34. If I Ever Feel Better
- Sérieusement Emma, qu'est-ce qui va pas dans ma vie ?
- Je me pose moi-même la question, tu dois être maudite. T'as fais quelque chose de mal ces derniers temps ?
- A part arroser Joeline, je ne vois pas...
- C'est peut-être ça ?
Après les cours, je n'avais pas cherché à comprendre, ni même à parler, ou à chercher une quelconque explication à ce qu'il m'arrivait. J'étais juste rentrée dans ma chambre et m'étais allongée dans mon lit. Et cela faisait bien une heure que j'étais là, à observer le plafond, en me demandant comment j'allais m'en sortir.
- Non mais vraiment, Emma. Nos deux ex ? Le destin ne veut pas nous voir ensemble lui et moi ! m'indignai-je en frappant mon matelas.
- Non mais c'est des ex, Bobbie ! Y a plus de sentiments tu vois...
Je me redresse sur mes coudes pour me tourner vers mon amie qui était assise sur la chaise de mon bureau, une bande dessinée dans les mains.
- Emma, dans toutes les fanfictions, ça se passe mal quand un ex revient. Alors là, deux ex ?!
- On n'est pas dans une fanfiction.
- Ça, t'en sais rien. Vu comment ma vie est mal foutue, je commence à croire que quelqu'un me manipule, hm.
Je sentais que toute cette histoire allait mal tournée. C'était l'instinct de Bobbie qui le disait. Et l'instinct de Bobbie ne se trompait jamais. M'étais-je déjà trompée une fois ? Pas que je sache. Du moins, j'avais oublié.
Et Daniel alors. Pourquoi il était là lui ? Ça expliquait peut-être pourquoi il avait tenté de me recontacter quelques jours auparavant. Parce qu'il débarquait au lycée ? Seigneur, sauvez-moi. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas de lui ici.
Soupirant de désespoir, je passe mes deux mains sur mon visage pour tenter d'oublier toutes ses mauvaises pensées.
- Ne stresse pas, Bobbie... Ça va aller, me rassura gentiment Emma en détachant ses yeux de son livre pour les poser sur moi.
- J'espère, ouais...
Enfin, j'avais passé toute la nuit à me faire à l'idée que, maintenant, Daniel allait être dans ma classe. Je n'avais pas d'autre choix que d'accepter cette fatalité.
Le lendemain matin, en arrivant en cours, Thomas s'était dépêché de se mettre à côté de moi. En effet, après le déjeuner, il avait presque couru jusqu'au casier, pour revenir à toute vitesse s'assoir à la place habituellement vide à ma droite. Je ne pu m'empêcher de le regarder avec de gros yeux, tout en sortant lentement mes affaires, alors qu'il tentait de reprendre bruyamment son souffle.
- Euh... Ça va, Thomas ?
Clignant des yeux, il posa son regard sur moi, la bouche entre-ouverte, puis se tourna pour vérifier quelque chose derrière lui.
- Ouais, ça va. Euh... Je voulais juste être sûr que Daniel ne se mette pas à cette place, expliqua-t-il en inspectant la classe.
Daniel ne semblait pas être encore arrivé, et je ne pu m'empêcher de pouffer de rire. Personne ne pouvait être plus mignon que Tommy, vraiment.
- C'est bien gentil ça, tu me sauves la vie ! m'exclamai-je en souriant grandement.
- Toujours pour toi, sourit-il en se penchant pour embrasser ma joue.
Je laisse une floper de papillons envahir mon ventre avant que le cours ne commence. Bien sûr, Daniel était finalement arrivé, et je faisais comme s'il n'existait pas. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Même si Thomas s'était mis à côté de moi durant tous les cours du matin, je n'avais cessé d'être stressée. Encore plus quand, en sortant du dernier cours avant le repas du midi, je sentis quelqu'un m'attraper le poignet.
- Bobbie, attend ! s'exclama la voix familière de Daniel.
Pas taper Bobbie, pas taper.
Le plus drôle dans tout ça, fut le moment où je me retournai, et que Thomas se tourna en même temps, prêt à lui sauter dessus. Visiblement, il s'était préparé à ça encore plus que moi.
- Qu'est-ce que tu lui veux, Daniel ? gronda le blond en s'approchant de lui.
Le brun le toisa du regard de ses yeux clairs, l'air méfiant.
- Je voudrais parler à Bobbie. Tu t'appelles pas Bobbie à ce que je sache, et puis t'es qui ?
Thomas bomba fièrement le torse, et passa un bras autour de mes épaules pour me rapprocher de lui.
- Je suis son petit-copain, déclara-t-il en articulant bien chaque mot.
Pas rigoler Bobbie, pas rigoler.
- Ouais, euh... Bref, reprit Daniel en plissant les lèvres. Je veux juste parler à Bobbie.
Thomas allait répliquer, mais je posais une main sur son torse pour l'arrêter avant.
- T'inquiète pas, ça va aller. On va juste discuter. Il me lâchera pas sinon.
- Et s'il te fait des trucs sales ? s'enquit le garçon en fronçant les sourcils d'inquiétude.
- Eh, je suis là... marmonna Daniel en croisant les bras.
- Il me fera rien, sinon je le frapperai, t'inquiète !
Thomas se tourne vers son ennemi, qui venait de rouler dramatiquement des yeux en nous entendant parler. Capitulant finalement, Thomas me laissa seule avec l'autre garçon. Celui-ci m'emmena dehors, nous faisant nous assoir sur un banc. J'avais accepté pour la simple et bonne raison que, sinon, il ne me lâcherait pas. Et aussi que, au cas où je m'énervais, je pouvais m'énerver sur lui sans que des surveillants ne m'emmerdent.
- Alors, tu veux quoi ? questionnai-je en m'asseyant sur un des bancs en pierres blanches de la cours.
- Écoute, si je voulais reprendre contact, c'était parce que je savais que j'allais me retrouver dans la même école que toi.
- NON, sans blague Danny, je l'avais pas compris toute seule ! ironisai-je en riant faussement.
- Tu t'arrêtes jamais ? s'indigna-t-il en haussant un sourcil.
- Jamais.
Il m'observa durant quelques secondes, puis soupira. Ses yeux se baissèrent pour observer ses mains jouer nerveusement entre elle.
Bon, allez Bobbie, soit sérieuse. Ça semble important quand même.
- Tu sais, je voulais vraiment m'excuser. Et maintenant que je peux le faire à haute voix... Je m'excuse, Bobbie, dit-il en relevant ses yeux pour me regarder.
- Si tu crois que je vais pouvoir te pardonner comme ça...
- Je sais que tu es rancunière, mais... J'étais... J'étais perturbé à ce moment là ! s'empressa-t-il de dire, l'air sincèrement désolé.
Une seconde. Il était sincère là ?
- Perturbé ? Merde, Daniel, mon père venait de mourir ! Tu sais comment en plus, et toi tu... Putain...
Je serrais les dents, tentant de ne pas m'énerver. Je savais que j'avais la haine contre ce garçon, mais j'avais oublié à quel point.
- Bobbie... Je... J'avais des problèmes, moi aussi... Pas comme toi, je sais mais... Je voulais juste... J'avais besoin de...
- Vas-y, crache le morceau ! lâchai-je, exaspérée de devoir attendre une réponse qui mettait quarante ans à sortir de sa bouche.
De toute façon, peu importe l'excuse bidon qu'il allait me sortir, je ne lui pardonnerai pas.
- J-J'avais besoin d'être sûr de mes attirances sexuelles !
J'avais peut-être parlé trop tôt. Je sentis mes yeux s'agrandirent, et mes lèvres s'ouvrirent sous le choc.
- Me... Me dis pas que...
- Je suis gay, Bobbie. Je suis gay, et j'ai vraiment commencé à en prendre conscience à ce moment là, avoua-t-il.
Voyant mon air abasourdie, le pauvre garçon se mit à rougir et cacha son visage entre ses mains en vitesse.
- Me regarde pas comme ça, putain ! C'est déjà assez difficile pour moi...
- Oh merde, Daniel... Zut... Mais je comprends pas...
Je l'observe découvrir son visage de ses mains, l'air terriblement gêné.
- C'est pour ça que tu faisais le forceur ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- O-oui, en partie. Je voulais... Je voulais me rassurer. Mais je crois que c'est mort. Je m'y suis fait maintenant.
- Tu touches pas à Olly ! grondai-je rapidement en le menaçant du doigt.
- Je vais toucher à personne ! s'exclama-t-il en roulant des yeux.
Il inspire un bon coup, puis baisse de nouveau les yeux.
- Ce que je t'ai fais, c'est inacceptable. J'aurais dû être là, Bobbie. J'aurais dû être là pour toi... J'aurais dû... Te soutenir. Je n'aurais pas dû agir comme je l'ai fais. Crois-moi, ça me ronge chaque jour, j'ai envie de mourir rien qu'en y pensant.
Je l'écoutais parler, et, sans même que je m'en aperçoive, mon cœur se serra. Oui, je devais l'avouer, ses paroles me touchaient.
- A cause de ça, je t'ai perdu. J'ai perdu quelqu'un d'incroyable, parce que je t'aime, Bie. Je t'aimais vraiment, tu étais quelqu'un d'important à mes yeux, on a partagé beaucoup de choses ensembles... Mais j'ai tout cassé... J'ai tout foutu en l'air, comme un con, et je t'ai perdu, en même temps que je me suis perdu... Je me suis perdu, Bobbie...
Sa voix se brisa à la fin, et il releva les yeux vers moi, des larmes glissant le long de ses joues.
- J'aurais pas dû te faire ça, ni t'abandonner quand tu en avais besoin, alors que t'as toujours été là pour moi.
- Daniel... murmurai-je d'une voix tremblante.
Un sanglot s'échappa de mes lèvres, et j'essuyai rapidement mes joues en reniflant.
Merde, voilà que je pleurais.
- Non, t'aurais jamais dû faire ça... T'aurais jamais dû me faire ça dans un moment pareil. Tu sais pas à quel point ça a été dur pour moi...
- Pardonne-moi Bobbie, je suis vraiment désolé, je te le jure...
- Je sais. Je te crois. Je... Je vais bien maintenant. Arrête de t'inquiète, d'accord ? J'ai trouvé les meilleurs amis du monde, et... J'ai un petit-copain en or, alors ça va. Tout va bien, j'ai réussi à avancer.
J'ai réussi à avancer.
- Tu me pardonneras un jour... ? demanda-t-il d'une petite voix tremblante, ne cherchant même pas à essuyer les larmes encore fraiche qui inondées ses joues.
J'ai pu passer à autre chose.
- Peut-être Daniel. Après ce que tu m'as dit, peut-être que ça arriveras.
Parce que je suis quelqu'un de forte.
- D'accord... Merci... finit-il par dire en baissant les yeux.
Je l'observe longuement, le cœur battant la chamade. Puis je m'approche et viens le prendre dans mes bras pour le serrer fortement contre moi, tentant de retenir les derniers sanglots encore coincés dans ma gorge.
Parce que je ne baisse jamais les bras. Et parce que quelqu'un à besoin de moi.
Thomas a besoin de moi.
*
Les lecteurs fantômes, n'hésitez pas à cocher la petite étoile si vous avez aimés.
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