compte sur toi pour ne plus faire cette erreur.
Il sourit grandement, comme illuminé par la joie, et se retient pour ne pas trop faire de bruit en parlant.
- Juré ! T'as ma parole Bobbie, je vais faire attention ! Je vais faire des efforts, enchaina-t-il comme un enfant.
- C'est ça, allé maintenant retourne dans ton bâtiment avant de réveiller Emma ! conseillai-je en le poussant vers la sortie.
Et alors que j'ouvrai la porte, il m'en empêcha de sa main, attirant ainsi mon attention.
- Merci, Bie. Merci beaucoup, murmura-t-il simplement.
Son regard, encré sur moi, semblait exprimer tant de chose. Je me sentis toute molle, et l'obscurité de la pièce devait l'empêcher de voir les rougeurs qui venaient de naitre sur mes joues.
Je vins alors poser ma main libre sur son épaule pour l'abaisser légèrement vers moi, tout en me mettant sur la pointe des pieds. Ainsi, je pu déposer un léger baiser sur sa tempe avant de m'éloigner doucement.
- De rien, Tommy. Dors bien, chuchotai-je en tentant de contrôler mon corps.
Il fut désarçonné pendant une seconde, avant de se reprendre dans un grand sourire et un regard pétillant. Une fois qu'il fut sorti, je m'adossai à la porte de ma chambre, le souffle court.
J'ai bien cru, pendant une seconde, que j'allais le pécho.
*
Les lecteurs fantômes, n'hésitez pas à laisser une petite étoile si vous avez aimés.
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