Je me réveillai en sursaut, le cœur battant, et le corps en sueur. Et la seconde d'après, j'éclatai en sanglot.

-       Emma ! m'écriai-je en posant mes mains sur mon visage.

J'entends les bruits de draps du lit de mon amie s'agiter, puis des pieds nus tracer leurs chemins jusqu'à moi.

-       Bobbie ? Qu'est-ce qui s'passe ? questionna la brune en se précipitant vers mon lit.

-       J'ai fais un cauchemar ! pleurnichai-je, prise de sanglot incontrôlable.

-       Oooh, ma Bie... s'enquit Emma en s'asseyant sur le bord pour me prendre dans ses bras. De quoi t'as bien pu rêver pour te mettre dans un état pareil ? J'espère que c'est pas de Daniel ?

-       Non, non... J'ai rêvé de mon père, de sa mort, marmonnai-je en reniflant.

Je tentai d'essuyer les larmes qui roulaient sur mes joues, mais ça ne servait à rien, car elles étaient toujours précédées par d'autres.

-       Oh, je comprends... Mais c'est un cauchemar Bobbie, c'est fini. N'y pense plus, me rassura mon amie en me caressant gentiment l'épaule.

-       Hm... Désolé de t'avoir réveillé, bredouillai-je tristement en baissant les yeux.

-       Non mais c'est normal. Et puis c'est bientôt l'heure de se lever de toute façon, ça fait rien.

J'hoche la tête, et sors de sous les couvertures. De toute façon, je n'allai surement pas me rendormir de si tôt. Mon réveil allait sonner dans une demi-heure, ce n'était pas grand-chose. Une chose était sûre, c'est que ce cauchemar allait me tourmenter pour le reste de la journée.

Je me lève donc et me prépare sans grand enthousiasme. Ouais, clairement, ça allait être une journée de merde. Puis, avec Emma, nous allons au réfectoire pour déjeuner avec les autres élèves. J'aperçois bien vite Oliver, en compagnie de Thomas et Dylan. Je ne vais pas leur dire tout de suite bonjour, mais part directement me chercher un plateau pour prendre de quoi manger. J'ai l'impression d'être un zombie.

-       Salut, marmonnai-je après m'être installée à la table.

-       Woah, t'en fais une de ces gueules, lâcha Olly en lançant un regard inquiet à Emma.

-       C'est clair, confirma Dylan en face de moi.

-       Mauvais réveil, répondit Emma à ma place.

Je remerciai intérieurement la brune d'avoir répondu pour moi, et me mets à manger ma tartine de confiture de fraise. La meilleure confiture du monde – après celle à la prune. Les autres se remettent à parler entre eux, et je n'écoute pas vraiment. Mon cerveau est si perturbé que je me demande comment je vais pouvoir suivre les cours aujourd'hui.

Une fois que tout le monde a fini, il reste au moins vingt minutes devant nous avant de retourner en cours. Je vide mon plateau, et quand je sors du réfectoire, je sens une main sur mon bras me retenir. Je tourne la tête sans grande vivacité pour rencontrer le regard inquiet de Thomas.

-       Hey, Bobbie. T'as vraiment pas l'air bien aujourd'hui... s'enquit-il en penchant la tête sur le côté.

-       Non mais t'inquiète, c'est pas grand-chose, le rassurai-je en secouant la tête. J'ai juste fais un stupide cauchemar, et il veut pas sortir de ma tête.

-       Tu veux bien me le raconter ?

J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais j'hésite avant de parler.

-       Je... Ne pense pas que ce soit une bonne idée.

-       Oh... Ok alors, répondit-il en acquiesçant.

Il n'insiste pas et reprend sa route vers la salle, restant à mes côtés. C'est vraiment un garçon bien ce Thomas. N'importe qui aurait voulu savoir à tout prix. Mais lui, il respectait mes désirs. C'était vraiment le genre d'ami qu'il nous fallait à tous. Que dis-je : LE GENRE DE MEC QU'IL ME FALLAIT.

Le reste de la journée se passa avec une lenteur des plus terribles. Vraiment, je n'avais jamais assisté à des cours aussi longs. Et comme prévu, les paroles des professeurs étaient rentrées d'un côté, puis étaient ressorties de l'autre – littéralement par mon cul, tellement ça me faisait chier. Heureusement que le jolie minois de notre cher Tommy avait été là pour me réconforter. Que ferais-je sans ma petite dose de beauté quotidienne ?

Que ferais-je sans Thomas ?
Bobbie tu pars loin.

Tu l'aimes bien le Thomas. Tu l'aimes même beaucoup.

J'ai l'impression d'entendre Emma parler.

-       C'est parce que je suis en train de parler, bécasse.

-       Oh... A partir de quand j'ai commencé à penser à voix haute ? questionnai-je en me redressant de mon bureau.

Emma était assise près de la fenêtre de notre chambre, accoudée à celle-ci, en train de lire un comics Marvel. Moi, je faisais mes devoirs non loin d'elle.

-       A partir de « Que ferais-je sans ma dose de beau-gosse quotidienne ? » répondit-elle sans lâcher son livre du regard.

-       Hm hm... Sur le coup, je pensais vraiment que ma conscience me disait que j'étais amoureuse de Thomas. Et vu que ma conscience c'est moi, j'ai paniqué. Refais plus ça, Emma ! lançai-je en reprenant mon écriture.

Je l'entends glousser, mais elle ne répond pas et continue sa lecture. D'un coup, mon portable vibre bruyamment sur le bois du bureau.

J'arriverai jamais à terminer ces putains de devoirs !

Thomas BS :
21 :43
Tu es habillée ?

Je ne sais pas pourquoi, mais par reflexe je regarde mon accoutrement, alors que je savais très bien que j'étais habillée.

Moi :
Oui pourquoi ?

Aucune réponse. S'il pensait que j'allai lui envoyer des nudes, il pouvait rêver. Mais je ne dirais pas non pour le cas contraire. Je soupire de bien-être à l'image de ce fantasme, mais reprend vite mes devoirs.

Qui ne voudrait pas des nudes de Thomas Sexy-Sangster ?

Environ cinq minutes après, mon portable vibre de nouveau. J'ai envie de l'exploser contre le mur, mais la vision du « Thomas BS » me radoucit automatiquement.

Thomas BS :
21 :54
Sors de la chambre !

Je fronce les sourcils. Est-ce qu'il était là ? Je me lève de ma chaise en vitesse et attrape une veste que j'enfile.

-       Je reviens, Thomas est devant la chambre je crois.

-       Sérieux ? s'étonna la brune en relevant la tête de son bouquin. C'est le couvre feu dans cinq minutes !

-       Je sais, t'inquiète, répondis-je en ouvrant la porte.

Je sors, et tout de suite, je rencontre la silhouette de Thomas, adossée au mur du couloir, à côté de ma porte. Il tient deux casques de moto dans chacune de ses mains.

-       Qu'est-ce qu'il y a ? Et qu'est-ce que tu fais dans tes vêtements de motard ? demandai-je en le fixant avec confusion.

Tout de cuir vêtu, je vais lui sauter dessus.

-       Je t'emmène faire un tour ! m'annonça-t-il joyeusement, se redressant du mur sur lequel il était appuyé.

-       Quoi ? Mais... Il est bientôt vingt-deux heures, Thomas. On n'a pas le droit de sortir après ça !

-       Je te croyais plus aventureuse que ça, Bobbie. Je suis déçu, dit-il en faisait la moue, tel un enfant.

Je me mords la lèvre pour éviter de rire face à son air enfantin. Devais-je accepter ? Non mais Bobbie, t'es en train d'hésiter pour faire un tour en moto avec Thomas Sexy-Sangster, là ?

-       Hm... Tu m'emmènes où ? demandai-je en penchant ma tête sur le côté.

Je vois son grand sourire étirer ses lèvres et son regard s'illuminer, visiblement heureux que j'accepte sa proposition. La seconde d'après, il m'aide à passer par la fameuse fenêtre toujours ouverte dans le bâtiment des filles. On se faufile discrètement dans la cour, pour passer au dessus des grilles juste au bout de celle-ci. Nous étions prudents et sur nos gardes, mais la nuit noire nous aidait beaucoup à nous cacher dans notre épreuve. 

-       Met ton casque Bobbie. Et tiens, je t'ai pris une veste pour que t'aies pas froid.

Il m'aida à enfiler le gros objet sur ma tête, et me tendit un blouson de cuir que j'enfile rapidement. Il porte l'odeur de Thomas, et je ne savais pas que c'était si bon de sentir son odeur sur moi. On se dirige ensuite sur le parking de l'école, et on sort de celle-ci en vitesse. Thomas pousse en premier sa moto, pour ne pas faire de bruit et attirer les surveillants. Une fois éloigné, je le vois monter sur son véhicule et je l'imite.

-       Accroche-toi fort surtout, n'hésite pas, me dit-il, la voix étouffée par son casque.

Je réponds par l'affirmatif, et passe mes deux bras autour de sa taille pour m'accrocher à lui. L'instant d'après, le moteur de la moto se mit à nous faire trembler, et Thomas nous engagea sur la route.

*

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