Le dimanche matin, je n'avais qu'une seule idée en tête : aller voir Thomas et tout lui raconter. Il était une oreille attentive, et puis il avait le droit de savoir. Il avait le droit de tout savoir sur moi. Je voulais qu'il sache tout de moi.

Je m'étais donc préparée dès le matin, à dix heures, déjà prête à déguerpir de ma chambre. Sauf qu'hier, mon portable n'avait pas trop aimé le vol plané, et il s'amusait à s'éteindre tout seul pour se rallumer ensuite quand il le voulait. Il avait tenu la conversation avec Daniel, mais il ne pouvait pas tenir pour Thomas cet appareil à la con !

-          Emma, demande à Olly s'il connait le numéro de chambre de Thomas s'il-te-plait, demandai-je tout en enfilant mes converses basses rouge. 

-          Tu sais qu'on n'a pas le droit d'aller dans le bâtiment des mecs, me signala-t-elle tout en s'exécutant sur son portable.

-          Ça va hein, ils débarquent bien dans nos locaux en pleine nuit en passant par une fenêtre, je vois pas le problème ! Et puis j'suis comme un bonhomme moi, ils verront pas la différence.

-          Mouais. Olly m'a dit qu'il était dans la chambre 250, aux deuxièmes étages.

Deux étages à monter ? Ils ne pouvaient pas faire comme nous et être au premier ? Je soupire, puis la remercie rapidement en enfilant ma super veste X'O.

-          On se retrouve au déjeuner !

Je sors de la chambre et marche d'un pas tranquille, mais nerveux. J'étais pressée de pouvoir tout dire à Thomas. Mais j'étais en même temps inquiète de connaitre sa réaction. Enfin, chaque fois que je m'inquiétais pour ça il réagissait toujours d'une bonne manière.

J'ouvris la porte du bâtiment pour traverser la cours jusqu'au bâtiment d'en face, celui des hommes. Quand j'entre dans celui-ci, certains garçons sont dans le couloir et m'observent avec de gros yeux. Sous la panique, je me mets à marcher les jambes et les bras écartés pour paraitre plus masculine, et ce, jusqu'au deuxième étage.

Excellent Bobbie, TAPE-TOI LA HONTE, TU SAIS FAIRE QUE ÇA DE TOUTE FAÇON.

Une fois le couloir traversé, je trouve la chambre 250 et toque trois fois à celle-ci. Pas de réponse, jusqu'à ce que Dylan m'ouvre. Première réaction : choqué comme jamais.

-          Salut, je viens voir Thomas, annonçai-je en croisant mes bras contre ma poitrine.

-          T'es pas censée être là, Bobbie !

Je roule des yeux, et le pousse pour entrer. Il allait m'attirer des ennuies à me laisser dans le couloir, à la vue de tous. J'étais une criminelle ici.

Quand j'entre, je découvre Thomas sur son lit, allongé, le portable devant sa tête. Dylan avait l'autre côté de la chambre caché par le mur, celui qu'on ne voyait pas en entrant. Quand le blondinet releva la tête, quelle ne fut pas son étonnement en me voyant. Il se redressa d'un coup et se leva, les yeux grands ouverts. Il portait un pantalon de survêtements large gris, associé à sa veste à capuche, avec en dessous un pull gris.

-          Bobbie ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il avec étonnement, tout en s'avançant près de moi.

-          Je voulais... Euh... Te parler. Mon portable marche pas trop bien là, du coup je débarque.

Thomas m'observe un instant, me détaillant de ses yeux sombres, avant de lancer un regard à Dylan. Comprenant rapidement, celui-ci soupire et sort de la chambre en grommelant.

-          On se retrouve pour manger, grogna le brun avant de fermer la porte derrière lui.

J'étais désormais seule avec Thomas. Il s'approche donc plus prêt, et me sourit tendrement, tout en glissant une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille.

Mais quel lover, doux Jesus, j'adore ça.

-          De quoi tu voulais me parler ? demanda-t-il enfin en m'invitant à s'assoir sur son lit.

Je vais donc m'installer au bord du matelas, et il fait de même dans la microseconde qui suit.

-          Et bien, tu sais, quand je te disais que j'étais pas prête, tout ça... Il y a bien une raison... Et je veux que tu la connaisses. Je veux que tu connaisses tout de moi, Thomas.

-          Je ne demande que ça, dit-il en acquiesçant, ne cachant pas son air devenu sérieux.

-          Bon, alors j'me lance. L'année dernière, je suis sortie avec un type. Il s'appelle Daniel, et j'étais amoureuse, tu vois. J'ai changé beaucoup de chose pour lui faire plaisir, je n'étais plus vraiment moi-même en fait.

Il hoche la tête, m'écoutant avec attention, mais ses sourcils froncés trahissent sa frustration.

-          Puis, en plein dans notre relation, est survenue la mort de mon père. Comme tu le sais, ça a été très dur, même terrible. Et lui, ce stupide connard, n'a même pas cherché à me réconforter. La seule chose à laquelle il pensait, c'était couché avec moi. Il a même tenté de me forcer au bout d'un moment, alors je lui ai fracassé une bouteille de bière en pleine face et je suis partie.

-          Oh, rappelle-moi de ne pas t'énerver comme ça un jour, ironisa-t-il en grimaçant.

-          Tu ne pourrais jamais m'énerver comme ça, Thomas. Pas toi, dis-je en gloussant.

Je le vois rougir, un sourire timide se dessinant sur son visage alors qu'il détournait ses yeux des miens.

-          Bref, je continue donc, repris-je en baissant moi aussi les yeux sur mes mains. Tout ça pour en venir au fait que c'est un connard, et que ce connard m'a envoyée un message hier soir pour me dire qu'il voulait me voir !

Thomas réagit au quart de tour, et je le vois se redresser d'un coup pour m'observer. Si ses sourcils pouvaient être plus froncés, on ne verrait plus ses yeux.

-          Quoi ? s'indigna-t-il presque. Il veut te voir ? Pourquoi ?

-          Pour « faire la paix », mais Dieu sait qu'il a autre chose derrière la tête. Ce mec ne m'a pas adressée la parole depuis l'année derrière, et il veut maintenant faire la paix ?

-          C'est trop louche, remarqua le blond en se pinçant la lèvre inférieure entre son pouce et son index, le regard dans le vide.

Je soupire bruyamment, et m'étale de tout mon long dans le lit.

-          Sérieux. J'ai l'impression d'être dans une fanfiction One Direction hyper cliché, où mon ex débarque au moment où je peux enfin être heureuse !

Suffisait de remplacer Thomas par Harry Styles et c'était bon. Quoi que, pas assez bad boy encore. Mais je devais avouer que Thomas avait des petits airs physiques similaires au chanteur. ( si t'es d'accord vote 1, si tu l'aies pas vote JeSuisAveugle )

C'est alors que je vois Thomas se tourner vers moi, un petit sourire au coin des lèvres.

-          Où tu peux enfin être heureuse ? répéta-t-il d'une voix taquine. Dis-moi tout...

Je le vois s'approcher pour s'allonger à côté de moi, sa tête maintenue au dessus de moi grâce à sa main, dont le coude était appuyé contre le drap. Il avait un grand sourire, laissant légèrement apparaitre ses dents parfaitement alignées.

Comment pouvait-il tirer des têtes aussi adorables ?

-          Bah ouais, répondis-je en me sentant rougir. C'est vrai quoi, t'as rien à voir avec lui. Toi t'es... Carrément plus gentil, plus attentionné, et plus beau aussi, et... Et...

Je m'embrouille, parce que je sens ma tête chauffer de plus en plus alors que Thomas s'approchait petit à petit de mon visage.  Son sourire avait presque disparu, pour laisser place à une lueur de désir dans ses pupilles sombres.

Il va m'embrasser, il va m'embrasser, IL VA M'EMBRA-...

Je sens mon portable vibrer d'un coup dans ma poche, s'en suivit la musique I Feel It Coming de The Weeknd.

C'EST QUI LE CON QUI M'APPELLE MAINTENANT ? Et ce maudit portable pouvait pas rester éteins pour une fois que je le voulais ? I feel it coming, I feel it coming, ouais bah moi aussi je le feel it cominguait le baiser, mais t'as tout gâché Abel !

Thomas se recule d'un coup, subitement gêné, pour me laisser répondre à l'appel.

-          Tu veux quoi Olly ? maugréai-je au téléphone, en assassinant le plafond du regard.

-          Oups, j'ai interrompu un truc, marmonna indiscrètement Olly, s'adressant surement à Emma qui devait être avec lui. Euuuuh, en fait on est tous au réfectoire, et comme vous êtes longs, on se demandait quand est-ce que vous alliez arriver.

-          Bah on va arriver là, mon chou, répondis-je en souriant faussement, même s'il ne pouvait pas me voir.

-          Je vais me faire défoncer, c'est ça ?

-          C'est ça !

Je raccroche et me redresse finalement en position assise, Thomas faisant de même.

-          Ils nous attendent tous au réfectoire pour manger, on devrait y aller.

Il m'observe, l'espace de deux secondes, mais ce fut assez pour me faire rougir. Puis il acquiesça et se leva pour aller enfiler ses baskets qui trainaient dans un coin de la pièce.

Mon cœur battait encore la chamade. J'aurais tellement aimé qu'il m'embrasse. Merde, maudit sois-tu Oliver. Et The Weeknd aussi au passage.

*

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